Question de M. HINGRAY Jean (Vosges - UC) publiée le 08/04/2021

M. Jean Hingray attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, sur les difficultés rencontrées dans le contexte actuel par les étudiants dans leurs recherches de stage, notamment à l'international, entraînant de lourdes conséquences sur l'obtention des diplômes.
Dans leur écrasante majorité, les cursus étudiants intègrent un stage de fin d'étude qui est une condition sine qua non de la validation des diplômes. Le contexte de crise sanitaire vient perturber ce schéma. Du côté de la demande, l'énergie nécessaire pour mener à bien des recherches est globalement moins abondante après cette longue séquence de privation de vie sociale. Du côté de l'offre, les employeurs (entreprises, administrations, collectivités territoriales, associations…) se sont adaptés en privilégiant, comme les pouvoirs publics le leur demandent, les modes de télétravail qui n'incitent pas à l'accueil de stagiaires. En 12 mois, la diminution du nombre de stages est estimée à 37 %. La situation est encore plus aggravée pour les étudiants devant accomplir ces périodes obligatoires hors du territoire national. Un climat d'incertitude se généralise chez les étudiants et fragilise d'autant leur résilience qu'il devient au fil du temps anxiogène. Depuis le début de la crise sanitaire, un jeune sur six a pris la lourde décision d'arrêter ses études. Ayant fait ce constat et pris conscience de la gravité de la situation, certaines universités ont réagi. Ainsi, selon l'association des villes universitaires de France questionnée en novembre 2020, 47 % des établissements d'enseignement supérieur interrogés déclarent avoir accordé aux étudiants la neutralisation de la part des stages dans leur évaluation, en y faisant entrer d'autres critères. Ces dispositions n'ont hélas pas un caractère universel. Elles engendrent donc des disparités régionales qui ne placent pas les étudiants sur un pied d'égalité et rompent ainsi avec le principe d'équité républicaine. La non-prise en compte des stages dans l'évaluation ne donne pas un signal satisfaisant. L'immersion dans la réalité du monde du travail est une dimension indispensable d'un cursus conduisant à acquérir un début d'expérience professionnelle très valorisante pour les employeurs.
Il lui demande de repenser la place des stages dans les cursus universitaires et l'obtention des diplômes sans pour autant les discréditer de façon à maintenir une homogénéité de traitement entre les générations au-delà des vicissitudes des temps présents.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 22/07/2021

L'insertion et la professionnalisation des jeunes sont une priorité du gouvernement, tout particulièrement en période de crise sanitaire.  Hors pandémie, plus de 900 000 étudiants effectuent des stages chaque année, soit un tiers d'entre eux. Conscient des effets de la crise sanitaire sur le nombre de stages disponibles, le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI), en lien avec les établissements d'enseignement supérieur, a réagi dès les premiers jours du confinement de mars 2020, pour répondre à un triple enjeu : assurer la sécurité des étudiants en stage, préserver la continuité pédagogique et en particulier l'acquisition de compétences, venir en aide financièrement aux étudiants. Le MESRI a ainsi permis l'aménagement des conditions des stages, qui peuvent être réalisés à distance, avoir lieu jusqu'en décembre (si l'année universitaire est prolongée par une décision du conseil d'administration de l'établissement) ou être fractionnés. Par ailleurs, les établissements ont également la possibilité d'assouplir les conditions de validation des unités d'enseignement professionnalisation en permettant aux étudiants de valoriser d'autres activités, qu'il s'agisse, par exemple, de bénévolat, d'entrepreneuriat via les PEPITE (Pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat), d'une autre activité professionnelle, d'un service civique ou d'un projet tutoré. Enfin, concernant plus spécifiquement les BTS, la durée minimale du stage a été exceptionnellement abaissée à 4 semaines pour tous les étudiants ne parvenant pas à trouver un stage plus long. En cas d'impossibilité complète à trouver un stage, les établissements peuvent les remplacer par une mise en situation professionnelle. Des aides financières conséquentes ont été apportées aux stagiaires en 2020 : aide de 200 € aux étudiants ayant perdu leur stage gratifié ou job étudiant, prolongation des bourses étudiantes pour les étudiants ayant dû repousser leurs dates de stage. Le MESRI développe par ailleurs des partenariats avec les acteurs territoriaux et économiques. Les actions des collectivités territoriales sont valorisées par le MESRI et les établissements d'enseignement supérieur sur chacun de leurs territoires, comme par exemple l'utilisation de la plateforme QIOZ de la Région Ile de France pour faciliter l'apprentissage des langues étrangères fragilisé par l'absence de stages à l'étranger, l'aide aux stagiaires infirmiers ou les cafés linguistiques en région Nouvelle Aquitaine, le financement de 2000 stages par la région Normandie. Enfin, le MESRI co-construit avec le haut-commissariat à l'emploi et à l'engagement des entreprises la plateforme 1 jeune 1 solution pour mutualiser l'ensemble des outils existants en matière d'offre et de recherche de stages, d'apprentissage et d'emploi, d'aides et d'initiatives en faveur de la professionnalisation et de l'insertion professionnelle.

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