Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 08/04/2021
M. Pierre-Antoine Levi attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, afin de l'alerter sur les conditions de préparation de la rentrée scolaire de septembre 2021 dans le second degré. En effet, le projet de loi de finances (PLF) pour 2021 prévoit de supprimer 1 800 emplois d'enseignants pour les transformer en 1 847 équivalents de postes en heures supplémentaires. Une telle situation est intenable pour ces établissements du second degré.
Il lui rappelle que les dotations horaires globales (DHG) comportent un taux d'heures supplémentaires de 9 % qui peut aller jusqu'à 17 % dans certains établissements. Dès lors, les conséquences sont nombreuses, car, face à la suppression de ces emplois d'enseignants, leurs collègues devront assurer beaucoup trop d'heures supplémentaires.
Pour les élèves, cela va se traduire par des emplois du temps surchargés. Pour les établissements, cela causera des difficultés pour organiser les enseignements en effectifs allégés et les remplacements de courtes durées.
En outre, avec cette surcharge des emplois du temps, les enseignants ne pourront plus recevoir les parents d'élèves ni assister aux conseils de classes. En définitive, cette situation rebutera encore davantage les futurs candidats aux fonctions de professeur alors même que le métier est de moins en moins attractif.
Il attire enfin son attention sur le fait que la Cour des comptes, en octobre 2020, a dressé un bilan alarmant concernant le recours accru aux heures supplémentaires.
Dès lors, il souhaiterait savoir comment il envisage de corriger ces travers budgétaires, liés à la gestion du taux accru d'heures supplémentaires, en vue de la préparation de la rentrée de septembre 2021.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 24/03/2022
En 2021, le budget du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) reste le premier budget de l'État, en augmentation d'1,6 Mds pour la seule éducation nationale, et les emplois y sont globalement stabilisés. Malgré une baisse de 12 500 élèves entre le premier et le second degrés publics, les moyens d'enseignement sont en augmentation. La rentrée scolaire 2021 montre une priorité réaffirmée en faveur du premier degré, de la maîtrise des savoirs fondamentaux et de la prise en charge dès le plus jeune âge des difficultés d'apprentissage. Dans l'enseignement scolaire public du second degré, le volume d'heures d'enseignement est abondé en 2021. L'augmentation des crédits permet de proposer aux professeurs un volume d'heures supplémentaires, qui viennent plus que compenser la diminution des emplois. Au total, avec le plan de relance, les moyens d'enseignement augmentent de l'équivalent de près de 1 000 équivalents temps plein (ETP). Les heures supplémentaires ainsi créées permettent d'apporter une réponse souple aux besoins réels des établissements, tout en améliorant sensiblement la rémunération individuelle des enseignants les assurant. Le MENJS veille à l'équité des dotations qu'il répartit entre académies. L'analyse des moyens mis à disposition tient compte notamment du poids de l'académie, de la démographie des élèves et des disparités sociales et territoriales. En outre, la trajectoire de rééquilibrage des dotations académiques sur l'ensemble du territoire conduit à des mesures de redéploiement des dotations afin de tendre vers plus d'équité sociale et territoriale. Il appartient ensuite aux autorités académiques de répartir les moyens dont elles disposent entre les différents niveaux d'enseignement, en s'attachant à assurer la plus grande équité au profit de la réussite des élèves. Les mesures d'aménagement de la carte des formations et du réseau scolaire sont soumises à l'avis des instances consultatives locales. La Cour des comptes, dans son rapport d'octobre 2020 « Les heures supplémentaires dans la fonction publique - Exercices 2010-2018 », souligne que les heures supplémentaires permettent de rendre compte d'une grande variété de situations, reflet de la multitude des choix d'organisation retenus par les administrations, et également d'adapter le service public aux évolutions de court terme. Les heures supplémentaires au MENJS, qui ne sont pas des heures supplémentaires au sens strict, s'ordonnent en plusieurs types. La Cour des comptes analyse que les heures supplémentaires année (HSA) sont indispensables pour assurer la bonne adéquation entre les besoins en heures d'enseignants par discipline et le potentiel d'enseignement, qui dépend du nombre d'enseignants en poste. Elle note qu'elles représentent entre 8 % et 12 % des heures d'enseignements dans les lycées, et un peu moins dans les collèges. La Cour note : « ceci n'est pas imputable à un nombre d'enseignants insuffisant, mais que les heures supplémentaires constituent la variable d'ajustement permettant d'atteindre la situation d'équilibre entre les besoins en heures de cours et les obligations de travail des enseignants présents dans les établissements ». Les heures supplémentaires permettent également de rémunérer le remplacement des enseignants absents, notamment de courte durée, gage de souplesse et de continuité des cours au sein de l'établissement scolaire. Ce dispositif a été mis en place afin de répondre au plus vite aux absences des professeurs. Les heures d'interrogation en classe préparatoire aux grandes écoles sont aussi des heures supplémentaires en termes budgétaires ; elles permettent de rémunérer cette particularité de l'enseignement dans ces classes. Une action structurelle a été engagée avec le dispositif introduit par le décret n° 2019-935 du 6 septembre 2019 portant création d'une allocation de formation aux personnels enseignants relevant de l'éducation nationale dans le cadre de formations suivies pendant les périodes de vacances des classes. Ce dispositif est en effet destiné à limiter les absences des professeurs, et donc, l'utilisation d'heures supplémentaires pour les remplacer. Pour l'année scolaire 2019-2020, selon l'étude de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du MENJS, le service moyen d'un enseignant du second degré comprend 1 h 30 d'HSA. La DEPP analyse que parmi les enseignants qui assurent des cours en 2018 et en 2019 (et éligibles aux HSA ces deux années), 39 % font davantage de HSA tandis que 31 % en font moins. Entre les rentrées scolaires 2020 et 2021, en moyenne, chaque enseignant consacrera environ 5 minutes supplémentaires en HSA.
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