Question de M. CHAIZE Patrick (Ain - Les Républicains) publiée le 01/04/2021
M. Patrick Chaize appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'inquiétude de la profession des scieurs quant à l'approvisionnement de leurs entreprises en chênes.
En travaillant cette essence noble et séculaire qui fait la richesse des forêts françaises, les scieurs connaissent depuis plusieurs années un niveau d'activité satisfaisant avec une demande grandissante sur le marché domestique mais également et surtout à l'exportation, en Europe et hors de notre continent. La qualité du chêne français est aujourd'hui mondialement reconnue, notamment dans le domaine de la tonnellerie mais aussi en menuiserie (parquet, escalier et huisseries), en charpente ou bien encore en aménagement paysager. Le chêne constitue ainsi une essence de bois complète aux multiples usages.
La forte demande de ces dernières années s'est répercutée sur les prix d'achat de la matière première (les grumes), ce qui a favorisé la mobilisation de la ressource auprès des propriétaires forestiers privés qui détiennent 75 % de la surface forestière française.
Dans notre pays, environ 500 scieries de chênes sont recensées. Elles transforment annuellement 1 500 000 m3 de bois d'œuvre alors que 2 000 000 m3 sont récoltés ; données qui démontrent qu'un quart de la récolte de grumes de chêne quitte le territoire sans subir la moindre transformation et donc sans la moindre valeur ajoutée.
Force est de constater que cette essence est exportée en Asie, principalement en Chine qui en a interdit depuis plusieurs années l'exploitation forestière sur son territoire et a lancé un programme de replantation colossale. Depuis l'automne 2020, le phénomène s'est intensifié avec des exportateurs qui mettent une pression financière forte sur les propriétaires forestiers afin de les inciter à vendre le fruit de leurs forêts. Les grumes partent en effet en Chine à un prix supérieur de 25 à 30 % de ce que les scieurs français sont en mesure d'offrir pour rester compétitifs.
Cette situation engendre une double peine pour les transformateurs qui souffrent du manque de matière première et de la difficulté à proposer des tarifs concurrentiels auprès des propriétaires forestiers.
Or depuis dix années, les scieurs ont investi massivement afin de rester compétitifs, d'accroître leurs capacités de production pour répondre à une demande soutenue et d'améliorer les conditions de travail de leurs employés. Des investissements structurants sont aussi à l'étude mais le manque de certitude quant à l'approvisionnement pourrait les compromettre, placer en difficulté ce secteur et ainsi priver notre pays d'un outil de transformation pourtant essentiel, avec des emplois à la clé et des incidences fortes pour la filière du bâtiment.
Alors que la France est le premier producteur de chênes en Europe et le troisième producteur mondial, il lui demande quelles mesures urgentes il envisage de prendre pour permettre aux scieurs de chênes de retrouver confiance en l'avenir, en étant assurés que leurs entreprises pourront être suffisamment approvisionnées par cette essence de bois selon des conditions qui soient à la fois satisfaisantes et équilibrées.
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Transformée en Question orale (n°1872S)
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