Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 01/04/2021
Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur les alternatives à promouvoir pour empêcher la disparition du site de recherche de l'entreprise Sanofi à Chilly-Mazarin (Essonne).
Les chercheurs de ce site, particulièrement compétents, ont fait à leur direction la proposition très étudiée de création d'une activité « recherche et développement en neuro-oncologie », secteur prometteur pour lequel notre pays possède toutes les compétences permettant de le développer.
Le projet de réorganisation de Sanofi Aventis Recherche & Développement, présenté le 28 Janvier 2021, prévoit l'arrêt des activités de recherche en neurologie en France. Les élus du comité social et économique central de Sanofi se sont émus auprès de la direction et l'ont interrogé sur les raisons de son refus de créer une activité de recherche en neuro-oncologie sur le site de Chilly. Cet axe de recherche permettrait d'exploiter au mieux les compétences et équipements de la neurologie et d'intensifier la capacité de la recherche & développement (R&D) à « ouvrir de nouveaux horizons en oncologie », au plus près des orientations stratégiques de l'entreprise.
Cette proposition permettrait de redonner un avenir à certaines installations et équipes affectées par le projet en cours sur différents sites.
L'aire thérapeutique maladies rares et neurologiques située à Chilly-Mazarin compte deux unités de recherche, composées de spécialistes de la neurologie et du cerveau, dont une se focalisant sur les maladies neurodégénératives et l'autre sur la question des barrières tissulaires notamment hémato-encéphalique. Le projet de réorganisation (EVOLVE) prévoit la disparition pure et simple de cette aire thérapeutique à Chilly et le transfert d'une partie des projets près de Boston aux États-Unis. Cette décision repose sur la nouvelle feuille de route « Play to Win » qui ne définit pas la neurologie comme un axe thérapeutique prioritaire et qui s'oriente vers la mise en place de centres d'excellence localisés aux États-Unis pour cette aire thérapeutique.
Parallèlement, la priorité scientifique de Sanofi en France devient l'oncologie - immuno-oncologie. Les chercheurs français proposent donc de valoriser les expertises des équipes de neurologie en synergie avec celles de l'oncologie, en développant une nouvelle activité de neuro-oncologie dont ils ont clairement identifié le champ d'investigation soulignant que les expertises du groupe « barrières tissulaires » constitueraient un atout majeur.
Longtemps considérée à haut risque, la R&D en neuro-oncologie bénéficie désormais de l'apport des technologies les plus modernes de génomique et de bio-informatique, et ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques ciblées et personnalisées. Nombre d'entreprises pharmaceutiques s'engagent dans cette voie. L'intérêt est grandissant pour ce domaine de recherche et les besoins sont considérables.
Or, il existe en France, un véritable écosystème local qui permettrait des collaborations de proximité, par exemple avec l'institut du cerveau (ICM), l'institut Curie à Paris ou l'unité neurosciences de l'institut de biologie Paris Seine.
Les choix passés de Sanofi de réduire les équipes de chercheurs en France ont eu de graves conséquences sur nos capacités actuelles. Il ne faut pas reproduire les erreurs du passé mais faire preuve de volontarisme.
Elle lui demande ce que le Gouvernement compte entreprendre pour convaincre Sanofi d'implanter à Chilly-Mazarin des activités de recherche et développement dans le secteur de la neuro-oncologie. Elle souhaite savoir comment il compte plus généralement favoriser la création en France d'un tel centre de recherche qui permettrait à notre pays de valoriser la compétence de ses chercheurs et de devenir pionner dans ce secteur.
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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 16/09/2021
Fin 2019, Sanofi a présenté une nouvelle stratégie définie par son directeur général Paul Hudson et les perspectives d'avenir du groupe à l'échelle mondiale, avec des projets structurants qui répondent à l'enjeu d'accélération de l'innovation en santé. Il est notamment prévu de concentrer les efforts scientifiques dans les aires thérapeutiques d'excellence, comme l'oncologie, l'onco-immunologie, les maladies rares et les vaccins, et de colocaliser les équipes internes dans les centres d'excellence du groupe. Dans cette perspective, s'il est envisagé de réunir toutes les activités de recherche sur les maladies neuro-dégénératives et génétiques rares aux Etats-Unis, le site de Chilly-Mazarin serait conforté comme centre d'excellence mondial pour le développement clinique, les affaires réglementaires et la pharmacovigilance. Il est prévu également le maintien en région parisienne des activités tertiaires de gestion des projets et de la sous-traitance ainsi qu'une équipe de toxicologie investigatrice. S'agissant du projet de création d'une activité « recherche et développement en neuro-oncologie » porté par les chercheurs du site de Chilly-Mazarin, il convient de souligner que la neuro-oncologie ne semble pas faire partie de la nouvelle feuille de route de Sanofi. L'entreprise prévoit ainsi de positionner la recherche interne sur des expertises françaises reconnues, comme l'oncologie moléculaire et l'immuno-oncologie. Toutefois, à l'occasion d'une des réunions de concertation dans le cadre du dialogue social interne, cette proposition en neuro-oncologie a pu être inscrite au CSE. La direction de Sanofi a ainsi annoncé entreprendre une évaluation détaillée de cette suggestion. Le développement de thérapies dans le domaine du cancer du cerveau n'en demeure pas moins difficile pour de multiples raisons : localisation de la tumeur, hétérogénéité génétique des tumeurs cérébrales, difficulté dans le développement clinique etc. En tout état de cause, les conclusions de cet examen, auquel s'est engagé la direction de Sanofi, devraient être partagées avec les représentants du personnel. Compte tenu de son empreinte industrielle sur le territoire et de la mobilisation exceptionnelle des salariés de l'entreprise au cours de cette crise sanitaire, le Gouvernement demeurera très attentif aux choix et à la stratégie industrielle de Sanofi.
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