Question de M. VALLET Mickaël (Charente-Maritime - SER) publiée le 08/04/2021

Question posée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Mickaël Vallet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance. J'y associe les sénateurs socialistes de Nouvelle-Aquitaine et je sais nos collègues de la Vienne mobilisés par ce sujet.

En 1979, Renault installait ses activités de fonderie fonte et aluminium à Ingrandes, dans la Vienne. En 2019, quarante ans plus tard, après être passées entre les mains de différents groupes et tout en ayant conservé Renault comme principal donneur d'ordre, les deux branches, fonte et aluminium, en grandes difficultés, étaient cédées au groupe GFG Alliance et à sa filiale Liberty. Quarante ans d'une mondialisation loin d'être heureuse, car depuis quelques années le Châtelleraudais compte les pertes d'emplois par centaines.

Aujourd'hui, en dépit du soutien du Gouvernement à la reprise par GFG et Liberty en 2019, les deux branches courent à nouveau un grand risque de disparition.

Côté fonte, si rien n'est fait, ce sont 288 salariés qui seront sans emploi en juin et sans garantie sur leurs indemnités, puisque nous avons appris récemment que Greensill, organisme de financement de GFG, avait fait faillite. Derrière ces sigles et ces grandes manœuvres de multinationales, il y a, à Ingrandes, des familles dans le désarroi.

Côté aluminium, la même menace plane avec un risque de non-paiement des salaires dès le mois prochain. Sans parler du plan de 18 millions d'euros garanti par l'État qui a tout bonnement disparu – dans quelles poches ?

Monsieur le ministre, la France a-t-elle une politique industrielle et le souci de ses ouvriers ? Si oui, quelles sont les perspectives pour le secteur de la fonderie, qui dépend de grandes entreprises donneuses d'ordre, dont l'État lui-même est actionnaire ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 08/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Oui, monsieur le sénateur, le Gouvernement a une politique industrielle et le souci des salariés et ouvriers.

Quand nous avons appris les difficultés financières de Liberty, la première décision prise par le Gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, a été d'apporter un soutien de 20 millions d'euros aux usines Ascoval situées dans le Nord et à Hayange – nous souhaitons notamment que cette dernière usine continue de produire de l'acier et des rails pour la SNCF.

Je rappelle que, sans le soutien de l'État, Ascoval aurait disparu. L'entreprise est restée debout, parce que nous sommes intervenus.

S'agissant des deux fonderies que vous évoquez, elles sont très différentes, mais chacune a près de trois cents emplois.

L'une fabrique des pièces en fonte. Hélas, la fermeture de ce site a été actée à la fin de l'année dernière, parce qu'il n'y avait tout simplement pas de débouchés pour ces produits. En effet, les besoins en moteurs thermiques sont moins importants. Un plan social avec des dispositions fortes est prévu pour accompagner les salariés concernés des Fonderies du Poitou, ceux de la fonte. Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, et moi-même nous assurerons que les promesses faites aux salariés sont tenues et que les annonces financières se concrétisent.

L'autre fonderie produit des pièces en aluminium. À mon sens, cette fonderie a de l'avenir et doit être préservée. Nous ferons le nécessaire pour garantir une activité et un avenir à cette partie des Fonderies du Poitou, parce que nous estimons qu'il y a un marché et des débouchés. Il n'y a donc aucune raison que les Fonderies du Poitou, dans leur volet aluminium, soient pénalisées par la situation financière du groupe Liberty, auxquelles elles appartiennent depuis plusieurs mois.

De manière plus générale et pour vous montrer que nous avons une stratégie, je veux évoquer devant vous la question de la transition du véhicule thermique vers le véhicule électrique, qui a des conséquences sur des milliers d'emplois dans notre pays. Je tiendrai dans les prochaines semaines, au ministère de l'économie et des finances, une réunion avec l'ensemble des acteurs concernés – organisations syndicales et patronales, représentants du secteur industriel, etc. – pour regarder l'avenir des fonderies en France et des milliers de salariés concernés. Les accompagner, les soutenir et assurer la transition, c'est cela avoir une politique industrielle ambitieuse pour la France ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP. – Mme Évelyne Perrot et M. Pierre Louault applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet, pour la réplique.

M. Mickaël Vallet. Monsieur le ministre, vous ne m'avez pas répondu : les indemnités des ouvriers du secteur fonte sont-elles garanties ?

Par ailleurs, à vous entendre, on peut vraiment se demander à quoi cela sert d'avoir un État actionnaire de grands groupes, comme Renault – l'État en est actionnaire à hauteur de 15 % –, quand ceux-ci ne manifestent aucune volonté de patriotisme économique, en ne sous-traitant plus assez en France ; le patriotisme économique n'est pas un gros mot !

Il y a donc deux urgences : retourner sur le terrain au contact des ouvriers, d'une part, et savoir où sont passés les millions du plan garanti par l'État, d'autre part. C'est le seul « en même temps » qui pourrait montrer un témoignage de sympathie envers les ouvriers. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE et GEST.)

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