Question de M. SEGOUIN Vincent (Orne - Les Républicains) publiée le 01/04/2021
Question posée en séance publique le 31/03/2021
M. le président. La parole est à M. Vincent Segouin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Vincent Segouin. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
« Je viens d'avoir 32 ans et je me suis fait vacciner. La logique aurait voulu que mes parents le soient avant moi, mais ils n'ont pas la chance de vivre aux États-Unis. » Tels sont les messages que nous recevons. C'est ainsi, monsieur le Premier ministre, qu'est vue la France, cinquième puissance mondiale.
Depuis un an, nous vivons au rythme des confinements et des déconfinements, de la fermeture des écoles et des commerces et du triste décompte des entrées en réanimation et des morts.
Un an plus tard, nous avons le sentiment que rien n'a changé, que rien n'a évolué et que, malgré votre assurance et volonté de tout faire seuls, sans concertation, vous n'avez tiré aucun enseignement de vos erreurs.
L'année dernière, vous nous promettiez 14 500 lits de réanimation. La vérité est qu'il n'y en a que 6 733. L'association entre le public et le privé ne se fait toujours pas.
Un an plus tard, la solution vaccinale existe, mais, en France, seulement 3,9 % population est vaccinée contre 50 % aux États-Unis, 60 % en Grande-Bretagne, et même 85 % en Israël.
Si nous nous comparons à d'autres pays, ce que vous aimez faire quand cela vous est flatteur, nous voyons donc que nous pouvons mieux faire.
Monsieur le Premier ministre, pendant combien de temps allez-vous nous faire vivre au rythme de ces annonces toujours plus pessimistes les unes que les autres ?
Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 01/04/2021
Réponse apportée en séance publique le 31/03/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Monsieur le sénateur Vincent Segouin, puisque vous commencez en parlant des États-Unis, permettez-moi de ne pas rappeler le nombre de morts qu'il y a eu dans ce pays, dont tout le monde parlait récemment (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), ou de relever que la moitié des élèves, soit 55 millions d'enfants, n'ont pas eu cours depuis un an. En France, nous avons préservé nos élèves de ce danger.
Les propos que j'ai entendus sont blessants. Permettez-moi de vous dire que personne, ici, n'est insensible aux victimes du covid. Quel que soit notre statut, que nous soyons ministre ou parlementaire, nous avons des familles et nous avons parfois connu des drames personnels.
Face à l'urgence, il nous a fallu nous adapter, évaluer et faire évoluer les protocoles, les doctrines, parfois en poussant les murs, parfois en transformant les industries pour créer des masques, du gel hydroalcoolique, maintenant des vaccins, avec une logistique considérable. Il nous a fallu agir avec méthode et avec transparence, ce qui nous a permis d'obtenir des résultats que nul ne croyait possibles il y a encore quelques semaines.
Concrètement, plus de 8,2 millions de personnes ont bénéficié d'au moins une injection et 2,8 millions de deux. Peut-être pourrions-nous nous féliciter ensemble de ce que 92 % des résidents en Ehpad aient reçu au moins une dose et que plus de la moitié des personnes âgées de plus de 75 ans aient également été vaccinées ?
C'est un effort collectif dont nous devrions nous réjouir et qui nous place en tête des pays européens sur la vaccination des personnes les plus âgées. C'est un tour de force, rendu possible par la mobilisation de tous les acteurs et par l'accélération de notre campagne vaccinale.
Au cours de la seule semaine dernière, 1,8 million d'injections ont été faites, dont une sur trois avec le vaccin AstraZeneca, parce que nous avons misé sur la confiance.
Nous accélérons la campagne et notre objectif de 10 millions sera tenu mi-avril, en priorisant les publics les plus fragiles et les plus exposés, en démultipliant les canaux avec l'ouverture de mégacentres dédiés, avec le concours des forces armées, en montant en puissance avec les centres de vaccination existants sur les territoires,
M. le président. Il faut conclure.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. en mobilisant tous les professionnels de santé possible et en allant vers les personnes les plus isolées.
M. le président. La parole est à M. Vincent Segouin, pour la réplique.
M. Vincent Segouin. Je lisais récemment que l'Union européenne a été soucieuse de négocier des vaccins au meilleur prix et avec le meilleur encadrement juridique. La vérité est donc là !
Notre problème, monsieur le Premier ministre, est que la France est gérée par la peur et la division parce que vous avez vous-même peur de prendre des risques. Avouez que vous avez attendu de voir le résultat des campagnes de vaccination dans les pays n'appartenant pas à l'Union européenne pour juger des effets secondaires et pour, enfin, commander les vaccins et organiser leur administration.
Aujourd'hui, vous nous annoncez que vous allez mettre en place des « vaccinodromes », alors que nos professionnels de santé ont mené une campagne de vaccination contre la grippe de façon remarquable.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. C'est ce que je viens de dire !
M. Vincent Segouin. C'est inutile !
Les Français sont fatigués des effets d'annonce et attendent aujourd'hui des actes. Gouverner un pays, c'est fédérer ses habitants pour lutter et combattre. Ayez la modestie de reconnaître vos erreurs comme l'a fait Angela Merkel, qui disait qu'une erreur doit être reconnue comme telle,
M. le président. Il faut conclure.
M. Vincent Segouin. et doit, surtout, être corrigée. C'est la condition pour que votre parole redevienne crédible. Peut-être constaterez-vous alors que la France n'est pas, comme certains le croient, une nation de 66 millions de procureurs. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
- page 2370
Page mise à jour le