Question de M. BASCHER Jérôme (Oise - Les Républicains) publiée le 25/03/2021
Question posée en séance publique le 24/03/2021
M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jérôme Bascher. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, à la fin de la semaine dernière, la présidente de l'Union nationale des étudiants de France, l'UNEF, a avoué organiser des réunions réservées aux personnes de couleur.
L'UNEF a donc désormais comme critère la couleur de peau dans ces réunions dites « racisées », mais pas « racistes » !
Hélas, ce syndicat n'en est pas à un coup d'essai. En 2019, il a tenté d'empêcher une représentation de la pièce d'Eschyle et a considéré l'émotion ressentie par les Français lors de l'incendie de Notre-Dame de Paris comme « un délire de petit blanc ».
M. Bruno Sido. C'est honteux !
M. Jérôme Bascher. On pourrait parler aussi de la récente affaire de l'Institut d'études politiques de Grenoble.
Aujourd'hui, l'arsenal juridique français permet de sanctionner toutes les formes de discriminations, particulièrement lorsqu'elles se fondent sur l'origine et la couleur de la peau. Le délit de provocation à la discrimination existe. Pourquoi n'y faites-vous pas référence ? Qu'attendez-vous pour simplement appeler à l'application de la loi pénale ?
Au-delà de l'action judiciaire, chaque année, l'UNEF perçoit une subvention de 600 000 euros de l'État. Aussi, l'État doit-il continuer à financer l'organisation de réunions « racisées » ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC.)
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 25/03/2021
Réponse apportée en séance publique le 24/03/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Bascher, les réunions que vous avez mentionnées sont inacceptables, et je les condamne.
Pourquoi sont-elles inacceptables ? Parce qu'elles trahissent les valeurs fondamentales de notre République, des valeurs que nous défendons tous ici. L'une des valeurs longtemps défendues par l'UNEF elle-même est l'universalisme ; je regrette qu'une partie de cette organisation semble manifestement s'en éloigner, au travers de ces réunions.
M. Bruno Retailleau. Alors, agissez !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Pourquoi sont-elles regrettables ? Parce qu'elles sont contraires à l'objectif même qu'elles prétendent viser : la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
La lutte contre le racisme et l'antisémitisme je suis sûr que nous sommes tous d'accord sur ce point est l'affaire de tous. Par conséquent, oui, je condamne ces réunions et, oui, je regrette qu'au moins une partie des membres de l'UNEF cède à ces dérives.
Vous savez sans doute que ces réunions se tenaient apparemment à l'extérieur des universités, dans la sphère privée. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Vous le savez comme moi, il est facile d'en appeler à la loi, mais le terrain sur lequel nous devons nous placer, avant toute chose, c'est vraiment celui des valeurs.
Nous devons donc demander à l'UNEF de clarifier ses positions et ses valeurs. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Raymond Hugonet. Et la loi ?
M. Bruno Sido. Il faut une loi pénale !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Ce sont les étudiants qui jugent de cela, et ils le feront, notamment dans les urnes. Nous avons besoin de corps intermédiaires. L'UNEF est aujourd'hui la deuxième organisation représentative des étudiants en France. Nous devons donc nous préoccuper des valeurs que l'UNEF porte.
Nous avons besoin de l'engagement de tous les étudiants pour proposer des solutions.
Nous avons besoin de corps intermédiaires pour définir avec eux quelles réponses sont les meilleures, mais nous devons aussi leur rappeler que l'universalisme n'est pas réservé aux livres d'histoire. C'est une valeur moderne, utile, exigeante : une valeur qui fait la grandeur de notre nation.
M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.
M. Jérôme Bascher. J'avais déjà interrogé le Gouvernement il y a trois ans sur la candidate vice-présidente voilée de l'UNEF. Le Gouvernement, à l'époque, avait répondu qu'il ferait tout pour défendre les valeurs de la République.
Soit vous n'avez rien fait, soit votre discours performatif est tout aussi efficace que pour lutter contre le covid ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Comme dirait le ministre de l'intérieur, votre réponse est un peu molle ! Quid des 600 000 euros d'aide de l'État et d'une possible action judiciaire ? Vous n'avez pas répondu sur ces points.
L'UNEF est aujourd'hui à l'opposé des valeurs françaises. Ne laissons pas le pire du monde anglo-saxon nous envahir ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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