Question de M. PARIGI Paul Toussaint (Haute-Corse - GEST) publiée le 18/03/2021
Question posée en séance publique le 17/03/2021
M. le président. La parole est à M. Paul Toussaint Parigi, pour le groupe Écologiste Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
M. Paul Toussaint Parigi. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Monsieur le ministre, le 25 janvier dernier, votre administration édictait un arrêté réformant le concours externe du Capes pour différentes matières, dont la langue corse.
Cette réforme, décidée sans nulle concertation une fois n'est pas coutume ! avec les syndicats et les universitaires, scellait, hélas, un recul historique et scientifique ravageur à maints égards et portait atteinte, une fois encore, aux langues régionales.
À revers de l'histoire, après la réforme délétère du baccalauréat, où les coefficients des langues régionales furent rabotés, décourageant des armées d'élèves et de futurs locuteurs, cette fois-ci, c'est à l'enseignement même du corse que vous vous en preniez en inversant les coefficients de notation, les faisant passer de 7 à 4 pour la langue corse et de 4 à 8 pour le français.
En nous proposant un Capes au rabais, vous annihiliez trente années d'efforts et de reconnaissance. Triste ironie, monsieur le ministre, que de si mal réussir la promotion des langues régionales en transformant un Capes monovalent de langue corse en Capes de français option corse !
À la suite d'un vote de l'Assemblée de Corse contre cette réforme et de la forte mobilisation des élus de terrain, des syndicats, des étudiants, de l'université et du jury du Capes, il semblerait que votre ministère ait fini par se rendre compte des dommages collatéraux qu'impliquait votre réforme.
Ce matin même, Mme la rectrice de l'académie de Corse affirmait que votre ministère, qui avait jusque-là fait l'économie d'un travail important et technique sur les modalités d'organisation du concours, reverrait sa copie concernant le Capes de corse, afin d'en préserver les exigences et les attendus.
Monsieur le ministre, nous confirmez-vous que votre ministère reviendra sur l'erreur historique que porte en lui l'arrêté du 25 janvier dernier ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
M. Marc-Philippe Daubresse. Voilà une question importante ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 18/03/2021
Réponse apportée en séance publique le 17/03/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Parigi, je commencerai par la conclusion : je vais vous donner satisfaction ! (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)
Aussi, je voudrais que ce soit bien enregistré, parce que je constate trop souvent dans de telles matières que, même quand satisfaction est donnée, on fait semblant de croire que tel n'est pas le cas ! (Protestations sur les travées du groupe SER.)
Je vous le dis donc tout de suite : je vais vous donner satisfaction. En effet, du point de vue des principes, j'ai reconnu à maintes reprises devant la Haute Assemblée ce que dit tout simplement la Constitution : les langues régionales font partie du patrimoine de la France.
Oui, nous encourageons l'apprentissage des langues régionales ; personne ne peut chercher à faire croire le contraire. Nous le faisons dans un cadre national évidemment bien précis, qui évolue en permanence pour encourager l'enseignement de ces langues.
Je veux à ce propos fournir quelques chiffres : 514 professeurs sont titulaires du Capes d'une langue régionale et 170 000 élèves en apprennent une aujourd'hui ; nous nous attachons sans relâche à faire progresser ce chiffre.
Vous avez affirmé, monsieur le sénateur, que la réforme du baccalauréat nuisait aux langues régionales. Je vous répondrai que, grâce à cette réforme, une langue régionale peut être choisie comme enseignement de spécialité, ce qui implique quatre heures hebdomadaires en première et six en terminale. Évidemment, cela n'existait pas auparavant.
Bien sûr, on doit aussi stimuler la demande des élèves. C'est le cas en Corse. Comme vous le savez, jusqu'à 95 % des élèves y étudient le corse en sixième.
Je voudrais disposer de plus de temps pour développer ce propos, mais il me faut répondre directement à votre question : oui, nous faisons évoluer le Capes de corse pour aller dans le sens que vous souhaitez. Il est normal que le coefficient de l'épreuve de langue corse augmente ; il était réglé à partir des règles valables pour l'ensemble des Capes, mais nous allons l'adapter à la situation des langues régionales.
Je confirme donc complètement les propos qu'a tenus Mme la rectrice ce matin : nous allons faire en sorte qu'un coefficient de 8, sur 12, aille aux matières passées en langue corse, soit davantage que dans la précédente version de ce concours, ce qui représente incontestablement une avancée dans le sens que vous souhaitez. (M. François Patriat applaudit.)
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