Question de Mme LOPEZ Vivette (Gard - Les Républicains) publiée le 25/02/2021
Mme Vivette Lopez attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur le maintien de la compétitivité scientifique française en Antarctique.
En effet, l'année 2021 sera l'occasion de célébrer deux événements majeurs ayant contribué à une meilleure connaissance scientifique de cette région : le 60ème anniversaire de l'entrée en vigueur du traité sur l'Antarctique, ainsi que le 30ème anniversaire de la signature du Protocole de Madrid, dont la France est co-initiatrice avec l'Australie. C'est dans ce cadre que la France présidera du 14 au 24 juin 2021, les deux conférences annuelles de négociations internationales adossées à ces événements géopolitiques : la 43ème réunion consultative du traité sur l'Antarctique (RCTA) et la 23ème réunion du comité pour la protection de l'environnement (CPE) mis en place par le Protocole de Madrid.
A ce jour, la France est considérée comme une nation polaire majeure. Cela tient en priorité à l'excellence et à la visibilité de sa recherche en Antarctique, reconnue au meilleur niveau international. Ainsi, la France se classe actuellement au second rang mondial parmi les nations opérant des stations de recherche, pour les index de citations des articles scientifiques reposant sur des travaux de recherche conduits en Antarctique.
Néanmoins l'excellence scientifique française procède d'un équilibre fragile et doit être encouragée à la hauteur des investissements désormais consentis par les autres nations.
Force est de constater à cet égard que notre opérateur polaire, l'institut polaire français Paul-Émile Victor dispose de beaucoup moins de moyens que des nations comme la Corée du sud, l'Australie, l'Allemagne ou encore le Royaume-Uni, en matière d'investissements en Antarctique au service de la recherche. De même l'Italie, qui a débuté son investissement en Antarctique presque 40 ans après la France, fournit plus de moyens à son opérateur antarctique que la France. Par ailleurs, alors que la pression scientifique s'accroît, l'institut polaire français voit une réduction importante de ses ressources humaines depuis au moins 15 ans. En outre , les deux stations de recherche en Antarctique que la France possède, Dumont d' Urville et Concordia nécessitent urgemment un plan de rénovation et modernisation, tandis que notre nation est aussi la seule au sein du G7 à ne pas posséder de brise-glace en soutien à la recherche océanographique.
La présidence française de la RCTA et du CPE à Paris en juin 2021 offre ainsi une occasion rare (la prochaine présidence française se tiendra en 2050) d'affirmer une nouvelle ambition nationale pour ces milieux, et de mettre en avant les problématiques polaires à l'échelle de notre nation :valeur de la recherche scientifique polaire et particulièrement antarctique, changement climatique, développement du tourisme, enjeux environnementaux plus généralement mais aussi enjeux économiques et géostratégiques).
Elle lui demande aussi de lui préciser les orientations politiques que le Gouvernement entend prendre pour affirmer une politique scientifique ambitieuse en Antarctique.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 07/10/2021
Le Président de la République a confié à M. Olivier Poivre d'Arvor, Ambassadeur des Pôles et des Enjeux Maritimes, la mission de présenter, à l'automne 2021, une stratégie polaire française. Le Président de la République a rappelé cette mission particulière lors de son intervention du 3 septembre 2021, à l'occasion d'une table ronde inaugurale du Congrès mondial de l'IUICN. Cette stratégie nationale comportera une dimension scientifique. Lors d'une rencontre avec la Ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, l'Ambassadeur des Pôles et des Enjeux Maritimes a évoqué la diversité des dimensions de sa mission, en rappelant les besoins de connaissance et de savoirs associés à ces milieux extrêmes qui constituent notamment des indicateurs du changement global, des réserves de biodiversité, des vigies pour l'observation astronomique et des archives pour les études paléoclimatiques. Les aspects de diplomatie scientifique, comme ceux de logistique de soutien aux recherches polaires ont également été abordés. Le Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) s'est engagé à nourrir la réflexion de l'Ambassadeur, en lui transmettant une contribution en matière de stratégie pour le futur des recherches polaires, leurs objectifs et les moyens nécessaires pour les conduire. Le MESRI s'appuie à cette fin sur : 1) Les orientations énoncées par le Premier ministre à l'occasion de la tenue, à Paris, de la 43ème réunion consultative du traité sur l'Antarctique (RCTA) 14 juin 2021. 2) Les conclusions de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) du 27 mai 2021, suivant l'audition publique organisée le 6 mai 2021 sur la recherche française en milieu polaire. L'OPECST a déjà publié un rapport sur la place de la France dans les enjeux internationaux de la recherche en milieu polaire (2007) et a organisé des auditions publiques à ce sujet. 3) La demande formulée par l'Assemblée Générale de l'IPEV (Institut Paul Emile Victor), en responsabilité des infrastructures de soutien aux recherche polaires, d'une étude confiée à un groupe de travail chargé de proposer des orientations pour les domaines polaires ayant pour objectif d'identifier et d'instruire des scénarii tenant compte des contextes scientifiques, logistiques, juridiques, géostratégiques et budgétaires. 4) Une prospective, commandée en 2020, par le CNRS et ses partenaires Italiens sur le futur des recherches à conduire dans la prochaine décennie à Concordia, la station continentale antarctique opérée conjointement par la France et l'Italie, ainsi que les évolutions nécessaires de cette station. 5) Une contribution technique, à l'initiative de l'IPEV, pour anticiper les besoins structurels des installations et infrastructures antarctiques afin que leurs missions d'appui continuent d'être prodiguées aux chercheur usagers du lieu. Le groupe mandaté par le MESRI, à la demande de l'AG de l'IPEV, a travaillé à l'été 2021 et ses préconisations seront transmises à l'ambassadeur pour nourrir la dimension scientifique de la stratégie polaire qu'il va concevoir et proposer. Le groupe a veillé à identifier les besoins concernant l'Arctique comme l'Antarctique. Il a produit une réflexion portant sur les aspects scientifiques, logistiques, diplomatiques, de partenariats, etc. Simultanément, sous la responsabilité de l'IFREMER, institut en responsabilité du pilotage, de la maintenance et du renouvellement de la Flotte Océanographique Française (FOF), un accord bilatéral a été conclu avec le Canada, pour améliorer les accès à la mer des deux partenaires en zone arctique. Cet accord d'accès à la FOF du partenaire Canadien prévoit, par réciprocité, un accès de la partie française à l'Amundsen, seul brise-glace de la Garde côtière canadienne entièrement équipé pour la science. Au-delà de tels accords de partenariats, qui constituent une modalité de conception d'un soutien logistique durable et responsable de l'appui à la recherche, se pose l'enjeu financier de l'entretien de la FOF en général et des navires polaires et sub-polaires en particulier. La mesure « équipements » de la Loi de Programmation de la Recherche permettra d'y répondre en partie, mais d'autres sources de financement seront à identifier pour répondre à cet enjeu majeur.
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