Question de M. BOULOUX Yves (Vienne - Les Républicains) publiée le 11/02/2021

M. Yves Bouloux attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur les suppressions d'emplois annoncées par le groupe Thales.

Le 31 septembre dernier, le groupe Thales indiquait qu'après un deuxième trimestre 2020 exceptionnellement perturbé par la crise sanitaire, la mobilisation des équipes partout dans le monde avait permis au groupe de connaître une très forte amélioration de son chiffre d'affaires au troisième trimestre. Il annonçait donc avoir réussi à atteindre l'intégralité des objectifs financiers de l'année 2020, avec un chiffre d'affaires de 11,7 milliards d'euros, en baisse de seulement 5,6% par rapport à 2019.

Dans le même temps, le groupe Thalès annonçait cependant vouloir supprimer environ 1 000 postes en France, avec pour engagement l'absence de tout «licenciement sec».

Dans mon département, la Vienne, le groupe prévoit ainsi la suppression de 258 emplois dont 191 pour le seul site du CSC de Châtellerault, ce qui représente pas moins de 40% du personnel.

Si le groupe justifie ce plan de suppression par la situation critique de la filière aéronautique, les syndicats de salariés dénoncent, de leur côté, des suppressions d'emplois injustifiées au regard des résultats de l'entreprise. Ces suppressions seraient en réalité justifiées par la volonté de l'entreprise d'accélérer son projet de transition numérique et d'obtenir une rentabilité supérieure à 10%, avec à terme le risque d'une perte des compétences et de compétitivité de nature à mettre en péril la pérennité du site.

Non opposés à toute numérisation ou transformation, les salariés du site CSC France de Châtellerault ont pourtant élaboré un plan pour son avenir avec pour objectif la création d'un lieu d'exception pouvant rassembler jusqu'à 500 emplois.

Alors que Thalès devrait largement bénéficier du plan de relance, l'État, en sa qualité de premier actionnaire, doit veiller à ce que le groupe adopte un comportement responsable vis-à-vis de l'emploi et des territoires.

Aussi, il souhaite connaitre les mesures que compte prendre le Gouvernement pour s'assurer de la bonne utilisation des aides accordées dans le cadre du plan de relance, mais aussi pour garantir la pérennité des emplois et des compétences du site Thales de Châtellerault.


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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 01/04/2021

Le groupe Thales est confronté à la violence de la crise qui frappe le secteur aérien. Ainsi, son chiffre d'affaires global au 3ème trimestre est en recul de plus de 10 % par rapport à l'année dernière, mais surtout de plus de 45 % dans le seul domaine de l'aéronautique civile. L'entreprise, à l'instar de toutes les sociétés du secteur, a donc dû prendre des mesures d'adaptation, de ses effectifs et de ses coûts, au niveau d'activité significativement réduit qui est anticipé pour les années à venir, et ce pour lui permettre de traverser au mieux cette crise. D'après le groupe Thales, sur le bassin de Châtellerault, ce sont ainsi 161 postes qui sont fragilisés, sur un effectif de 770 personnes (soit 21 % du total). Cela concerne plus précisément 125 postes sur le site de Châtellerault CSC (soit 26 % de l'effectif), et 36 postes à La Brelandière (12,5 % de l'effectif). Ces mesures sont difficiles, mais elles s'accompagnent néanmoins de l'engagement de la société de ne procéder à aucun licenciement, ainsi que de mesures locales d'accompagnement : il est par exemple prévu que Thales transfère sur le site de Châtellerault une ligne de réparation de pods militaires, représentant près de 80 emplois sur le site, devant permettre de réduire à une centaine le nombre de postes menacés sur le bassin d'emploi. La disparition d'un peu moins de 1 000 emplois dans le groupe Thales est un événement conséquent, mais qui aurait pu l'être bien davantage sans la mise en œuvre des dispositifs de soutien de la puissance publique, notamment l'activité partielle de longue durée (APLD), dont Thales a choisi de faire usage en accord avec les organisations syndicales du Groupe, et le soutien à la R&D (Recherche et Développement) aéronautique à travers le renforcement des moyens du Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC). L'objectif est que ces mesures permettent de préserver l'outil industriel en France, pour une remontée en charge de la filière aéronautique, en espérant que celle-ci intervienne le plus rapidement possible. C'est tout l'objet du plan de soutien à la filière aéronautique, annoncé le 9 juin dernier, qui doit également permettre de reconstruire une filière industrielle plus verte et plus compétitive, génératrice d'activité économique dans les territoires français. Par ailleurs la mise en œuvre de France Relance est déjà pleinement en œuvre pour accompagner les PME des territoires dans leurs projets de transformation, avec en particulier les 4 appels à projets « industrie » ouverts avec BPI ou encore les guichets « industrie du futur » et « décarbonation » ouverts auprès de l'Agence de services et de paiement (ASP).

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