Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 11/02/2021
Mme Valérie Boyer attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur le déplacement du secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, en Arménie et surtout en Azerbaïdjan du 25 au 28 janvier 2021.
À la demande du Président de la République, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a effectué un déplacement en Arménie et en Azerbaïdjan du 25 au 28 janvier.
Ce dernier aurait assuré aux autorités arméniennes et azerbaïdjanaises de la totale mobilisation de la France, en tant que co-présidente du groupe de Minsk de l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en faveur d'un règlement politique du conflit au Haut-Karabagh. Il a notamment souligné l'importance de progresser dans la résolution des questions humanitaires urgentes.
Malheureusement ce conflit n'est pas terminé.
Même si l'histoire est un perpétuel recommencement, elle ne doit pas être un renoncement éternel.
Le défilé célébrant la victoire de l'Azerbaïdjan et de la Turquie, à Bakou, était d'ailleurs l'occasion pour les présidents de ces deux pays de prononcer un discours idéologique panturquiste.
Le président azerbaïdjanais a exprimé des ambitions encore plus expansionnistes considérant le Syunik, la province de Gegharkunik et même Erevan comme des territoires azerbaïdjanais.
Le président turc, quant à lui, a récité un poème laissant entendre des revendications sur l'Azerbaïdjan iranien puis a fait l'éloge d'Enver Pacha, de son frère Nouri Pacha et de l'armée islamique du Caucase.
Pour rappel, Enver Pacha est l'un des triumvirs du comité union et progrès ayant réalisé le génocide arménien. L'armée islamique du Caucase, pour sa part, est une armée turque ayant mené l'offensive ottomane dans le Caucase en 1918.
La situation en Artsakh reste préoccupante. Les troupes azerbaïdjanaises se sont livrées à une série de crimes de guerre incluant la décapitation de civils arméniens qui refusaient de fuir leurs terres, la mutilation des cadavres, la destruction et la profanation du patrimoine culturel arménien, notamment des tombes, des églises et des monuments aux morts. Des soldats de l'armée azerbaïdjanaise seraient même entrés sur le territoire de la République d'Arménie, par exemple dans le village de Vorotan qui est dans la région du Syunik.
Aussi, elle aimerait savoir si le secrétaire d'État placé auprès de lui a évoqué ces sujets avec le président de l'Azerbaïdjan, lors de son déplacement.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 06/05/2021
La France reste pleinement mobilisée pour avancer vers une solution de long terme à la crise du Haut-Karabagh. La visite du secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères en Azerbaïdjan et en Arménie, du 25 au 28 janvier, a permis de poursuivre et de renforcer le dialogue avec Bakou comme avec Erevan, ce qui est indispensable pour progresser dans la résolution du conflit. Des défis importants restent devant nous, y compris dans la mise en uvre des dispositions de la déclaration du 9 novembre dernier qui a permis de mettre fin aux hostilités. Dans l'immédiat, nos priorités demeurent la consolidation du cessez-le-feu et le soutien aux négociations sur le douloureux dossier des prisonniers de guerre, des détenus et des disparus. Des progrès dans ce domaine sont nécessaires à l'établissement de la confiance entre les parties, indispensable à un règlement durable du conflit. C'est un message que le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères a porté, au plus haut niveau, durant son déplacement dans la région. La France est aux côtés de l'Arménie pour l'aider à surmonter les difficultés économiques qu'elle connaît actuellement. Nous examinons avec nos partenaires arméniens les modalités de mise en uvre d'une coopération économique et financière proposée par le Président de la République, et qui a été évoquée par le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères lors de son entretien avec le Premier ministre Pachinian le 28 janvier dernier. Ce soutien est cohérent avec la volonté des autorités arméniennes de favoriser l'intégration régionale de leur économie. Cette coopération viendra s'ajouter à l'aide structurée à l'Arménie, coordonnée par le Centre de crise et de soutien du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, et mise en place au moment du conflit, dont le volet de réponse à l'urgence humanitaire qui s'achève est suivi par un programme de partenariats entre établissements hospitaliers, ainsi qu'au soutien aux ONG et associations actives en Arménie. La France, co-présidente du Groupe de Minsk, ne ménagera aucun effort en faveur de l'établissement dans la région d'une paix durable et d'une prospérité partagée.
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