Question de Mme JOSEPH Else (Ardennes - Les Républicains) publiée le 11/02/2021

Mme Else Joseph interroge M. le ministre des solidarités et de la santé sur les dégâts psychologiques causés sur les élèves et étudiants et, plus généralement, sur la jeunesse par la succession importante de confinements depuis mars 2020. En effet, la crise sanitaire a conduit certains établissements d'enseignement et les établissements universitaires à faire le choix d'un enseignement de nature distancielle sous le format de la visioconférence. À titre d'exemple, pour un étudiant actuellement en première année de licence, cette immersion équivaudrait au total à un an et demi de scolarité menée en distanciel, si on part du fait que le deuxième semestre de la terminale a été effectué sous ce format et que les enseignements qu'ils suivent à l'université risquent encore de se faire selon cette modalité durant le deuxième semestre qui est actuellement en train débuter. Comme certains jeunes ne sont plus en présence de leur famille et qu'ils ne peuvent plus voir leurs amis, cela conduit à un isolement. Cela ne fait par ailleurs qu'accroître le phénomène d'isolement croissant que l'on constate déjà dans nos sociétés mais en l'étendant à des secteurs de la population qui, jusque-là, semblaient épargnés. En outre, il y aura forcément des conséquences de ces problèmes après la fin de l'état d'urgence et des confinements. Un bilan psychologique doit être dressé et des mesures doivent être envisagées sur le long terme, car il est impossible d'écarter la présence de séquelles psychologiques importantes. En outre, elle aimerait savoir ce qu'il envisage concernant la prévention sur les dangers du virtuel (réseaux sociaux, visioconférence…) auprès des jeunes. Elle lui demande s'il ne faut pas agir auprès des jeunes (campagne, etc.) pour que leur immersion dans l'univers du numérique reste raisonnable, équilibrée et proportionnée aux nécessités. Elle lui demande donc ce qui pourrait être entrepris dans un dossier qui deviendra important dans les mois - pour ne pas dire dans les années - à venir et ce que les pouvoirs publics prévoient pour combattre cette détresse psychologique croissante.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 09/09/2021

La dimension psychologique de la crise sanitaire liée à la COVID-19 est indissociable et tout aussi importante que sa dimension somatique. La santé mentale des enfants et des jeunes est particulièrement impactée avec la remontée de signaux de détresse et l'augmentation des recours auprès des structures de soins. La crise sanitaire a aussi fait émerger l'importance de la santé mentale dans la dimension globale de la santé. Une campagne nationale est en projet pour lutter contre la stigmatisation et mieux orienter dans les dispositifs existants. En amont, le renforcement des compétences psycho-sociales, inscrit dans la feuille de route nationale santé mentale et psychiatrie, expérimenté dans le milieu éducatif et auprès des autres acteurs de la jeunesse, doit se déployer par une stratégie multisectorielle tenant compte des expertises acquises y compris pour le soutien à la parentalité. Les dispositifs existants ont été mobilisés notamment VigilanS, dispositif de suivi et de soutien aux personnes ayant fait une tentative de suicide, et le réseau des maisons des adolescents. Les agences régionales de santé sont mobilisées pour renforcer la réponse territoriale en fonction des besoins identifiés. Des actions spécifiques ont été engagées ou renforcées : La mise en place d'un numéro Vert « COVID » 0800 130 000, disponible 24h sur 24, qui propose une écoute aux personnes exprimant des troubles psychologiques, et auquel participe Fil Santé Jeunes, association spécialisée dans les 12-25 ans ; Le soutien à des associations offrant des services d'écoute, de soutien et d'informations à destination des étudiants avec la mise à disposition d'un catalogue des ressources ; Le programme de formation « Premiers secours en santé mentale », développé depuis 2019 par PSSM France, les ARS et les services de santé universitaires dans une dizaine d'universités, avec une forte demande de ces universités ; La diffusion d'outils pour le repérage de l'état de santé des enfants et soutien aux parents, dont la promotion des dispositifs en ligne ; Les mesures prévues par le Ségur de la Santé avec le renforcement des psychologues dans différentes structures (MSP, CUMP et CMP) pour un accès accru à des consultations prises en charge ou le développement en cours du numéro national de prévention du suicide ; L'appel à projets 2020 en direction des professionnels de la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à hauteur de 20 millions d'euros. La dimension globale de la santé mentale est prise en compte par la mobilisation de l'ensemble des partenaires. Une conférence de prévention étudiant dédiée à la santé mentale et mobilisant l'ensemble des acteurs de la vie étudiante, s'est tenue le 20 novembre 2020 co-organisée par le ministère des solidarités et de la santé et du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Le Comité pour la santé des enfants et des jeunes, regroupant les administrations centrales, s'est réuni le 12 janvier 2021 pour renforcer la coordination de la réponse face à la dégradation de la santé mentale des enfants et des jeunes. Un programme des premiers secours en santé mentale est développé en milieu étudiant par le ministère des solidarités et de la santé, en lien avec le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. S'agissant des nouvelles technologies, et particulièrement de l'exposition aux écrans, la priorité du ministère chargé de la santé est de s'assurer de leur bon usage afin d'en tirer les bénéfices et d'éviter les impacts négatifs, notamment ceux liés à une surexposition. Le plan national de santé publique « Priorité Prévention » vise notamment à promouvoir un usage adapté des écrans dans le quotidien des Français, via des repères d'usage d'écrans destinés aux proches de jeunes enfants, et une campagne d'information sur les repères et bonnes pratiques en matière de temps passé devant des écrans. Le ministère des solidarités et de la santé et l'ensemble du Gouvernement mettent tout en œuvre pour répondre aux difficultés psychologiques rencontrées par les Françaises et les Français, et en particulier les jeunes.

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