Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 04/02/2021
M. Fabien Gay attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique sur l'objectif de transformer 30 % des zones terrestres et marines de la planète en aires protégées d'ici à 2030, en projet dans le cadre mondial pour la biodiversité de l'après-2020.
L'objectif de 30 % suppose un doublement de ces aires protégées.
Ce cadre doit être approuvé par les parties (COP15) de la convention sur la diversité biologique. La France semble engagée à soutenir cette préconisation, et en tant que pays fournissant un appui financier direct à des programmes d'aires protégées, elle a une grande responsabilité en la matière. Il est évident que l'urgence écologique et environnementale impose des actes forts, à la hauteur des défis et des risques auxquels l'humanité doit faire face. Cependant, les mesures prises en la matière ne peuvent être efficaces pour l'environnement qu'à certaines conditions.
D'une part, elles doivent s'inscrire dans le cadre d'un changement complet de paradigme. Enjoindre à d'autres pays à sanctuariser des espaces protégés sans pour autant changer notre propre modèle de production et de consommation, extrêmement polluant, est un non-sens total. En témoigne l'exemple français du projet de mine d'or industrielle Montagne d'or en Guyane, auquel le Gouvernement a déclaré être opposé sans pour autant motiver ce refus, ce qui a valu une annulation de la non-reconduction des concessions par le tribunal administratif. Pourtant, les mines industrielles en plein cœur de la forêt amazonienne, formidable réservoir de biodiversité, vont totalement à l'encontre des positions professées par le Gouvernement sur les aires protégées et la biodiversité.
De plus, sanctuariser de telles aires ne peut se faire dans une conception statique et figée des écosystèmes. Les écosystèmes sont des systèmes basés sur les interactions entre espèces, qu'elles soient animales ou végétales, le climat, etc. Ils évoluent donc et sont faits d'échanges permanents. Or, l'être humain peut faire partie de ces échanges, comme c'est le cas pour les populations autochtones qui vivent souvent dans ces aires ou à proximités et participent de ces écosystèmes. La protection des aires doit se faire avec eux, avec leurs savoirs sur ces territoires, avec leurs interactions avec ces milieux, car ce ne sont pas eux qui les détruisent et les polluent, mais au contraire contribuent à leur équilibre.
Enfin, de telles mesures entraînent des violations massives des droits humains ainsi qu'un accaparement des terres extrêmement important, comme l'a rappelé un membre du groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du secrétaire général des Nations Unies, lors du sommet des Nations unies sur la biodiversité de septembre 2020. Les « réinstallations » des populations sont insatisfaisantes et insuffisantes et n'ont aucun sens puisque ces populations ne sont pas responsables des dégradations environnementales. En parallèle, les multinationales poursuivent leurs activités destructrices de l'environnement sans être inquiétées.
Il souhaite donc que la France promeuve la consultation réelle et entière et l'inclusion des populations autochtones concernées par ces mises en place d'aires protégées, des garanties que ces accaparements de terres ne soient pas des vols, ainsi que le respect des droits de l'homme.
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Transmise au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
La question est caduque
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