Question de M. BOYER Jean-Marc (Puy-de-Dôme - Les Républicains) publiée le 18/02/2021
Question posée en séance publique le 17/02/2021
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Marc Boyer. Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, le ressenti, le vécu de nos aînés au sein des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et de leurs familles est aujourd'hui sans appel : leur isolement et leur solitude sont mortifères.
L'environnement familial ou amical est le seul lien qui rattache de nombreux résidents au monde extérieur. C'est leur raison essentielle de vivre. Aussi, coupés du contact de leurs proches, nos anciens vivent un calvaire et éprouvent un cruel sentiment d'enfermement.
Les directeurs d'Ehpad doivent composer avec de nombreuses contraintes. Mais que signifie voir ses proches vingt minutes tous les quinze jours, le nombre de visiteurs étant limité à deux personnes à la fois ?
Vous souhaitez protéger nos aînés, mais à quel prix ? Est-ce les protéger que de les laisser mourir avec ce sentiment d'abandon ? Il est tel que certains disent : « Je préfère mourir du covid que d'isolement. »
Protéger, c'est aussi respecter la dignité humaine des personnes âgées et vulnérables. Cette dignité dans la vie ne peut pas être bafouée au motif de sauver des vies.
Protéger, c'est aussi gérer la fin de vie. Nous devons permettre à la famille d'accompagner son parent jusqu'au bout.
Protéger, c'est lutter contre le virus de la solitude. Le fait de vieillir enfermé entraîne un véritable risque de glissement pouvant conduire jusqu'à la mort, avec le refus brutal de communiquer, de s'alimenter et de recevoir des soins, malgré le dévouement exemplaire des personnels.
Monsieur le ministre, le tout-sanitaire n'a-t-il pas atteint sa limite aujourd'hui ? Quelles perspectives et quelles solutions proposez-vous pour rompre avec cette situation mortifère ? (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)
Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 18/02/2021
Réponse apportée en séance publique le 17/02/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Monsieur le sénateur Jean-Marc Boyer, je vous remercie de votre question, qui me permet d'aborder un sujet éminemment humain, au-delà des enjeux sanitaires.
Face à un virus qui nous était inconnu vous en conviendrez et qui frappait notamment les personnes âgées de manière virulente à preuve, 80 % des victimes sont des personnes âgées , nous avons dû prendre des décisions parfois difficiles pendant la première vague. Vous le savez.
Lors de mes déplacements sur le terrain, j'ai entendu les personnels, les résidents et leurs familles. Comme vous, j'ai été confrontée à des vécus dramatiques, marqués parfois par des syndromes de glissement.
Ce virus, nous ne le connaissons pas encore sous toutes ses variantes, mais force est de constater que nous le connaissons mieux. Le personnel des Ehpad le dit : il se sent mieux aguerri pour le prévenir, pour mieux protéger et pour le dépister.
Dès ma nomination, j'ai été saisie de cette question profondément humaine, au-delà du sanitaire, et j'ai immédiatement donné des orientations aux Ehpad. Nous suivons une ligne de crête extrêmement étroite, en vertu d'un principe clé : protéger nos aînés sans les isoler.
Il ne s'agit donc pas de fixer des directives, mais d'énoncer des lignes de conduite très claires pour orienter les décisions des directeurs, qui ne sont jamais simples à prendre, car il faut faire en sorte que ces établissements ne soient jamais démunis face au virus.
À ces orientations s'ajoute le déploiement de tests à destination des professionnels et, très prochainement, de celles et ceux qui rendent visite aux résidents, grâce à l'arrivée des tests salivaires, qui auront l'avantage d'être moins invasifs. Nous espérons que ces pratiques s'en trouveront facilitées.
Je m'entretiens chaque semaine en visioconférence avec les acteurs du secteur, en particulier avec les fédérations d'Ehpad. En concertation avec eux, j'ai mis en place des modes de visite, sur rendez-vous, pour mieux encadrer les allées et venues et, surtout, pour assurer le maintien du lien social, ô combien nécessaire. Nous avons également demandé que les visites en fin de vie soient permises, pour accompagner nos aînés dans leurs derniers instants.
Enfin, la vaccination ouvre des perspectives aujourd'hui. Vous le savez : à la fin du mois de février, 80 % des résidents des Ehpad seront vaccinés dans notre pays et je tiens à saluer cet engouement. Il prouve qu'il fallait prendre du temps, expliquer,
Mme Dominique Estrosi Sassone. Et la question ?
M. le président. Il faut conclure.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. recueillir le consentement. C'est chose faite ! (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Nous avons fait le choix de saisir le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale
M. le président. Il faut conclure !
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. pour définir les modalités de visite les plus adéquates, dans un contexte de haute couverture vaccinale. (Brouhaha sur les mêmes travées.) Merci de votre écoute !
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Boyer, pour la réplique.
M. Jean-Marc Boyer. Madame la ministre, protéger, c'est aussi et surtout vacciner, vous l'avez dit.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. Oui, et à 80 % ! Il faut écouter !
M. Jean-Marc Boyer. Mais les Français ne comprennent pas votre stratégie de vaccination : pas d'anticipation dans les commandes des vaccins ;
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. Votre question portait sur les Ehpad !
M. Jean-Marc Boyer. désorganisation des centres de vaccination ; listes d'attente interminables. (Mme la ministre déléguée s'agace.)
Le Président de la République a promis que 50 millions d'adultes seraient vaccinés à la fin du mois d'août prochain. Or, aujourd'hui, seulement 2,3 millions d'entre eux ont reçu une dose et 815 000 deux doses.
Mme Cathy Apourceau-Poly. Exactement !
M. Jean-Marc Boyer. La réalité, malheureusement, est que la France fait partie des pays les moins avancés dans la vaccination. Plutôt que d'autosatisfaction, faites preuve d'humilité et d'efficacité ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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