Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 18/02/2021
Mme Dominique Estrosi Sassone interroge M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics, sur la compensation de la suppression de la taxe d'habitation pour les syndicats intercommunaux à vocation multiple (SIVOM).
Si l'article 16 de la loi n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020 prévoit le mécanisme de compensation de suppression de la taxe d'habitation pour un certain nombre de collectivités locales, il ne prévoit pas de compensation spécifique pour les SIVOM à fiscalité additionnelle.
Dans les Alpes-Maritimes, le SIVOM Val-de-Banquière est particulièrement impacté par cette mesure. Par exemple, pour la commune de La Trinité ce sont 400 000 euros qui ne seront pas compensés dès 2021, à Saint-André-de-la-Roche 130 000 euros ou encore 70 000 euros à Tourrette-Levens, sachant que les neuf autres communes sont également impactées.
Lors de l'examen de la loi n° 2020-935 du 30 juillet 2020 de finances rectificative pour 2020 et de celui de la loi n° 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021, elle a ainsi proposé un amendement posant le principe d'une compensation par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement (DGF) en prévoyant que son montant évolue par la suite en fonction de la valeur locative moyenne des propriétés bâties situées sur le périmètre du syndicat.
Au cours des débats, cet amendement largement cosigné a permis à un certain nombre de sénateurs de signaler les mêmes difficultés dans leurs départements dont certaines ont été résolues par les services administratifs fiscaux comme par exemple pour un SIVOM en Seine-Maritime. Le ministre chargé des comptes publics a d'ailleurs déclaré dans la discussion législative devant le Sénat : « une difficulté se pose dans le cadre de la réforme de la taxe d'habitation, non pas pour ces syndicats en particulier, mais pour les syndicats mixtes, qui n'ont pas la possibilité de recourir aux contributions fiscalisées. Néanmoins, dans la majorité des cas, nous avons trouvé des solutions en gestion. Je sais que, pour le syndicat cité, il demeure quelques difficultés ».
Enfin lors des débats relatifs à la loi de finances pour 2021, il a expliqué que « la répartition de la charge entre les autres fiscalités additionnelles fait que la collectivité n'est pas perdante. Il y a en revanche un effet de report sur d'autres impositions » puisque les deux leviers de compensation existants sont la hausse de la taxe foncière et la hausse des contributions des communes mais elles ne répondent pas à « l'exigence de la compensation à l'euro près » que s'était fixée le Gouvernement.
Elle lui demande de bien vouloir se saisir de la situation particulière du SIVOM Val-de-Banquière afin de proposer une solution juste et équitable pour ne pas faire peser sur le budget des communes concernées ou sur les seuls propriétaires fonciers la charge de la non-compensation de la taxe d'habitation à l'euro près, ce qui serait contraire aux engagements pris par l'État. Il est en effet impensable pour les maires de devoir, faute de solution trouvée, augmenter les impôts ou réduire voire supprimer les services publics de proximité (petite enfance, aides aux séniors) qui sont aujourd'hui assurés dans le cadre du SIVOM.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Petites et moyennes entreprises publiée le 10/03/2021
Réponse apportée en séance publique le 09/03/2021
Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, auteur de la question n° 1526, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics.
Mme Dominique Estrosi Sassone. Monsieur le ministre, ma question porte sur la compensation de la suppression de la taxe d'habitation pour les syndicats intercommunaux à vocation multiple (Sivom) ayant opté pour la fiscalité additionnelle.
Si la loi de finances pour 2020 prévoit le mécanisme de compensation de suppression de la taxe d'habitation pour un certain nombre de collectivités locales, elle ne prévoit pas de compensation spécifique pour les Sivom à fiscalité additionnelle.
Dans les Alpes-Maritimes, le Sivom Val de Banquière est particulièrement impacté par cette mesure. Pour la seule commune de La Trinité, par exemple, 400 000 euros ne seront pas compensés dès 2021 ; à Saint-André-de-la-Roche, 130 000 euros ; à Tourrette-Levens, 70 000 euros Les neuf autres communes du Sivom sont également fortement touchées.
Lors de l'examen de la loi de finances rectificative pour 2020 et de la loi de finances pour 2021, j'ai proposé un amendement, largement cosigné par mes collègues du groupe Les Républicains, visant à instaurer une compensation par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement, en prévoyant que son montant évolue en fonction de la valeur locative moyenne des propriétés bâties situées sur le périmètre du syndicat.
Lors des débats budgétaires, M. le ministre délégué chargé des comptes publics avait souligné qu'il n'existait pas de problème particulier a priori et qu'il y aurait « un effet de report sur d'autres impositions », notamment sur la taxe foncière et sur la hausse des contributions des communes.
Monsieur le ministre, il est impensable pour les maires de devoir, faute de solution trouvée par l'État, augmenter les impôts ou réduire, voire supprimer, les services publics de proximité je pense à la petite enfance ou aux aides aux seniors aujourd'hui assurés dans le cadre des compétences déléguées aux Sivom.
Où en sont les négociations entre l'administration et le Sivom Val de Banquière, même si d'autres Sivom sont également concernés par cette question ? Que propose le Gouvernement aux maires pour ne pas faire peser sur le budget des communes concernées ou sur les seuls propriétaires fonciers la charge de la non-compensation de la taxe d'habitation à l'euro près, ce qui est, je le rappelle, un engagement du Président de la République ?
Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des petites et moyennes entreprises. Madame la sénatrice Estrosi Sassone, comme vous le savez, les syndicats intercommunaux ne disposent d'aucun pouvoir fiscal, ce qui les range dans la catégorie des établissements publics sans fiscalité propre.
Le financement du budget d'un tel syndicat comprend une contribution des communes associées, fixée par les communes dans les statuts du syndicat. Lorsque tel n'est pas le cas, le syndicat est compétent pour établir ou modifier la répartition des charges des communes.
À titre dérogatoire, le syndicat peut décider de remplacer cette contribution budgétaire des communes par la taxe d'habitation, les taxes foncières et la cotisation foncière des entreprises. Il s'agit des « contributions fiscalisées ».
Dans ce cas, le syndicat arrête un montant global, réparti dans chacune des communes membres. Cette répartition est proportionnelle aux recettes que chacune de ces taxes procurerait à la commune si l'on appliquait les taux de l'année précédente aux bases de l'année d'imposition. Les taux d'imposition additionnels permettent d'alimenter le budget du syndicat.
Le Sivom Val de Banquière est un syndicat intercommunal regroupant douze communes. Non seulement entre-t-il dans le champ de la législation précitée mais, de fait, a-t-il recours à la fiscalisation des contributions.
Le recours aux contributions fiscalisées pour son financement résulte donc d'un choix particulier et local d'organisation.
Dans la mesure où le Sivom Val de Banquière est assuré de percevoir un montant déterminé de contribution des communes, il n'y a pas matière à compensation dans le cadre de la réforme de la fiscalité locale. En effet, le syndicat ne perd pas de recettes. La suppression de la taxe d'habitation conduit en revanche à une nouvelle répartition des produits syndicaux entre les contribuables, dont les communes, elles-mêmes compensées du fait de cette suppression, doivent désormais tenir compte dans leurs choix de gestion.
Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.
Mme Dominique Estrosi Sassone. Je suis désolée, monsieur le ministre, d'entendre encore cette réponse, qui est une réponse de technocrates. Cela fait plusieurs semaines que nous alertons sur cette disposition particulière concernant les Sivom. Les maires n'ont pas été élus sur la base d'une augmentation des impôts qu'ils n'ont pas décidée et qui serait imposée d'autorité par l'État !
Véritablement, il est temps de trouver une solution, y compris pour un cas particulier comme celui-ci.
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