Question de Mme DELATTRE Nathalie (Gironde - RDSE) publiée le 04/02/2021
Mme Nathalie Delattre interroge M. le ministre de l'intérieur sur la position du gouvernement quant à la détérioration de la tranquillité et de la sécurité publiques à Bordeaux et dans sa métropole.
Elle souligne l'implantation massive de mineurs non accompagnés étrangers, concomitante à la professionnalisation de certains réseaux locaux de drogue qui conduit à l'escalade de la violence.
Elle indique le rôle central des compagnies républicaines de sécurité (CRS) dans la doctrine française du maintien de l'ordre, aussi bien lors de manifestations que dans leur présence quotidienne sur le terrain. À ce jour, Bordeaux reste la seule grande ville française à ne pas disposer d'une unité CRS à demeure de façon pérenne, dans le cadre du plan national de sécurité renforcée.
Pourtant, les CRS disposent d'un savoir-faire adaptatif qui conviendrait parfaitement pour couvrir certains quartiers bordelais. Alors que la municipalité se refuse toujours à accroître le nombre de caméras de vidéoprotection, les CRS sont en capacité de déployer des systèmes autonomes de retransmission d'images pour la sécurisation d'événements (SARISE). Ils sont dotés d'un matériel que n'ont pas les autres corps de la police nationale, sans même parler de la police municipale, qui n'est toujours pas armée à Bordeaux.
Consciente des besoins en CRS à la frontière espagnole, et réaffirmant la nécessité d'un maintien des effectifs des CRS nageurs-sauveteurs sur les plages du littoral durant la saison estivale, elle indique que le renforcement de la dotation en CRS de la direction zonale Sud-Ouest ne passe pas par un redéploiement à effectif constant, mais bien par la création d'une unité nouvelle.
Elle souligne les efforts réalisés par l'État depuis le mois d'octobre 2020, qui a initié le déploiement temporaire de l'équivalent d'une demi-unité sur le territoire bordelais. Elle lui demande s'il entend pérenniser ce renforcement en actant la création d'une nouvelle unité à Bordeaux.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 10/02/2021
Réponse apportée en séance publique le 09/02/2021
Mme la présidente. La parole est à Mme Nathalie Delattre, auteure de la question n° 1499, adressée à M. le ministre de l'intérieur.
Mme Nathalie Delattre. Madame la ministre, Bordeaux et sa métropole font face à l'explosion de l'insécurité et de la délinquance. C'est un fait.
Nous sortons peu à peu du déni pour prendre toute la mesure d'une situation jusqu'alors inconnue dans la Belle Endormie, désormais tout à fait réveillée, pour le meilleur comme pour le pire.
Les causes sont multiples : professionnalisation des réseaux, notamment de stupéfiants, antagonismes entre quartiers, arrivée massive de mineurs non accompagnés (MNA). J'aurai d'ailleurs l'occasion d'évoquer ce dernier sujet ce soir dans ce même hémicycle.
Face à ces phénomènes convergents, j'ai souhaité immédiatement mettre en avant le rôle central des compagnies républicaines de sécurité (CRS), uniques dans la doctrine française du maintien de l'ordre, aussi bien lors de manifestations qu'au quotidien sur le terrain. À ce jour, Bordeaux reste la seule grande ville française à ne pas disposer d'une unité de CRS à demeure et de façon pérenne, dans le cadre du plan national de sécurité renforcée.
Pourtant, les CRS disposent d'un savoir-faire adaptatif qui conviendrait parfaitement pour assurer la sécurité de certains quartiers bordelais.
Par exemple, alors que la municipalité se refuse toujours à augmenter le nombre de caméras de vidéoprotection, les CRS pourraient déployer des systèmes autonomes de retransmission d'images pour la sécurisation d'événements. Ils sont dotés également d'un matériel que n'ont pas les autres corps de la police nationale, encore moins la police municipale, qui n'a pas de moyens adéquats.
Je suis la première à réclamer des CRS supplémentaires à la frontière espagnole, spécifiquement pour les MNA, et à sensibiliser sur la nécessité de maintenir des effectifs de maîtres-nageurs sauveteurs des CRS sur nos plages du littoral durant la saison estivale. Nous ne pouvons plus aujourd'hui, en France, raisonner à effectifs constants.
Le renforcement de la dotation en CRS de la direction zonale Sud-Ouest est une absolue nécessité et passe par la création d'une unité nouvelle. La demi-unité déployée depuis octobre, au détriment d'autres villes françaises, qui, elles aussi, en ont besoin, n'est pas pérenne. Il faut passer à la vitesse supérieure, madame la ministre. En rester à une demi-unité à Bordeaux, ce serait institutionnaliser la demi-mesure, ce que nous ne pouvons plus nous permettre face aux problèmes que nous subissons au quotidien.
Madame la ministre, vous devez prendre en urgence une décision forte, à la hauteur des enjeux !
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Delattre, au nom du ministre de l'intérieur, je vous remercie d'avoir salué l'engagement des compagnies républicaines de sécurité, qui jouent un rôle essentiel dans le maintien de l'ordre public.
Les CRS sont aussi régulièrement mobilisées en renfort des effectifs de police locaux pour assurer des missions dites « de sécurisation » et, à cet égard, la ville de Bordeaux bénéficie depuis un an d'un important soutien de ces forces mobiles de la police nationale.
De mars à juin dernier, une unité de CRS a été engagée à Bordeaux, notamment pour contrôler les mesures de confinement. Depuis le 29 septembre dernier, la ville bénéficie de l'action, vous l'avez rappelé, d'une demi-unité de CRS, le reste de l'effectif étant à Nantes. Ce partage de compagnies entre deux villes n'est pas propre à Bordeaux. On retrouve ce schéma de partage à Strasbourg et Grenoble, par exemple.
Du 5 au 24 janvier, une unité supplémentaire de CRS a par ailleurs été affectée à Bordeaux en mission de sécurité générale, la ville bénéficiant alors d'une compagnie et demie.
Enfin, des agents des unités motocyclistes des CRS interviennent régulièrement à Bordeaux auprès des services territoriaux de la sécurité publique. Cet engagement des motards CRS à Bordeaux a représenté 780 agents en 2020.
Pour autant, le très fort niveau de mobilisation des CRS dans toute la France ne permet pas, à ce jour, l'affectation d'une CRS complète en mission de sécurisation à Bordeaux, mais les Bordelais peuvent également compter sur la mobilisation totale des policiers de la circonscription de sécurité publique, soit près de 840 gradés et gardiens de la paix.
Ces policiers sont principalement chargés d'assurer la sécurité du quotidien et reçoivent chaque fois que cela est nécessaire le renfort des unités départementales, qui comptent plus de 310 gradés et gardiens de la paix.
La ville de Bordeaux dispose aussi d'un quartier de reconquête républicaine, lequel a été créé dès 2018, avec un renfort dédié de quinze policiers. En outre, trois délégués à la cohésion police-population font aussi à Bordeaux un travail très important pour que notre police soit à l'écoute des habitants.
Le travail de la police nationale à Bordeaux porte ses fruits. Plusieurs indicateurs sont à la baisse en 2020 : on constate un recul de 7 % des vols avec violence, de 5 % des violences physiques et de 11 % des dégradations, par exemple.
Le ministre de l'intérieur tient aussi à saluer le rôle important joué par la police municipale de Bordeaux, qui exerce régulièrement des missions communes avec la police nationale. C'est en effet avec les collectivités locales que l'État peut mieux agir pour garantir aux habitants la sécurité et la tranquillité à laquelle ils aspirent légitimement. Le Beauvau de la sécurité permettra à court terme d'améliorer et de renforcer encore ces actions.
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