Question de M. HINGRAY Jean (Vosges - UC) publiée le 28/01/2021
M. Jean Hingray attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur la situation particulière des étudiants éloignés de leurs universités, de leurs classes préparatoires ou de tout autre lieu de délivrance de l'enseignement supérieur. De nombreuses études menées par des syndicats étudiants, des émissions de télévision telles que « Envoyé Spécial » du 21 janvier 2021 informent des multiples difficultés auxquelles est confrontée une population estimée à près de 2,7 millions de personnes, depuis la période du deuxième confinement entré en vigueur après les vacances d'automne. Ces difficultés sont autant financières que morales, scolaires que psychologiques et touchent un très large panel depuis les primo-accédants déjà déboussolés par un parcours scolaire chaotique jusqu'aux 3ème, 4ème, 5ème année ou plus, en manque de stages ou de perspectives d'emplois. Après une période de relative acceptation ou de résignation, toutefois ponctuée de drames poignants alertant sur la montée d'une profonde détresse, on assiste à une brutale séquence de mobilisation menée par des mouvements comme « étudiants fantômes ». La perte des petits boulots « alimentaires » a contraint beaucoup d'étudiants « provinciaux » à mettre fin à leur location et donc à revenir chez leurs parents dans une cohabitation parfois difficile à envisager. L'université de Rennes 2 relève que plus de la moitié des étudiants sont rentrés chez leurs parents ! En procédant ainsi, ils écartent certes la menace bien réelle d'une précarité alimentaire qui, hélas, se propage jour après jour. Mais ils s'orientent vers un risque de décrochage massif. Comment imaginer dans l'hypothèse d'une réouverture à raison d'une journée par semaine des universités que les étudiants redevenus distants de leurs universités puissent effectuer de tels trajets souvent chronophages et cela d'autant plus qu'ils sont le plus souvent privés de moyens de transports propres ? Comment peuvent-ils accéder à l'enseignement en ligne alors qu'ils sont ramenés, notamment en milieu rural, à un service internet frustre, rarement disponible en haut-débit et donc inadapté au suivi à distance ? Et en admettant qu'ils souhaitent bénéficier d'une assistance psychologique, comment le faire en étant si éloignés de spécialistes délivrant ces compétences ? En réalité, il faudrait porter un autre regard sur la priorisation des publics cibles sur la question des tests ou des vaccins. À propos de ces derniers, la doctrine qui en est donnée aujourd'hui est la suivante : les populations les plus vulnérables et ceux qui s'en occupent. Mais qu'en est-il de catégories tout autant fragiles, pour lesquels on a littéralement « arrêté la vie », et de ceux qui s'en occupent ? Les étudiants en font partie et les décrocheurs isolés de retour dans leur famille au premier rang. Ils se considèrent dès à présent comme des victimes et demain peut-être comme des sacrifiés. Construire l'avenir de notre société sur un base aussi fragilisée, si peu confiante relève de la gageure. Il demande donc si le Gouvernement ne devrait pas engager une nouvelle évaluation des risques, tant vaccinaux que psychologiques, de façon à redéfinir une politique de tests et de vaccins à la lumière des parcours de vie des uns ou des autres quitte à redéfinir les critères de priorisation.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 08/04/2021
L'accompagnement des étudiants pendant la crise sanitaire est une absolue priorité du Gouvernement. Conscient des difficultés rencontrées par les étudiants souvent isolés, le Président de la République a présenté le 21 janvier dernier, à l'occasion d'un déplacement à l'université Paris-Saclay les principes d'un nouveau protocole sanitaire qui permet aux étudiants de retrouver leur campus l'équivalent d'une journée par semaine. Cela se traduit par une jauge d'accueil de 20 % dans les établissements. Ce protocole est aujourd'hui mis en uvre par 75 % des établissements d'enseignement supérieur et a d'ores et déjà permis à près de 60 % des étudiants de retrouver leur campus. L'ensemble des établissements d'enseignement supérieur est engagé dans la mise en uvre de ces nouvelles modalités d'accueil. S'agissant des conditions d'études pour les étudiants éloignés de leurs campus, tout a été mis en place pour renforcer l'enseignement à distance. Pour assurer la continuité pédagogique, 35M du plan de relance ont ainsi été consacrés au financement de projets d'hybridation des formations. Les tiers lieux d'études, comme les campus connectés, permettent également aux étudiants - notamment en milieu rural - d'avoir accès aux cours. Un partenariat avec la fondation SFR et Emmaüs connect a également été mis en place afin de fournir aux étudiants des accès à internet : don de 20 000 recharges prépayées, 240 000 GO de data, 3 000 smartphones et 1 500 box de poche 4G. Afin de compenser la perte de nombreux emplois étudiants, le gouvernement a déployé une aide de 200 en juin dernier ouverte notamment aux étudiants ultra-marins, ainsi qu'à ceux qui avaient perdu leur emploi ou leur stage. Les bourses sur critères sociaux ont été prolongées pour tous les étudiants qui en avaient besoin au cours du mois de juillet. Face au 2ème confinement, le Premier ministre a annoncé la création de près de 22 000 emplois étudiants : 20 000 emplois de tuteurs dans les établissements d'enseignement supérieur et 1 600 emplois de référents dans les cités universitaires. Le Gouvernement s'est mobilisé afin de renforcer l'accompagnement social des étudiants face à la crise. Les droits d'inscription ainsi que les loyers dans les résidences universitaires ont été gelés. Ils le seront à nouveau pour la rentrée de septembre 2021, comme l'a annoncé la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Le montant des bourses sur critères sociaux a été revalorisé à due concurrence de l'inflation afin de préserver le pouvoir d'achat des étudiants. Une aide exceptionnelle de 150 a été versée à l'ensemble des étudiants boursiers en décembre dernier. Depuis le 31 août dernier, tous les étudiants boursiers bénéficient du ticket « restaurant universitaire » à 1 . Ce dispositif est accessible à tous les étudiants depuis le 25 janvier dernier, boursiers, non boursiers et étudiants internationaux. Fin mars 2021, près de 5 millions de repas à 1 ont été servis dans les 500 points de ventes partout sur le territoire. Plus que jamais, le Gouvernement s'engage pour accompagner les étudiants et leur permettre de surmonter les conséquences économiques et sociales de cette crise. Les fonds d'aides d'urgence des CROUS ont été doublés de manière à pouvoir verser des aides spécifiques pouvant aller jusqu'à 500 euros selon la situation sociale des étudiants. Ces aides sont accessibles aux boursiers et aux non boursiers. Le gouvernement lutte également contre la précarité menstruelle, avec la mise en place de 1 500 distributeurs de protections périodiques gratuites d'ici septembre. Parce que cette crise se traduit également par un fort sentiment d'isolement, le Gouvernement renforce de manière inédite les capacités d'accompagnement psychologique des étudiants. En plus de l'ouverture de lignes d'écoutes dédiées, le dispositif « santé psy » permet aux étudiants qui en ressentent le besoin de bénéficier d'un soutien psychologique sans avance de frais et entièrement gratuit. Depuis le 10 mars 2021, la plateforme nationale d'accompagnement psychologique « santepsy.etudiant.gouv.fr » est lancée. Cette plateforme recense près de 1300 psychologues volontaires et permet d'accélérer la prise en charge psychologique des étudiants qui en ressentent le besoin, où qu'il soit en France. Chaque consultation est déclarée sur la plateforme pour permettre la rétribution du psychologue par les services financiers de l'université, avec un strict respect du secret médical. Afin de renforcer les services de santé universitaires, 80 postes ont été créés afin de multiplier les capacités de prise en charge. Il est également prévu 60 postes d'assistants de service sociaux supplémentaires dans les CROUS. La souffrance psychologique et la précarité étudiantes ne sont pas apparues avec la pandémie et ne disparaîtront pas avec elle. C'est pourquoi le gouvernement a désormais deux priorités : valoriser l'accès à l'information afin de lutter contre le non recours, via les plateformes étudiants.gouv.fr et « 1 jeune/1 solution » ; préparer l'avenir ensuite, en se livrant à un retour d'expérience sur toutes ces mesures exceptionnelles, afin d'envisager les mesures ou les réformes plus structurelles qui pourraient être mises en place.
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