Question de M. DECOOL Jean-Pierre (Nord - INDEP-A) publiée le 28/01/2021

Question posée en séance publique le 27/01/2021

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Jean-Pierre Decool. S'agissant d'une crise à l'évolution imprévisible, je me garderai bien de donner des leçons, encore moins de jouer au procureur dans un pays où ils sont si nombreux… (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Chaque jour, le Gouvernement nous abreuve de prévisions et de chiffres, tandis que les scientifiques et les autorités sanitaires alternent propos rassurants et déclarations alarmistes. Quant aux journalistes, ils rapportent, avec un recul de quelques minutes, l'ensemble de ces informations, amplifiant ainsi la cacophonie générale.

On ouvre puis on ferme des centres de vaccination, faute de doses. Lors de votre audition, monsieur le ministre des solidarités et de la santé, vous avez annoncé que 15 millions de personnes seraient vaccinées avant l'été ; la semaine suivante, vous parliez de 70 millions de Français vaccinés d'ici à la fin août. Notre pays comptant à peine 67 millions d'habitants, 3 millions de Français se feraient donc vacciner deux fois. (M. le ministre rit.)

Récemment, les autorités envisageaient de repousser l'administration de la seconde injection de trois semaines. Cette hypothèse est désormais écartée. En vérité, davantage que le retard réel ou non de notre pays dans la mise en œuvre de la vaccination, c'est l'absence de clarté de votre communication qui déconcerte et navre nos concitoyens.

Ayant été rapporteur d'une mission sénatoriale sur la pénurie de médicaments et de vaccins fin 2018, je me sens moralement investi.

Monsieur le ministre, oui ou non, disposons-nous d'un stock suffisant de doses pour poursuivre, lentement mais résolument, la campagne de vaccination engagée mi-janvier ? S'agit-il d'une pénurie de nature à interrompre cette première vague de vaccination ? Si tel est le cas, dans quel délai prévoyez-vous une relance, pour la première injection comme pour la seconde ? Enfin, la livraison de vaccins serait bloquée à cause de problèmes logistiques : qu'en est-il réellement ?

Ces questions, expression d'une angoisse, sont légitimes. Un effort de transparence sur les difficultés que vous rencontrez permettrait, en toute humilité, d'apaiser ce climat anxiogène dont je me fais ici l'écho. (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP et Les Républicains.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 28/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 27/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Decool, vous avez parfaitement raison (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) : dans notre pays, plus que jamais, nous avons besoin de sérénité, de précision et de transparence. Je vais vous donner quelques exemples.

Tout d'abord, j'ai livré au public la liste précise des arrivages de vaccins qui, mois après mois, seront administrés à un certain nombre de millions de Français, tout en précisant bien que ces chiffres correspondaient au volume des commandes passées par l'Union européenne, et donc par la France, mais qu'ils reflétaient aussi le nombre de vaccins que nous avons achetés, si bien qu'ils relevaient également des décisions préalables des autorités sanitaires.

J'ai donc effectivement expliqué que nous avions de quoi potentiellement vacciner jusqu'à 70 millions de personnes d'ici à la fin du mois d'août. Plus de 130 millions de doses seront en effet disponibles sur le territoire national à la fin du mois d'août si tous les vaccins sont homologués et si les laboratoires respectent leurs engagements.

Vous le voyez comme moi, et vous l'avez souligné vous-même, le problème n'est pas logistique. Nous sommes déjà exposés aux difficultés d'approvisionnement de certains laboratoires. Nous faisons tout pour que ceux-ci respectent leurs engagements, faute de quoi cela posera en effet problème.

Vous l'avez mentionné, j'ai été auditionné la semaine dernière par la commission des lois. On m'a interrogé sur la nécessité de prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin prochain. On m'a demandé si j'étais sûr que, d'ici à cette date, nous aurions vacciné tous les publics fragiles.

J'ai pris soin de répondre – vous pouvez regarder la vidéo – qu'entre 23 et 30 millions de Français pouvaient potentiellement être considérés comme public fragile et que, d'ici au début juin, je ne savais pas si nous aurions fini de vacciner toutes ces personnes, c'est-à-dire achevé de leur administrer les deux injections du vaccin, dont certaines sont distantes de plusieurs semaines.

Cette situation n'empêche pas du tout, par ailleurs, de compter sur des livraisons de vaccins nous permettant de vacciner toute la population d'ici à la fin du mois d'août.

Encore une fois, ces sujets sont complexes et font appel à de nombreux chiffres et données scientifiques. Je sais que vous le savez et que vous comprenez la nécessité s'imposant à nous parfois, au-delà de la transparence, d'expliquer les choses, ce qui prend un peu de temps. Je constate ainsi que les deux minutes de temps de parole qui me sont imparties sont déjà écoulées et que je n'aurai donc pas répondu à la totalité de votre question.

M. Roger Karoutchi. Mais si, mais si ! (Sourires.)

M. Olivier Véran, ministre. J'ajoute, monsieur le sénateur, que j'ai lu votre rapport sur la pénurie de médicaments : c'est un rapport de grande qualité sur lequel nous nous appuyons encore aujourd'hui pour prendre certaines décisions. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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