Question de M. GOLD Éric (Puy-de-Dôme - RDSE) publiée le 21/01/2021
Question posée en séance publique le 20/01/2021
M. le président. La parole est à M. Éric Gold, pour le groupe RDSE.
M. Éric Gold. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Monsieur le ministre, vous avez lancé lundi une expérimentation, appelée « Territoires éducatifs ruraux », adaptation aux zones rurales des cités éducatives mises en place depuis plus d'un an dans 80 quartiers prioritaires de la politique de la ville.
De fait, on a beaucoup parlé, ces dernières années, de l'éducation prioritaire dans les quartiers, en oubliant trop souvent que de fortes inégalités persistent aussi dans nos territoires ruraux, qui rassemblent pourtant 20 % des élèves et 34 % des écoles.
L'objectif de cette expérimentation est précisément de lutter contre les inégalités territoriales et sociales en matière d'éducation, notamment pour que chaque jeune ait la possibilité de poursuivre des études, quel que soit son lieu d'habitation. Il y a beaucoup à faire : 23 % des jeunes ruraux ne poursuivent pas d'études supérieures, contre 15 % en moyenne nationale, alors que leurs résultats sont bons, y compris au baccalauréat.
Il est donc indispensable de soutenir l'ambition scolaire et universitaire des jeunes ruraux en levant certaines difficultés spécifiques aux territoires et en luttant contre l'autocensure.
Les territoires éducatifs ruraux visent des territoires en situation d'isolement géographique et de déclin démographique ou industriel, en rassemblant toutes les parties prenantes, dont les collectivités locales. L'idée est de créer un véritable écosystème autour des jeunes pour renforcer leur accompagnement éducatif, encourager leur ambition et faciliter leur mobilité.
Cet écosystème doit se créer autour d'un bassin de vie, au-delà de l'organisation administrative de l'État et de nos collectivités, car les problématiques spécifiques de ces territoires appellent des réponses spécifiques, cohérentes et construites avec les élus, qui connaissent mieux que personne les besoins et les réalités locales. Il est aussi un vecteur de rayonnement et peut-être un début de réponse aux difficultés de recrutement dans certains secteurs comme la santé.
En soutenant des jeunes du territoire jusqu'à l'obtention de leur diplôme, on donne une chance supplémentaire au monde rural de multiplier les jeunes talents.
Pouvez-vous préciser, monsieur le ministre, comment ce dispositif expérimental pourra s'appuyer sur les collectivités territoriales ? Quel sera concrètement l'accompagnement de votre ministère pour que, au-delà de la phase de test de six mois, les territoires éducatifs ruraux permettent une meilleure équité dans la poursuite des études ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 21/01/2021
Réponse apportée en séance publique le 20/01/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Éric Gold, le sujet est extrêmement important. Je sais à quel point le Sénat y est sensible. La question de la revitalisation rurale en général et de la revitalisation par l'école en particulier est essentielle pour créer de l'attractivité et de la force.
Vous l'avez dit, et il faut le répéter : l'école primaire rurale fait réussir. Les enfants des écoles primaires rurales réussissent en moyenne plus que ceux des écoles primaires en général. L'école primaire rurale est donc un modèle qu'il faut promouvoir.
Nous nous sommes d'ores et déjà engagés, à la rentrée dernière, à ne fermer non seulement aucune classe, mais aussi aucune école rurale sans l'accord du maire. Il est très important de persévérer dans cette logique de soutien.
Il faut, en parallèle, avoir une logique qualitative.
Dans la lignée de plusieurs rapports que j'ai demandés, notamment celui de Salomé Berlioux sur les jeunes en milieu rural, mais aussi le rapport dit « Azéma-Mathiot », la nouvelle secrétaire d'État à l'éducation prioritaire, Nathalie Élimas, et moi-même avons réalisé un remarquable travail avec trois académies, l'académie de Normandie, l'académie d'Amiens et l'académie de Nancy-Metz.
Comme vous l'avez dit, le dispositif est expérimental. Il sera ensuite étendu à d'autres académies. L'idée est de se doter d'une logique de réussite des élèves reposant sur l'articulation de toutes nos politiques publiques au bénéfice des écoles rurales, comme le dédoublement des classes, les « cordées de la réussite », les internats d'excellence et, plus généralement, une forme de mentorat pour nos élèves, pour les amener à toutes sortes de carrières. Il y a donc derrière les territoires éducatifs ruraux une notion clé d'ambition.
Le partenariat avec les collectivités locales est lui aussi déterminant. Chaque territoire éducatif rural sera un cas particulier, avec un accord entre la collectivité et l'État pour, ensemble, porter une ambition éducative.
Nous continuons dans la lignée du travail que nous avons déjà réalisé avec plusieurs d'entre vous pour définir des stratégies départementales pour l'école rurale. C'est une étape supplémentaire, mais elle est très importante, parce qu'elle consacre l'idée que l'éducation prioritaire est pour la ville, mais aussi pour la campagne. Elle est tout simplement pour tous les enfants français qui en ont besoin ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. Mme Françoise Gatel applaudit également.)
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