Question de Mme GATEL Françoise (Ille-et-Vilaine - UC) publiée le 14/01/2021

Question posée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à Mme Françoise Gatel, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Françoise Gatel. Monsieur le ministre de l'intérieur, je veux vous parler d'une rave-party lunaire qui s'est tenue à la Saint-Sylvestre à Lieuron, charmant petit village d'Ille-et-Vilaine, mais sans doute de grand renom puisque plus de 2 500 « teufeurs » venus de France, de Belgique, d'Angleterre et d'Espagne s'y sont rassemblés. Cette rave-party interdite était extrêmement bien organisée : non seulement les entrées étaient filtrées et payantes, mais il y avait aussi des stands de vente de stupéfiants, de nourriture et d'alcool.

Cette rave-party lunaire était à haut risque sanitaire – nous en avons parlé, monsieur le ministre, il s'agissait d'une véritable provocation –, mais aussi en termes de sécurité puisqu'un véhicule de gendarmerie a été incendié et trois gendarmes agressés.

La critique est aisée, l'art plus difficile. Aussi je veux très sincèrement vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir sifflé la fin de la partie, en concertation avec les élus.

Comment se fait-il toutefois que 2 500 « teufeurs » aient pu trouver le lieu d'une fête qui semblait extrêmement bien organisée et que la gendarmerie n'ait pu infiltrer aucun réseau pour anticiper l'organisation de l'événement ? Une fois les fêtards sur place, il était impossible de faire sauter les parachutistes…

Permettez-moi, monsieur le ministre, de vous faire part de l'incompréhension d'une partie de la population : comment se fait-il que certains Français partis skier en Suisse aient été placés en quarantaine à leur retour, mais que 2 500 « teufeurs » aient pu se disperser en France – certes après avoir été verbalisés – et propager le virus par la même occasion ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 14/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Permettez-moi de vous corriger, madame la sénatrice : ce sont non pas des « teufeurs », mais des délinquants qui se sont réunis ce soir-là, le caractère illégal de la manifestation ayant été établi. (Très bien ! sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je rappelle que, selon la loi de la République, la réunion non autorisée de plus de 500 personnes est illégale. Une information judiciaire a été ouverte par le procureur de la République, 2 000 personnes ont été verbalisées, 15 arrêtées, 4 mises en examen. Par ailleurs, 2,5 tonnes de matériel ont été saisies, dont 15 murs de son. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l'autorité judiciaire. Ces actes n'ont donc pas été impunis.

Il est vrai que, contrairement à quelques boutefeux qui m'encourageaient parfois à le faire sur les réseaux sociaux ou à la télévision, je n'ai pas souhaité envoyer les parachutistes, dans des conditions extrêmement difficiles, sur des jeunes âgés de 15 à 20 ans. J'ai préféré, sous l'autorité du Premier ministre, clôturer le site afin d'éviter des blessures ou des décès. À cet égard, je salue le sang-froid des gendarmes.

L'ordre républicain a été tenu. Parmi les jeunes présents, 225 ont été verbalisés pour avoir consommé des stupéfiants ; les ordonnateurs ont été poursuivis, certains ont même été incarcérés.

Vous vous demandez comment l'organisation d'une telle manifestation a été possible, madame la sénatrice. C'est une question que le Sénat évoquera très certainement dans des projets de loi à venir. Le recours à des réseaux de communication parallèles, autres que le téléphone et le SMS, empêche le ministère de l'intérieur, qui ne fait qu'appliquer la loi de la République, d'intervenir. Comment pouvons-nous, dans l'ordre public, prévoir des manifestations de cette ampleur ? Nous devons nous poser la question. Quand c'est une rave-party, cela peut nous choquer. Quand ce sont des rassemblements de Black Blocs, cela nous choque encore plus.

Je demanderai au Parlement, sous l'autorité du Premier ministre, les moyens de renseignements pour activer les forces de l'ordre dans des conditions acceptables. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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