Question de Mme MICOULEAU Brigitte (Haute-Garonne - Les Républicains) publiée le 28/01/2021
Mme Brigitte Micouleau attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les grandes difficultés que rencontrent les étudiants toulousains doublants et triplants en première année commune aux études de santé (Paces).
Il s'agit de 820 étudiants des facultés de Rangueil, Maraîcher et Purpan qui ont été regroupés en une seule promotion en faculté de pharmacie sans aucun responsable pédagogique à ce jour, sans aucun emploi du temps et sans aucun accompagnement.
Il est ainsi possible de constater que deux systèmes cohabitent en parallèle : celui de la réforme (Pass) et l'ancien modèle (Paces). Deux promotions de première année avec deux systèmes, deux sites et deux traitements différents. En effet, au contraire de leurs « aînés », les étudiants du Pass ou de licence accès santé de Rangueil ont commencé l'année en présentiel puis en hybride.
Ces étudiants se sentent vraiment délaissés et sacrifiés !
Si ces jeunes ont redoublé c'est parce qu'ils sont motivés par ce cursus et il est de notre devoir de les aider à réaliser leur projet dans les meilleures conditions en répondant à leurs questions tout à fait légitimes sur le numerus clausus, la transition avec le système Pass, la réorientation des potentiels 500 étudiants concernés.
Aussi, elle le remercie de bien vouloir lui indiquer quelles sont les mesures que comte prendre le Gouvernement pour accompagner au mieux ces jeunes étudiants toulousains qui ont la ferme volonté de devenir les médecins de demain dont notre pays à tant besoin.
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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 10/02/2021
Réponse apportée en séance publique le 09/02/2021
Mme la présidente. La parole est à Mme Brigitte Micouleau, auteure de la question n° 1482, transmise à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Brigitte Micouleau. Madame la ministre, je me fais le relais du désespoir des étudiants toulousains doublant et triplant leur première année commune aux études de santé (Paces), qui subissent la réforme de leur filière en même temps que la crise sanitaire, et qui ont le sentiment d'être abandonnés, mis de côté.
Ils sont 820 étudiants à ne plus être accueillis par leurs facultés respectives Rangueil, Maraîcher et Purpan , mais regroupés en une seule et unique promotion, seulement constituée de « doublants » et de « triplants », sous la responsabilité de la faculté de pharmacie, sans responsable pédagogique. Les cours magistraux sont déposés sur une plateforme d'apprentissage en ligne.
Ces étudiants n'ont plus d'enseignants face à eux depuis le mois de septembre ! Leur malaise est d'autant plus profond que, au-delà de la crise du coronavirus et de l'absence de numerus clausus, ils sont confrontés à la réforme de leur cursus. En effet, depuis cette rentrée universitaire, la Paces est remplacée par le parcours accès santé spécifique (PASS) ou la licence avec accès santé (LAS).
Nous pouvons ainsi constater que deux systèmes cohabitent en parallèle : deux promotions de première année avec deux systèmes, deux sites et deux traitements complètement différents !
En effet, contrairement à leurs aînés, les étudiants du PASS ou de la LAS de Rangueil ont commencé l'année en présentiel, puis en « hybride ». De quoi provoquer des crispations, madame la ministre ! Il n'y a aucune équité et l'impression prédomine que l'on balaie l'ancien système au profit de la nouvelle réforme.
Ces étudiants se posent aujourd'hui des questions tout à fait légitimes : le numerus clausus va-t-il être revu à la hausse pour cette promotion ? Les « doublants » vont-ils être en confrontation avec les PASS ? Les Paces vont-ils être prioritaires sur les PASS ? Qui accompagnera les quelque 500 étudiants qui devront se réorienter ?
Madame la ministre, quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour accompagner au mieux ces jeunes toulousains, qui ont la ferme volonté de devenir les médecins de demain dont notre pays a tant besoin ?
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice, vous m'interrogez sur les conséquences de la réforme des études de santé sur les étudiants en médecine à Toulouse. Permettez-moi tout d'abord d'adresser un message de soutien à l'ensemble des étudiants en médecine de notre pays. Je sais à quel point cette année hors norme exige d'eux engagement et détermination.
S'agissant de la réforme des études de santé issue de la loi du 24 juillet 2019, elle se déploie cette année dans un contexte évidemment bouleversé et contraint. Mais ce contexte ne doit pas nous faire oublier les fondamentaux de cette réforme. Les programmes ont été profondément modifiés, et je remercie toutes les facultés de santé qui y ont contribué.
Ouvrir le champ des possibles à nos étudiants, diversifier les voies d'accès aux filières de santé, mettre fin au numerus clausus et à la Paces, dont tout le monde reconnaissait les défaillances, telle est bien l'ambition du Gouvernement.
Cette réforme se met en place progressivement : les étudiants inscrits en Paces l'année dernière, et qui n'ont pas réussi leur concours, ont bien entendu été autorisés à redoubler, pour leur donner une deuxième possibilité de passer ces concours d'accès aux études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou maïeutiques. Il est donc parfaitement normal que, pour cette année universitaire, les étudiants de Paces redoublants côtoient des étudiants de PASS et de LAS dans la même université, mais avec des programmes de formation différents.
Ces étudiants qui redoublent bénéficient, pour cette année de transition seulement, d'un numerus clausus particulier qui leur est réservé. Il a été défini de façon que les candidats bénéficient d'un taux de réussite égal à celui dont ils auraient bénéficié statistiquement si le système précédent avait perduré. À Toulouse, les étudiants inscrits en Paces bénéficient ainsi d'un numerus clausus correspondant à un taux de réussite de 44 % : 349 places pour 800 étudiants inscrits.
Vous avez néanmoins raison, madame la sénatrice, il faut accompagner et expliquer cette réforme pour qu'elle soit comprise de tous, d'autant plus que cette année, vous l'avez rappelé, nos étudiants ont été tenus éloignés de leur lieu d'enseignement, parfois de leurs professeurs.
Ce travail de pédagogie et d'accompagnement, j'en ai bien sûr fait une priorité absolue. C'est pourquoi j'ai confié au doyen de l'université d'Angers, en lien avec la conférence des doyens des facultés de médecine, une mission de pilotage. Une adresse générique à laquelle peuvent être posées toutes les questions a été créée. Des référents de filière ont été désignés dans chaque université. Nous finançons aussi la réalisation de vidéos pour mieux expliquer cette réforme.
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