Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 29/10/2020
Mme Catherine Dumas interroge M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports, sur le projet de suppression de la moitié des places de stationnement à Paris annoncé par la mairie de Paris.
À Paris, la politique de déplacement est définie par le plan de déplacements de Paris (PDP), adopté par le conseil de Paris en 2007. Parmi les cinq enjeux définis par le PDP figurent l'enjeu économique (assurer la vitalité et le dynamisme économique de la capitale) et l'enjeu régional (renforcer la coopération et la synchronisation des collectivités franciliennes en matière de transports). En déclinaison de cette stratégie, les principaux objectifs de la politique de stationnement poursuivis par la mairie de Paris sont précisément définis : faciliter la circulation des véhicules en améliorant la rotation de ceux qui sont en stationnement, mieux partager la ressource limitée que constitue l'espace public entre les différents usages particuliers professionnels et entre les différents moyens de transport de surface, faciliter les circulations à vocation économique, faciliter le stationnement des riverains.
Elle note que chaque jour, on compte plus de 10 millions de déplacements, dont 6,5 millions internes à Paris, 4 millions de déplacements pendulaires Paris-banlieue, et 0,8 million de transit à travers Paris.
Elle constate qu'entre 2001 et 2015, plus de 61 000 places de stationnement ont déjà disparu de la voirie de surface à Paris. On comptait 202 800 places sur voirie en 2001, dont 56 000 gratuites, contre 141 757 en 2015 dont 1 257 gratuites. Toutes les places de stationnement des rues de Paris sont désormais payantes, et la ville est divisée en deux zones.
La chambre régionale des comptes d'Île-de-France a publié un rapport en 2016 sur l'examen de la gestion du stationnement urbain de la ville de Paris pour les exercices 2010 et suivants. Le diagnostic de la Cour des comptes met en lumière l'urgence d'améliorer la mobilité des Parisiens et des Franciliens. Au total, 1,3 million de déplacements quotidiens se font en véhicule individuel. La Cour évoque aussi des questions à prendre en compte comme anticiper la diversité des besoins et des comportements des usagers (handicapés, familles...).
Elle apprend aujourd'hui que la moitié des 140 000 places de stationnement en surface à Paris devrait être supprimée d'ici 2026.
Elle s'interroge sur la priorité d'un tel projet en pleine crise économique et sanitaire. Les places de stationnement rapportent 170 millions d'euros à la ville de Paris chaque année. La suppression de places de stationnement ne semble pas très opportune au regard de la crise économique que Paris subit déjà de plein fouet à cause du Covid-19. Le président de la chambre de commerce et d'industrie de Paris a exprimé l'inquiétude des professionnels du commerce de la capitale. Après l'augmentation de pistes cyclables, la fermeture des bords de Seine et la mise au ban des voitures les plus anciennes, la mairie de Paris souhaite passer à une étape supérieure en supprimant la moitié des places de stationnement.
Or, la politique de déplacement vise à répondre aux besoins de mobilité de tous. Il s'agit d'un enjeu social et sociétal : permettre à chacun de se déplacer librement quels que soient ses revenus, ses handicaps, sa situation sociale ou familiale. Il s'agit d'un enjeu économique : encourager la vitalité économique (incluant le commerce et le tourisme) de Paris et de l'agglomération, le dynamisme de la zone étant considéré comme étroitement lié à la pertinence et à la qualité de l'offre de transport proposée aux travailleurs, mais aussi à l'efficacité des déplacements à vocation économique.
Elle lui demande donc une évaluation précise de l'incidence pour les transports d'un tel projet, dans un contexte de demande croissante de mobilité au sein de l'agglomération la plus dense d'Europe.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 16/12/2021
L'organisation du stationnement relève d'une politique décentralisée dévolue aux collectivités compétentes. La Ville de Paris est donc responsable de sa stratégie en matière de stationnement, qu'elle établit en tenant compte notamment des enjeux de mobilité, de développement économique mais aussi de cadre de vie ou de limitation des émissions de polluants. S'agissant du développement économique, la régulation du stationnement peut avoir un impact positif sur les commerces, contrairement aux craintes fréquemment exprimées. Une étude récente du centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (« Fiche n° 37 Mobilité et commerces - Quels enseignements des enquêtes déplacements? ? ») montre que dans les grandes agglomérations, seulement 24 % des clients utilisent leur voiture pour se rendre dans les commerces des communes centres. Des exemples comme la piétonisation de la place des Héros à Arras ou celle de la Grand-Place de Lille montrent que la suppression du stationnement et la piétonisation des espaces publics vont de pair avec une fréquentation accrue des rues commerçantes. La diminution du nombre de places de stationnement ne semble donc pas représenter un frein à l'activité économique d'une ville, dès lors que l'usage des places disponibles est optimisé, qu'il existe d'autres modes de transport et que les riverains comme les visiteurs sont incités à se reporter sur ces autres modes. Par ailleurs, dans le cas de Paris, cet objectif apparait globalement partagé par l'autorité organisatrice des transports (Île-de-France Mobilités), dont le plan de déplacements urbains vise également à limiter l'usage de la voiture particulière via le stationnement, tout en améliorant les conditions de livraison des acteurs économiques, et sans omettre les enjeux d'accessibilité. Enfin, la tendance est à la diminution du taux de motorisation des ménages dans les grands centres urbains, bien équipés en solutions alternatives de déplacement. La politique de stationnement doit en tenir compte en modérant l'offre de stationnement public en conséquence, afin d'éviter que les places libérées par les résidents n'attirent davantage de voitures de la périphérie vers le centre-ville, accroissant ainsi la congestion et la pollution.
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