Le résumé
À l'automne 2019, la Délégation sénatoriale aux entreprises confiait une mission à MM. Michel Canévet (Union Centriste - Finistère) et Guy Dominique Kennel (Les Républicains - Bas-Rhin) relative aux difficultés de recrutement dans un contexte de forte évolution des métiers. En effet, il s'agissait de s'attaquer à cet obstacle majeur au développement des entreprises, cité en premier lieu par les dirigeants désireux de pouvoir bénéficier de la dynamique de croissance. Les travaux des rapporteurs visaient alors à résoudre le « paradoxe français », caractérisé d'une part, par une difficulté des dirigeants d'entreprise à trouver les compétences dont ils ont besoin et, d'autre part, par le triste score de la France avec le quatrième taux de chômage le plus élevé de l'Union européenne.
La crise économique qui a débuté avec le confinement au mois de mars 2020 a profondément bouleversé le contexte des réflexions mais pas l'objectif de la mission, qui était de faciliter les recrutements. Bien au contraire, il est plus que jamais urgent de s'attaquer au sujet central de la mission qui est celui des compétences, alors qu'une récession de 11 pourcent est aujourd'hui annoncée et que les dernières estimations évaluent à 900 000 le nombre des emplois supprimés d'ici la fin de l'année.
Le présent rapport analyse les causes de ce « paradoxe français » et en tire les leçons pour soutenir l'emploi et les entreprises face à une crise sans précédent depuis 1929. Les 24 recommandations abordent sans tabou plusieurs thèmes tels que le décloisonnement du monde l'Éducation nationale, le pilotage territorial des acteurs de l'emploi, la rationalisation des données permettant de guider les initiatives publiques et privées, ou encore les outils à disposition des employeurs, avec comme objectif de ne plus tolérer l'exclusion qui marque de plus en plus les jeunes générations. Comme l'a rappelé Mme Élisabeth Lamure (Les Républicains - Rhône), présidente de la Délégation, « au-delà des chiffres évolutifs et des mesures conjoncturelles, nécessaires, il nous faut anticiper et nous adapter avec lucidité et bon sens aux évolutions structurelles pour mieux rebondir ».