Le résumé
La Géorgie regarde encore vers Moscou, malgré l'occupation militaire par la Russie depuis 2008 de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie et malgré la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne le 17 juin 2014 et sa mise en oeuvre en 2016. Pourtant la Géorgie apparaît comme un des meilleurs élèves du Partenariat oriental de l'Union européenne. C'est ce paradoxe qu'il faut essayer de comprendre.
Certes la Géorgie occupe une position géographique difficile puisqu'elle est essentiellement constituée d'un couloir par lequel transitent les hydrocarbures en provenance de la mer Caspienne et qu'elle est prise entre deux grands voisins : la Turquie et la Russie. De chaque côté de ce couloir étroit se trouvent des bases russes dont les troupes peuvent rallier la capitale en moins d'une heure. La Russie veut conserver un rôle prédominant dans le sud du Caucase et les risques de conflit ne peuvent que croître. Cependant les autorités géorgiennes font preuve de modération et d'habileté dans la gestion du « dossier russe » ; elles y sont contraintes au nom d'intérêts commerciaux avec la Russie bien compris et au nom de la diaspora géorgienne installée en Russie.
De son côté, l'Union européenne, qui dépense 100 à 130 millions d'euros par an pour mettre en oeuvre l'accord d'association, doit donc garder en mémoire à la fois l'hostilité russe à son projet de Partenariat oriental et le remarquable effort d'équilibrisme du côté géorgien puisque la Géorgie ne saurait rompre totalement les ponts avec la Russie et souhaite conserver les avantages des deux mondes. L'Union doit donc faire progresser la mise en oeuvre de l'accord entre ces deux écueils. La question de l'OTAN répond à la même problématique.
Aujourd'hui, le modèle européen est en tout point plus attractif que le modèle russe. C'est pourquoi il appartient à l'Union européenne de faire en sorte qu'il le reste. C'est le sens même du Partenariat oriental.