N° 249
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 mars 1999.
RÉSOLUTION
ADOPTÉE
par la
commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de
la Nation
(1) en
application de l'article 73
bis
, alinéa 8, du Règlement,
sur la
communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen
sur l'établissement de
nouvelles perspectives financières
pour la
période
2000-2006 (E-1049) et sur le
document de travail de la
Commission
:
accord interinstitutionnel sur la
discipline budgétaire et
l'amélioration de la
procédure budgétaire
(E-1128),
(1) Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques
Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart,
Bernard Angels,
André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc
Massion, Michel
Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe Marini,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun,
Auguste
Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin,
Jean-Pierre
Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain
Joyandet,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard
Miquel,
Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca
Serra,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir le numéro :
Sénat
:
164
et
222
(1998-1999).
Union européenne. |
RÉSOLUTION
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition E-1049,
Vu la proposition E-1128,
Considérant que selon l'article B du traité sur l'Union européenne,
celle-ci a
pour objectifs :
- de promouvoir un progrès économique et social équilibré et durable,
notamment
par la création d'un espace sans frontières intérieures, par le renforcement de
la
cohésion économique et sociale et par l'établissement d'une Union économique et
monétaire comportant, à terme, une monnaie unique, conformément aux
dispositions du
présent traité ;
-
d'affirmer son identité sur la scène internationale, notamment
par la mise
en oeuvre d'une politique étrangère et de sécurité commune, y compris la
définition
à terme d'une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment
venu, à
une défense commune ;
- de renforcer la protection des droits et des intérêts des ressortissants
de ses
Etats membres par l'instauration d'une citoyenneté de l'Union ;
- de développer une coopération étroite dans le domaine de la justice et
des
affaires intérieures ;
- de maintenir intégralement l'acquis communautaire et de le
développer ;
Considérant que ce même article stipule que les objectifs de l'Union sont
atteints
conformément aux dispositions du présent traité, dans les conditions et selon
les
rythmes qui y sont prévus, dans le respect du principe de subsidiarité tel
qu'il est
défini à l'article 3 B du traité instituant la Communauté européenne.
Considérant l'article 3 B du traité instituant la Communauté
européenne qui
précise la portée du principe de subsidiarité en indiquant que la Communauté
agit dans
les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont
assignés par le présent traité, en précisant que dans les domaines qui ne
relèvent
pas de sa compétence exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au
principe de
subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne
peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les Etats membres et
peuvent donc,
en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux
réalisés au
niveau communautaire et en concluant que l'action de la Communauté n'excède pas
ce qui
est nécessaire pour atteindre les objectifs du présent traité ;
Considérant que l'article 2 de ce même traité indique encore que la
Communauté a
pour mission, par l'établissement d'un marché commun, d'une Union économique et
monétaire et par la mise en oeuvre des politiques ou des actions communes
visées aux
articles 3 et 3 A, de promouvoir un développement harmonieux et
équilibré des
activités économiques dans l'ensemble de la Communauté, une croissance durable
et non
inflationniste respectant l'environnement, un haut degré de convergence des
performances
économiques, un niveau d'emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du
niveau et de la qualité de vie, la cohésion économique et sociale et la
solidarité
entre les Etats membres ;
Considérant qu'aux termes de l'article 3 du traité instituant la Communauté
européenne
l'action de la Communauté comporte notamment une politique commune dans les
domaines de
l'agriculture et de la pêche, le renforcement de la cohésion économique et
sociale et
l'encouragement à l'établissement et au développement de réseaux
transeuropéens ;
Considérant que l'article 3 A prévoit que l'action des Etats membres
et de la
Communauté implique le respect des principes directeurs suivants : prix
stables,
finances publiques et conditions monétaires saines et balance des paiements
stable ;
Considérant les perspectives d'élargissement de l'Union européenne qui
résultent du
Traité de Rome, les candidatures effectivement posées par les Etats voisins et
les
négociations en cours ;
Juge que le cadre financier de l'Union européenne sur la période 2000-2006 doit
permettre la réalisation des objectifs de l'Union dans le respect des principes
d'action
énoncés à l'article 3 du traité sus-visé, en conformité avec le respect des
principes directeurs et des limites énoncés aux articles 3 A et 3 B
sus-visés
et en tenant compte des perspectives d'élargissement de l'Union ;
Approuve pleinement la commission dans son souci de définir le cadre financier
2000-2006
dans le respect du plafond des ressources propres des communautés européennes
au regard
de la nature des dépenses programmées ;
Déplore que les propositions de dépenses de la commission se caractérisent par
un
défaut d'adaptation à un contexte largement nouveau ;
Regrette que ces propositions prévoient une augmentation du volume des dépenses
de
l'Union européenne ;
Approuve la proposition du gouvernement français d'une stabilisation des
dépenses en
volume du budget communautaire qui puisse permettre de préserver les objectifs
de l'Union
et des réformes cohérentes et respectueuses du principe de solidarité de ses
politiques
communes ;
Estime que la maîtrise des finances publiques et les défis que devront relever
les
nouvelles perspectives financières dans l'optique de l'élargissement et de la
promotion
de l'ensemble des objectifs de l'Union, au premier rang desquels se situent la
croissance
et l'emploi, impliquent un réexamen profond de son cadre financier ;
Juge que celui-ci doit aboutir à un cadre financier respectueux des principes
essentiels
de la politique agricole commune et pour les autres rubriques plus soucieux
d'efficience
et conforme au principe de subsidiarité ;
Appelle en particulier à une programmation des actions structurelles mieux
adaptée à
l'objectif de renforcement de la cohésion économique et sociale, plus
respectueuse du
principe de subsidiarité et plus rigoureuse, c'est-à-dire tenant compte de la
nécessité de liquider les crédits engagés dans le cadre de la programmation en
cours
et du bilan de ces actions ;
Appelle au maintien du développement des réseaux transeuropéens comme une
priorité ;
Considère que la substitution progressive de la ressource fondée sur le PNB à la
ressource TVA et l'élimination de la correction accordée au Royaume-Uni
seraient de
nature à parfaire l'équité contributive entre Etats dans le cadre du système
actuel de
financement du budget européen ;
Appelle de ses voeux l'élaboration d'un véritable budget européen :
Par la définition d'un nouveau système de ressources propres lisible et
accepté
par le citoyen européen, ce qui exclut tout réaménagement incompatible avec le
principe
de solidarité communautaire ;
Par le financement d'interventions dont la mise en oeuvre soit
incontestable et
justifiée au regard notamment :
- du principe de subsidiarité ;
- de la nécessité de subordonner l'exécution des crédits budgétaires à
l'exigence d'une base légale ;
- de l'impératif de réalisme dans l'élaboration des prévisions
budgétaires ;
- de la recherche de bonne et saine gestion des crédits budgétaires, qui
doit
conduire à une exécution prévenant les risques de gaspillages et de
fraude ;
Demande au gouvernement de s'opposer avec la plus grande fermeté à tout projet
susceptible d'affaiblir la construction européenne ;
Demande au gouvernement, dans la perspective d'un renforcement de la dimension
démocratique de la construction européenne, d'élaborer et de transmettre au
Parlement
un rapport sur chaque avant-projet de budget communautaire de la Commission,
contenant un
bilan détaillé de l'exécution du budget communautaire de l'année précédente, son
appréciation sur l'avant-projet de budget proposé par la commission et
récapitulant ses
principaux objectifs de négociation dans des délais compatibles avec
l'organisation d'un
débat parlementaire sur l'avant-projet de budget communautaire.
Délibéré en commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la Nation, à Paris, le 3 mars 1999
Le Président