Diplôme spécifique de gynécologie médicale et libre accès des femmes aux gynécologues
N°
435
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2000-2001
Rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance du 28
juin 2001
Enregistré à la Présidence du Sénat le
1
er
août 2001
PROPOSITION DE LOI
tendant à restaurer un diplôme spécifique de gynécologie médicale et à garantir le libre accès des femmes aux gynécologues ,
PRÉSENTÉE
Par Mmes Nicole BORVO, Marie-Claude BEAUDEAU, Danielle BIDARD-REYDET, Hélène LUC, Odette TERRADE, MM. Guy FISCHER, Roland MUZEAU, Jean-Yves AUTEXIER, Jean-Luc BÉCART, Robert BRET, Thierry FOUCAUD, Gérard LE CAM, Pierre LEFEBVRE, Paul LORIDANT, Jack RALITE, Ivan RENAR et Paul VERGÈS,
Sénateurs
( Renvoyée à la commission des Affaires sociales sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement) .
Médecine . |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Depuis trois ans, la question du devenir de la gynécologie
médicale se pose de manière récurrente.
Cette spécialité française a largement contribué en
trente ans à accompagner la reconnaissance, pour chaque femme, du droit
à la contraception, à la diffusion de celle-ci, mais
également à asseoir, développer une politique de
prévention dont tout le monde s'accorde à reconnaître les
résultats sanitaires.
Grâce au suivi régulier, personnalisé, adapté aux
besoins particuliers des femmes durant toutes les périodes de leur vie,
la prévention et le dépistage précoce des cancers
féminins, des maladies sexuellement transmissibles ont
évité la stérilité, de nombreuses interventions
chirurgicales, ô combien mutilantes, voire le décès de
nombreuses femmes.
Enfin, les gynécologues médicaux ont mis toutes leurs
compétences pour prendre en charge, de manière satisfaisante, les
troubles de la post-cinquantaine.
Selon l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer, les femmes
françaises ont un taux de survie à un cancer du sein nettement
supérieur (13%) à celui de femmes d'autres pays européens
qui, eux, ne connaissent pas cette spécialité.
Le nombre de cancers du col de l'utérus, d'environ 6 000 il y a vingt
ans, a été réduit à 1 600 en 1995.
Dans les pays anglo-saxons, 30 à 40% des femmes ont subi une
hystérectomie à 50 ans, contre 14% des femmes en fin de vie en
France.
Cette spécialité qui a largement fait preuve de son
utilité en terme de santé publique a pourtant été
supprimée en 1986, sous couvert d'harmonisation européenne.
Refusant de s'accommoder de la disparition programmée de la pratique de
cette spécialité qui prend effectivement en compte leurs besoins
de santé, désireuses de pouvoir continuer à accéder
librement et directement au spécialiste de leur choix, les femmes se
sont largement mobilisées. A de nombreuses reprises, elles ont dit
refuser cette fatalité. Aujourd'hui, la pétition nationale
lancée par le Comité de défense de la gynécologie
médicale a recueilli plus de 1 600 000 signatures.
Suite au débat initié par le groupe communiste républicain
et citoyen au Sénat, prenant la mesure du mécontentement
légitime des femmes attachées à leur gynécologue,
le gouvernement s'est engagé, d'une part, à garantir à
nouveau l'enseignement de la gynécologie médicale et, d'autre
part, à maintenir la possibilité d'avoir accès directement
à un spécialiste.
Par arrêté du 17 août 2000, le gouvernement a
restauré, au sein d'une filière unique de formation à la
gynécologie, un enseignement spécifique à la
gynécologie médicale.
Pour autant, la création de ce nouveau Diplôme d'Etudes
Spéciales (DES) unique de gynécologie obstétrique et
gynécologie médicale, contre l'avis d'ailleurs du Conseil
national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), n'a
pas apaisé les inquiétudes.
En effet, le fait que la gynécologie médicale soit une simple
option au sein d'une spécialité chirurgicale de
gynécologie obstétrique, la prive de facto d'un quota
d'étudiants, d'un nombre défini de postes hospitaliers et
universitaires pourtant nécessaires à sa pérennité.
De surcroît, si aujourd'hui les femmes qui ont un contrat de
fidélité avec un médecin généraliste, dit
« médecin référent », ont toujours la
faculté de consulter directement leur gynécologue sans encourir
les sanctions prévues par le plan Johanet (déremboursement), rien
ne garantit que demain ce sera toujours le cas.
Par conséquent, la présente proposition de loi
prévoit :
- le rétablissement d'un diplôme spécifique de
gynécologie médicale, gage d'une formation de qualité d'un
nombre suffisant de gynécologues médicaux ;
- le droit pour tout assuré de consulter le gynécologue de son
choix en posant le principe de remboursement par l'assurance maladie des
consultations et soins s'y rapportant.
Tel est le double objet de cette proposition de loi.
PROPOSITION DE LOI
Article 1er
Avant
l'article L. 162-2-1 du code de la sécurité sociale, il est
inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. 162-2-1A. - En vue de renforcer les dispositifs de
santé publique relatifs :
« - à la prévention, au dépistage et au
traitement des maladies susceptibles d'altérer la santé des
femmes, et/ou sexuellement transmissibles,
« - à la contraception et à l'interruption volontaire
de grossesse,
« - au suivi et au traitement de la ménopause,
« - au traitement de la stérilité ;
« 1° Tout assuré peut consulter librement un
gynécologue médical de son choix ; le coût des
consultations et des soins s'y rapportant est pris en charge par l'assurance
maladie ;
« 2° Dans des conditions fixées par arrêté
interministériel du ministre de la santé et du ministre en charge
de l'enseignement supérieur, il est créé un diplôme
d'études spécialisées de gynécologie
médicale distinct du diplôme de
gynécologie-obstétrique et/ou gynécologie
chirurgicale. »
Article 2
Les dépenses résultant pour les régimes sociaux sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575A du code général des impôts.