Age maximal d'éligibilité aux élections
N° 72
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2000-2001
Annexe au procès-verbal de la séance du 8 novembre 2000
PROPOSITION DE LOI
tendant à l'instauration d'un
âge maximal
d'éligibilité
aux élections
,
PRÉSENTÉE
par MM. Bernard FOURNIER, Auguste CAZALET, Gérard CORNU, Désiré DEBAVELAERE, Michel DOUBLET, Xavier DUGOIN, Michel ESNEU, Hilaire FLANDRE, André JOURDAIN, Simon LOUECKHOTE, Paul NATALI, Mme Nelly OLIN, MM. Jacques PEYRAT et Louis SOUVET,
Sénateurs.
(Renvoyée à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).
Élections et référendums. |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Le Président de la République et les différents
Gouvernements ont engagé des réformes profondes tendant à
la modernisation de la vie politique française.
Dans cette perspective, l'égal accès des hommes et des femmes aux
mandats électifs, la définition de la responsabilité des
élus locaux, la limitation du cumul des mandats et la réduction
de la durée du mandat présidentiel à cinq ans ont
marqué des étapes significatives.
Dans le même temps, le débat sur le statut de l'élu local,
ainsi que celui sur la durée des différentes charges
électives est émergent. Plusieurs propositions de loi ont
été déposées, notamment relatives au mandat des
sénateurs qui pourrait être, pour sa part, ramené à
six ans. Ces discussions participent d'une évolution profonde de nos
mentalités.
Lors des débats sur la réforme du mode d'élection des
sénateurs, il a été unanimement constaté la
nécessité de calquer le fonctionnement des institutions
politiques sur celui de la société civile.
Les enseignements des différents scrutins, notamment au regard du nombre
d'électeurs s'abstenant, nous conduisent par ailleurs à
considérer toutes les questions relatives à cette modernisation
de nos institutions avec une acuité et une célérité
particulière.
Il est cependant un point sur lequel les décideurs politiques restent
largement silencieux : c'est celui de leur âge
d'éligibilité. Si des tentatives de nivellement et d'unification
de l'âge minimal d'éligibilité ont été
observées, il n'en est rien s'agissant de l'instauration d'un âge
maximal.
Ce n'est pas manquer d'égard aux anciens que de considérer qu'il
doit exister une limite au delà de laquelle il faut savoir
« passer la main » à de nouvelles
générations.
La désaffection de nos concitoyens à l'égard des
élections se traduit souvent par l'affirmation de la distension du lien
entre deux sphères de la société qui ne se rencontrent
plus. Il n'est nullement question de dénoncer ici une
gérontocratie, laquelle relève parfois plus souvent du fantasme
que de la réalité : il s'agit simplement d'appliquer au
monde politique les règles qui s'appliquent dans le domaine
courant : la vie économique et sociale. Nos concitoyens ne
comprennent pas qu'il existe un âge de la retraite pour l'activité
professionnelle et que le monde politique échappe à ce dispositif.
La mise en place d'une limite maximale d'éligibilité semble donc
répondre à une attente de nos concitoyens.
En proposant de fixer de façon transitoire cette limite à
l'âge de soixante-quinze ans nous ne bouleversons pas radicalement nos
règles de fonctionnement : nous donnons simplement un signe fort
à l'égard de nos concitoyens en leur signifiant que nous les
avons entendu. Nous ne mettons pas non plus en péril le fonctionnement
des assemblées locales, qui très souvent se nourrissent de la
disponibilité et de la compétence des retraités.
Il faudrait cependant à terme aller plus loin et ramener cet âge
plus vraisemblablement à soixante-dix ans.
S'il est certain que tout encadrement légal de la liberté de se
présenter au suffrage de l'électeur peut prêter à
discussion, l'inertie du monde politique et son incapacité à se
réguler lui-même doit parfois conduire le législateur
à adopter des mesures contraignantes.
La mesure qui vous est proposée ne constituera le plus souvent que
l'institutionnalisation d'un usage en vigueur dans les partis politiques et
consistant à ne pas donner d'investiture à des
personnalités trop âgées. Il convient à notre sens
toutefois d'inscrire cette pratique dans la loi.
Cette inscription permettra, en outre, de ne pas voir la
généralisation de manoeuvres politiciennes jouant sur l'âge
des candidats pour remporter des élections dont l'issue apparaît
incertaine.
Il n'est, par ailleurs, naturellement nullement question de provoquer une
« déchéance » élective au delà
d'un certain âge : tout mandat commencé avant l'âge
fixé par la présente proposition de loi pourra être
mené à son terme.
Un volet organique à la présente proposition de loi en
étendra le fonctionnement aux assemblées parlementaires.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous vous proposons, Mesdames,
Messieurs, d'adopter la présente proposition de loi.
PROPOSITION DE LOI
Article unique
Dans l'article L. 44 du code électoral, après les mots : « vingt trois ans accomplis », sont insérés les mots : « et moins de soixante quinze ans révolus ».