ETATS-UNIS
Les
fondements juridiques
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I. L'ENCOURAGEMENT A L'ACTIONNARIAT SALARIE
1) Les Employee Stock Ownership Plans (ESOP)
Ce sont
des
plans d'actionnariat collectif
auxquels participent tous les
salariés âgés de plus de vingt et un ans et travaillant
plus de mille heures par an.
Les entreprises créent un fonds d'investissement
qui acquiert
des actions pour leurs salariés.
Les ressources du fonds sont constituées par des contributions de
l'entreprise. Pour bénéficier d'un régime fiscal
avantageux, ces dernières sont plafonnées à
30.000 dollars par an et par salarié et limitées à un
certain pourcentage de la masse salariale :
- 15 % lorsque le fonds d'investissement ne recourt pas à un emprunt
pour acquérir des actions ;
- 25 % dans le cas contraire.
Le fonds d'investissement peut en effet emprunter auprès d'un organisme
de prêt ou auprès de l'entreprise, et rembourser l'emprunt au
moyen des contributions de l'employeur, des dividendes et des plus-values.
Ces ressources permettent au fonds d'acquérir non seulement des actions
de la société qui le parraine, mais également d'autres
actions. En effet, lorsque les employés ayant dix ans
d'ancienneté atteignent l'âge de cinquante-cinq ans, ils doivent
être autorisés à diversifier leur placement à
hauteur de 25 % du montant de leur compte dans au moins trois autres
titres. A l'âge de soixante ans, ce pourcentage atteint 50 %.
Chaque salarié dispose d'un compte personnel alimenté selon une
formule préétablie. En revanche, les titres acquis grâce
à un emprunt sont placés dans un compte bloqué et ne sont
transférés sur les comptes personnels qu'après
remboursement de l'emprunt.
Le fonds d'investissement ne constitue pas une entité imposable. Les
salariés ne sont redevables d'aucun impôt aussi longtemps que le
fonds détient les actions pour
leur compte
. Seuls les
dividendes qui leur sont versés directement sont imposables comme des
revenus ordinaires. En revanche, les dividendes " raisonnables "
versés au fonds, bien qu'attribués aux salariés sur leur
compte personnel, ne font l'objet d'aucune imposition.
Toutes les contributions de l'entreprise à l'ESOP sont
exonérées d'impôt. Les dividendes versés à
l'ESOP sont déductibles s'ils sont utilisés pour rembourser le
prêt. L'employeur peut payer les intérêts dus par l'ESOP et
en déduire le montant de ses impôts.
Lorsqu'ils prennent leur retraite, les salariés reçoivent leurs
titres, qu'ils peuvent conserver ou revendre. S'ils les revendent, le montant
correspondant aux contributions versées initialement par l'entreprise
est soumis à l'impôt sur le revenu, tandis que la
différence entre ces dernières et la valeur de revente des titres
est soumise à l'impôt sur les plus-values. Le salarié qui
réclame ses droits avant d'atteindre l'âge de cinquante-neuf ans
et demi paie une taxe complémentaire de 10 %.
Par ailleurs, les salariés qui cèdent leurs actions à un
ESOP peuvent bénéficier d'un différé d'imposition
dans certaines circonstances.
Il existe environ 10.000 plans ESOP concernant 9 millions de salariés.
Comme le dispositif incite les salariés à devenir actionnaires de
l'entreprise qui les emploie, actuellement environ 2.500 sociétés
sont majoritairement détenues par leurs salariés.
2) Les plans 401 (k)
Ils
tirent leur nom de la section du code fédéral des impôts
qui les régit.
L'employeur crée un fonds d'investissement dans lequel les
salariés placent, à leur initiative, un certain pourcentage de
leur rémunération.
La possibilité de participation
à ces plans est offerte aux employés ayant plus de vingt et un
ans et une certaine ancienneté dans l'entreprise. La participation des
salariés à ce fonds est encouragée par le versement, par
l'employeur, d'une contribution qui doit être inférieure ou
égale au montant versé par l'employé.
Généralement, elle se situe entre 25 % et 75 % de
l'investissement du salarié, avec un maximum de 6 % du salaire. En
1998, le montant maximum annuel que pouvait verser un salarié
était de 10.000 dollars.
Les sommes épargnées par les salariés peuvent être
investies dans différents types de placements (le salarié dispose
en général de trois à cinq possibilités), alors que
la contribution de l'employeur est nécessairement investie dans des
actions de la société.
Les sommes versées par l'employeur ne sont toutefois
définitivement acquises au salarié qu'après qu'il a
travaillé un certain temps dans l'entreprise, par exemple :
- 25 % après deux ans ;
- 50 % après trois ans ;
- 100 % après cinq ans.
L'investissement réalisé par les salariés est
déductible du revenu brut, mais soumis à cotisations
sociales.
Lorsque le salarié démissionne, il peut demander le
transfert du plan 401 (k) sur un compte de retraite individuel (IRA) ou sur un
plan proposé par son nouvel employeur. Il peut également demander
le paiement de la totalité des sommes investies.
Le remboursement du plan peut être demandé à l'âge de
cinquante-neuf ans et demi. Il peut également être demandé
plus tôt dans des cas exceptionnels (achat d'une résidence
principale, paiement d'études pour les enfants, dépenses de
santé...). Ces paiements sont assujettis à l'impôt sur le
revenu et, le cas échéant, à une taxe de 10 % pour
distribution précoce.
Les salariés peuvent également obtenir un prêt d'un montant
égal à la moitié de la somme dont ils sont
bénéficiaires sur leur compte. Le capital et les
intérêts dus sont reversés sur leur compte au fur et
à mesure des remboursements.
Les plus-values, ainsi que les dividendes, ne sont assujettis à
l'impôt que lorsqu'ils sont effectivement distribués.
Ces plans peuvent être associés à des ESOP. Dans ce cas, la
contribution de l'employeur est versée automatiquement sur le compte
individuel ESOP de l'employé, sous la forme d'actions.
A la fin de l'année 1993, il y avait environ 114.000 plans 401 (k)
concernant 21 millions de salariés.
II. LA PARTICIPATION DES SALARIES AUX BENEFICES
1) Les Profit Sharing Plans (PSP)
Ces
plans d'intéressement
sont offerts généralement
à
tous les salariés
âgés de plus de vingt et
un ans, ayant au moins un an d'ancienneté et ayant travaillé
au moins mille heures pendant une période de douze mois. Ils sont
soumis à l'approbation des actionnaires.
L'entreprise verse à un fonds d'investissement une contribution
qu'elle détermine chaque année et qui est plafonnée
à 15 % de la masse salariale
. En 1997, cette contribution
était de plus limitée à 24.000 dollars par
employé. Le fonds d'investissement achète des actions qu'il
gère pour le compte des salariés.
L'entreprise n'est pas obligée de faire des bénéfices
chaque année pour proposer ce plan à ses salariés.
Toutefois, lorsque la contribution annuelle est subordonnée à
l'existence de bénéfices, le plan doit préciser la
définition qui en est retenue. Ce système est d'autant plus
souple que l'entreprise peut changer tous les ans la formule de calcul de sa
contribution.
Le mode de répartition de la contribution de l'employeur entre les
salariés est fixé dans le plan. La part de chacun peut être
proportionnelle au salaire, aux points accordés en fonction de
l'âge, de l'ancienneté, de l'efficacité, ou dépendre
du groupe professionnel auquel appartient le salarié. Elle peut
également inclure les cotisations de sécurité sociale dues
par les employés.
Il existe
deux sortes de
Profit Sharing Plans
. Les
Deferred
PSP
sont les plus courants : les sommes accumulées
(capital et intérêts produits) sont versées aux
salariés après un nombre déterminé d'années,
à un âge donné ou lors de la survenance
d'événements tels que licenciement, maladie, invalidité,
retraite, départ de l'entreprise, décès... En revanche,
pour les
Current PSP,
les bénéfices sont
versés directement aux employés, en espèces ou en actions
de la société, chaque année, après
détermination des bénéfices.
Les sommes versées au titre de l'intéressement sont
assujetties à l'impôt sur le revenu. Toutefois, le paiement de cet
impôt est différé jusqu'à la date de
distribution.
Lorsque le salarié demande le versement des sommes qui lui sont dues
avant l'âge de cinquante-neuf ans et demi, en dehors des cas
prévus pour un versement anticipé, il doit supporter une taxe
complémentaire de 10 %.
2) Les Stock Bonus Plans
Ils sont
établis dans les mêmes conditions que les
Profit Sharing
Plans
, mais l'intéressement offert aux salariés n'est
constitué que par des actions de l'entreprise. L'imposition est
différée jusqu'au moment de la cession des actions reçues
par les salariés.
Il existe très peu de
Stock Bonus Plans
(moins de
1.000).
III. LE REGIME FISCAL DES PLANS D'OPTIONS SUR ACTIONS
Ces plans permettent d'intéresser certains salariés à la croissance future de l'entreprise. L'employeur offre à tous les salariés, ou seulement à certains d'entre eux, l'option d'acquérir, à un prix déterminé et pendant un délai donné, une quotité d'actions de l'entreprise. En général, le prix proposé pour l'achat des actions est celui du marché au moment de l'octroi de l'option.
1) Les Incentive Stock Options (ISO)
Pour
bénéficier d'un régime fiscal favorable, elles doivent
répondre à un certain nombre de critères. Elles ne peuvent
être proposées qu'aux employés de l'entreprise, sur la base
d'un
plan écrit et enregistré
indiquant le nombre total
d'actions qui peuvent être offertes et les employés qui pourront
en bénéficier. Les conditions d'attribution et les
quotités des ISO ne sont pas nécessairement les mêmes pour
tous les bénéficiaires. Très souvent, les droits de
levée d'option ne peuvent être acquis qu'en fonction de la
durée de présence dans l'entreprise, l'employé ne pouvant,
par exemple, lever l'option qui lui a été consentie qu'à
hauteur de 25 % par an.
Le plan doit être approuvé par les actionnaires dans les
douze mois précédant ou suivant son adoption.
La valeur
des options ne peut être inférieure au cours de l'action à
la date de
l'octroi de l'option.
Ni l'octroi ni la levée de l'option ne sont considérés
comme des opérations imposables.
C'est seulement au moment de la
revente des actions que la situation fiscale des bénéficiaires
des options est appréciée.
Les options doivent être levées dans un délai maximum de
dix ans. Toutefois, lorsqu'un salarié, au moment de l'octroi de
l'option, détient plus de 10 % du capital de l'entreprise, la
valeur des options ne peut être fixée à moins de 110 %
du cours de l'action et le délai de levée de l'option est de
cinq ans.
En principe, ces options ne sont pas transférables, sauf en cas de
décès du salarié, de divorce...
Si la vente des actions a lieu plus de deux ans après la date de
l'octroi de l'option et plus d'un an après la date de sa levée,
le bénéficiaire paie, au moment où il revend les actions,
la taxe sur la plus-value résultant de la différence entre le
prix fixé lors de l'octroi de l'option et le prix de revente,
c'est-à-dire la somme de la plus-value d'acquisition et de la plus-value
de cession. Le taux d'imposition est de 28 %. Il est réduit
à 20 % lorsque les titres ont été conservés
plus de dix-huit mois. Après l'an 2000, ce taux sera limité
à 18 % pour les actions qui auront été
détenues pendant au moins cinq ans.
En revanche, lorsque la vente des actions a lieu avant ces délais, le
salarié doit déclarer dans ses revenus la plus-value
d'acquisition et payer l'impôt sur les plus-values sur la plus-value de
cession. La plus-value d'acquisition peut donc être imposée au
taux maximal de l'impôt sur le revenu, c'est-à-dire 39,6 %,
tandis que la plus-value de cession est taxée au taux de 28 %.
Chaque salarié ne peut se voir proposer, annuellement, une valeur
d'options supérieure à 100.000 dollars. Cependant, si les options
offertes ont une valeur supérieure à cette somme, le plan peut
prévoir que toutes les actions en excédent soient
qualifiées de
Non Qualified Stock Options.
2) Les Non Qualified Stock Options (NSO)
Contrairement aux ISO, les NSO
peuvent être offertes non
seulement aux salariés mais également à des personnes
travaillant pour le compte de l'entreprise
(partenaires, fournisseurs...).
Les conditions d'attribution, les délais de levée d'option, le
prix des actions et la valeur maximale de l'option offerte, ne sont pas soumis
aux obligations des ISO.
Le nombre total de NSO doit faire l'objet d'une approbation du conseil
d'administration et de l'assemblée générale, mais l'octroi
de NSO n'est pas soumis à l'approbation des actionnaires.
Si les NSO ont une valeur marchande facilement constatable, elles sont
imposées lors de l'octroi de l'option. Dans le cas contraire, la
plus-value d'acquisition réalisée au moment de la levée de
l'option est assujettie à l'impôt sur le revenu au taux maximal,
c'est-à-dire au taux de 39,6 %. De plus, la plus-value de cession
est imposée au titre de l'impôt sur les plus-values, dont le taux
varie entre 18 % et 28 % selon la durée de détention
des valeurs.
3) Les Employee Stock Purchase Plans
Ces
plans peuvent être
offerts à tous les salariés de
l'entreprise
qui ont au moins deux ans d'ancienneté,
travaillent plus de vingt heures par semaine ou plus de cinq mois par an.
Contrairement aux ISO, ils ne sont pas destinés principalement aux
cadres.
Pour bénéficier d'un régime fiscal favorable, le plan
doit :
- être approuvé par les actionnaires dans les douze mois
précédant ou suivant son adoption ;
- ne pas être proposé aux salariés qui, après
l'octroi d'une option, posséderaient 5 % ou plus du capital ou des
droits de vote ;
- offrir les mêmes droits à tous les salariés ;
- ne pas offrir à un salarié un montant total
supérieur à 25.000 dollars par an, ce montant étant
déterminé au moment de l'octroi de l'option ;
- proposer des actions non transférables, sauf en cas de
décès.
De plus, la valeur des options ne peut pas être inférieure
à 85 % du plus petit des deux montants suivants : la valeur
des actions lors de l'octroi de l'option ou lors de sa levée.
La durée de l'option est de cinq ans si le plan définit que la
valeur de l'option ne doit pas être inférieure à 85 %
de la valeur de l'action au moment de la levée. Elle est de vingt-sept
mois dans les autres cas.
La contribution des salariés à ces plans s'effectue par
prélèvements sur le salaire et est utilisée à
l'acquisition d'actions lors d'offres spécifiques.
Ni l'octroi ni la levée de l'option ne sont considérés
comme des opérations imposables, et aucun impôt n'est donc
dû avant la cession des actions. Le régime fiscal de ces options
est comparable à celui des ISO ;
la
différence
essentielle réside dans le fait que la valeur de
l'option peut
être inférieure au
cours de l'action au moment de l'octroi
de l'option, ce qui n'est pas permis pour les ISO.
De façon générale, si les options n'ont pas
été octroyées avec décote et que la vente a lieu
plus de deux ans après leur octroi et plus d'un an après leur
levée, le salarié bénéficie d'un régime
fiscal favorable : il paie l'impôt sur les plus-values sur la
différence entre le prix de vente des actions et le prix des options
(c'est-à-dire la somme des plus-values d'acquisition et de cession).
Dans les autres cas, une partie de la plus-value peut être soumise
à l'impôt sur le revenu.