ROYAUME-UNI
Les
fondements juridiques
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I. L'ENCOURAGEMENT A L'ACTIONNARIAT SALARIE
1) L'Approved Profit Sharing Scheme (APS)
L'APS,
que nous avons classé dans les régimes de participation au
capital, constitue également un système de participation aux
bénéfices. En effet, les sommes correspondant à la
participation aux bénéfices des salariés sont
versées à un trust qui achète, au nom des salariés,
soit des actions déjà émises, soit de nouvelles actions.
Les actions achetées par le trust peuvent représenter
jusqu'à 5 % des bénéfices avant impôt. Elles
doivent être conservées, pour le compte des salariés,
pendant au moins deux ans.
Tous les ans, chaque salarié peut recevoir en actions 3.000 livres
(10(
*
))
ou 10 % de son salaire
annuel, avec un plafonnement à 8.000 livres.
Pour être agréé par l'administration fiscale et
bénéficier d'avantages fiscaux
, l'APS doit remplir plusieurs
conditions :
- il doit être ouvert à tous les salariés (à temps
plein et depuis 1995, également aux salariés à temps
partiel) ayant au minimum cinq ans d'ancienneté dans l'entreprise ;
- les conditions de participation doivent être les mêmes pour tous
les salariés (par exemple, en proportion directe du résultat, de
la rentabilité, des bénéfices réels par rapport aux
bénéfices prévisionnels...).
Depuis 1995,
les sommes correspondant à la participation sont
entièrement exonérées d'impôt sur le revenu
à condition que le trust conserve les
actions pendant une
troisième année
. Pendant ces trois années, les
salariés reçoivent des dividendes, mais ne peuvent assister aux
réunions des actionnaires.
Depuis 1995, en contrepartie de la réduction de cinq à trois ans
de la durée minimale pendant laquelle le trust doit détenir les
actions pour que les salariés bénéficient des avantages
fiscaux, les salariés sont assujettis à la taxe sur les
plus-values en capital lors de la vente de ces actions. Toutefois, l'abattement
déductible des plus-values imposables des particuliers étant
fixé à 7.100 livres pour l'année 1999, la plupart des
salariés n'ont pas à payer cet impôt.
Ces actions peuvent ensuite être transférées, à
hauteur de 3.000 livres par année fiscale, sur un
Personal
Equity Plan
(PEP)
(11(
*
))
portant
sur une seule société (
Single Company PEP
) : la
société employeur. Ce transfert s'effectue en franchise
d'impôt sur les plus-values, et les dividendes perçus sont
exemptés d'impôt sur le revenu. Cette mesure vise à
encourager la mise en place de cette catégorie de PEP au profit des
salariés.
2) Le Save As You Earn (SAYE)
Les
salariés qui le souhaitent peuvent épargner, dans le cadre d'un
contrat d'épargne SAYE conclu par l'employeur avec une banque ou une
société de crédit, entre 5 et 250 livres par mois. Le
montant de l'épargne est prélevé sur le salaire.
Chaque salarié ayant conclu un tel contrat reçoit des options lui
permettant, à l'issue d'une période de trois ou cinq ans,
d'acheter des actions de la société qui l'emploie à un
prix qui ne peut être inférieur à 80 % du cours de
l'action au moment où l'option a été accordée.
A la fin de cette période, le salarié peut choisir entre deux
solutions :
- recevoir en espèces l'épargne accumulée
augmentée des intérêts (généralement
3 %) et d'une prime variable en fonction de la durée du
contrat ;
- exercer son option en achetant, pour la totalité de la somme ou
seulement pour une partie, des actions de l'entreprise au prix indiqué
lors de la signature du contrat.
Pour être agréés par l'administration fiscale et
bénéficier des avantages fiscaux, les contrats SAYE doivent
être ouverts, dans des conditions identiques, aux salariés ayant
plus de cinq ans d'ancienneté.
Aucun impôt n'est dû ni sur les intérêts, ni sur la
prime, ni sur l'éventuelle plus-value d'acquisition. Cependant, les
salariés sont assujettis à la taxe sur les plus-values en capital
lorsqu'ils vendent leurs actions. Mais en raison du seuil d'abattement fiscal
(7.100 livres en 1999), la plupart échappent à cet
impôt.
Les actions peuvent être transférées sur des
Single
Company PEP
, dans les mêmes conditions que pour les APS.
3) L'Employee Share Ownership Plan (ESOP)
Les
entreprises créent un fonds d'investissement qui peut emprunter pour
acquérir les actions et les distribuer aux salariés soit
directement, soit par le biais d'un régime agréé de
participation aux bénéfices (
Profit Sharing Scheme
). Ce
système est principalement utilisé pour transmettre une partie du
capital de la société aux employés, car le trust ainsi
créé peut détenir un pourcentage illimité des
actions de la société sans limitation de durée, ce qui
permet de créer une réserve d'actions.
Les salariés concernés sont aussi bien ceux travaillant à
temps plein que ceux travaillant au minimum vingt heures par semaine.
L'ancienneté requise pour bénéficier de ces plans ne peut
excéder cinq ans.
La valeur globale des actions attribuées est déterminée
par le trust, de la même façon pour tous les salariés, et
doit être proportionnelle soit à la rémunération
soit à l'ancienneté.
Les avantages fiscaux ne sont accordés qu'aux plans ESOP dans lesquels
les actions sont distribuées aux salariés avant la fin d'une
période maximum de sept ans après leur acquisition.
Comme peu de propriétaires sont disposés à transmettre
leur entreprise à leurs salariés et que les critères
d'homologation exigés par l'administration fiscale sont très
stricts, il existe peu de plans ESOP.
II. LA PARTICIPATION DES SALARIES AUX BENEFICES
Connu
sous le nom de
Profit Related Pay
(PRP)
, ce régime
consiste à verser aux salariés une somme directement liée
aux bénéfices de l'entreprise où ils travaillent. Cette
participation peut s'ajouter au salaire ou s'y substituer en partie. Son
montant peut varier entre 1 % et 20 % de la
rémunération totale.
Pour être agréée par l'administration fiscale et
bénéficier d'une exonération fiscale, la participation au
titre du PRP doit répondre à plusieurs conditions :
- elle doit durer au moins un an ;
- elle doit concerner au moins 80 % des salariés (à temps
plein et, depuis 1995, également les salariés à temps
partiel) ayant plus de trois ans d'ancienneté ;
- les sommes versées doivent être proportionnelles soit au salaire
soit à l'ancienneté ;
- les sommes distribuées doivent être liées aux
bénéfices selon une formule définie à l'avance.
Les dispositifs de participation peuvent toutefois être changés
chaque année, sous réserve d'une nouvelle homologation, ce qui
permet de réviser la formule d'intéressement pour obtenir une
stabilité des salaires. Ils peuvent également être
suspendus lorsqu'une entreprise s'aperçoit, en cours d'exercice, que sa
rentabilité risque d'être inférieure au niveau prévu.
Lorsque la participation se substitue en partie à la
rémunération de base, l'employeur doit obtenir le consentement
des salariés dans la mesure où le " sacrifice du
salaire " constitue une modification du contrat de travail. Les trois
quarts des dispositifs mis en place répondent à ce modèle.
Les sommes versées au titre du
Profit Related Pay
bénéficient d'une exonération fiscale fixée, pour
l'exercice 1999, à 20 % du total de la rémunération
annuelle dans la limite de 1.000 livres. Toutefois, cette
exonération sera définitivement supprimée à compter
du 1
er
janvier 2000.
Au 31 mars 1996, près de 3,6 millions de salariés
bénéficiaient d'un
Profit Related Pay
, soit près
d'un quart des salariés du secteur privé.
III. LE REGIME FISCAL DES PLANS D'OPTIONS SUR ACTIONS
Les
plans d'options sur actions (
Approved Company Share Options Plans
)
permettent aux sociétés d'offrir à leurs
salariés des options pour l'achat d'actions ordinaires de la
société.
Un salarié ne peut recevoir des options d'achat d'actions pour une
valeur annuelle totale supérieure à 30.000 livres. La valeur
de l'option est fixée au moment de son octroi et ne peut être
inférieure au cours de l'action.
Pour bénéficier des avantages fiscaux, ces plans doivent
être agréés par l'administration fiscale. L'avantage
procuré par l'octroi de ces options n'est pas imposable à
condition :
- que le salarié lève l'option dans le délai de trois
à sept ans suivant l'octroi de l'option pour celles accordées
avant le 6 avril 1998, et de trois à dix ans pour celles
accordées postérieurement ;
- qu'il y ait un délai minimum de trois ans entre la levée de
l'option et la précédente levée d'option ayant
bénéficié d'un avantage fiscal.
Toutefois, en cas de revente des actions ainsi acquises, l'impôt sur les
plus-values mobilières est dû si la plus-value est
supérieure à 7.100 livres.
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Le
projet de budget pour 2000
prévoit la création d'un
nouveau plan d'épargne d'entreprise
, l'
Employee Share
Ownership Scheme
, destiné à tous les salariés. Ces
derniers pourraient investir chaque année jusqu'à
1.500 livres pour l'acquisition d'actions de leur entreprise et pourraient
se voir offrir par leur employeur un nombre d'actions équivalent.
Les sommes consacrées par les salariés à l'achat de ces
actions resteraient assujetties à l'impôt sur le revenu, mais les
dividendes reçus pendant la durée du plan (trois ans) ne
seraient pas imposables. La valeur des actions offertes aux salariés
constituerait un revenu non imposable à condition que les actions soient
conservées pendant trois ans.