COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
MM. Jean-Pierre CANTEGRIT Rat UC Français établis hors de
France Président du groupe France-Afrique centrale
Germain AUTHIE Soc Ariège
Louis BOYER RI Loiret
André EGU UC Ille-et-Vilaine
Jacques LEGENDRE RPR Nord
Robert-Paul VIGOUROUX RDSE Bouches-du-Rhône
La délégation était accompagnée de Mlle Dominique-Alice ROBERT, conseiller des services du Sénat et secrétaire exécutive du groupe France-Afrique centrale
INTRODUCTION
Angola, Zaïre : ces deux vastes pays de l'Afrique subsaharienne sortent progressivement de la très grave crise - la guerre civile pour l'Angola - qui les a quasiment ruinés.
Il est raisonnable d'être optimiste sur leur avenir au moins à moyen terme.
Ces pays attendent beaucoup de la France pour sortir d'une relation soit trop exclusive soit trop conflictuelle avec leur ancienne métropole coloniale, et tempérer l'impétuosité économique de l'Afrique du Sud.
C'est la raison du déplacement effectué, au mois d'avril 1996, par une délégation du groupe interparlementaire France-Afrique centrale.
L'accueil reçu y a été excellent, marquant l'importance que ces nations émergentes portent à notre pays.
Cependant, ce facteur de satisfaction a été atténué par la constatation de l'état d'extrême dénuement des populations alors que les facteurs de développement, et même de développement rapide, existent.
La délégation souhaite que son témoignage contribue au redressement de ces deux pays.
Son travail a été grandement facilité par nos ambassadeurs MM. François Gendreau à Luanda, et Michel Rougagnou à Kinshasa, dont les grandes qualités d'organisation et de disponibilités, comme leur excellente maîtrise des enjeux en cause ont beaucoup contribué au bon déroulement de la mission.
Qu'ils en soient ainsi que leurs collaborateurs vivement remerciés.
En Angola le séjour de la délégation s'est organisé selon le calendrier suivant :
Mercredi 10 avril 1996
6 h 00 Arrivée à Luanda. Point de presse à l'aéroport
9 h 00 Réunion d'information à l'Ambassade de France
10 h 30 Entretien avec le groupe Parlementaire du Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola (MPLA, M. Joao Lourenço)
11 h 30 Entretien avec M. Joao Miranda, Vice-Ministre des Relations extérieures
12 h 30 - 14 h 30 Déjeuner de travail à l'invitation des hommes
d'affaires français
17 h 00 Entretien avec M. Mutéka ministre, Chef de la délégation gouvernementale à la Commission conjointe
18 h 00 Entretien avec M. Isaias Samakuva, Ambassadeur, Chef de la délégation de l'Unita à la Commission conjointe
19 h 00 Entretien avec M. Blondin Beye, Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Angola
Jeudi 11 avril 1996
8 h 00 Départ pour Lubango, chef-lieu de la province de Huila
11 h 00 Arrivée à Lubango
11 h 30-12 h 30 Visite du dispensaire d'Action internationale contre la faim (AICF)
13 h 00 Visite de l'Alliance Française
13 h 30 Déjeuner offert par le Gouverneur
15 h 30 Départ pour Luanda
17 h 30 Arrivée à Luanda
19 h 30 Cocktail à la Résidence de France
Vendredi 12 avril
9 h 00 Ambassade de France - exposé de l'Attaché de défense sur la participation militaire française au processus de paix
11 h 00 Entretien avec M. Albino Malungo, ministre de l'Assistance et de la Réinsertion sociale
12 h 00 Entretiens avec les représentants des groupes Parlementaires :
Parti de Rénovation sociale (PRS) - M. Muachicungo
Front National pour la Libération de l'Angola (FNLA) - M. Benjamin da Silva
Parti Libéral Démocrate (PLD) - Mme Victoria Analia Pereira
16 h 30 Entretien avec M. França Van Dunem, Président de l'Assemblée nationale, Président de la République par intérim
21 h 00 Dîner à l'invitation du Chef de la Mission de Coopération et d'Action Culturelle
Samedi 13 avril
9 h 30 Rencontre avec la communauté française à la Maison de l'Association des Français d'Angola
20 h 30 Dîner à la Résidence de France
Dimanche 14 avril
8 h 30 Départ pour Kinshasa
I/ l'Angola : une paix fragile
Depuis la signature le 20 novembre 1994 du Protocole de paix de Lusaka, les opérations militaires ont cessé en Angola 1 ( * ) .
Peut-on pour autant parler d'état de paix ?
La population, successivement victime d'une longue lutte contre la puissance coloniale, puis de vingt ans de guerre civile, y aspire légitimement ; mais les antagonismes politiques restent d'une exceptionnelle vivacité, et les multiples ressources économiques de l'Angola constituent un enjeu ambigu : facteurs d'un possible renouveau, mais aussi sources de pérennité du conflit.
1) Des convulsions politiques d'une exceptionnelle gravité
Plus ancien pays colonisé d'Afrique - l'implantation portugaise remonte au XVIe siècle -, l'Angola a été victime de l'immobilisme du régime de Salazar, puis d'une indépendance arrachée lors d'un point culminant de l'affrontement entre les deux blocs.
A) Une décolonisation tardive et brutale
Les difficultés économiques du Portugal poussèrent au développement, en Angola, d'une colonie de peuplement, sous l'impulsion directe d'Antonio de Salazar nommé ministre des finances en 1926.
De 30 000 en 1930, le nombre des portugais installé dans ce pays passa à 200 000 en 1960 et à 300 000 à la fin de la période coloniale.
Alors que les colonies françaises anglaises et italiennes accédaient progressivement à l'indépendance en Afrique, l'Angola voyait se renforcer la main-mise de la métropole sur son destin.
Le premier mouvement de lutte pour l'indépendance fut fondé dans la clandestinité, en 1956. Le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), d'inspiration communiste, comptait dans ses rangs Agostinho Neto qui sera plus tard le premier chef de l'État angolais indépendant.
Puis vint en 1962 le Front National de Libération de l'Angola (FNLA) sous l'impulsion de Roberto Holden, installé au Zaïre ; l'Occident soutint ce mouvement lorsqu'il fonda, en 1964, un Gouvernement en exil.
En 1964 Jonas Savimbi, vice-président de ce Gouvernement, fit dissidence pour fonder l'UNITA (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola) avec l'appui de la Chine. Alors que le FNLA s'appuyait à l'origine sur les populations bakongo du nord du pays, l'UNITA, à l'image de son fondateur traduisait plutôt les aspirations des ovimbundus installés dans les zones rurales de l'est.
L'interminable et indécise guerre coloniale 1 ( * ) entraîna, avec la chute du régime autoritaire de Lisbonne, l'indépendance de l'Angola proclamée le 11 novembre 1975.
Les trois mouvements de libération qui avaient conjointement signé avec le Portugal les accords d'Alvor, établissant notamment le calendrier électoral d'après l'indépendance entrèrent presque immédiatement en conflit. Près de 300 000 portugais, soit la majeure partie des cadres du pays, le quittèrent alors précipitamment.
* 1 Superficie : 1 246 700 km 2
Population : 11 millions d'habitants
Capitale : Luanda (2,5 millions d'habitants)
PIB par habitant : 410 dollars US
montant de la dette : 11,2 milliards de dollars
Service de la dette : 40 % des recettes d'exportations
Source : Ministère de la coopération - chiffres d'octobre 1995
* 1 cf : « le Portugal et son avenir » par Antonio de Spinola - ed Flammarion - 1974 ; le premier chef de l'État portugais issu de la « révolution des oeillets » y expose de façon prémonitoire l'impasse de la guerre coloniale (il a combattu au Cap-Vert, puis en Angola), et la nécessité d'amener les colonies à l'indépendance.