Hommage à Gérard Collomb
M. le président. - Nous avons appris avec tristesse la disparition de Gérard Collomb. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, se lèvent.) Il nous a quittés au terme d'un combat courageux contre la maladie.
Ce matin, ses obsèques se sont déroulées en la cathédrale Saint-Jean de Lyon, en présence du Président de la République et de Mme la Première ministre. Lors de cette cérémonie d'adieu à laquelle assistaient de nombreux habitants de sa ville et de son département, ainsi que de nombreuses personnalités politiques, l'émotion était forte. Mathieu Darnaud, notre premier vice-président, y représentait le Sénat.
Figure emblématique de la capitale des Gaules, Gérard Collomb voua sa vie entière à un engagement inlassable au service de ses compatriotes et de l'intérêt général. Ses facultés d'écoute et son esprit de solidarité suscitaient un respect unanime.
Son élection à la mairie de Lyon, en 2001, fut le moment privilégié de sa vie publique. Il se consacra à sa ville pendant plus de dix-sept ans. Grâce à lui, Lyon devint capable de rivaliser avec les autres métropoles françaises et européennes, sans perdre son âme. Il transforma sa ville et mit toute son énergie au service de ses habitants, ainsi que de la communauté urbaine de Lyon.
Gérard Collomb fut aussi parlementaire, élu député du Rhône en 1981, à 34 ans. Son arrivée au Sénat, en novembre 1999, marqua sa vie politique. Il y fut réélu en 2004, puis en 2014.
Il siégea au sein du groupe socialiste, alors présidé par Claude Estier, et de la commission des affaires culturelles. Toujours tourné vers la modernité, il fut, en 2007, l'auteur d'une proposition de loi relative à la coopération internationale des collectivités territoriales dans le domaine des technologies de l'information et des communications.
En 2009, il rejoignit la commission des lois, où il s'illustra par sa connaissance des dossiers touchant aux collectivités territoriales et à la décentralisation. Il intervint dans notre hémicycle lors de la discussion de la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, en juin 2013, à propos des compétences de la métropole de Lyon ; ce fut un moment majeur de sa vie de sénateur.
Après avoir été l'un des principaux soutiens d'Emmanuel Macron, il fut nommé ministre d'État, ministre de l'intérieur, dans le gouvernement d'Édouard Philippe. Il porta devant le Sénat le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, visant à transposer dans le droit commun certaines mesures de l'État d'urgence, et défendit, en 2018, le projet de loi sur l'asile et l'immigration.
Il dut affronter l'attentat islamiste de Trèbes et mesura le danger du communautarisme qui ronge notre pays. Lors de son départ du ministère de l'intérieur, il laissa ce message : « Aujourd'hui, on vit côte à côte ; je crains que, demain, on ne vive face à face ». C'est à méditer.
L'hommage que nous lui rendons n'est pas uniquement solennel. C'est aussi un hommage à un humaniste et un défenseur inlassable de sa ville et de la métropole.
À ses anciens collègues, j'exprime notre sympathie. À son épouse et ses enfants, à l'ensemble de sa famille et à tous ceux qui ont partagé ses engagements, je redis la part que le Sénat prend à leur chagrin.
Je vous invite à observer un moment de recueillement. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, observent un moment de recueillement.)
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. - Ce matin, autour de sa famille et de ses proches, autour du Président de la République et des habitants de sa ville, nous avons dit adieu à un grand républicain, un Lyonnais passionné et un homme d'État.
Gérard Collomb était un modèle de réussite républicaine. Rien ne le prédestinait à diriger sa ville ni à exercer d'éminentes fonctions ministérielles. Sa passion pour les lettres, sa force de travail et la puissance de ses convictions lui ont permis de devenir enseignant, député, sénateur, ministre d'État - et, bien sûr, maire.
Homme d'une ville, il avait pour Lyon un amour sincère et inébranlable. Il s'est donné corps et âme à elle et l'a transformée : arpenter sa ville, c'est croiser à chaque coin de rue ses projets et ses intuitions. Les Lyonnais ne l'oublieront jamais.
Gérard Collomb était un homme de convictions, désireux de servir au-delà des clivages, soucieux des problèmes des Français plutôt que des étiquettes politiques. Le Sénat, chambre des territoires et de l'apaisement, lui correspondait bien. Chacun dans la majorité présidentielle sait ce qu'il lui doit.
Ad augusta per angusta, vers les voies célestes par des chemins étroits : c'était l'une de ses devises. Gérard Collomb a rejoint ces voies célestes, après avoir changé la vie des Lyonnais et des Français. (Applaudissements prolongés)