Hommage à Lucette Michaux-Chevry
M. le président. - C'est avec émotion que nous avons appris le décès jeudi 9 septembre dernier de notre ancienne collègue Lucette Michaux-Chevry, vaincue par la maladie contre laquelle elle luttait avec le courage et la détermination qui la caractérisaient.
Figure majeure de la vie politique guadeloupéenne depuis 1959, date de sa première élection comme conseiller municipal de Saint-Claude, elle assumera ensuite tous les mandats qui ponctuent le cursus honorum d'un élu de terrain.
Élue conseillère générale en 1976, elle devient présidente de l'assemblée départementale en 1982.
En 1987, elle se présente aux élections municipales dans la commune de Gourbeyre dont elle devient maire. Elle le restera jusqu'en 1995. À cette date, elle part à la conquête de la ville de Basse-Terre, chef-lieu de la Guadeloupe. Elle l'emporte et en devient le premier magistrat. Elle le restera jusqu'en 2001, puis le redeviendra de 2008 à 2014.
En 1992 elle remporte l'élection régionale et prend en main les destinées du conseil régional, poste qu'elle conservera jusqu'en 2004.
C'est dire la place importante qu'occupait notre ancienne collègue auprès de ses concitoyens.
Mais son rayonnement dépassait largement les limites de l'archipel guadeloupéen.
Elle poursuit son engagement politique à l'Assemblée nationale où elle est élue députée en 1986, puis de 1988 à 1993. En 1995, elle entre au Sénat. Elle siègera au sein de cet hémicycle jusqu'en 2011. Ceux qui l'ont côtoyée se souviennent de sa maîtrise de l'art oratoire, de sa force de persuasion, de ses convictions fortes. Ils se souviennent notamment de son intervention lors de l'hommage solennel à Victor Schoelcher où elle rappela que la France ne pouvait se contenter d'un devoir de mémoire mais se devait d'impulser à son espace géographique historique sa vraie dimension, sans persister dans une vision restrictive limitée à l'Hexagone. Pour elle, la France c'était beaucoup plus !
Parallèlement, Lucette Michaux-Chevry défend, bien avant que cela soit un sujet d'actualité, la différenciation territoriale comme moyen de levier de développement des outre-mer. La déclaration de Basse-Terre qu'elle cosigna avec les présidents d'exécutifs de Martinique et de Guyane en a lancé les bases.
Ce parcours exceptionnel d'une femme engagée n'aurait pas été complet si elle n'avait pas exercé par deux fois des fonctions ministérielles : de 1986 à 1988 comme secrétaire d'État à la francophonie, puis de 1993 à 1995 comme ministre déléguée chargée de l'action humanitaire et des droits de l'Homme.
Au nom du Président du Sénat et du Sénat tout entier, je souhaite exprimer notre sympathie et notre profonde compassion à sa famille et à ses proches.