Allocution du président d'âge
M. Jean-Marie Vanlerenberghe, président d'âge. - C'est pour moi un grand honneur de présider cette séance, grâce au privilège de l'âge. Toutes mes chaleureuses félicitations aux sénatrices et sénateurs élus ou réélus. Bienvenue au sein de notre assemblée. (Applaudissements)
J'ai aussi une pensée particulière pour ceux qui n'y siégeront pas, qu'ils se soient retirés de la vie parlementaire ou qu'ils n'aient pas été reconduits. Qu'ils soient remerciés pour leur action constructive et leur participation à nos débats.
Je rends hommage aux anciens collègues qui nous ont quittés récemment et que j'ai mentionnés. Je pense tout particulièrement à Christian Poncelet, qui présida le Sénat, dans une constante volonté d'équité et le souci de rassembler et de fédérer les bonnes volontés sur tous les bancs. (Applaudissements à droite, au centre et sur plusieurs travées à gauche)
Le Sénat, avec ses codes et dans une ambiance plus feutrée que celle du Palais Bourbon, contribue à la fabrication de la loi de façon plus subtile. Il est un espace de stabilité. Nous sommes parlementaires avant tout, dans un régime qui l'est de moins en moins...
Je suis un partisan acharné de la co-construction des lois, avec le Gouvernement mais surtout avec les députés - qui ne comprennent pas toujours que ce qui leur reste de pouvoir est là, dans ce dialogue avec nous. Mais attention, cela ne signifie pas « consensus mou ». Je suis pour un consensus d'action, ce « courage de la nuance » qu'aimait Albert Camus. Le rôle du Sénat est plus que jamais de fédérer les énergies qui émanent des territoires, et vous l'incarnez parfaitement, cher Gérard Larcher. Sénateurs, notre histoire d'élus locaux nous interdit de laisser « l'archipel français » dénoncé par Jérôme Fourquet exploser avec violence. Que de défis économiques et sociaux, culturels et environnementaux, sur le bureau du Haut-Commissaire au plan, mon ami François Bayrou !
Avec Antoine de la Garanderie, je pense que tous les enfants peuvent réussir. Ils sont la richesse de notre pays, dont la démographie fait la force. Un traumatisme comme le chômage devrait être obsolète. L'éducation et la formation tout au long de la vie sont les clés de notre avenir. Le revenu de base serait une sécurité.
Il faut lutter contre les inégalités, terreau des chantres de la démagogie et de la terre brûlée. Bien des citoyens, se sentant abandonnés, désertent les urnes et rejoignent les ronds-points.
Notre système de représentation doit évoluer. Le référendum est une piste ; le scrutin proportionnel en est une autre.
Notre système de santé, autre enjeu majeur, est envié mais il a des lacunes : son financement est trop lié au travail et le contrôle des dépenses et des prestations est insuffisant. Actes inutiles, fraudes : il faut récupérer des milliards d'euros, pour financer l'autonomie des personnes âgées, les maladies chroniques ou les prochains virus.
Autre enjeu capital, l'emploi et sa relocalisation, le partage des richesses et des responsabilités. La troisième voie est plus nécessaire que jamais, pour que chacun puisse trouver sa place, sa part et sa dignité.
L'enjeu climatique est également majeur. Jean-Marie Pelt, biologiste, écrivait déjà en 1977 : « La situation est sans précédent. Quand, avant nous, l'homme avait-il eu suffisamment de savoir et de pouvoir pour anéantir la toute vie sur terre ? »
L'Europe doit relever le défi, sous l'impulsion d'Angela Merkel et Emmanuel Macron. L'Union européenne a connu un tournant fédéral important, avec la mobilisation d'un budget fabuleux, pour éviter l'effondrement de nos économies. C'est une mutation de l'esprit de l'Union européenne vers plus de solidarité.
L'Europe doit aussi coordonner la politique des migrants, la lutte contre l'islamisme radical et les séparatismes.
Mme Éliane Assassi. - Êtes-vous en campagne électorale ?
M. Jean-Marie Vanlerenberghe, président d'âge. - Que de fois ai-je entendu des personnes exerçant des responsabilités affirmer : « Jamais je ne ferai de politique ». Pour paraphraser Charles Péguy, nous pourrions dire qu'elles ont des mains propres... puisqu'elles n'ont pas de mains.
Mon ami Jean Lecanuet s'amusait à dire, brandissant un verre d'eau : tout est politique, même l'eau. L'actualité ne le contredit pas !
Je ne me suis, pour ma part, jamais posé la question de l'engagement politique. J'ai eu la chance de naître dans une famille chrétienne et pour moi, la politique, c'est donner du temps, des compétences et du coeur, c'est aimer les gens.
Continuons donc à faire de la politique avec passion. (Applaudissements)