Rappel au Règlement (Suite)
M. Gilbert Barbier. - J'ai demandé ce matin à Mme la ministre de s'exprimer sur les événements graves survenu au CHU de Nantes. Peut-elle le faire maintenant ?
Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé . - J'ai été informée hier matin du décès, entre le 10 et le 13 novembre, de trois patients adultes traités pour lymphome par chimiothérapie au CHU de Nantes, après de graves complications cardiaques. Un quatrième patient, traité avec le même protocole, a présenté le même type de complication cardiaque : il est encore sous surveillance. Un cinquième patient soumis au même protocole ne présente aucune complication particulière.
Je veux exprimer toute ma compassion et toute ma solidarité aux familles des patients décédés et au patient hospitalisé, ainsi qu'à ses proches. Les décès sont un choc pour les équipes soignantes. À cette heure, l'origine de ces complications n'est pas établie. Ce qui rend le cas exceptionnel est le décès de trois patients soumis au même protocole à des dates très rapprochées, et c'est ce qui m'a conduite à saisir l'Igas, qui est déjà sur place. L'Agence nationale de sécurité du médicament a de son côté lancé une enquête sur les produits utilisés dans ces chimiothérapies. J'ai demandé à ce que les premières conclusions de ces enquêtes me soient remises la semaine prochaine ; je les rendrai publiques, en toute transparence, comme je l'ai toujours fait.
Les médecins ont choisi d'utiliser la cyclophosphamide au lieu du melphalan, médicament le plus couramment utilisé pour ce type de traitement, qui rencontre aujourd'hui des tensions d'approvisionnement dans toute l'Europe. À ce stade, rien ne permet d'accuser la cyclophosphamide, traitement validé par la communauté médicale et utilisé depuis des années. Aucun problème équivalent n'a été rapporté, je m'en suis tout de suite assurée. Il appartiendra aux enquêtes en cours de déterminer les causes exactes de ces complications.
Les patients traités étaient âgés de plus de 60 ans, pour un lymphome, suivis depuis un certain temps dans un centre reconnu. Je ne souhaite pas faire d'hypothèses. Le spectre des causes potentielles est large, il ne faut ni en écarter, ni en privilégier aucune : médicament, protocole, mode d'administration... Encore une fois, ce protocole est reconnu, identifié par l'Institut national du cancer (INCa), et recommandé à défaut de melphalan. L'heure est à l'expression de la solidarité, à l'engagement de toutes les enquêtes pour comprendre, à l'analyse.
M. le président. - Nous nous associons à votre témoignage de solidarité et de compassion envers les familles.