Questions orales
M. le président. - L'ordre du jour appelle les questions orales.
Faux résidents secondaires suisses
M. Rachel Mazuir . - Des dizaines de milliers de Suisses résident en France sans avoir préalablement fait de démarches déclaratives auprès de leur commune. Les communes du pays de Gex, dans le département de l'Ain -qui n'est pas seul concerné -, sont victimes de ce phénomène qui ne cesse de s'amplifier. On estime que 10 % des Genevois y résideraient.
Les Suisses déclarés comme résidents secondaires, alors qu'ils résident en France de façon permanente, se logent ainsi à moindre coût et bénéficient, pour leurs enfants et eux-mêmes, d'infrastructures développées -transports en commun, établissements d'enseignement, équipements sportifs...- tout en continuant de percevoir leurs avantages suisses, en termes de santé et d'assurance chômage.
Ainsi, M. Gilbert Catelain, membre de l'UDC et candidat au Conseil genevois, a déclaré sa résidence à Genève mais habite en fait à Chevey. Il prétend que cette maison, qui n'est pas modeste, appartient à sa femme. Et c'est le même qui a déposé à Genève une motion contre les étrangers appelant à maîtriser son destin en maîtrisant son immigration ! Je ne rapporterai pas ses propos sur les travailleurs frontaliers français, ils dépassent la mesure !
Ces « clandestins » grèvent le budget des communes françaises et faussent les données démographiques sur lesquelles elles se basent pour planifier leurs futurs investissements. Ils génèrent donc des dépenses de service public qui ne sont ni comptabilisées dans le calcul de la compensation financière franco-genevoise (CFG) ni dans celui des dotations de l'État au nombre d'habitants. Cette perte financière est estimée à plus de 15 millions d'euros.
Plusieurs solutions ont été avancées. Une proposition de loi avait été examinée à l'Assemblée nationale en avril 2014, qui visait à rendre obligatoire la déclaration domiciliaire pour toute personne vivant en France. Le maire devait, dans ce cas, relever l'identité, la date de naissance et l'adresse des personnes composant le foyer et délivrer un récépissé faisant office de justificatif à présenter pour l'accomplissement de chaque formalité.
M. le président. - Veuillez conclure.
M. Rachel Mazuir. - Pour diverses raisons d'ordre budgétaire, éthique et pratique, ce texte de loi a été rejeté, tant par le Gouvernement que par les députés de la majorité. Le Gouvernement ne pourrait-il inciter les services fiscaux à se rapprocher des services communaux pour mettre en place une politique de contrôle des résidences secondaires ? Dans la pratique, certains maires ont développé ce partenariat : en procédant au relevé des compteurs d'électricité, ils ont pu distinguer les vrais des faux résidents secondaires. Ces derniers ont ensuite été conviés à se rendre à la mairie pour modifier leur situation. (Mme Catherine Procaccia s'impatiente) La plupart ont coopéré mais le maire ne dispose d'aucun moyen d'action pour contraindre les réfractaires. Qu'entend faire le Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation et de la fonction publique . - L'attention du Gouvernement a été attirée sur ce problème lors de l'assemblée générale des maires de montagne, il y a trois semaines.
Le calcul de la DGF ne prend en compte qu'un habitant par résidence secondaire, ce qui peut être insuffisant. Quant à la taxe d'habitation et la taxe foncière, leur mode de calcul ne distingue pas entre résidence principale et secondaire. En revanche, un certain nombre d'abattements ne s'applique pas aux résidences secondaires, ce qui est plutôt bon pour les communes françaises.
La compensation franco-genevoise n'a pas pour vocation principale de traiter la question des résidents secondaires mais d'éviter une double imposition. Le canton de Genève, en application de la convention du 29 janvier 1973, rétrocède aux départements de l'Ain et de la Haute-Savoie 3,5 % de la masse salariale des travailleurs frontaliers imposés en Suisse, soit 189 millions d'euros en 2011 : c'est très substantiel. Cette ressource n'est pas prise en compte dans le calcul de la richesse de ces départements ni, partant, de la péréquation.
Reste une piste à étudier : celle du revenu moyen. Lors de l'examen de la proposition de loi de Mme Müller, M. Vallini avait averti que la constitution d'un aussi grand fichier pourrait être anticonstitutionnelle. Une coopération renforcée entre services fiscaux doit prévenir ce genre de situation. L'affaire est suivie de près par le Gouvernement, soyez en sûr.
M. Rachel Mazuir. - Je prends acte de cette réponse sans vouloir allonger le débat, ma collègue paraissant pressée...
Financement de l'aide individuelle de solidarité
Mme Corinne Imbert . - En 2013, le président de l'association des départements de France s'était félicité du compromis trouvé avec le Gouvernement sur le financement des allocations individuelles de solidarité : un fonds de compensation péréqué, la possibilité offerte aux assemblées départementales de relever le plafond des droits de mutation à titre onéreux. Un an plus tard, le constat est sans appel : cela ne suffit pas. La dépense sociale augmente de manière exponentielle en raison surtout de l'augmentation du nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active alors que les dotations de l'État ne cessent de baisser. Le département de la Charente-Maritime a enregistré, en septembre 2014, un reste à charge de plus de 33 millions d'euros et, parallèlement, la baisse de dotation annoncée pour l'exercice 2015 pourrait aller jusqu'à 12 millions.
Quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour appliquer le principe de compensation à l'euro près pour que les départements ne soient pas contraints de réduire leur intervention?
Mme Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation et de la fonction publique . - Le Gouvernement a réalisé avec l'ADF un bilan du pacte de confiance et de responsabilité : il établit que le reste à charge des départements diminuera de 20 % en 2014. Un effort tout particulier a été fait pour les départements les plus fragiles ; ce n'est que justice. Mais il est vrai qu'avec la crise, le nombre de bénéficiaires de RSA augmente rapidement -9,5 % cette année, 7,5 % l'an prochain- malgré un taux de non-recours de 30 %.
Cela pèsera lourd sur les finances des départements dès 2015, nous ne le nions pas. Le Gouvernement en a tenu compte en proposant des avancées pour protéger les investissements des collectivités territoriales dans le projet de loi de finances pour 2015.
En outre, dans la réforme territoriale, les départements seront amenés à se concentrer sur ce qu'ils savent faire le mieux et dont notre pays a absolument besoin : la solidarité. Les aides aux entreprises constituent un vrai maquis, il faut en finir : vous appartenez vous-mêmes à un parti qui a voté la fin de la clause générale de compétences en 2010.
Nous sommes attentifs à ces difficultés dont nous reparlerons jeudi prochain, lors du congrès de l'ADF à Pau.
Mme Corinne Imbert. - Je ne souhaite pas que le département se réduise à un super bureau d'action sociale, mais c'est un autre sujet... Il y a urgence : nous sommes obligés de réduire nos interventions en raison de la hausse des dépenses contraintes.
Pénurie de médicaments
Mme Corinne Imbert, en remplacement de M. Antoine Lefèvre . - M. Antoine Lefèvre, retenu par des obsèques, s'inquiète des ruptures de stock de médicaments, qui peuvent durer jusqu'à treize mois, la moyenne étant de 94 jours : 344 ruptures de stock de médicaments ont été répertoriées de septembre 2012 à octobre 2013. Cette situation, qui perdure, inquiète de nombreux malades. Les laboratoires pharmaceutiques préfèrent, par souci de rentabilité financière, les vendre à l'étranger, dans des pays où les prix ne sont pas plafonnés. Les quotas de fabrication sont donc atteints au détriment des malades français. Le décret du 28 septembre 2012 relatif à l'approvisionnement en médicaments à usage humain semble inefficace : récemment, le stock de l'antibiotique Pyostacine, était de quarante boîtes chez les grossistes pour tout le territoire français ; même pénurie pour le Lévothyrox... L'académie nationale de pharmacie préconisait, en 2012, d'inciter les décideurs publics et privés à relocaliser leur fabrication.
Il est urgent de remédier à cette situation récurrente dont les répercussions, tant sur le coût de la santé que sur la qualité de la prise en charge, sont loin d'être négligeables.
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - C'est pour s'attaquer à ce problème que Mme Touraine a pris le décret du 28 septembre 2012 qui impose des obligations aux exploitants de spécialités pharmaceutiques : il les oblige à approvisionner tous les grossistes répartiteurs. Un système d'information sur les ruptures de médicaments a été mis en place ainsi que des centres d'appel d'urgence. Il est cependant nécessaire d'aller plus loin : ce sera fait dans le cadre du projet de loi de santé publique. Pour les médicaments indispensables, des plans de gestion de pénurie devront être mis en place. La ministre propose de rendre plus rapides les contingentements de médicaments.
Le Gouvernement travaille à la relocalisation des industries pharmaceutiques, dans le cadre du CSIS. Mais des ruptures de stocks peuvent aussi se produire pour des médicaments fabriqués en France. Il faut donc se pencher également sur les obligations pesant sur les titulaires de l'autorisation de mise sur le marché.
Mme Corinne Imbert. - Un laboratoire fait deux fois plus de marge en Grande-Bretagne. La France est, après le Portugal, le pays où les médicaments sont les moins chers, ce qui alimente le phénomène des ruptures... Merci néanmoins pour cette réponse.
Mutuelle des étudiants
Mme Catherine Procaccia . - L'actualité est riche au sujet de la Mutuelle des étudiants (LMDE), avec les déclarations récentes des présidents de la MGEN et de l'Unef ainsi que du syndicat Unsa de la Mutuelle. Les problèmes persistent. Cette mutuelle a été placée sous administration provisoire par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Une administratrice a été nommée pour une durée d'un an afin de superviser la gestion de la LMDE et de pérenniser son fonctionnement. Mais je n'ai pas connaissance du plan d'assainissement...
J'espère que vous nous apporterez des informations précises en vue de l'examen de ma proposition de loi le 18 novembre prochain.
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - Créé en 1948 à l'initiative de la sénatrice gaulliste Marcelle Devaud, le système de sécurité sociale des étudiants rend ceux-ci autonomes et participe à la démocratie sociale. Face aux difficultés de la LMDE, le Gouvernement a soutenu dès 2013 l'adossement de ses activités de gestion à la MGEN. Celle-ci, pour des raisons qui lui sont propres, vient d'y renoncer. L'objectif, cependant, reste le même.
L'administratrice provisoire, le premier syndicat étudiant et plusieurs partenaires se sont prononcés pour l'adossement des activités gestionnaires à la Cnam. Le Gouvernement y est favorable : cela devrait permettre la levée rapide de la mesure conservatrice prise le 27 juin. Des mesures de simplification devraient être prises également pour les étudiants.
Mme Catherine Procaccia. - Je n'ai rien appris de nouveau. Que le Gouvernement soit attaché à un système créé il y a soixante-quinze ans, soit. Mais que répond-il aux critiques de la Cour des comptes et, surtout, aux attentes des étudiants qui veulent être couverts ? Le personnel, lui aussi, est inquiet. Il est temps que tout le monde se mette autour de la table.
Quant aux mesures de simplification, aucune n'a été prise, même pas l'affiliation des étudiants au 1er septembre, que je demandais déjà avec mon collègue Ronan Kerdraon dans le rapport que nous avons rendu ensemble...
CHU de Limoges
Mme Marie-Françoise Perol-Dumont . - Le centre hospitalier universitaire (CHU) de Limoges est une pièce maîtresse de la politique de santé dans le département de la Haute-Vienne et, au-delà, dans toute la région Limousin. En décembre 2013, le dossier d'investissement relatif à la mise en sécurité et la modernisation de cet établissement a été déclaré éligible par le comité interministériel de performance et de modernisation de l'offre de soins (Copermo). Nous en remercions le Gouvernement. Cette remise à niveau, très attendue, doit être engagée, en plusieurs phases, pour une échéance finale en 2023.
Mme la ministre de la santé peut-elle m'assurer que ces investissements seront réalisés ? Une accélération du calendrier est-elle envisageable ?
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - Le Copermo a souligné que la mise en sécurité et la modernisation de la tour Dupuytren étaient nécessaires pour la qualité des soins. Sa décision finale sera prise après une contre-expertise indépendante réalisée par le Commissariat général à l'investissement. Le Gouvernement accompagnera l'établissement et l'ARS dans la finalisation d'un projet de qualité, pour la mise en sécurité et l'humanisation du CHU.
Mme Marie-Françoise Perol-Dumont. - Il serait incompréhensible que le Copermo revienne sur sa décision. L'établissement a plus de quarante ans, plus de 6 500 personnes y travaillent, il compte 2 000 lits, six à sept départements sont concernés. On nous annonce une stabilisation des critères pour mars prochain : elle est urgente et impérative.
Agence Carsat de Normandie
M. le président. - Avant de donner la parole à M. Foucaud, je veux lui dire ma tristesse d'avoir appris le décès de Guy Fischer, un homme d'une grande courtoisie, d'une grande gentillesse et d'une compétence totale.
M. Thierry Foucaud. - Merci, monsieur le président, comme au président du Sénat.
M. le président. - Il saura mieux que moi lui rendre hommage cet après-midi.
M. Thierry Foucaud . - La caisse d'assurance retraite et santé au travail (Carsat) de Normandie doit composer avec une réduction budgétaire de 15 % sur trois ans pour son fonctionnement. La direction envisage de fermer la moitié des agences de Normandie entre 2015 et 2017, soit treize antennes locales. Le réseau d'accueil retraite de proximité est promis à une déstructuration complète. Des salariés seront contraints de déménager, des emplois ne seront pas renouvelés.
Les missions de la Carsat sont pourtant précieuses : gestion des retraites du régime général, prévention des risques professionnels, sans oublier la dimension sociale liée à l'âge, à la solitude ou à la maladie.
Les élus ne peuvent accepter ce recul de la présence humaine et de l'écoute. Nous refusons de renvoyer les assurés sociaux aux seules plates-formes téléphoniques ou aux écrans d'ordinateurs.
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - Les plus petites agences ne peuvent offrir tous les services, le temps d'attente y est trop important, les locaux sont exigus. D'où le projet de regroupements de douze implantations sur des agences importantes : elles ne représentent que 7 % de la fréquentation annuelle des Carsat. Dans cette réorganisation, priorité sera donnée à l'accueil sur rendez-vous. Ce mode de contact répond aux attentes des assurés et favorise le conseil aux publics les plus fragiles en partenariat avec Pôle emploi, la CAF, les centres d'action sociale et les associations.
Les Carsat sont présents dans les relais et les maisons du service public, c'est déjà le cas dans l'Eure, à Etrépagny. En parallèle de la modernisation de l'accueil physique -alors que 82 % de la population est équipée d'internet et 60 % l'utilise pour des services-, l'offre dématérialisée se développe. Les 19 salariés concernés par cette réorganisation seront reçus individuellement pour préparer, éventuellement, un plan d'accompagnement individuel.
M. Thierry Foucaud. - Les élus de droite comme de gauche se mobilisent. Votre réponse, madame la ministre, ne peut me satisfaire : ce sont toujours les mêmes arguments... On voit des territoires se dévitaliser. Quarante maires de Haute-Normandie ont signé une tribune que je vous adresserai dès aujourd'hui. La proximité est fondamentale.
Tubulures contenant du DEHP
M. Gilbert Barbier . - Le RDSE n'a cessé d'alerter sur les risques du bisphénol A, et j'ai moi-même signé un rapport de l'OPECST sur les perturbateurs endocriniens.
Conformément à la loi du 24 décembre 2012, l'interdiction des tubulures contentant du diéthylhexyl phthalate en néonatalogie et en pédiatrie doit entrer en vigueur le 1er juillet 2015. J'avais averti que le délai était court. Des recherches sont en cours dans les laboratoires, ne désespérons pas.
Pourquoi ne pas publier le rapport remis à Mme Touraine à propos des phthalates ? Un report d'un an de l'interdiction ne serait-il pas opportun ?
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - La loi prévoit le dépôt d'un rapport au Parlement sur les perturbateurs endocriniens. Ceux-ci, très présents dans notre environnement, peuvent provoquer cancers et maladies neuro-dégénératives. La recherche doit cependant se poursuivre : on s'interroge en particulier sur les effets d'une exposition dite « cocktail ».Nos agences sanitaires procèdent à des évaluations. Le rapport sera très bientôt remis au Parlement.
Des industriels s'étant inquiétés de ne pas pouvoir offrir de produits de substitution en néonatalogie et pédiatrie dès le mois de juillet 2015, Mme Touraine a saisi l'ANSM, qui lui remettra son rapport d'ici la mi-novembre. Il vous sera communiqué en même temps que le rapport précité.
M. Gilbert Barbier. - J'ai posé ma question quelques jours trop tôt... Mme Schillinger avait elle aussi interrogé le Gouvernement en juin. Je vois que les choses avancent, merci.
Hélicoptère Dragon 62
M. Jean-Claude Leroy . - L'hélicoptère Dragon 62, basé sur le littoral de la côte d'Opale dans le Pas-de-Calais, a été réaffecté en Guyane. Si la dotation de ce département d'outre-mer d'un hélicoptère de la sécurité civile n'est aucunement remise en cause, le départ du Dragon 62 est cependant surprenant. L'utilité de cet hélicoptère, qui intervenait dans l'ensemble du Nord-Pas-de-Calais et même en Picardie, n'est plus à démontrer. En 2013, il a secouru 321 personnes lors de ses 449 interventions. Son implantation dans le département se justifie pleinement par l'importance du bassin de population à protéger et par la diversité des risques. Grâce à cet équipement, on pouvait médicaliser rapidement des victimes dans des zones relativement éloignées des centres hospitaliers.
Le départ de cet hélicoptère fragilise le Pas-de-Calais. Ces derniers mois, la population a d'ailleurs constaté une baisse de la qualité des services. Au vu de ces éléments, le Gouvernement entend-il réaffecter un hélicoptère de sécurité civile dans le Pas-de-Calais ? La mise en place d'hélicoptères privés ne suffit pas.
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - À flotte constante, le réarmement de la base du Touquet ne pourra s'effectuer que par redéploiement. Le Gouvernement, en revanche, a veillé au maintien de la qualité du service dans la zone de défense et de sécurité Nord : hélicoptères de la gendarmerie et de la marine couvrant une zone allant de la baie de Somme jusqu'à la frontière belge, véhicules terrestre du Samu et du Sdis. La mobilisation exemplaire des professionnels a permis de faire face. La réflexion interministérielle, qui a été engagée, a établi qu'il faut avoir une approche globale nationale. Le redéploiement des hélicoptères d'État s'inscrit dans une optique de rationalisation. C'est dans ce cadre que pourra être examinée l'option d'une réaffectation saisonnière d'un hélicoptère de la sécurité au Touquet.
Piétonisation des voies sur berges à Paris
M. Christian Cambon . - Encore une fois, le Conseil de Paris, et sans concertation, annonce une piétonisation des voies sur berges rive droite, du tunnel des Tuileries à celui de l'Arsenal, sans se soucier des conséquences sur l'accès routier au Val-de-Marne. J'en prends à témoin le président Favier. Rive gauche, l'aménagement du quai Anatole France, sympathique pour les promeneurs, a entraîné des embouteillages infinis. Qui s'en soucie ?
Déjà la multiplication des feux sur la voie Georges Pompidou entraîne des bouchons et aggrave la pollution. Que dirait-on si les Val-de-Marnais fermaient l'A 4 ? Chaque parisien habite à moins de 500 mètres d'une bouche de métro, certes. Mais cette politique d'exclusion systématique de l'automobile nuit au statut de Paris comme capitale économique nationale et européenne. Nous ne sommes pas contre la réduction de la circulation routière dans la capitale mais à condition de développer les transports en commun. Or aucune nouvelle ligne de bus ou de métro ne sera lancée avant plusieurs années. Les écologistes, loin de combattre la pollution, la renvoient en banlieue. Quand consultera-t-on les élus de banlieue dans cette capitale égoïstement refermée sur elle-même ?
Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes . - Le projet de reconquête de la voie Georges Pompidou fera l'objet d'une étude, conformément aux articles L. 302 et R. 301 du code de l'urbanisme et de l'enquête publique prévue par le code de l'environnement. Une clause a été prévue afin de revenir sur la boulevardisation de la voie Georges Pompidou en cas d'incidences graves sur la circulation. Le bilan a fait apparaître que l'impact sur la circulation est neutre. Pour le projet rive droite, la concertation aura lieu avec les élus du Val-de-Marne.
M. Christian Cambon. - Merci pour cette réponse. Je souhaite que, contrairement à l'adage, ce ne soit pas Paris plage aux Parisiens et les embouteillages aux Franciliens !
Rénovation thermique
M. Jacques Chiron . - Notre pays déborde d'initiatives. La communauté d'agglomération de Grenoble -qui deviendra métropole le 1er janvier 2015- a lancé dès 2010 un plan ambitieux d'incitation à la rénovation thermique du parc privé : la campagne MurMur.
Ces initiatives des collectivités territoriales doivent être stimulées, accompagnées par de grands plans nationaux qui impulsent une véritable dynamique, par le soutien financier de l'État mais aussi par la sensibilisation de nos concitoyens.
De multiples dispositifs existent : le fonds d'aide à la rénovation thermique, l'aide de solidarité écologique, la valorisation des certificats d'économie d'énergie, les crédits d'impôts, les prêts bancaires spécifiques, les différents appels à projets de l'Ademe. Cependant, leur articulation n'est pas satisfaisante.
Quelle place les collectivités territoriales ont-elles vocation à occuper dans la mise en oeuvre des objectifs ambitieux de rénovation des bâtiments fixés par la loi ? Quelles mesures prévoit la loi en faveur de l'appropriation, par les collectivités territoriales, de l'ensemble des outils d'aides disponibles ? Quel alignement des critères techniques est envisageable pour aider les collectivités à présenter à nos concitoyens des « guichets uniques » ?
M. Alain Vidalies, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche . - La ministre de l'écologie m'a demandé de vous répondre. Quand une famille sur cinq peine à régler sa facture d'électricité, nous devons accélérer la transition énergétique.
Le projet de loi de finances pour 2015 crée un crédit d'impôt pour la transition énergétique au taux de 30 %, sans condition de ressources ni obligation de réaliser un bouquet de travaux. Nous relançons également l'éco-PTZ. L'un et l'autre seront désormais soumis à une écoconditionnalité : les travaux devront être réalisés par des entreprises certifiées reconnues garantes de l'environnement, l'étude de l'éligibilité technique des travaux leur revenant désormais.
La place des collectivités territoriales dans cette mutation est évidemment centrale ; elles peuvent proposer des aides supplémentaires. Le projet de loi pour la transition énergétique proposera un nouveau cadre pour le tiers financement.
M. Jacques Chiron. - J'espère que le tiers financement se développera. La fédération des entreprises publiques locales, que j'ai depuis peu l'honneur de présider, y travaille.
Privatisation de l'aéroport de Toulouse
Mme Françoise Laborde . - La loi du 20 avril 2005 a modifié le régime de gestion des grands aéroports régionaux, comme ceux de Toulouse, Bordeaux, Lyon ou Strasbourg. Il s'agissait de favoriser leur développement en organisant le transfert de leur exploitation à des sociétés anonymes. Actuellement, l'État détient 60 % du capital de ces sociétés, les chambres de commerce et d'industrie 25 % et les collectivités locales 15 %. Ces sociétés, dont le capital initial est entièrement détenu par des personnes publiques, doivent se substituer progressivement aux chambres de commerce et d'industrie en qualité de concessionnaires des plates-formes aéroportuaires d'État. Le 11 juillet 2014, une procédure d'appel d'offres a été lancée pour la vente des parts détenues par l'État dans la société anonyme de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) à hauteur de 49,9 %. Je déplore ce retrait de l'État. À ce jour, six candidats privés se sont déclarés, dont des fonds d'investissement étrangers.
Rassurez les acteurs de l'industrie aéronautique, apaisez nos inquiétudes sur le foncier de cette plate-forme aéroportuaire. Pouvez-vous démentir les rumeurs selon lesquelles la prise de décision serait accélérée et nous garantir que l'État prendra le temps de consulter les collectivités concernées ?
M. Alain Vidalies, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche . - Le Gouvernement, loin de se désintéresser du sort d'Airbus, a veillé à ce que l'autorisation d'occupation du territoire dont cette entreprise bénéficie soit prolongée jusqu'en 2078. Un avenant au contrat de concession sera signé afin de rappeler les enjeux de la construction aéronautique. L'État ne vend que ses parts dans la société exploitante ; il reste propriétaire du terrain et autorité concédante. Le concessionnaire restera donc tenu d'assumer les missions de service public et de respecter un cahier des charges défini par décret en Conseil d'État.
Mme Françoise Laborde. - Merci pour ces informations très précises. Tout doit être fait pour que les collectivités territoriales et l'État restent majoritaires. N'ai-je pas entendu que les 10,1 % feraient l'objet d'un droit d'option ?
LGV Montpellier-Perpignan
M. Roland Courteau . - La ligne transpyrénéenne entre Perpignan et Figueras existe, elle est en service. Enfin, les choses commencent à bouger pour la LGV Montpellier-Perpignan. Le ministère a reconnu le statut international de la ligne, c'est heureux ; on l'attendait depuis près de vingt-cinq ans. Son absence ralentissait les échanges franco-espagnols.
Le 15 juillet 2014, le ministre Cuvillier a fait des annonces. Où en est-on de l'avancée de ce projet ? Qu'en est-il du calendrier ? Et du financement ? Un large consensus s'est dessiné autour des solutions de desserte des agglomérations Narbonne-Montredon pour le département de l'Aude et Béziers pour l'Hérault. En tiendrez-vous compte ?
M. Alain Vidalies, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche . - La commission Mobilité 21 n'avait pas considéré ce projet de LGV comme prioritaire tout en envisageant la possibilité de premiers travaux avant 2030. La décision ministérielle du 15 décembre 2013 leur a donné corps.
Par courrier du 16 juin 2014 au comité de pilotage du projet, mon prédécesseur a demandé que celui-ci propose d'ici un an le tracé de la ligne. Sur cette base, on devrait lancer l'enquête publique fin 2016.
L'État participe pour plus de 900 millions au financement du contournement de Nîmes-Montpellier. La gare nouvelle de Montpellier sera mise en service en 2017 et celle de Nîmes-Manduel en 2020.
M. Roland Courteau. - Le calendrier sera tenu, c'est capital pour ce projet attendu depuis vingt-quatre ans.
Transports en Ile-de-France
Mme Claire-Lise Campion . - Samedi 12 juillet 2014, un hommage était rendu aux victimes de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge qui a rappelé la déliquescence du réseau.
Si la nécessité de réhabiliter les infrastructures n'a jamais semblé plus urgente, les signes d'essoufflement étaient manifestes de longue date, comme les perturbations quotidiennes. Pour s'en convaincre, chacun peut prendre connaissance des données publiées début juillet 2014 par la SNCF : plus d'un usager sur dix avait subi un retard d'au moins cinq minutes sur les lignes ferroviaires franciliennes entre mai 2013 et avril 2014.
Bien qu'il faille composer avec d'impondérables comme l'incendie estival du poste d'aiguillage en gare des Ardoines, je me réjouis des opérations débutées dans le cadre du plan de modernisation du réseau ferré francilien. Ce « Programme fiabilité Ile-de-France 2014-2020 », approuvé en janvier 2014 par le président du conseil du syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), doit donner un niveau de performance optimal à l'infrastructure.
Gageons que la réforme ferroviaire, et notamment le regroupement de Réseau ferré de France et de la SNCF, améliorera la gestion au service de la ponctualité des usagers.
Dans le cadre du Grand Paris, le Gouvernement s'est engagé en faveur de l'amélioration des transports du quotidien et notamment des RER C et D qui, pour reprendre les termes du compte rendu du conseil des ministres du 9 juillet 2014, « nécessitent des investissements urgents pour accroître leur robustesse et leur fiabilité ».
À l'heure où l'on supprime l'écotaxe poids lourds, pouvez-vous rappeler les détails de l'engagement de l'État pour les transports du quotidien ?
M. Alain Vidalies, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, chargé des transports, de la mer et de la pêche . - La maintenance du réseau ferré existant est une priorité du Gouvernement.
Les travaux s'amplifient pour un coût annuel d'un milliard d'euro, soit deux fois plus qu'avant 2012. Les lignes du RER C et D en bénéficient tout particulièrement. Nous tiendrons nos engagements dans le cadre du Grand Paris, comme l'a confirmé le Premier ministre le 9 juillet. Le réseau sera modernisé, la construction du Grand Paris Express sera même accélérée.
Les modalités d'amélioration du réseau existant ont été précisées par une convention conclue entre l'État et la région le 19 juillet 2013. Le schéma directeur du RER C prévoira en particulier des travaux sur le noeud de Brétigny. Quant au RER D, il a déjà bénéficié cette année d'un apport de 120 millions d'euros. Une étude de RFF pour augmenter la fréquence des trains aux heures de pointe sera soumise au Stif au printemps prochain. Les deux lignes seront interconnectées avec le Grand Paris Express.
Enfin, une convention de financement du schéma directeur et du projet de prolongation des lignes E et 11 sera examinée lors du prochain conseil de surveillance de société du Grand Paris.
Le Gouvernement est pleinement mobilisé sur les transports du quotidien en Ile-de-France.
Mme Claire-Lise Campion. - Merci d'avoir rappelé en détail les engagements du Gouvernement, notamment pour les lignes C et D.
Fonds national de garantie individuelle de ressources
M. Jean-Claude Lenoir . - Je reviens sur la question du fonds national de garantie individuelle de ressources abordée en juillet. Les communes, à l'occasion de leur rattachement à un EPCI à fiscalité additionnelle, ne peuvent pas, contrairement à ce qu'a affirmé Mme Lebranchu, mettre le prélèvement au titre du FNGIR à la charge de l'EPCI. La commune de Boissei-la-Lande en a fait les frais. Le préfet de l'Orne en a reçu confirmation par un courrier de la DGFIP. Monsieur le ministre, pourriez-vous lever l'ambiguïté ?
M. Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre des finances et des comptes publics, chargé du budget . - L'article 50 du collectif pour 2011 a introduit la possibilité, pour les communes, de transférer aux EPCI à fiscalité professionnelle unique dont elles sont membres le reversement perçu au titre du Fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR), mis en place pour compenser les effets de la réforme de la taxe professionnelle. Ces changements de bénéficiaires doivent être constatés sur délibérations concordantes des communes membres et de l'EPCI.
2
Le V de l'article 37 du collectif du 29 décembre 2012 a étendu le champ des transferts possibles, en permettant un transfert au niveau intercommunal du prélèvement opéré au titre du FNGIR sur les ressources fiscales communales. Enfin, le 4 du I bis de l'article 1609 nonies C du CGI permet à une commune membre d'un EPCI à fiscalité professionnelle unique de renoncer au bénéfice de la recette de dotation de compensation de la réforme de la taxe professionnelle qui lui a été attribuée en propre et d'en affecter le produit à l'intercommunalité.
Toutefois subsiste une incertitude juridique quant à la possibilité d'opérer ces transferts pour les communes membres d'EPCI soumis à un autre régime fiscal. Si vous l'adoptez, le prochain collectif y mettra fin en faisant en sorte que ces transferts soient possibles quel que soit le régime fiscal des EPCI.
M. Jean-Claude Lenoir. - Je ne reviens pas sur les contradictions entre les différents ministres... Les habitants de Boissei-la-Lande peuvent enfin se réjouir !
Mineurs isolés étrangers
M. Christian Favier . - Par la circulaire du 31 mai 2013, le département du Val-de-Marne s'est vu assigner l'objectif d'accueillir 89 enfants par an au titre de la répartition territoriale. Cependant, à la suite de décisions judiciaires, 106 mineurs isolés étrangers ont été confiés depuis janvier 2014 à l'aide sociale à l'enfance par les juges pour enfants. Or, la cellule nationale de répartition ne tient compte que des décisions du parquet. Au total, ce sont plus de 190 mineurs isolés étrangers qui ont été confiés au Val-de-Marne au lieu des 89. Notre département a été contraint de consacrer 7 millions d'euros supplémentaires à l'accueil de ces jeunes.
Alors que la quasi-totalité des départements accueillant des mineurs isolés étrangers se situent en deçà de leur objectif, la position de la cellule nationale de ne tenir compte que des décisions du parquet est injuste et incompréhensible.
M. Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre des finances et des comptes publics, chargé du budget . - Le Val-de-Marne prend actuellement en charge 194 jeunes. L'effectif cible étant dépassé, la cellule nationale réoriente vers d'autres départements les jeunes pour lesquels elle est sollicitée par le parquet. C'est déjà le cas de 234 jeunes. En revanche, elle n'intervient pas lorsque des jeunes sont confiés aux services du conseil général après saisine directe du juge des enfants. Les jeunes, néanmoins, sont pris en compte dans le calcul du nombre de mineurs accueillis.
La Chancellerie mesure les efforts de votre département. La mission « mineurs isolés étrangers » assiste aujourd'hui même à une réunion du comité de pilotage du dispositif en Val-de-Marne. En attendant, il lui appartient d'appliquer le droit en vigueur, dans le respect du principe de solidarité.
M. Christian Favier. - Le Val-de-Marne est très au-delà de l'objectif cible. Le problème demeure pour les mineurs confiés au département directement par les juges pour enfants.
Le fonds national de protection de l'enfance n'a jamais été abondé des 150 millions prévus ; il pourrait pourtant servir à financer ces dépenses. Le défenseur des droits, Dominique Baudis, l'avait proposé en son temps. Faute de décision, je serai contraint de refuser des mineurs isolés étrangers, comme l'avait fait Claude Bartolone en Seine-Saint-Denis.
Effectifs du service de la nationalité
M. Richard Yung . - J'avais déposé une question écrite en mars 2014, pas de réponse. Idem en juin 2014... Visiblement, la Chancellerie ne se hâte pas de répondre aux parlementaires. Je n'ai pas d'autre choix que d'interroger le ministre en séance publique.
Le service de la nationalité, c'est important. C'est lui qui délivre les certificats de nationalité française indispensables pour s'inscrire, par exemple, dans une université française. Faute de personnel, les délais d'attente sont longs, très longs. Imaginez-vous, à 20 ans, devoir attendre deux à trois ans pour rentrer faire vos études en France ?
Lors d'une visite en janvier, j'ai pu constater la pénurie de personnel du service. Pourtant, le traitement des dossiers a été rationalisé, les rédacteurs sont excellemment formés et engagés. Entre 2009 et 2013, le nombre annuel des demandes de CNF est passé de 14 250 à 17 381, soit une augmentation de 22 %. Sur la base de la charge de travail de 2012, le service devrait avoir une affectation de 43 postes. Or le nombre de postes localisés par le ministre de la justice n'est que de 36 pour l'année 2013, dont seulement 28 sont effectivement occupés. Cette situation est insupportable. La Chancellerie compte-t-elle y mettre fin ?
M. Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre des finances et des comptes publics, chargé du budget . - Au 16 avril 2014, le service de la nationalité du tribunal d'instance de Paris compte 37 postes de fonctionnaires, dont 13 greffiers en chef, 9 greffiers et 15 adjoints administratifs. Pour prendre en compte la charge de travail, un poste de greffier a été créé mais dix postes demeurent vacants. Un poste de greffier en chef sera pourvu au 1er janvier 2015. Tous les autres postes vacants seront proposés lors des commissions administratives paritaires de fin d'année et des renouvellements auront lieu en mars 2015.
Des postes d'adjoints administratifs pourront être transformés en postes de greffiers si nécessaire. Outre ces 27 fonctionnaires, 6 vacataires travaillent au service de la nationalité, financés sur l'enveloppe accordée au chef de la Cour d'appel. Enfin, la réforme statutaire doit rendre ces métiers plus attractifs.
M. Richard Yung. - La moitié de l'effectif nécessaire manque, on crée un ou deux postes... De toute façon, on voit bien que les ordres de grandeur donnés ne permettent pas de traiter le stock et le flux. Je n'ose penser que l'on puisse vouloir décourager les gens de demander un certificat de nationalité française...
Encadrement des loyers dans les Hauts-de-Seine
Mme Brigitte Gonthier-Maurin . - La loi Alur a créé un dispositif durable d'encadrement des loyers, en complément du décret pris en application de la loi du 6 juillet 1989, censé s'appuyer sur les données collectées par le réseau des observatoires locaux des loyers là où les tensions locatives sont particulièrement fortes. Lors du débat au Parlement, il avait été indiqué que ce nouveau mécanisme d'encadrement des loyers pourrait être effectif dans l'agglomération parisienne dès la fin de l'année 2014.
Pourtant, le Gouvernement a annoncé, fin août, que ce nouveau dispositif d'encadrement des loyers serait limité à Paris, alors que les Hauts-de-Seine subissent une forte ségrégation sociale, avec plus de 100 000 demandes de logements sociaux en souffrance et quatorze communes ne respectant pas la loi SRU. Le budget 2015 du département prévoit seulement d'aider les communes à rattraper leur retard. Celles qui respectent déjà leurs obligations légales seront donc pénalisées.
Le nombre de logements construits diminue et ils ne correspondent pas aux besoins : 20 % seulement en PLAI ! L'encadrement des loyers a donc toute sa légitimité dans les Hauts-de-Seine.
Mme Sylvia Pinel, ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité . - Vous avez rappelé l'importance du logement dans le budget des ménages, d'où l'importance de relancer la construction. Depuis 2012, un décret annuel est pris pour encadrer les loyers à la relocation dans les zones tendues. En revanche, les conditions techniques prévues par la loi Alur ne seront remplies, en 2014, qu'à Paris. En petite couronne, il faudra attendre 2015 au moins. Une observation fine du marché est en effet nécessaire. Je signerai dans les prochains jours le décret définissant la méthodologie des observatoires afin que les statistiques recueillies soient irréprochables.
Le Gouvernement a annoncé cet été des mesures pour relancer la construction et l'accession à la propriété au logement social. J'ai demandé aux préfets d'appliquer fermement les pénalités prévues par la loi SRU et de délivrer les autorisations dans les zones carencées.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Il y a urgence. Les Hauts-de-Seine deviennent une terre de ségrégation où les ménages modestes sont dans l'impossibilité de se loger ; je pense en particulier aux femmes. Il faut aussi agir sur le parc privé. En région parisienne, l'observatoire a mis en évidence une hausse des loyers supérieure à l'inflation. Les demandes de logement social explosent, y compris à Gennevilliers où 30 000 demandes sont en attente et qui a pourtant construit 62 % de logement social. L'encadrement des loyers, s'il est une urgence, ne suffira pas.
Nous avons défendu le principe d'un loyer médian de référence et d'un gel des loyers pour trois ans tant dans le parc public que privé. Certains logements, enfin, n'ont de social que le nom !
Hébergement d'urgence à l'hôtel
M. le président. - Je veux exprimer une nouvelle fois, à M. Laurent, ma peine à l'annonce du décès de Guy Fischer. C'était une personnalité qui symbolisait bien les valeurs républicaines. J'avais pour lui la plus grande estime. Cet après-midi, M. le président du Sénat lui rendra hommage mieux que moi.
M. Pierre Laurent . - Guy Fischer était en effet un homme de qualité, un sénateur digne de la République. Merci de vos paroles, monsieur le président.
Une enquête sur les enfants et familles sans logement en Ile-de-France menée par l'observatoire du Samu social de Paris relève une situation catastrophique. Elle montre que, si l'hébergement à l'hôtel peut être une solution transitoire, il est inadapté à long terme. Or les familles s'y installent souvent pour de longues années : 545 familles sont hébergées à l'hôtel depuis plus de cinq ans !
Au total, ce sont plus de 28 000 personnes concernées vivant en famille, dont la moitié avec des enfants, en Ile-de-France. Cet hébergement est inadapté et nocif pour les enfants. Les crédits de l'État subventionnent, sans contrepartie et de manière très onéreuse, l'hôtellerie privée : 15 % de l'offre totale hôtelière francilienne sont utilisés par l'État pour héberger les familles, soit des dépenses publiques hôtelières supérieures à l'aide à la pierre en Ile-de-France. Cette situation, contraire à l'intérêt général, gagne du terrain : l'hébergement hôtelier des familles se développe dans l'ensemble de la France, y compris dans des zones non tendues.
Les auteurs de l'enquête proposent à l'État un plan d'actions en vue de remédier à cette situation catastrophique : développement des alternatives à l'hôtel ; la création d'une hôtellerie sociale professionnelle ; une « humanisation » des hôtels ; une poursuite de la « moralisation » du secteur hôtelier ; enfin, une accélération des sorties d'hôtel pour les 545 familles qui y sont hébergées depuis plus de cinq ans. Quelles suites l'État entend-il donner à ces propositions ?
Mme Sylvia Pinel, ministre du logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité . - Cette enquête est édifiante : la moitié des appels au 115 proviennent de familles et elles sont de plus en plus nombreuses à être hébergées à l'hôtel, dans des conditions mauvaises tant pour l'accès aux soins et à l'éducation que pour la nutrition... C'est pourquoi l'hébergement d'urgence sera doté d'un budget en hausse de 21 % l'an prochain.
Une expérimentation est en cours dans trois départements pour ne plus avoir recours à l'hôtel dans les zones moins tendues. Des propositions seront bientôt faites par le préfet d'Ile-de-France pour promouvoir d'autres solutions. L'intermédiation locative Solibail, qui permet déjà d'accueillir 3 000 familles, pourrait être élargie. Les personnes hébergées depuis longtemps pourront aussi être déclarées prioritaires pour l'accès au parc social.
Le nouveau prêt locatif aidé d'intégration (PLAI-HLM) permettra la construction de 15 000 logements sociaux à très bas loyers, tandis que 10 000 logements accompagnés seront construits durant les trois prochaines années. Vous voyez que le Gouvernement est pleinement mobilisé.
M. Pierre Laurent. - Les moyens du 115 doivent être renforcés. L'enquête montre que ces familles sont dans une situation dramatique : un sur dix de leurs enfants de plus de 6 ans n'est pas scolarisé.
Je note les mesures que vous annoncez. Nous veillerons à ce que les moyens suivent. L'austérité actuelle nous fait craindre le pire... On reste d'ailleurs loin du compte. J'espère que le Gouvernement agira en étroite collaboration avec les associations et les collectivités territoriales sans lesquelles rien d'efficace ne peut être accompli.
La séance est suspendue à midi.
présidence de M. Gérard Larcher
La séance reprend à 14 h 30.