Allocution de M. le président
M. le président. - Mes remerciements s'adressent tout d'abord à notre doyen d'âge, M. Serge Dassault.
Vous avez, cher doyen, le courage et l'originalité de vos convictions. Ces qualités rares sont le signe d'une créativité toujours alerte. Elles servent la réussite de vos entreprises au service de notre pays. Merci pour votre présidence inaugurale.
Je remercie mes collègues du groupe UMP pour leur soutien initial. Nous étions trois -avec nos parcours- à solliciter l'immense honneur d'avoir à faire passer dans la réalité nos convictions, pour notre Assemblée et notre pays. Les conditions de notre choix honorent notre groupe et le Sénat.
Merci à tous ceux d'entre vous qui viennent de me témoigner leur confiance et de contribuer ainsi à dessiner les contours de la nouvelle majorité sénatoriale. Cette confiance s'est aussi exprimée au-delà des limites de cette majorité. J'en ai conscience et cela me crée des devoirs.
Merci à nos collègues de l'opposition pour leur attitude républicaine. J'ai compris votre attente. Homme de rassemblement, j'estime que le Sénat gagnera la bataille de l'image seulement si nous nous engageons dans cette bataille depuis tout l'hémicycle. Tous ceux qui voudront en être seront accueillis avec respect et équité.
Mes pensées se tournent vers nos nouveaux collègues -de métropole et d'outre-mer, vers les représentants de cette France d'outre-frontières que constituent les Français de l'étranger- élus pour la première fois le 21 septembre. Bienvenue ! Ensemble -et quelle que soit notre appartenance politique- nous ferons tout pour que, sans délai, vous trouviez toute votre place parmi nous et pour que vous puissiez enrichir nos travaux de votre expérience, de vos personnalités et de votre esprit d'innovation.
Je salue l'oeuvre de mes prédécesseurs que j'ai connus depuis mon élection au Sénat en 1986 : les présidents Poher, Monory et vous, cher Christian Poncelet. A trois jours du cinquantième anniversaire de la Constitution de la Vème République, cet hommage exprime une reconnaissance pour l'oeuvre qu'ils ont accomplie. Chacun à sa manière, nos présidents successifs ont développé la spécificité de notre assemblée, notamment dans trois domaines qui me tiennent particulièrement à coeur : la vigilance en matière de libertés publiques, une responsabilité qui incombe particulièrement aux chambres hautes dans tous les systèmes bicaméraux ; la participation avisée à l'ambition européenne ; l'ouverture du Sénat aux territoires que nous représentons, à la société civile et au monde.
Merci, monsieur le Président, pour ce que vous avez donné au Sénat.
En ces instants d'émotion, comment ne pas penser à mon père et à ma mère, à qui je dois tant et qui me regardent à la télévision, à mon épouse et à nos trois enfants ? En ces moments d'émotion, vous me permettrez de dire -et à ces mots se superposent des visages et des voix que j'aime et que j'ai aimés- que mes pensées vont aussi à ceux qui ne siègeront plus dans cet hémicycle parce qu'ils ne se sont pas représentés, parce que le sort des urnes leur a été défavorable ou parce que la maladie les a emportés.
Vous me permettrez de saluer avec émotion et respect la mémoire du président Michel Dreyfus-Schmidt et d'André Boyer. L'un et l'autre ont honoré le Parlement. Permettez-moi, une pensée de gratitude et d'affection pour Marc Lauriol, sénateur des Yvelines de 1981 à 1995. Il a été mon maître.
Notre feuille de route commune est dense et sa mise en oeuvre est urgente. Je m'attacherai à ce que nous y participions tous -que nous soutenions ou non la politique du Président de la République et du Gouvernement.
Il nous faut plus que jamais faire de notre institution la maison des élus locaux et des collectivités territoriales. Notre assemblée doit être un acteur majeur de la recomposition territoriale et le catalyseur de propositions audacieuses pour sortir le pays de ses déséquilibres économiques, financiers et sociaux. Il nous faut prendre, en Europe, une part toujours plus déterminante à l'élaboration des règles communes.
Oui, notre feuille de route est dense. La réforme de notre Règlement et la mise en oeuvre de la Constitution révisée présentent de grandes ouvertures pour le rôle de la majorité et de l'opposition au Parlement. Ensemble, nous devrons les saisir. A ce propos, je tiens à dire à notre doyen que sa proposition de comités intergroupes pour un premier examen des projets de loi se trouve en résonance avec I'état d'esprit qui est le mien. Cette proposition ouvre une perspective intéressante et devrait être discutée.
Il y a l'image de notre Assemblée. Un exercice à la mode consiste à la critiquer en partant de caricatures ou d'informations déformées.
M. Michel Charasse. - Très bien !
M. le président. - Cela ne doit plus être. Je m'y attacherai. Je ferai toute clarté et prendrai, avec les instances compétentes de notre Assemblée, toutes les décisions nécessaires à la restauration de notre réputation et à l'affirmation de notre légitimité. Je m'engage à la transparence. (Applaudissements à droite, au centre et sur certains bancs socialistes)
Nous devons être en permanence attentifs aux préoccupations et aux angoisses de nos compatriotes. Notre pays est perturbé par les mauvaises nouvelles de la conjoncture. Il nous faut être aux côtés de nos concitoyens.
Les mouvements du monde nous rappellent qu'aucune situation n'est jamais acquise. L'ébranlement financier et social des économies menace notre croissance et -ne l'oublions jamais- le développement des pays les plus pauvres. Des interrogations radicales apparaissent sur la viabilité d'un système financier qui se régule exclusivement par la crise en menaçant l'économie réelle. Nous devrons contribuer à y répondre en nous appuyant sur notre spécificité : la profondeur du regard politique que nous permet notre rapport particulier au temps.
La mondialisation ouvre mais fait peur, suscitant par contrecoup la résurgence de crispations identitaires. S'ajoute l'ombre de l'obscurantisme et du terrorisme.
Le temps qui s'ouvre à nous est celui des défis. Il est aussi celui de l'action. Je ferai tout pour que nous y participions ensemble, dans le respect de nos différences et de nos engagements. La crise d'aujourd'hui nous impose des devoirs.
Je ferai tout pour que cette action collective et diversifiée, dans laquelle chacun d'entre nous doit tenir sa place, honore notre assemblée et contribue à son renouveau.
Je ferai tout pour que, dans trois ans, le plus grand nombre sache à quoi sert le Sénat !
Je ferai tout pour que, sur tous les bancs de cet hémicycle, nous soyons heureux et fiers de notre action commune. Car c'est vous tous que je veux remercier de la confiance dont, collectivement, vous venez de m'honorer.
Je serai le Président des 343, le Président de tous les Sénateurs, et je vous remercie pour la confiance et l'honneur suprême de m'avoir élu à la présidence de notre assemblée. (Applaudissements debout et prolongés à droite et au centre , plusieurs sénateurs des groupes socialiste et CRC applaudissent également)