Jeudi 23 janvier 2025
Audition de Mme Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix et militante iranienne pour les droits des femmes et pour les droits humains
Mme Annick Billon, présidente. - Madame la Présidente, Monsieur le Président Perrin, Chers collègues députés et sénateurs, en ma qualité de vice-présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat, je représente ce matin, à sa demande, notre présidente Dominique Vérien, malheureusement indisponible.
C'est un immense honneur pour moi de présider cette réunion, exceptionnelle à plus d'un titre.
Exceptionnelle, elle l'est d'abord, car nous auditionnons, en direct depuis l'Iran, Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix et militante - infatigable et extrêmement courageuse - pour les droits des femmes, les droits humains et la démocratie en Iran.
Exceptionnelle, elle l'est aussi, car nous avons décidé d'unir les forces des deux délégations aux droits des femmes, celles du Sénat et de l'Assemblée nationale, ainsi que de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, pour témoigner notre plein et entier soutien à Narges Mohammadi dans son combat incessant pour la liberté, malgré la fatigue, malgré la maladie, malgré la détention.
Nous suivons toutes et tous avec beaucoup d'inquiétude la situation des femmes en Iran, ainsi qu'en Afghanistan, deux pays où les femmes sont aujourd'hui persécutées, et où leurs droits sont inexistants.
En novembre 2022, notre délégation - dont j'étais alors présidente -- avait organisé une conférence marquante sur le mouvement Femme, Vie, liberté ! et sur les actions militantes des femmes iraniennes.
Nous ne devons pas les oublier. Notre audition ce matin est aussi une opportunité pour nous de leur exprimer tout notre soutien.
Je précise que cette audition est retransmise sur le site du Sénat. Il nous faudra toutefois accepter, peut-être, les « aléas du direct » et le risque d'une ou plusieurs coupures de transmission.
Afin de laisser le plus de temps possible à la prise de parole de Madame Mohammadi, je cède immédiatement la parole à Véronique Riotton, présidente de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, puis à Cédric Perrin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.
Mme Véronique Riotton, présidente de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalités des chances entre les hommes et les femmes. - Merci Madame la Présidente. Je vous remercie et me joins à vos propos. Cette réunion est effectivement exceptionnelle. Je vous remercie pour votre accueil. Comme vous, je suis persuadée qu'unis, nous sommes plus forts. En étant aujourd'hui réunis pour entendre Madame Mohammadi, nos délégations et la commission des affaires étrangères du Sénat agissent en solidarité pour la défense des droits des femmes. Ils ne sont rien d'autre que les droits humains les plus importants, les plus fondamentaux.
Alors que dans le monde, les discours anti-droits des femmes semblent malheureusement en plein essor - nous l'observons dès que nous sommes à l'étranger -, nos délégations ont un rôle de vigie. Tout recul des droits des femmes, tout recours à la répression doivent nous alerter et renforcer notre vigilance. À ce titre, nous suivons avec attention l'évolution inquiétante de la situation en Iran. 31 femmes y ont été exécutées l'année dernière, selon l'association Iran Human Rights.
Madame Narges Mohammadi, je tiens à rendre hommage à votre détermination, à votre dignité face à l'adversité. Nous mesurons l'honneur que vous nous faites ce matin en vous exprimant devant nous. Nous nous tenons à vos côtés, malgré la distance, pour faire entendre la voix des femmes iraniennes que vous portez avec tant de courage. Vous avez tout notre soutien.
M. Cédric Perrin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. - Bonjour Madame. Je tiens à remercier les présidentes des délégations aux droits des femmes des deux assemblées nous ayant permis de nous réunir ici pour vous écouter et pour entendre votre témoignage. Je voudrais vous témoigner toute notre reconnaissance et toute notre admiration pour le combat que vous menez. Il est difficile. Nous connaissons les conséquences auxquelles vous vous exposez lorsque vous vous exprimez publiquement. Vous aurez évidemment l'occasion de nous expliquer comment vous vivez en Iran.
Ce combat est important pour nous, parce que nous voyons, avec notre regard occidental, la manière dont les femmes sont traitées dans votre pays et dans d'autres pays, à l'heure actuelle. La France a toujours été un pays de droits et de libertés. Aujourd'hui, malheureusement, la force l'emporte sur le droit dans bien des pays. Je crois que l'Iran en est un bon exemple. Je recevais hier la famille de Cécile Kohler, pour que nous discutions de la manière dont nous pourrions la soutenir.
Nous partageons votre combat. Nous sommes à vos côtés. Nous essayons, dans la mesure de nos moyens, de faire pression sur le gouvernement iranien, sur l'ambassadeur d'Iran à Paris. Nous voulons leur faire comprendre que notre combat n'est pas politique. C'est un combat pour les libertés et pour la possibilité pour les femmes de vivre comme elles le souhaitent.
Je tiens à vous témoigner toute mon admiration pour votre combat. Je vous laisse la parole, car c'est surtout vous que nous sommes venus écouter aujourd'hui. Nous aurons l'occasion de vous interroger par la suite.
Mme Annick Billon, présidente. - Merci, Madame la Présidente Riotton. Merci, Monsieur le Président Perrin.
Sans plus attendre, je me tourne vers notre invitée, Narges Mohammadi, qui intervient en direct et en visioconférence depuis l'Iran. Elle s'exprimera en farsi. Vous avez donc à votre disposition des casques de traduction.
Mme Narges Mohammadi. - Bonjour à toutes et à tous. Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui. J'essaierai d'être la plus claire possible, et de lire dans un premier temps une déclaration que j'ai préparée. Je reste à votre disposition pour toute question que vous auriez par la suite.
Mesdames les Présidentes, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Sénateurs et députés, je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui et je vous remercie pour votre présence à cette séance. Votre participation témoigne de votre engagement en faveur des droits humains et des droits des femmes.
Je saisis cette occasion pour vous adresser un message fort et clair, à vous et à tous ceux qui croient en la démocratie, la liberté et l'égalité à travers le monde.
D'abord, j'aimerais préciser que je suis une militante de la société civile qui lutte pour la construction d'une société civile forte en Iran. Je suis une défenseure des droits humains et des droits des femmes, engagée contre la violation de ces droits et pour leur réalisation. Je suis convaincue que la démocratie n'a pas de sens sans la garantie des droits des femmes. Dans une société où les citoyens n'ont pas d'institution civile forte, où la liberté d'expression n'existe pas, où la liberté de penser n'existe pas, où les femmes sont privées de leurs droits fondamentaux et où les droits humains ne sont pas garantis, alors, même les élections deviennent une illusion. Elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme relevant d'une démocratie.
La République islamique réprime nos institutions civiles, prive les femmes de leurs droits fondamentaux, utilise la peine de mort comme un instrument de terreur et viole les droits humains.
La République islamique est un régime autoritaire religieux, qui n'a par essence pas la capacité d'instaurer une démocratie, de respecter les droits humains et les droits des femmes. Elle a montré au cours des dernières années qu'elle était absolument irréformable.
Pour cette raison, je crois en la nécessité de mettre fin à cette tyrannie religieuse et à la République islamique. Je consacre mes efforts à ces objectifs.
Depuis 46 ans, les femmes iraniennes mènent une lutte incessante contre la discrimination, l'oppression, la domination. Depuis le 8 mars 1979, lorsqu'elles ont défilé dans les rues pour protester contre le voile obligatoire, jusqu'au mouvement de Mahsa Jîna Amini, ce magnifique mouvement Femme, Vie, Liberté, les femmes n'ont jamais cessé leur combat. Nous n'avons pas gardé le silence. Nous avons résisté. Nous avons été arrêtées, jetées dans les cellules d'isolement de prison sécuritaire. Nous avons été jugées, condamnées à de lourdes peines de prison, incarcérées. Nous avons perdu nos emplois, nos enfants, nos vies. De nombreuses femmes anonymes ou liées sous l'oppression et la discrimination systémique d'un régime religieux ont péri, depuis les recoins cachés de leur foyer jusqu'aux rues, jusqu'aux potences des prisons.
Je déclare que ce régime impose aux femmes, sous prétexte de la loi, de la religion, de la culture, de la propagande, des médias d'État et d'éducation, un apartheid de genre flagrant.
Chers représentants, en tant que défenseure des droits des femmes, je vous exhorte à vous lever pour criminaliser l'apartheid de genre. C'est une mission historique, féministe et mondiale.
Lutter contre l'apartheid de genre n'a pas pour objectif unique de libérer les femmes de l'asservissement et de la soumission. Cette lutte vise aussi à ouvrir la voie à la démocratie, à la paix et à la liberté.
On ne peut pas réduire à l'asservissement la moitié de la société, l'invisibiliser, et prétendre défendre la démocratie, la liberté et l'égalité.
Chers représentants, à l'heure où je vous parle, les potences se dressent dans les prisons de mon pays, aux mains des bourreaux du régime. Chaque jour, dans ce pays, de jeunes vies sont suspendues à ces cordes, et la société est de plus en plus en colère.
La République islamique, après 15 ans, a repris les exécutions des femmes. Elle cherche à se venger du mouvement Femme, Vie, Liberté en exécutant les femmes.
La corde de la potence est au-dessus de la tête de Pakhshan Azizi et Varisha Moradi, incarcérées dans la section des femmes de la prison d'Evin, afin de terroriser les femmes courageuses d'Iran et les obliger à battre en retraite. Je vous demande de briser cette corde, de leur sauver la vie et de nous tendre la main à cet effet.
Je vous exhorte à être la voix du peuple iranien et à soutenir ses revendications.
Nous avons pris la décision de tourner la page de ce régime tyrannique et autoritaire, et vous demandons d'être à nos côtés. Pour stopper l'escalade des exécutions, pour garantir les droits humains, pour garantir les droits des femmes, faites pression sur le régime de la République islamique ! Au lieu de normaliser un régime coupable de crimes contre l'humanité, mettez en place les mécanismes judiciaires internationaux, tels que la compétence universelle, pour les tenir responsables. Faites-en une priorité !
Aujourd'hui, j'appelle le gouvernement français, à travers le Sénat et son Assemblée nationale, à faire des droits humains une condition préalable à toute négociation avec la République islamique d'Iran.
Cette dernière ne prend pas en compte les droits fondamentaux du peuple iranien, les droits humains, les droits des femmes et la société civile. Toute négociation avec elle ne fera que renforcer la tyrannie religieuse et nier la lutte du peuple iranien pour la démocratie, la liberté et l'égalité.
J'ai l'espoir, et même la certitude que la lutte du peuple iranien pour se libérer de cette tyrannie et parvenir à une transition pacifique vers la démocratie aboutira et que vous serez témoin de notre victoire.
Jusqu'à ce jour, Femme, Vie, liberté !
Mme Annick Billon, présidente. - Merci infiniment pour votre témoignage poignant, inquiétant, et si vrai sur la situation des femmes en Iran.
Vous vous battez contre le voile et pour les droits humains. Comment voyez-vous, depuis l'Iran, les débats sur le voile que nous avons ici, en France ?
Mme Narges Mohammadi. - Le voile obligatoire est un outil de domination et d'oppression du système de la République islamique en Iran. Depuis les premiers jours de ce régime, il est utilisé au coeur de la stratégie de ce système. Pourquoi ? Selon moi, on ne peut pas le caractériser seulement à travers sa perspective religieuse.
Nous ne pouvons pas croire au slogan de la République islamique, qui disait proposer le voile aux femmes iraniennes pour qu'elles puissent être en sécurité, pour les défendre au sein de la société.
Selon moi, pour le régime de la République islamique, un régime autoritaire, tyrannique et religieux, le voile obligatoire est un outil de domination, d'oppression et de marginalisation des femmes au sein de la société.
Les femmes font partie intégrante de cette même société, du foyer aux rues, au travail. Si elles sont soumises à un voile obligatoire, à une domination, à un asservissement, à une invisibilisation, alors la domination sera entière en son sein.
Ainsi, pour arriver à la démocratie et pour briser la domination et l'oppression de ce régime tyrannique et religieux, nous luttons contre le voile obligatoire. Cette lutte est une manière de réaliser pleinement les droits des femmes, de les libérer de l'asservissement. C'est une voie pour arriver à la démocratie.
Par conséquent, je lutte contre l'obligation du voile et, jusqu'à la mise à terme du voile obligatoire en Iran, je continuerai la lutte. Je demande aux femmes françaises de soutenir les femmes iraniennes dans ce combat et de lutter contre le voile obligatoire. Ce sera une manière de couper l'une des voies d'action de ce régime tyrannique et religieux.
Mme Annick Billon, présidente. - Merci beaucoup. Avant d'entendre nos collègues, je donne la parole au Président Perrin.
M. Cédric Perrin. - De quelle manière, et avec quels moyens les femmes iraniennes peuvent-elles se battre contre cet état de fait qui vous met dans une situation si compliquée ? Nous sommes admiratifs de votre courage. Quels risques prenez-vous aujourd'hui en nous parlant ?
Par ailleurs, avez-vous des nouvelles de la jeune étudiante arrêtée en novembre dernier après s'être dévêtue devant l'université d'Azad ? Nous avons très peu de nouvelles d'elle. Savez-vous ce qui lui est arrivé ? Il semble qu'elle ait été internée dans une unité psychiatrique. En savez-vous davantage ?
Mme Narges Mohammadi. - La lutte des femmes en Iran a débuté dès l'instauration de la République islamique. Les manifestations du 8 mars 1979 à Téhéran contre le voile obligatoire en sont un exemple marquant. Des femmes de différentes couches de la société, de différents groupes d'opposition ou d'opinion y ont participé, et ont montré leur lutte. À l'époque, nous n'avions pas le soutien international que nous avons connu en 2022 à la suite du mouvement Femme, Vie, Liberté. Il a fallu quatre décennies d'oppression pour que le monde prenne conscience de notre combat.
De nombreuses pressions étaient déjà exercées sur les femmes durant mes études universitaires. J'ai fréquenté une université publique, au sein de laquelle nous devions porter un tchador au-dessus de notre pantalon, de notre manteau, de notre voile. Il était même obligatoire dans les laboratoires pour les étudiantes iraniennes. J'étais pourtant étudiante en physique, et j'étais contrainte de le porter.
La République islamique use de tous les moyens à sa disposition pour imposer le voile obligatoire et réprimer les femmes.
Les femmes iraniennes ont payé un lourd tribut, d'abord sécuritaire. Elles ont été arrêtées à de nombreuses reprises, incarcérées dans des cellules d'isolement, soumises à la torture. Même dans leur foyer, elles ne sont plus en sécurité. De nombreuses institutions culturelles et de médias ont été utilisées pour imposer cette pression sur les femmes en les contraignant au port du voile obligatoire.
Contre ce système, contre ce régime, les femmes iraniennes tiennent debout, et poursuivent la lutte. Vous l'avez vu au travers du mouvement Femme, Vie, Liberté, qui n'est que l'une des formes de cette lutte qui dure depuis 46 ans.
Lorsque nous avons lancé la campagne du million de signatures pour mettre fin aux lois discriminatoires, de nombreuses femmes ont été arrêtées et ont subi des pressions. Cette voie n'a jamais été facile, elle a été marquée par des sacrifices, mais les femmes iraniennes restent debout. Les évolutions que vous observez en Iran ne sont pas dues à des réformes du régime, mais à leur courage et à leur force. Elles sont responsables de toutes les évolutions qu'elles arrachent à la République islamique.
Aujourd'hui, vous pouvez voir dans les rues des femmes qui ne portent plus le voile obligatoire, malgré les punitions et les menaces auxquelles elles s'exposent. La loi est toujours en vigueur, mais les femmes continuent de résister. Ces femmes sont punies et menacées, reçoivent des amendes. La loi islamique crée des conditions qui ne leur permettent pas d'être en sécurité dans les rues, ni dans leur foyer.
Vous m'interrogiez sur l'étudiante iranienne Ahou Daryaei. J'ai entendu parler de sa situation lorsque j'étais en prison, et j'ai publié une tribune la concernant. Lorsqu'elle est entrée à l'université, elle a été confrontée à une pression des autorités universitaires. En réponse, elle s'est dénudée et s'est baladée devant et au sein de son établissement. J'ai vu ces images puissantes. Face à cette force, la République islamique, dans son objectif de réprimer toute contestation et de briser les femmes, a tenté de se venger. Elle a interné Ahou Daryaei en psychiatrie, pendant très longtemps. Malheureusement, nous n'avons plus d'informations sur sa situation depuis, malgré nos demandes.
Chers représentants, j'espère que vous serez en mesure de faire de la France un pays à l'avant-garde de la criminalisation de l'apartheid de genre. J'ai été incarcérée dans les prisons d'Evin et de Zanjan. J'ai été retenue dans les cellules d'isolement du quartier 209 de la prison d'Evin. J'y ai été témoin d'agressions sexuelles, de harcèlement sexuel de la part des autorités. J'ai été témoin de l'enfermement des femmes contestataires dans des établissements et des hôpitaux psychiatriques. J'ai été témoin de leur internement.
Il y a un an environ, j'ai rencontré une jeune femme dans la prison d'Evin. Elle était sous pression des autorités pour donner un certain nombre d'informations qu'elle n'était pas prête à leur communiquer. Du jour au lendemain, elle a été envoyée dans un établissement psychiatrique. Après son retour à la prison, elle a tenté deux fois de se suicider. Je l'ai emmenée à l'infirmerie de la prison. Sur le chemin, elle a répété son inquiétude. Elle ne voulait pas être renvoyée dans cet établissement. Elle a indiqué qu'ils l'y électrocutaient, qu'ils lui donnaient des médicaments lui faisant oublier les derniers jours. Elle ne voulait pas retourner à la prison d'Aminabad. Elle préférait mourir. J'ai connaissance de dizaines de témoignages similaires de femmes, des prisons politiques aux prisons de droit commun à travers le pays.
Dans la ville de Tabriz, Roya Zakeri criait des slogans « contre la République islamique ». Elle a été transférée dans un établissement psychiatrique. Son avocat a dénoncé le caractère illégal de cette détention. Il a lui-même été envoyé dans un tel établissement. Les outils de la République islamique pour arrêter les femmes contestataires sont inhumains. Ils ont pour objectif de nous maintenir dans des cellules d'isolement sous la torture blanche. Le régime utilise également des méthodes de torture psychologique et mentale contre les femmes contestataires.
Ahou Daryaei, Roya Zakeri, et tant d'autres femmes anonymes, oubliées, ont peur et subissent des pressions. Elles ne peuvent pas partager leurs témoignages, leurs expériences. Même si elles ont partagé un certain nombre de leurs histoires avec moi, elles m'ont demandé de rester anonymes, car elles craignent les représailles auxquelles elles s'exposeraient. J'aimerais tout de même que le monde sache que la République islamique use de traitements dégradants et inhumains pour faire taire les femmes et les citoyens contestataires en Iran.
Enfin, vous m'interrogiez quant aux risques auxquels je m'exposais en vous parlant aujourd'hui. J'ai 52 ans. J'ai deux enfants, que je n'ai pas vus depuis dix ans. C'est la dixième année que je vis sous l'emprisonnement. J'ai été emprisonnée plus tôt également. À ce jour, j'ai été condamnée neuf fois. J'ai encore de nombreux procès en cours, pour lesquels je serai probablement condamnée encore.
Je pense que nous sommes arrivés à un point de non-retour, pour atteindre la démocratie, la liberté, l'égalité. Nous ne pouvons plus qu'aller de l'avant. Nous nous devrons de défendre les revendications du peuple iranien.
Que je sois en prison ou à l'extérieur, je poursuivrai la lutte. Je suis prête à assumer tous les risques. J'en paie déjà le tribut. Je continuerai la lutte en étant consciente de ces risques. Je vous remercie.
Mme Olivia Richard. - Je représente les Français établis dans le monde, notamment en Iran. Vos déclarations sont bouleversantes et vous avez tout mon soutien. Nous mesurons la torture et le viol utilisés comme armes de terreur contre les femmes. Dans ce contexte, votre courage de témoigner aujourd'hui est remarquable. Je vous en remercie sincèrement.
Nous avons eu l'occasion d'entendre une Afghane décrire l'apartheid de genre en Afghanistan. Elle évoquait notamment l'interdiction pour les femmes et les jeunes filles d'accéder à l'instruction et à l'école. Cette mesure est l'une des pires en vigueur, car elle obère tout espoir d'avenir pour la moitié de la population de ce pays. Pouvez-vous nous décrire le quotidien des femmes iraniennes et nous parler de l'accès à l'instruction dans votre pays ?
Par ailleurs, vous avez reçu le prix Nobel de la paix. Quel impact a-t-il eu pour vous ? Ressentez-vous une différence dans la portée de votre message ?
Enfin, dans votre pays, rencontrez-vous le soutien des hommes, ou les femmes sont-elles seules à se battre ?
Mme Narges Mohammadi. - Selon moi, la situation des femmes afghanes est extrêmement préoccupante pour les femmes du monde entier. Dans un monde universalisé et globalisé, nous, les femmes, devons lutter pour l'universalité de l'égalité des droits entre les sexes. Il est inacceptable que certaines femmes se voient nier leurs droits humains fondamentaux, tandis que d'autres les invisibilisent ou les oublient.
En tant que femme du Moyen-Orient vivant sous un système de tyrannie religieuse en Iran, je ne peux ignorer cette inquiétude. Nous toutes sommes inquiètes pour les femmes afghanes. Elles font partie de notre lutte commune. Quand j'entends qu'elles ne peuvent pas aller à l'école, je pense à ma propre fille qui en a le droit. J'espère que toutes les femmes, partout dans le monde, puissent accéder librement à l'éducation et construire leur avenir.
Pour cette raison, nous nous tenons auprès de ces femmes. Nous avons la responsabilité de les soutenir. Nous devons oeuvrer pour reconnaître et criminaliser l'apartheid de genre, et les soutenir dans leur lutte pour leurs droits fondamentaux.
Concernant l'apartheid de genre en Iran, je devrais d'abord parler des lois. La législation joue un rôle crucial dans la mise en place de la discrimination systématique contre les femmes. Les lois de la République islamique sont fondamentalement défavorables aux femmes. Elles visent à les invisibiliser dans tous les aspects de la société, dans leur foyer, au travail, à l'université, dans les écoles. Ajoutez à cela une religion obligatoire, et vous obtenez un puissant outil d'oppression. La République islamique utilise ces deux sources pour obtenir un apartheid de genre et une discrimination systématique et puissante à l'encontre des femmes en Iran.
Chaque loi prétendument basée sur des principes religieux nie les droits des femmes. Toute contestation de ces lois discriminatoires devient alors une contestation contre Dieu. Voyez la situation des femmes. Vous avez certainement entendu parler d'exécutions dans les prisons de droit commun. J'ai été incarcérée à Zanjan avec une femme qui a été pendue pour une relation considérée comme « illicite ». Imaginez l'enfer qu'elle a vécu pendant les neuf années ayant précédé son exécution.
Ne sous-estimons pas le pouvoir de la République islamique. Elle est en mesure d'utiliser tous les outils à sa disposition -- culture, médias, propagande -- pour asservir les femmes et imposer des lois discriminatoires et patriarcales. Elle s'est même saisie d'un prétexte religieux pour ajouter un niveau d'oppression sur les femmes. Même les jeunes filles de six ou sept ans sont contraintes de porter le voile à l'école. J'ai vécu la même chose. On avait dit à ma mère de me mettre un voile sur la tête avant de m'envoyer à l'école. Pourtant, la République islamique dit que les femmes sont pubères dès neuf ans, et doivent suivre ses lois dès lors. Nous avions six ans, pas neuf. Pourquoi étions-nous soumises à ces lois ? Pensez-vous que le régime était inquiet que l'on voie les cheveux de ces enfants ? Pas du tout. Ce n'est pas une question de pudeur, mais un mécanisme systémique visant à maintenir les femmes sous domination patriarcale de la naissance à la mort. Ne sous-estimons pas ces éléments.
Toutes les lois, tous les décrets, tous les amendements de la République islamique, tous les organes, toutes les institutions, toutes les universités sont des outils à cet effet. Aujourd'hui encore, le simple fait de chanter est un crime pour une femme en Iran. C'est une manière d'invisibiliser et d'inférioriser les femmes, de les séparer des hommes.
Je n'ai pas pour objectif de prendre l'apartheid racial, qui a déjà été reconnu, et de le transposer aux femmes iraniennes. Je veux définir l'apartheid de genre. La vie quotidienne des femmes iraniennes et afghanes en est une définition. Je veux montrer au reste du monde l'oppression quotidienne qu'elles subissent en Afghanistan. Le droit de vivre y a été confisqué aux femmes.
Notre lutte pour définir l'apartheid de genre n'a pas été sans sacrifices. Dans les prisons iraniennes, même celles de droit commun, les femmes subissent d'énormes souffrances. Il est temps que le monde entier en prenne conscience.
Enfin, j'ai appris que j'avais reçu le prix Nobel de la paix alors que j'étais en prison. Je n'ai pas pu le célébrer comme je l'aurais souhaité, mais les slogans « Femme, Vie, Liberté » ont résonné dans la prison des femmes d'Evin. Je suis extrêmement honorée d'avoir reçu ce prix, particulièrement après le début du mouvement « Femme, Vie, Liberté ». C'est une manière d'honorer les femmes iraniennes qui luttent depuis l'instauration de la République islamique et qui ont sacrifié leur vie pour cette cause. Je les remercie et je leur suis reconnaissante.
Je continuerai cette lutte jusqu'à ce que l'oppression des femmes iraniennes disparaisse à tout jamais.
Après ce prix Nobel, et depuis un an, je suis interdite de contact téléphonique. Je n'ai même pas eu l'occasion de parler à mon père. Il a perdu la vie trois mois après que j'ai perdu mes droits téléphoniques. Il m'a été interdit de me rendre à ses funérailles, malgré mes demandes répétées.
Je n'ai pas non plus accepté de porter le voile. J'ai continué à publier des tribunes et des déclarations. Petit à petit, j'ai perdu de nombreux autres droits, notamment l'accès aux services de santé. Je n'ai pas eu le droit de réaliser l'angiographie dont j'avais besoin.
Pour autant, ce sacrifice est insignifiant au regard de celui que paient les hommes et femmes d'Iran, dans les rues, au cours des mouvements contestataires des 46 dernières années, notamment Femme, Vie, Liberté. Je leur suis entièrement reconnaissante.
Enfin, vous m'interrogiez sur le soutien des hommes envers les femmes iraniennes. La société iranienne est très diverse, mais unie. Les hommes sont présents dans les manifestations, dans les rues. Ils soutiennent les femmes. Ces 45 dernières années, j'ai pu être témoin de ce support. J'en suis extrêmement fière. Je leur rends honneur pour ce soutien inébranlable.
Mme Véronique Riotton. - Vous voulez définir l'apartheid de genre. Dans vos propos liminaires, vous avez invité le gouvernement, à travers la voix du Sénat et de l'Assemblée nationale, à mettre la pression contre le régime. Or, quelques initiatives ont déjà été engagées au niveau international. Le Président de la République a dénoncé, le mois dernier lors de la conférence des ambassadeurs, l'Iran comme une des principales menaces de la région pour l'Occident. L'Iran est également sanctionné par les états membres de l'Union européenne.
Dans l'Histoire, la pression économique sur l'Iran, puis la crise nucléaire ont permis de sortir de certaines situations. Que pensez-vous des conditions actuelles qui permettraient de vous libérer ? Quelles seront les actions efficaces pour renverser la situation en Iran ?
La connexion de Narges Mohammadi est interrompue.
Mme Chirinne Ardakani, avocate de Mme Narges Mohammadi, représentante du collectif « Iran justice ». - Je vous remercie. Permettez-moi d'expliquer ce qui vient de se passer. Nous ne sommes pas dupes de la situation en Iran. La connexion coupe précisément lorsque Narges Mohammadi évoque un point particulièrement délicat pour les autorités iraniennes. Vous devez comprendre le contexte dans lequel intervient cette audition. Cette femme est prix Nobel de la paix. J'ai le plaisir de la représenter et d'être son avocate. Elle bénéficie d'une permission de sortie de quelques jours, depuis le 4 décembre dernier, pour raison médicale grave. Les femmes prisonnières politiques se voient opposer un refus systématique de recevoir des soins. Narges Mohammadi a pu sortir quelques semaines, lui permettant de s'exprimer devant nous aujourd'hui.
Sa connexion est aléatoire, parce que le régime iranien use de la censure. Elle est rendue possible grâce à la formidable mobilisation d'un certain nombre de personnes qui organisent cette audition - au péril de leur vie. Ils mettent en place un système de contournement, de VPN, pour pallier la censure du gouvernement.
Je suis une citoyenne binationale. Le simple fait d'être à vos côtés aujourd'hui m'empêchera à jamais de retourner en République islamique. Mes proches sont eux aussi en danger. C'est dans ces conditions que nous recueillons aujourd'hui la parole de Narges Mohammadi. Tout se paye en République islamique. La tenue de cette réunion n'est permise que grâce aux sacrifices de certaines personnes.
Nous sommes contraints de pallier le direct, comme toujours lorsque l'on milite en Iran. Les militants défenseurs des droits humains et des femmes ont l'habitude de devoir s'organiser. Dans ce cadre, nous avons prévu que je sois présente, comme un « plan B », au cas où la connexion serait amenée à se couper sur un point sensible.
J'essaierai de vous répondre bien modestement, parce que je ne suis pas le prix Nobel de la paix. Je ne suis qu'une pâle copie.
Narges Mohammadi demande une mobilisation de tous les canaux possibles. Nous savons que la diplomatie parlementaire est un canal puissant. D'ailleurs, le président de la commission des affaires étrangères le disait tout à l'heure, un certain nombre de rencontres bilatérales ont lieu. Mais que cherchent les autorités iraniennes ? Elles veulent se normaliser, se montrer comme un régime avec lequel les négociations sont possibles. Elles veulent se faire passer pour un régime différent de celui du passé, dirigé par un président réformateur.
La connexion semble s'être rétablie. Je rends la parole à Narges Mohammadi.
Mme Véronique Riotton. - Madame Mohammadi, je disais que vous demandiez à notre gouvernement de mettre la pression sur la République islamique. Les conditions de sanctions économiques seraient-elles suffisantes pour renverser la situation en Iran ?
Mme Narges Mohammadi. - De nombreux mécanismes pourraient mettre fin à la République islamique, et je les soutiens tous. Toute voie diplomatique ou politique pour soutenir le peuple iranien mérite d'être explorée. Nous devons examiner chaque option pour aider les Iraniens dans leur lutte contre ce régime tyrannique et religieux.
Le peuple iranien a besoin d'institutions civiles fortes, qui commencent à émerger malgré une répression féroce. Les militants et activistes sont arrêtés et emprisonnés, bafouant leur droit fondamental de se rassembler.
Pour mettre fin à ce système tyrannique et à la République islamique, nous avons besoin de redonner le pouvoir au peuple iranien qui lutte dans toutes les couches de la société et toutes les villes du pays. Les enseignants, les ouvriers, les étudiants, les défenseurs des droits humains, les défenseurs de l'environnement, les retraités, et même les employés gouvernementaux ont pris les rues pour montrer leur contestation.
Désormais, nous avons besoin d'institutions civiles fortes pour pouvoir les organiser. La société iranienne est très différente des autres pays de la région, avec une société civile extrêmement forte. Elle a fait d'énormes sacrifices pour la démocratie, la liberté et l'égalité. Mais tout comme les manifestants et les opposants ne s'arrêtent pas, la République islamique ne s'arrêtera pas non plus.
Au cours de mes trente années de militantisme, j'ai vu de nombreuses organisations disparaître face à la République islamique. Le Comité de défense des droits humains, par exemple, effectuait un travail crucial, mais il n'a pas reçu le soutien international nécessaire. Nous avons besoin de ce soutien pour avancer.
Pour garantir les droits des femmes en Iran, nous avons besoin d'institutions civiles fortes à l'intérieur du pays et d'un soutien international. Parallèlement aux mécanismes internationaux comme les sanctions ou la compétence universelle, qui sont utiles et doivent être poursuivis, nous devons renforcer la société civile en Iran. Le peuple iranien doit pouvoir s'exprimer à travers des institutions civiles fortes, comme celles que vous connaissez en Europe et en France. Aucune société ne peut se maintenir sans de telles institutions. Pour les mettre en place, nous avons besoin d'un soutien international.
J'ai entendu parler récemment de condamnations d'enseignants iraniens travaillant dans certaines organisations. Le fait que la société puisse contester ces évènements serait un premier pas vers la création d'organisations de la société civile.
Je tiens à préciser que le Comité de défense des droits humains en Iran est une organisation non gouvernementale légale, que la République islamique a tenté de faire taire et de rendre invisible. Tous ses membres ont subi des pressions et ont été emprisonnés. Ma collègue, Madame Shirin Ebadi, également lauréate du prix Nobel de la paix, a été contrainte à l'exil.
Il est temps que ce Comité se reconstitue avec un bureau et un conseil d'administration à Téhéran pour poursuivre son travail de défense des droits humains. C'est dans cet objectif que je sollicite votre soutien.
Mme Laurence Rossignol. - Je veux que vous sachiez à quel point cette rencontre nous émeut. Nous savons les risques que vous prenez pour parler avec nous. Ces risques, nous ne nous y exposons pas nous-mêmes. Dans le combat féministe mondial, nous ne nous battons pas avec les mêmes armes et les mêmes risques.
La connexion de Narges Mohammadi est à nouveau interrompue.
Je souhaite insister sur la reconnaissance du concept d'apartheid de genre et en préciser le contenu. Ce n'est pas un concept flou. Il est au contraire très sérieux. Il désigne les systèmes politiques ayant légalement organisé les discriminations et les atteintes aux droits fondamentaux des femmes. Je ne m'exprime pas au nom de l'État français, mais j'affirme que la reconnaissance internationale de l'apartheid de genre est aujourd'hui cruciale, d'abord pour les femmes d'Iran et d'Afghanistan. Elles en sont malheureusement les victimes les plus emblématiques.
Ce concept est subversif dans de nombreux pays. Nous vivons actuellement une attaque majeure contre les droits des femmes, notamment à travers l'atteinte aux droits sexuels et reproductifs dans les démocraties. Notre combat est international et internationaliste dans ce cadre.
J'aimerais interroger Narges Mohammadi sur les points d'appui qu'elle identifie sur la scène internationale, et sur les façons dont nous pourrions nous-mêmes contribuer à renforcer ce mouvement de la société civile depuis la France. Comment appréhende-t-elle les nouveaux enjeux géopolitiques concernant l'évolution de l'Iran ? La chute du gouvernement de la République islamique semble être une condition à l'émancipation et aux droits des femmes en Iran. Je ne crois pas que ce régime soit réformable, d'après ce que je comprends de ses propos.
Mme Marie Mercier. - Je tiens à exprimer notre respect et notre admiration pour Narges Mohammadi. Je me pose quelques questions pratiques concernant l'organisation quotidienne de la médecine et de la santé en Iran. Y a-t-il des femmes médecins ? Peuvent-elles prendre en charge des patients masculins ? Les hommes médecins s'occupent-ils des patientes ?
De plus, j'aimerais connaître son sentiment quant au port du voile, signe de domination et d'indignation, d'après ce que j'ai entendu ce matin. Que dirait-elle aux jeunes filles qui, chez nous, choisissent de porter le voile comme un signe de liberté ?
Mme Chirinne Ardakani. - Je ne peux pas me substituer à la parole de Narges, mais je vais tenter de vous répondre. Merci pour votre soutien.
Concernant l'apartheid de genre, la diplomatie parlementaire peut jouer un rôle crucial. Des parlementaires peuvent parfois prendre des initiatives. Des résolutions ont été votées au Sénat et sont en projet à l'Assemblée nationale pour faire inscrire ce concept dans le droit international. Il ne s'agit pas d'un concept flou, mais d'une réalité que nous appelons de nos voeux à faire inscrire dans le droit international. De nouvelles criminalisations sont nécessaires face à ceux qui assujettissent des femmes dans certains pays du monde. Cette menace s'étend au-delà de l'Afghanistan et de l'Iran, avec des attaques sur les droits reproductifs et sexuels des femmes dans d'autres régions du monde.
Narges Mohammadi souligne que l'attaque des droits des femmes précède souvent l'érosion des libertés publiques et de la démocratie. Elle appelle les parlements nationaux à se mobiliser sur ces questions, car les parlementaires ont parfois plus de liberté de parole. Il est également nécessaire de rappeler aux gouvernements leur responsabilité sur la scène internationale, notamment à l'ONU, pour condamner l'assujettissement et la lapidation des femmes. Nous avons d'ailleurs rencontré Isabelle Rome, Ambassadrice pour les droits de l'homme, qui a soutenu notre combat en la matière. Il est crucial que ces actes soient reconnus comme des crimes contre l'humanité et que leurs auteurs soient jugés par des juridictions internationales. Il n'y aura pas d'état de droit tant que ces bourreaux continueront à jouir d'une impunité.
L'apartheid de genre désigne l'utilisation de lois comme outils de ségrégation basée sur le genre, infériorisant juridiquement les femmes dans tous les domaines de leur vie. Cette notion doit être inscrite dans le droit positif international, au-delà des outils juridiques existants comme la Convention de Rome.
Cette exigence de justice suppose un travail de plaidoyer. Cette diplomatie parlementaire pourrait être un premier point d'appui dans le cadre de cette diplomatie forte des droits humains. Je ne pense pas que nous fassions part d'un voeu pieux ou d'une démarche utopiste en appelant à cela.
Par ailleurs, vous me demandiez comment appuyer les mouvements de la société civile depuis la France. Narges Mohammadi comparait notre combat à celui de Nelson Mandela, qui se battait depuis sa prison, son cachot politique. À son arrivée, il avait mis en place un certain nombre de mouvements de droits civiques, de résistante pacifique. C'est aussi ce que vise Narges : une résistance pacifique et légaliste. Le peuple iranien aspire à une transition démocratique sans violence, et non par les armes. Il est crucial de visibiliser les combats des mouvements de droits des femmes, des enseignants et d'autres groupes sociaux, malgré la répression et l'absence de liberté d'association. Des Iraniens sont arrêtés par milliers, détenus dans des cachots politiques. Nous devons visibiliser leurs combats. Le gouvernement de la République islamique n'est plus considéré comme représentatif par le peuple iranien. Il se maintient par la force. Donnons des tribunes d'expression à ces visages qui incarnent ces mouvements de la société civile dans les parlements, par le biais d'une démocratie un peu informelle. C'est par ce biais que nous pourrons faire émerger une solution assise sur les mouvements de droits humains.
Je ne pourrai pas vous répondre avec la précision de Narges Mohammadi, puisque j'ai grandi ici. Ma mère a eu le courage de mettre à l'abri ses filles, qu'elle ne voulait pas voir naître ou grandir en Iran. Pour autant, je sais qu'un péril pèse sur la santé des femmes, bien qu'il ne soit pas de même nature que celui que l'on relève en Afghanistan. Dans ce pays, les femmes ne peuvent plus être soignées. Elles sont donc condamnées à la mort. En Iran, nous avons des femmes médecins ou soignantes, mais elles font face à des contraintes croissantes dans leurs pratiques professionnelles.
Je laisse la parole à Madame Mohammadi, dont la connexion semble être rétablie.
Mme Narges Mohammadi. - Je m'excuse de la qualité de la connexion en Iran, et des problèmes techniques rencontrés.
Mme Annick Billon, présidente. - J'imagine que vous n'avez pas entendu les questions de Mesdames Rossignol et Mercier. Que diriez-vous aux femmes en France, qui militent pour la liberté de porter le voile ?
Mme Narges Mohammadi. - De nombreuses discussions ont cours en Iran concernant le port du voile, y compris parmi les intellectuels. La liberté de se vêtir est un droit fondamental pour tous les êtres humains. De nombreuses personnes portant le voile ou le tchador par choix soutiennent notre combat en Iran. J'ai entendu de nombreux témoignages en ce sens, de femmes ayant été défendues par d'autres femmes, voilées, lorsqu'elles manifestaient sans le porter. Ainsi, même les femmes qui croient au voile ne soutiennent pas son caractère obligatoire.
Nous luttons essentiellement contre l'obligation du voile, qui nie l'un des droits les plus fondamentaux des êtres humains, celui de se vêtir.
Ces lois sont utilisées pour dominer et marginaliser une partie de la société. C'est pour cette raison que je suis contre le voile obligatoire et pour le choix de se vêtir de tous les êtres humains. Je précise encore une fois que les hommes et les femmes qui constituent le peuple iranien se battent contre le voile lorsqu'il est obligatoire.
M. Matthias Tavel, député. - Je voudrais exprimer mon émotion face à votre témoignage. Je suis admiratif de votre courage et de celui de toutes les Iraniennes et de tous les Iraniens qui luttent pour la liberté et contre la tyrannie religieuse que vous dénoncez. Ils se battent pour la liberté des femmes, mais aussi pour celle de toute l'humanité. Il est important de le souligner. Cet apartheid de genre est aussi une violence contre la liberté des hommes, une négation de ce que nous avons en commun en tant qu'êtres humains.
Je vous rejoins également sur le caractère universel de cette bataille.
J'ai quelques questions plus concrètes à vous poser. D'abord, comment allez-vous ? Quelles sont vos perspectives pour les semaines à venir ? Comment pouvons-nous vous aider ?
De plus, à combien estimez-vous le nombre de femmes emprisonnées et victimes de la répression par le régime iranien ?
Enfin, quelles perspectives voyez-vous pour le mouvement Femme, Vie, liberté, qui nous fait tant espérer, face à la répression ? Voyez-vous des motifs d'espoir pour les semaines et mois à venir, pour son redéploiement et, nous l'espérons, pour sa victoire ?
M. Étienne Blanc. - Je me joins à l'ensemble des interventions reconnaissant que nous vivons ce matin un moment exceptionnel.
Aujourd'hui, un certain nombre de pays sont peuplés d'une majorité d'habitants d'obédience musulmane. Un pays pourrait-il constituer un modèle en parvenant à chasser les principes théocratiques, à appliquer les principes de laïcité qui sont les nôtres en Occident ? Certains ont-ils vu apparaître la force d'une société civile contre une théocratie, qui pourrait constituer un modèle dans le combat qui nous est exposé ce matin ? Si la réponse est affirmative, des associations de ces pays, voire même des responsables politiques, vous soutiennent-ils ? Manifestent-ils ouvertement un appui à votre combat ? Comment ce soutien s'organise-t-il ? Est-il efficace, selon vous ? Comptez-vous sur ces appuis ?
Mme Narges Mohammadi. - J'ai passé environ dix années en détention. Au cours des années 2010, j'ai subi quatre interventions chirurgicales, dont la première fut une hystérectomie. Ces opérations se sont enchaînées, et malgré les recommandations de l'équipe médicale stipulant, à l'issue de ma dernière intervention, que je ne devais pas retourner en prison, le tribunal a rejeté cet avis. J'ai été directement renvoyée en détention. De même, lorsque j'ai été opérée de la vésicule biliaire, j'ai à nouveau été réincarcérée immédiatement après l'opération.
Je souhaite ici vous transmettre un témoignage illustrant la situation des détenus en Iran, en particulier leur accès limité aux soins médicaux. À chaque intervention, je n'ai bénéficié d'aucune période de surveillance post-opératoire. J'ai été renvoyée en détention sans considération pour mon état de santé, bien que les opérations elles-mêmes aient souvent été retardées. Après mon hystérectomie, j'ai souffert d'hémorragies sévères et de pertes de sang importantes, qui me provoquaient fréquemment des malaises. La dernière intervention que j'ai subie visait à extraire une masse de ma jambe. J'ai également été suivie pour des troubles respiratoires et ai subi une angiographie.
À la suite de cette opération, mes médecins ont rédigé plusieurs certificats médicaux et lettres, qui ont été transmis à mes avocats, les ayant eux-mêmes soumis au tribunal pour signaler que je nécessitais une période de convalescence et de soins. Cependant, à peine 48 heures après l'intervention, j'ai été renvoyée en prison. Durant les 22 jours qui ont suivi, je n'ai reçu aucun suivi médical, bien que j'eusse normalement dû bénéficier de soins post-opératoires et de séances de physiothérapie. Ce n'est qu'après cette période de souffrance que j'ai obtenu une permission médicale, mais de courte durée. Bien que nous ayons demandé une prolongation de cette permission, aucune réponse ne nous a été donnée jusqu'à présent.
Je tiens à profiter de cette tribune pour dénoncer la situation générale de l'accès aux soins médicaux en prison, notamment dans le quartier des femmes de la prison d'Evin. De nombreuses co-détenues, parfois âgées de plus de 60 ou 70 ans, se trouvent dans des états de santé alarmants. Parmi elles, une femme a subi une opération à coeur ouvert et souffre de complications rénales dues à un accès tardif et inadéquat aux soins. D'autres prisonnières sont atteintes de tumeurs cérébrales diagnostiquées par leurs médecins, qui ont également fourni des certificats et des recommandations. Ces alertes restent souvent ignorées, et certaines détenues perdent tragiquement la vie en prison ou en isolement, faute de soins appropriés.
Le régime de la République islamique d'Iran se caractérise par sa dissimulation de la vérité et son recours systématique au mensonge. En isolement, les détenus ne sont exposés qu'aux murs et à une porte close. Les caméras, lorsqu'elles existent, sont contrôlées par les bourreaux et les autorités carcérales.
Ainsi, je saisis l'opportunité qui m'est donnée pour attirer votre attention sur la situation des prisonniers politiques et de conscience en Iran. Il est impératif que la communauté internationale et les défenseurs des droits humains exercent une pression sur la République islamique pour obtenir la libération de ces détenus, dont le nombre croît chaque jour. Leur état de santé se détériore dans le même temps. L'absence ou le retard dans l'accès aux soins engendre des conséquences désastreuses pour ces prisonniers.
En ce qui concerne les femmes détenues pour des raisons politiques, il convient de souligner que nous sommes confrontés à un système opaque, notamment au sein de l'appareil judiciaire et des tribunaux, qui s'efforcent de dissimuler les informations essentielles.
La prison d'Evin comprend des quartiers de droits humains et des quartiers politiques, où les informations circulent difficilement. J'ai personnellement été détenue dans une cellule d'isolement qui n'apparaissait pas sur les plans officiels de la prison. Les services de renseignement et les Gardiens de la Révolution disposent de lieux de détention secrets, non répertoriés, où ils retiennent des prisonniers.
Ces dernières années, j'ai recueilli des témoignages de femmes détenues dans des endroits indéterminés, parfois dans des véhicules ou des pièces inconnues pendant de longues périodes. Ces lieux servent à réprimer la dissidence et à infliger des tortures physiques et psychologiques en toute impunité. Après le mouvement Femme, Vie, Liberté, j'ai rencontré de nombreuses femmes arrivant en prison avec des blessures graves, dont une dont le visage était méconnaissable à cause de ses hématomes. Elle n'était pas inquiète pour elle-même, mais pour ses enfants. Une militante étudiante a indiqué avoir subi agressions sexuelles et viols dans le véhicule qui la conduisait en détention. Son témoignage n'a mené nulle part.
Le système carcéral iranien manque totalement de transparence et collabore pleinement avec la République islamique. Dans ce contexte, il est impossible d'obtenir des chiffres précis sur les détenus, en particulier les femmes. Cette opacité concerne toutes les prisons du pays. La citoyenne française Cécile Kohler est actuellement détenue dans le quartier de haute sécurité des services de renseignement de la République islamique. Ce quartier est séparé du quartier général. J'ai moi-même été incarcérée là où se trouve Cécile aujourd'hui. J'y ai vécu des moments très difficiles. Dans mon ouvrage « Torture blanche », j'ai tenté d'en parler. Les informations qui me parviennent à propos de la détention de Cécile Kohler sont extrêmement préoccupantes. Au cours des dernières années où elle a été retenue en cellule d'isolement, j'ai toujours interrogé les nouveaux arrivants à son sujet. Un certain nombre de personnes étaient parvenues à la croiser. Tous rapportaient les mêmes inquiétudes, relatives tant à son état physique que mental. Elle n'avait pas d'accès à l'extérieur, était incroyablement isolée. Lorsque j'étais incarcérée à cet endroit, je n'avais accès qu'à 20 minutes d'air libre, je n'avais pas accès à la lumière extérieure. Les portes étaient fermées 24 heures sur 24, nous maintenant dans de toutes petites cellules d'isolement. Je n'avais pas accès aux toilettes comme je le voulais. Je ne pouvais faire ma toilette plus de trois fois par semaine, pas plus de 10 ou 15 minutes.
Les prisons iraniennes sont très fermées. Aucun système n'est transparent. Les cellules d'isolement et quartiers de haute sécurité le sont encore moins. D'autres prisons dans les régions périphériques comme le Sistan, le Baloutchistan ou le Kurdistan connaissent des situations encore plus alarmantes, avec de nombreux détenus menacés d'exécution. Certains sont incarcérés très longtemps, dans des conditions dégradantes. J'appelle les sociétés civiles internationales et les gouvernements à faire de la libération des prisonniers politiques et d'opinion une priorité dans leurs discussions avec la République islamique.
Le mouvement Femme, Vie, Liberté a profondément ébranlé la société iranienne. Il s'inscrit dans la continuité d'autres mouvements sociaux de plus en plus puissants au cours des années. Les étudiants, femmes, enseignants, ouvriers, écologistes ont obtenu des avancées au prix d'une répression violente. À la suite de l'assassinat de Mahsa Jîna Amini pour un voile mal porté, ce mouvement a pris une ampleur inédite et a suscité de nouvelles formes de contestation créatives, tant sur le plan culturel que dans les autres domaines, y compris religieux.
Malgré la répression brutale et l'absence d'organisations civiles fortes, le mouvement a engendré des changements profonds dans la société iranienne. Avec un soutien international accru, notamment des militants féministes, nous pourrions aller encore plus loin.
J'ai récemment entendu que les militantes féministes en Iran subissaient une pression accrue des services de renseignement, y compris des attaques à leur domicile et une surveillance numérique renforcée.
En réponse à cette répression, le mouvement Femme, Vie, Liberté a su réinventer la lutte du peuple iranien, de manière créative. Bien que les manifestations de masse dans les rues soient moins visibles aujourd'hui, la contestation se poursuit sous d'autres formes, tout aussi puissantes. Nous évoquions Ahou Daryaei plus tôt. Parastoo Ahmadi, quant à elle, a organisé un concert virtuel sans public, une forme de contestation inédite et impactante. Où avez-vous déjà vu cela ?
La société iranienne développe des stratégies et des tactiques de plus en plus créatives pour mener sa lutte, notamment à travers les arts, la photographie, le cinéma, la musique et le dessin. Ces moyens ont permis de briser les murs et les frontières. Dans les universités, la mobilisation étudiante se poursuit contre les peines de mort. Les femmes continuent leurs combats, même de manière silencieuse, en retirant le voile ou en faisant appel à des moyens de désobéissance civile. Ces nouvelles formes de contestation ont un impact.
Même si de nouveaux amendements ont été proposés dans le cadre du projet de loi sur le voile obligatoire, leur application reste difficile face à ces contestations. Ainsi, tous les moyens de lutte du peuple iranien génèrent des impacts positifs.
De nombreuses manifestations et grèves ont eu lieu au Kurdistan mercredi dernier, au sujet de la peine de mort de Pakhshan Azizi. Des affiches dénoncent cette décision dans plusieurs universités. De nombreux militants politiques et de la société civile ont mené des campagnes pour demander son annulation. Si la lumière est portée sur cet évènement, nous pourrons en attendre des impacts positifs.
Je suis extrêmement inquiète concernant cette peine de mort. Nous demandons son annulation. Dans ce cadre, nous avons besoin du soutien de tous. Toutes les couches de la société sont mobilisées.
Je conclurai en disant que le mouvement Femme, Vie, Liberté est extrêmement puissant. Ces trois concepts nous permettent de continuer notre lutte.
Pour répondre au sénateur Étienne Blanc, je suis convaincue que dans les pays à majorité musulmane, en Afrique ou en Asie, nous ne pourrons pas avoir accès à la démocratie, à la liberté et à l'égalité tant que la religion ne sera pas séparée de l'État. Je me bats pour un État laïque. Les 46 dernières années en Iran ont montré que l'association de la religion et de l'État génère des conséquences désastreuses. La religion doit rester séparée de l'État, et les pratiquants de chaque religion doivent pouvoir coexister indépendamment de celui-ci.
Nous visons une coexistence pacifique avec les autres pays de la région. Chaque être humain, quelle que soit son opinion, sa religion ou son origine, doit pouvoir coexister avec les autres. Nous ne devons pas soutenir des régimes qui présentent des volontés belliqueuses envers leurs voisins ou le reste du monde.
La société iranienne est extrêmement diverse, tant géographiquement que par ses opinions politiques, ses langues et ses populations. Je suis convaincue que toutes ces personnes peuvent coexister respectueusement. Au Moyen-Orient, malgré la présence de nombreux systèmes dictatoriaux, nous avons vu des changements, comme en Syrie. L'affaiblissement des proxys de la République islamique et la fin de la dictature de Bachar el-Assad ont occasionné un impact important pour le peuple iranien.
Cependant, nous restons extrêmement inquiets concernant les droits des femmes et les droits humains. Une véritable démocratie ne peut exister sans les droits des femmes. C'est pourquoi cette perspective doit être prioritaire dans toute définition de la démocratie.
La religion doit rester séparée de l'État pour garantir pleinement les droits des femmes. Malgré la fin d'une dictature en Syrie, je reste inquiète quant à cet aspect. Je défends une démocratie laïque, car nous avons vécu les effets néfastes de la religion dans l'État. Nous les avons vécus à travers notre chair, nous entendons la voix de nos soeurs afghanes qui essaient de survivre sous le régime des talibans.
Je suis une femme vivant au Moyen-Orient, sous une tyrannie religieuse et dans une société à majorité musulmane. Je peux affirmer que de nombreux droits des femmes ont été niés depuis l'instauration de la République islamique et la mise en place de lois discriminatoires comme le voile obligatoire.
Cette lutte est longue et portée par les hommes et les femmes de notre pays. Nous enregistrons de petites victoires, mais elles ne signifient pas que la lutte est terminée. Je la poursuivrai, contre ce système tyrannique, dictatorial et religieux jusqu'à ce que nous atteignions une démocratie.
Si nous parvenons à engager cette transition de manière pacifique, vous serez témoins de ses impacts et de ses perspectives pour les autres pays, j'en suis convaincue. Si la République islamique tombe, il est probable que les talibans seront également affaiblis.
Je me tiens aux côtés du peuple iranien jusqu'à ce jour.
Mme Annick Billon, présidente. - Votre témoignage force notre admiration et notre respect. Vous nous avez décrit les conditions de votre détention. J'associe à ces remerciements la présidente de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, et exprime les regrets de notre présidente Dominique Vérien de ne pas pouvoir être parmi nous. Votre parole est rare, étant donné que vous êtes détenue en Iran. C'est pourquoi nous avons pris le temps ce matin d'écouter votre témoignage et de partager votre courage depuis le Sénat. Notre collègue Laurence Rossignol le disait plus tôt : nous sommes à l'abri. Dans ce contexte, votre témoignage nous oblige dans les suites que nous y donnerons.
Votre parole a été claire et forte. Votre message de lutte contre l'apartheid de genre et contre le voile obligatoire a été très bien reçu par mes collègues présents. Nous avons identifié plusieurs pistes, notamment relatives à la reconnaissance de l'apartheid de genre et son inscription dans le droit international, à la société civile, à la diplomatie parlementaire et à l'application de la compétence universelle.
Je voudrais associer à ces remerciements Madame Chirinne Ardakani, votre avocate et porte-parole, présente ici. Nous vous remercions, Madame Narges Mohammadi, pour ce témoignage. Nous vous souhaitons une meilleure santé. À toutes les femmes d'Iran et du monde, nous souhaitons plus de liberté. Femme, Vie, Liberté est un beau slogan qui mérite d'être porté dans tous les pays du monde.
Merci, et belle journée à vous.
Mme Narges Mohammadi. - Merci beaucoup. Belle journée.