Mercredi 12 janvier 2022
- Présidence de M. Stéphane Piednoir, président -
Audition de Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants
M. Stéphane Piednoir, président. - Mes chers collègues, nous entendons aujourd'hui Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, que je remercie de s'être rendue disponible pour échanger avec nous sur un sujet crucial pour notre mission d'information consacrée à la citoyenneté : la participation du ministère des armées à la formation des citoyens.
Cette audition s'inscrit dans un cycle de réunions auquel sont également associés d'autres acteurs du ministère des armées : le directeur du service national et de la jeunesse et la directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). L'audition de la directrice générale de l'Établissement pour l'insertion dans l'emploi (EPIDE) figure également à notre programme.
Pour votre information madame la ministre, je précise que notre mission est composée de 19 sénateurs et 2 suppléants. Elle a été constituée à la demande du groupe RDSE qui en a confié le rapport à notre collègue Henri Cabanel. Notre rapport, assorti de recommandations, devrait être rendu public au début du mois de juin prochain.
Je rappelle également que cette audition donnera lieu à un compte rendu écrit et que sa captation vidéo permet de la suivre en ce moment même sur le site Internet du Sénat (et sur LinkedIn) ; cet enregistrement sera disponible par la suite en vidéo à la demande.
Votre emploi du temps étant contraint cet après-midi, je donne donc sans plus tarder la parole à Henri Cabanel, notre rapporteur, pour préciser les attentes de cette mission d'information.
Après votre intervention, Madame la Ministre, nous aurons un temps d'échanges avec nos collègues présents dans cette salle ou connectés à distance.
M. Henri Cabanel, rapporteur. - Monsieur le président, mes chers collègues, je remercie à mon tour Geneviève Darrieussecq de nous accorder son temps, que nous savons précieux, pour l'audition de notre mission.
Mes questions concernent tout d'abord le plan « Ambition Armées-Jeunesse 2022 » : pouvez-vous nous le présenter dans ses grandes lignes ? Quels en sont les principaux objectifs ?
Comment s'inscrit-il dans le parcours de citoyenneté piloté par le ministère des armées ?
S'agissant du Service national universel (SNU), quelle est votre appréciation de son pilotage ? Estimez-vous qu'il serait souhaitable de confier le pilotage du SNU à la direction du service national et de la jeunesse, au regard de son expérience et de son implication dans l'organisation de la Journée défense et citoyenneté (JDC) ?
En ce qui concerne la JDC, le rapport de la Cour des comptes sur l'éducation à la citoyenneté publié en octobre 2021 évoque « un empilement progressif des missions assignées à la JDC, qui a rendu cette journée particulièrement dense ». Il rappelle que la Cour recommande d'« alléger la JDC de séquences pouvant trouver leur place en milieu scolaire ». Qu'en pensez-vous ?
Par ailleurs, le rapport de la Cour des comptes d'octobre 2021 estime que 1,5 million de jeunes ont fait, à cause de la crise sanitaire, une JDC incomplète, sans test d'illettrisme ni formation à la citoyenneté : un rattrapage à destination de ces jeunes est-il prévu ?
En ce qui concerne le rôle de la politique mémorielle dans la formation citoyenne, quels sont les moyens mis en oeuvre par le ministère des armées pour mettre la politique de mémoire au service de la formation citoyenne des jeunes générations ?
En particulier, pouvez-vous revenir sur la démarche initiée par le ministère à travers la première édition de l'appel à projets Commémorer autrement et nous exposer le bilan que vous en tirez ?
Enfin, ma dernière série de questions porte sur l'articulation de la politique mémorielle du ministère des armées et du Service national universel (SNU).
Pouvez-vous nous exposer le rôle du ministère des armées dans la conception et la formation des intervenants dans le cadre de la Journée défense et mémoire nationales (JDM), Quel bilan tirez-vous de l'organisation des premières JDM dans le cadre de l'expérimentation du SNU ?
Pouvez-vous nous donner des exemples et nous préciser la nature des missions d'intérêt général (MIG) mémorielles proposées par le ministère des armées dans le cadre de l'expérimentation du SNU ?
Des réponses écrites pourront naturellement nous être adressées par la suite si tous ces points ne peuvent, faute de temps, être abordés aujourd'hui.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. - Monsieur le Président, Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs, Monsieur le rapporteur, permettez-moi de faire un propos général avant de répondre à vos questions. Je voudrais tout d'abord vous adresser mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Je veux également saluer l'initiative de votre mission. Je suis très heureuse de cette audition qui va nous permettre d'échanger.
Qu'est-ce qu'être citoyen aujourd'hui ? Cette question est importante, notamment dans cette période préélectorale, avec l'abstention qui détourne des urnes certains de nos concitoyens qui ne se sentent plus complètement concernés par notre vie démocratique. Nous nous devons d'identifier les ressorts de la citoyenneté active et ceux de la désaffection de la vie publique d'une partie de nos concitoyens. Ces questions s'avèrent essentielles pour notre pays. Je salue donc vraiment votre initiative de travailler sur ce sujet.
Vous avez décidé de centrer vos réflexions sur la notion d'éducation à la citoyenneté et d'apprentissage des valeurs de la République et sur la problématique de la formation du citoyen. Je partage avec vous ce souci constant. Il est impossible pour une Nation de ne pas avoir une jeunesse engagée, enthousiaste et optimiste. Nous le souhaitons pour notre jeunesse et nous devons l'accompagner dans ce chemin. Il n'est pas d'avenir durable sans une jeunesse citoyenne, résiliente et consciente de la société dans laquelle elle vit, de son histoire, une jeunesse qui connaît ses droits et ses devoirs.
De nombreux jeunes ont subi de plein fouet en 2020 et 2021 les conséquences sociales et économiques de la crise sanitaire et les subissent encore. Le Gouvernement a donc placé la jeunesse au coeur de ses priorités, avec une exigence renforcée ces derniers mois. Dans ce cadre, le ministère des armées joue son rôle, celui du lien entre les armées et la Nation et du lien entre les armées et la jeunesse.
Il existe une relation ancienne et spécifique entre les jeunes de notre pays et l'institution militaire. La jeunesse est par l'essence et la nature même de nos armées au coeur de notre ministère. Cette relation a bien évidemment évolué au cours du temps et des époques, notamment depuis la suspension du service national obligatoire par le président Jacques Chirac. Nous devons bien mesurer la transformation représentée par cette réforme. Pendant des décennies, le service militaire a été un creuset du sentiment d'appartenance à la Nation et un facteur de cohésion républicaine. À l'échelle de notre histoire, peu de dispositifs ont concerné autant de citoyens, génération après génération. Bien sûr, ce dispositif ne concernait que les garçons, mais il entraînait des répercussions importantes sur la vie du pays.
Aujourd'hui ce lien est très différent et doit continuer d'être adapté en permanence. Chaque année, près d'un million de jeunes de 18 à 25 ans participent aux dispositifs mis en place par le ministère des armées et aux partenariats avec l'Éducation nationale. Depuis 2017, j'oeuvre à la consolidation de ces dispositifs et partenariats. Nous avons orienté nos politiques publiques vers le renouvellement des dispositifs, l'actualisation des méthodes, leur modernisation, l'adaptation aux outils numériques pour faire évoluer ce lien avec la jeunesse.
Avant de dresser un panorama rapide des chaînons du lien armées-jeunesse, je souhaite vous en rappeler l'esprit et les objectifs.
Le premier de ces objectifs concerne l'attractivité pour nos armées et le recrutement de jeunes femmes et de jeunes hommes. Chaque année, 27 000 jeunes rejoignent les rangs de nos armées. Ces engagements sont essentiels pour le maintien de nos forces, pour accomplir nos missions et pour préserver le rang de la France. Le second objectif constituera le coeur de notre discussion, puisqu'il consiste dans la consolidation du lien entre les armées et la Nation. Il s'agit de transmettre une culture de défense et de résilience, de renforcer notre cohésion nationale autour de nos valeurs, des principes républicains qui nous unissent, et de former les jeunes citoyens aux enjeux de la défense et de l'engagement pour la Nation. Notre politique à destination de la jeunesse représente aussi un moteur pour l'égalité des chances. Elle participe à l'apprentissage de la citoyenneté ; elle favorise les engagements et l'insertion professionnelle. Nous avons également pour ambition de lutter contre les discriminations, le racisme et l'antisémitisme à travers les valeurs que nous portons notamment dans notre politique mémorielle, en particulier pour les sujets liés à la Deuxième Guerre mondiale.
À mon arrivée, en 2017, j'ai constaté le foisonnement de nos dispositifs, leur hétérogénéité et, pour certains, leur manque de clarté. De façon schématique, nous avons d'un côté des dispositifs qualitatifs, comme les Cadets de la défense, qui ne concernent qu'un nombre restreint de jeunes, dans peu de territoires. Nous sommes, de l'autre, en charge d'un dispositif absolument essentiel, qui a remplacé le service national, la Journée défense et citoyenneté (JDC) qui concerne la quasi-totalité d'une classe d'âge, c'est-à-dire 850 à 900 000 jeunes par an et qui constitue la clé de voûte des relations entre les armées et la jeunesse.
Je suis convaincue que l'efficacité d'une politique passe d'abord par sa lisibilité et sa cohérence, mais elle doit aussi être mise en cohérence avec l'évolution de la société. J'ai donc souhaité que notre politique jeunesse s'adapte aux jeunes de 2022, s'inscrive dans le plan gouvernemental 1 jeune 1solution et intègre la montée en puissance du service national universel. L'adaptation à ces transformations est l'objet du plan Ambition armées-jeunesse sur lequel vous m'avez interrogée.
Cette nouvelle articulation a donc été bâtie sur trois axes : être clair dans notre offre tout en conservant sa diversité, favoriser les moments de rencontre concrets entre les jeunes et l'institution sur tous les territoires et proposer ces moments, selon l'âge des jeunes, autour de la notion de parcours citoyen. Le SNU qui se déroule entre 15 et 17 ans en est le pivot. Avant celui-ci, entre 13 et 15-16 ans, nos dispositifs visent à faire mûrir l'envie d'engagement de nos jeunes, à susciter des moments d'échange, à leur permettre de se confronter aux enjeux de la défense et à travailler sur la mémoire. Ils complètent l'enseignement de défense dispensé par l'Éducation nationale et appuyé par les trinômes académiques qui sont de puissants relais dans les territoires. Plusieurs types d'actions sont développés dans ce cadre, qu'il s'agisse de journées « sport armées jeunesse », de rallyes citoyens ou du dispositif des Cadets de la Défense.
J'ai également souhaité que nous réalisions un effort quantitatif et territorial sur un dispositif que j'affectionne, les Classes défense et sécurité globales (CDSG) dans les collèges et les lycées. Je crois profondément à ce modèle donnant-donnant et ce partenariat de proximité et d'attachement humain. Entre 2017 et aujourd'hui, nous sommes passés de 217 à 420 classes de défense sur le territoire et nous touchons ainsi plus de 10 500 collégiens et lycéens. Ces classes suscitent une forte appétence auprès des unités militaires qui les parrainent et les relations qui se nouent se révèlent très qualitatives. Ce dispositif dépend bien sûr fortement de l'engagement d'un professeur, d'un principal ou d'un proviseur. Nous avons pour objectif de multiplier par deux ces classes de défense. En ce sens, j'ai signé le 16 décembre dernier un protocole avec le ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et sa secrétaire d'État, Sarah El-Haïry, qui va nous permettre de doubler le nombre de classes et de couvrir tous les départements. Ces classes sont précieuses. En effet, l'existence d'une classe de défense dans un établissement rejaillit sur tout l'établissement par les actions menées en dehors des temps scolaires classiques.
Le SNU sera déterminant pour chaque jeune. Il représente le socle de notre plan Ambition armées-jeunesse. La phase 1 de ce service national universel est constituée par le séjour de cohésion. Les armées y prennent toute leur part. La Journée défense mémoire (JDM) permet de sensibiliser à l'engagement et aux opportunités offertes par les armées à un âge plus précoce qu'auparavant. En effet, la JDC intervient à 17-18 ans alors que le service national universel se déroule entre 15 et 17 ans, après la classe de troisième.
Avec la généralisation du SNU, notre Journée défense mémoire (JDM) remplacera la Journée défense et citoyenneté (JDC). Un important travail a été réalisé pour la rendre efficace et ludique et pour développer une pédagogie active. Cette JDM comprend des témoignages de militaires sur leur engagement, mais également un jeu de stratégie « décision défense » pour faire comprendre aux jeunes les enjeux stratégiques de nos armées, un module résilience effectué en extérieur et un module mémoire conçu par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), dans lequel les jeunes apprennent à comprendre la symbolique d'une cérémonie. Ces modules sont animés par des militaires, pour certains réservistes, par des agents de la direction du service national et de la jeunesse et, parfois, pour le module mémoire, par des agents de l'ONAC-VG, avec parfois la participation d'acteurs associatifs. Les retours sur cette JDM sont bons.
Nous interrogeons les jeunes après les JDC comme après les JDM. Ainsi, un tiers des participants ont été interrogés en 2021 et 92 % d'entre eux ont trouvé la journée très intéressante ou assez intéressante. Ces JDM représentent la deuxième séquence la plus appréciée du SNU après les activités physiques, sportives et de cohésion. Nous faisons évoluer le contenu de façon continue pour nous adapter au retour d'expérience. Nous nous en inspirons aussi pour moderniser en parallèle la JDC qui perdurera pendant la montée en puissance du Service national universel.
Après cette phase de cohésion de deux semaines, vers l'âge de 16-17 ans, les jeunes entrent dans la phase de l'engagement. La phase 2 du SNU est constituée par la mission d'intérêt général. Le ministère des armées a proposé près de 2 000 missions d'intérêt général l'an dernier pour 15 000 stagiaires environ. Cette phase est essentielle. Il s'agit de convaincre le jeune d'envisager un engagement, que ce soit au sein de notre ministère ou d'un autre, et de lui permettre de mieux connaître l'armée de l'intérieur. Nous proposons de nombreuses missions d'intérêt général dans un format exigeant, en lien avec la préparation militaire. Nous observons une forte appétence des jeunes pour ces missions, y compris pour celles à dominante mémorielle proposées par l'ONACVG et les associations ou fondations. Les modules que nous développons sont appréciés par les jeunes et très demandés.
Reste pour les jeunes, à partir de 18 ans, la possibilité de s'engager dans les armées comme volontaires, que ce soit dans l'armée d'active, dans la réserve opérationnelle ou dans d'autres dispositifs. L'enjeu réside dès lors dans la fidélisation sur les très nombreux postes proposés par les armées. La palette qu'offrent les armées est particulièrement large en termes de métiers et de formes d'engagement. Les moins de 30 ans représentent aujourd'hui 37 % des réservistes. Nous devons poursuivre l'effort pour faire connaître à la jeunesse cette possibilité d'engagement.
Sans aller jusqu'à cet engagement, l'ensemble des jeunes de notre pays aura participé à un parcours de citoyenneté, puisque tous auront au moins effectué la JDC. Tous les jeunes auront donc été touchés par notre ministère au moins une fois. Tous auront également été accompagnés dans la découverte des valeurs de la République, la transmission mémorielle et l'exploration des enjeux de la défense nationale.
Les valeurs portées par nos armées trouvent un écho important chez nos jeunes. Toutes les enquêtes le démontrent. J'ai été très frappée par les jeunes que j'ai pu rencontrer dans le cadre du Service national universel. Ils se disaient en quête de sens, en quête de cadre, voire en quête d'autorité. Les armées portent aussi des valeurs d'exigence et de dépassement. Le courage et l'engagement sont les deux principaux traits d'image que les jeunes associent aux militaires. Cette capacité à persévérer quels que soient les obstacles rencontrés constitue un exemple, notamment pour des jeunes qui peuvent être en difficulté scolaire. Ces modèles permettent de se construire.
Sont transmises dans le cadre militaire des valeurs de fraternité et d'altruisme. Les armées sont au service de la population dont elles assurent la protection. Cette fraternité est vécue aussi avec les frères d'armes, dans un esprit de cohésion très fort. Notre institution militaire permet par ailleurs l'apprentissage de la vie collective et des règles de comportement. Dans nos dispositifs, nous créons un esprit de cohésion et d'entraide, notamment avec le Service militaire volontaire (SMV), un dispositif d'insertion absolument remarquable qui permet à des jeunes en grandes difficultés de bénéficier d'une formation et de s'insérer dans la vie professionnelle avec 80 % de réussite.
Je souhaite maintenant insister sur la transmission mémorielle en direction des jeunes générations. Avec notre opérateur, l'ONACVG, et notre direction de la mémoire, des patrimoines et des archives (DPMA), nous sommes en lien constant avec l'Éducation nationale. Nous favorisons les témoignages d'anciens combattants dans les classes, des témoignages croisés concernant la guerre d'Algérie par exemple. Nous soutenons la construction de projets pédagogiques à dimension mémorielle et civique avec la plateforme Educ@def qui fournit à l'ensemble des enseignants une panoplie considérable de ressources pédagogiques. Plusieurs concours et programmes existent, comme Héritiers de mémoire, un programme développé par la DPMA, qui permet de valoriser des travaux scolaires menés dans les collèges et les lycées et recueillis à travers des appels à projets. Notre ministère s'adresse à tout type d'établissement, y compris les établissements du secteur agricole en milieu rural qui sont parfois oubliés.
Parmi les concours développés par l'ONACVG, le dispositif Les Petits artistes de la mémoire destiné aux classes de l'enseignement primaire rencontre également un franc succès, avec des prix attribués tous les ans. Le concours de bande dessinée Bulles de mémoire, à l'adresse des lycées et des collèges, permet de travailler sur des sujets mémoriels et de mesurer les talents artistiques et rédactionnels de nos jeunes. Je citerai enfin le Concours national de la Résistance et de la Déportation, le plus ancien et le plus connu.
La promotion de la mémoire au service de la formation citoyenne par le ministère des armées se fait aussi par des actions pédagogiques construites par les musées de notre ministère et l'accès facilité aux lieux de mémoire. L'accueil des classes de tous niveaux, depuis l'enseignement primaire jusqu'aux classes préparant le baccalauréat, dans le cadre d'expositions, de visites de fonds et de collections ou encore d'ateliers particuliers permet de transmettre à la jeunesse des notions essentielles à la citoyenneté autour non seulement des conflits contemporains, mais aussi de la culture du patrimoine et des archives publiques. J'ai tenu à instaurer la gratuité à destination des publics scolaires pour l'accès aux dix hauts lieux de la mémoire nationale placés sous notre responsabilité et gérés par l'ONACVG, comme le Mont-Valérien, le Struthof ou la prison de Montluc à Lyon.
Plus généralement, nous menons un travail d'adaptation et de renouvellement des pratiques commémoratives. Vous avez parlé, Monsieur le rapporteur, de « commémorer autrement ». Cette démarche est née d'un double constat. Nous organisons des cérémonies officielles classiques et nous apprenons aux jeunes à les décoder lors des JDM. Nous avons lancé un appel à projet auprès des créateurs afin de faciliter la transmission mémorielle et de la rendre plus ludique et attractive pour la jeunesse. L'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), l'un de nos grands opérateurs en termes d'images d'archives, a ainsi créé un jeu sérieux pour tablette et smartphone autour du Général de Gaulle, qui a rencontré un certain succès. C'est en diversifiant les pratiques et en l'interpellant de façon différente que nous pouvons toucher la jeunesse. Nous avons également réalisé des petits films pour le web sur des thèmes historiques, comme l'année 1940. Courts et faciles d'accès pour la jeunesse, ces films peuvent aussi servir de support aux enseignants.
Pour conclure, permettez-moi d'exprimer mon optimisme sur la jeunesse de notre pays. Nous avons une belle jeunesse, qui a démontré ses capacités de résilience particulières dans ces deux années. La jeunesse n'est jamais un problème ; elle doit être la solution. À cet égard, nous devons l'accompagner. Je reste persuadée que le ministère des armées, par les valeurs qu'il porte, la représentation qu'il a dans la Nation et sa force régalienne, est très bien placé pour participer à la transmission de la citoyenneté. Le ministère est engagé de longue date dans cette démarche. J'ai simplement souhaité remodeler les dispositifs, les rendre plus lisibles, les enrichir. Notre ministère reste déterminé, que ce soit dans la transmission mémorielle ou dans le contact direct de la jeunesse avec nos armées, à être présent sur ces sujets de culture citoyenne et de transmission de la citoyenneté à notre jeunesse.
Vous m'avez interrogée sur le pilotage du SNU. En octobre dernier, la Cour des comptes a remis un rapport dont je partage les conclusions s'agissant du besoin de bases juridiques et financières solides pour le Service national universel. J'ai entendu de nombreuses critiques sur le SNU. Je me suis rendue dans les centres et je peux vous assurer que les jeunes qui ont vécu cette expérience en ressortent assez transformés. Ce dispositif peut représenter un vrai creuset, un moment où la jeunesse apprend à se connaître, où peuvent se créer des liens puissants.
Je crois donc beaucoup dans ce dispositif qui a besoin aujourd'hui d'un socle pour pouvoir évoluer. La montée en puissance a été retardée par la Covid, puisque le SNU n'a pas été mis en oeuvre en 2020. Pour cette année, nous avons un objectif de 50 000 jeunes à travers deux séquences, en février et en juin, toujours sur la base du volontariat. Pour passer à la dimension supérieure, il faudra légiférer et donner au SNU une base juridique, financière et organisationnelle plus robuste. Cette robustesse ne doit cependant pas rendre le dispositif lourd et immobile ; le SNU doit rester agile.
En 2020, les JDC n'ont pas pu se tenir pendant six mois. Elles ont repris de deux façons. Le mode dématérialisé envisagé initialement s'est révélé insatisfaisant car de nombreux jeunes ne se connectaient pas. Rien ne vaut la présence physique. Les JDC ont donc repris en présentiel par demi-journée, le temps du repas ne pouvant pas être assuré du fait des contraintes sanitaires. Le retard pris au cours de l'année 2020 a été totalement résorbé en 2021. Ainsi, 615 000 jeunes ont effectué leur JDC sur 350 sites de métropole et d'outre-mer en 2020. En 2021, 920 000 jeunes y ont participé. Les JDC resteront organisées en demi-journée jusqu'à l'été et reprendront au format classique en septembre. Je veux vraiment saluer la direction du service national et de la jeunesse qui a effectué un travail particulièrement important pour s'adapter en permanence et pouvoir rattraper ce retard. Nous n'avons jamais mis aucun jeune en difficulté. Un jeune qui n'aurait pas effectué sa JDC a quand même obtenu une attestation provisoire pour passer son permis de conduire ou des concours.
S'agissant de la formation des personnes intervenant dans le cadre du Service national universel, je rappelle que les armées se sont engagées à deux niveaux dans le SNU. Elles assurent tout d'abord la formation des encadrants, chefs de centre du Service national universel. Réalisée dans un centre militaire, cette formation dure plusieurs jours et fonctionne très bien. Nous nous sommes d'ailleurs engagés à poursuivre ces formations dans la perspective de la montée en puissance du dispositif. Par ailleurs, nos armées organisent la Journée défense mémoire, dispensée par des militaires, des réservistes et des membres de la direction du service national et de la jeunesse qui assurent également les JDC.
M. Henri Cabanel, rapporteur. - Le contenu de la JDC apparaît assez dense. Ne faudrait-il pas l'alléger, en prévoyant que certaines séquences soient organisées en milieu scolaire ?
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée. - Il est vrai que les programmes des JDC ont été densifiés. Les armées proposent un test sur le niveau de langage, de compréhension et de lecture. Ce test se révèle très important, car il permet de repérer des jeunes qui ont souvent déserté l'école depuis longtemps et de les remettre dans les circuits adéquats. Chaque jeune en difficulté est reçu en entretien individuel. Des possibilités de formation lui sont proposées, de même qu'une orientation vers une mission locale pour qu'il puisse trouver un soutien.
Des modules ont été ajoutés sur le code de la route ou la sécurité routière. La JDC s'est également enrichie avec des thèmes sur les droits et devoirs du citoyen et les enjeux de la mixité sociale. Le dispositif s'adapte en fonction des objectifs que nous voulons porter. Il me semble très important de maintenir la transmission de la citoyenneté, des valeurs de la République et de l'engagement.
La JDC a succédé au service national. Aux jeunes qui y sont appelés, elle doit donc parler du creuset républicain, des valeurs de la République, des droits et devoirs des citoyens.
M. Hussein Bourgi. - Je souhaitais vous apporter des témoignages et formuler quelques suggestions.
Comme Henri Cabanel, je viens du département de l'Hérault. Lorsque nous participons aux cérémonies commémoratives dans une commune rurale ou périurbaine, nous rencontrons fréquemment des élèves. Parfois cependant, aucun jeune ne participe à l'événement et les anciens combattants se désespèrent de cette absence. J'ai essayé de comprendre la genèse de cette réalité qui s'impose à nous et j'ai découvert que lorsque les enseignants habitent la commune, il est beaucoup plus facile pour eux d'organiser cette présence. Il faut informer les parents de ces cérémonies qui se déroulent généralement pendant les jours fériés, afin qu'ils accompagnent leurs enfants ou les confient à l'enseignant ou au chef d'établissement. Dans les grandes villes, l'exercice est beaucoup plus difficile. Les communes sollicitent parfois l'Éducation nationale.
Je vous suggérerais de travailler avec le ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui porte le concept du carré régalien et promeut, dans ce cadre, les valeurs de la République et leur partage par les jeunes qui passent par les écoles, les collèges et les lycées. Il y a peut-être quelque chose à imaginer entre vos deux ministères pour que cette participation aux cérémonies commémoratives ne s'organise plus au cas par cas, mais fasse intégralement partie du projet pédagogique des établissements, qu'elle soit portée par les établissements à l'occasion des différentes fêtes nationales et commémorations.
Je suis par ailleurs conseiller régional et lorsque je me rends dans des lycées, je constate que des enseignants éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver des anciens combattants ou des anciens déportés pour témoigner devant les élèves. Or l'impact de la diffusion d'une vidéo préenregistrée est quand même moins important que celui de la présence physique de personnes qui peuvent répondre directement aux questions des élèves.
Dans notre département, la Société des membres de la Légion d'honneur et sa présidente ont inscrit dans leur projet associatif une action en direction des apprentis. Chaque apprenti est ainsi doté d'un parrain ou d'une marraine qui l'accompagne dans son projet pédagogique et lui fait partager les valeurs de la République. Chaque année, une cérémonie rassemble 300 à 400 apprentis, à l'échelle du département, à l'Opéra de Montpellier. De la même manière, l'Ordre national du mérite organise chaque année avec son président un gala mettant à l'honneur le civisme pour la jeunesse, l'éducation citoyenne et l'engagement citoyen.
Les actions menées dans ce département par deux ordres de la République pourraient peut-être être généralisées. Nous rencontrons de plus en plus de difficultés à trouver des anciens combattants et des personnes pouvant témoigner dans les écoles. Ces sociétés réunissent des personnes volontaires qui agissent non seulement auprès des publics scolaires, mais aussi des apprentis. La Société des membres de la Légion d'honneur dépêche même des sociétaires pour intervenir tous les lundis dans la Communauté Emmaüs de Saint-Aunès, une commune proche de Montpellier, dans laquelle sont accueillies des personnes d'origine étrangère. Un binôme formé par l'ancien maire de Montpellier Hélène Mandroux et un officier de l'armée à la retraite vient expliquer à ces personnes le fonctionnement de la démocratie en France, les rôles de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Ces expériences fonctionnent. Nous pourrions peut-être nous en inspirer pour conclure des conventions avec ces ordres au niveau national et faire en sorte que ces actions soient dupliquées sur d'autres territoires.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée. - Vous mettez en lumière un élément très important. Certaines démarches fonctionnent très bien par la volonté de femmes et d'hommes. Dans les différents départements, les associations ne portent pas forcément les mêmes actions. Il en est de même avec les enseignants. La création des classes de défense dépend vraiment de la volonté de certains professeurs, accompagnés par le proviseur de leur lycée. L'exercice exige un investissement important de leur part. Nous avons pour rôle de mettre à leur disposition tous les outils possibles pour qu'ils réussissent leur engagement auprès de la jeunesse.
Pour les cérémonies, je partage votre constat. J'ai également été maire d'une ville moyenne. Des enseignants réunissaient leurs classes les jours fériés et venaient aux cérémonies. Il est vrai que cette pratique est plus répandue dans les zones rurales, car le lien est plus facile à nouer.
Nous devons aussi engager les élus locaux à travailler dans ce sens. Tout ne peut pas venir d'en haut. Parfois, quand les directives viennent d'en haut, elles sont fortement critiquées. Nous devons faire en sorte de pouvoir aider les élus. L'ONACVG est présent dans tous les départements. Dans ma ville, la problématique consistait à payer les bus pour faire venir des enfants à une cérémonie. La commune prenait donc ces frais en charge, car il nous semblait important de le faire. Il faut sensibiliser les maires, les encourager à prendre de telles initiatives. Nous essayons d'ailleurs de mener ce travail avec l'Association des maires de France.
L'initiative de parrainage des jeunes apprentis me paraît très intéressante. Elle entre dans les objectifs de mentorat. Nous pensons souvent au parrainage dans la formation ou l'installation professionnelle, mais un parrainage citoyen peut se révéler tout aussi pertinent. Il présente à mon sens une grande valeur.
M. Philippe Folliot. - Le monde de la défense et le monde de l'éducation ont été pendant longtemps opposés, avec des affrontements presque idéologiques à certains égards. Sans ressembler aux affrontements entre le Stade Montois et l'US Dax, ces oppositions ont pu être très fortes ! Fort heureusement, la situation a évolué, chaque monde ayant fait un pas vers l'autre. D'un schéma de défiance, nous sommes arrivés aujourd'hui à un schéma de meilleure compréhension, voire de complémentarité ou d'association.
N'oublions pas que le nombre de départements dans lesquels il n'existe plus d'implantation militaire est de plus en plus important. Dans ce contexte, il apparaît essentiel que d'autres relais assurent la continuité du lien armées-nation. L'Éducation nationale doit jouer un rôle pivot à cet égard. Vous avez cité les classes de défense. Leur nombre a certes progressé, mais je pense qu'il faudrait, sans les rendre obligatoires, aller encore plus loin.
Vous avez indiqué que les JDC sont le successeur du service national. Je ne suis pas tout à fait d'accord, sauf à les modifier en profondeur. Les JDC sont plus universelles à certains égards, mais nous ne pouvons pas comparer une action d'une journée avec un service d'un an, voire plus.
Il me paraît important d'insister sur deux ou trois points. Le ministère de la défense est un ministère qui recrute tous les ans. Dans ce ministère, l'ascenseur social fonctionne et permet d'entrer par le bas avec la perspective de mener une carrière au mérite. Il faut continuer à s'appuyer sur cette dynamique positive entre le monde de la défense et le monde de l'éducation.
Je partage les propos de notre collègue sur la nécessité de faire appel à des intervenants extérieurs. Je pense par exemple au Souvenir Français, une association présente sur l'ensemble du territoire, dont la devise est Entretenir, commémorer et transmettre. Elle a un rôle important à jouer en matière de transmission.
Il est vrai que les cérémonies patriotiques étaient devenues, il y a quelques années, presque caricaturales. La moyenne d'âge était extrêmement élevée. Ces événements n'avaient plus de signification. Des initiatives ont été prises pour y remédier. Je pense que votre ministère et le ministère de l'éducation nationale peuvent agir ensemble, y compris en allant au-delà des cérémonies officielles. Dans mon village, comme dans nombre de petites communes, la cérémonie se déroule la veille ou l'avant-veille. Les enfants se rendent au monument aux morts sur le temps scolaire et l'enseignant peut saisir cette occasion pour faire de la pédagogie autour de la cérémonie, en expliquer toute la symbolique.
Vous avez parlé des dixsites nationaux gérés par le ministère des armées, mais il existe aussi une multitude de sites relatifs à la mémoire qui restent en dessous des radars et pour lesquels votre ministère peut jouer un rôle, si ce n'est financier, au moins d'appui. Je citerai deux exemples dans le département du Tarn, le Militarial à Boissezon et le Mémorial d'Afrique du Nord à Montredon-Labessonnié. Autour de ces sites, des associations, des personnes s'impliquent et font ce qu'elles peuvent pour transmettre cette mémoire. Le socle que doit constituer la relation entre le ministère des armées et le ministère de l'éducation nationale doit faire germer des initiatives avec l'appui de la société civile.
M. Hervé Gillé. - L'articulation avec les parties prenantes qui travaillent autour de la jeunesse me paraît essentielle. Des liens se sont construits. Ils méritent peut-être d'être encore améliorés. Nous citions les missions locales notamment. Les journées « défense et citoyenneté » (JDC) permettent en effet de repérer un certain nombre de problématiques et de faire en sorte que des parcours qualitatifs s'engagent.
La notion de parcours citoyen peut prendre encore plus de sens, y compris dans l'acquisition de compétences et leur valorisation dans le parcours de vie ou le parcours professionnel du jeune. Un jeune qui s'est investi de manière citoyenne peut évoluer en compétence. Ces compétences peuvent être reconnues dans son parcours. Cette qualification des parcours renvoie aussi à l'intérêt d'améliorer encore les relations avec les parties prenantes, notamment les missions locales.
Comme nous l'évoquions hier avec le général Ménaouine, la mobilisation n'est pas toujours équivalente dans tous les territoires. Certaine affichent des dynamiques fortes quand, sur d'autres, les liens sont relativement faibles. Je pense qu'il faudrait essayer de consolider, au niveau national, ces liens institutionnels entre le réseau des missions locales et l'ensemble des acteurs impliqués. Quel est votre avis sur le sujet ?
Nous pourrions aussi imaginer un parcours citoyen qui se qualifie et prend de plus en plus de sens dans la reconnaissance des compétences que le jeune pourrait faire valoir dans son parcours personnel et professionnel.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée. - Je suis très attachée au parcours citoyen. Il me semble important. Nous l'avons développé sous ce vocable dans le plan Ambition armées-jeunesse à partir de 13 ans, mais le parcours citoyen du jeune doit démarrer dès l'école primaire, avec l'enseignement moral et civique. Les professeurs des écoles sont assez volontaires sur le sujet. Dans les collèges et lycées, en revanche, le traitement du sujet reste inégal. Ce n'est pas une critique : les enseignants ont des programmes lourds, à couvrir dans des temps contraints.
Il me paraîtrait important de renforcer ce parcours citoyen et de le construire à partir de ses différentes composantes. Les armées ne sont pas seules à intervenir sur le sujet. Nous entretenons un très bon dialogue avec l'Éducation nationale sur un grand nombre de sujets. Comme l'a rappelé le sénateur Philippe Folliot, il n'en a pas toujours été de même. Par le passé, il existait peut-être plus de postures antimilitaristes que de postures en faveur de l'institution militaire. Je crois que tout cela est derrière nous aujourd'hui. Nous accueillons les mêmes jeunes et nous identifions les mêmes besoins. Il faut vraiment construire un vrai parcours citoyen en démarrant par les plus jeunes et en intégrant les différents acteurs. Le ministère des armées intervient dans un grand nombre de domaines. Incidemment, je reconnais que la JDC ne ressemble en rien au service national d'autrefois. Pour autant, elle en est le successeur dans la loi.
C'est bien pour donner du sens à ce parcours citoyen que j'ai souhaité déployer cette Ambition armées-jeunesse, déclinée selon les âges. Il faut que les autres ministères intègrent cette démarche. Aujourd'hui, chacun oeuvre dans son silo. Je crois que nous gagnerions collectivement à bâtir une démarche plus construite dans le temps avec les différents ministères. Nous le faisons avec l'Éducation nationale dans de nombreux domaines.
Nous avons besoin d'aider les enseignants à aborder les sujets de défense. Nous mettons déjà à leur disposition de nombreux outils à travers le site Educ@def, notamment sur les sujets mémoriels. Nous devons aussi inclure toutes les initiatives associatives. Notre ministère soutient ainsi Le Souvenir Français. Non seulement il intervient dans l'entretien des tombes des soldats, mais il réalise aussi un travail original et dynamique pour mettre en avant certains héros disparus qui peuvent marquer l'esprit des jeunes. Il faut intégrer toutes les forces vives qui sont prêtes à travailler auprès de nous sur ces sujets.
Tout cela doit être articulé, organisé pour en faire quelque chose d'efficace, d'assez robuste à disposition des jeunes pour les aider à devenir des citoyens bien éclairés.
M. Stéphane Piednoir, président. - L'armée prend toute sa place dans la construction citoyenne des jeunes à partir de 13 ans. Néanmoins, pour reprendre les propos de Jean-Michel Blanquer, c'est aussi à l'école primaire que tout se joue pour la citoyenneté. Or la participation des classes aux commémorations s'appuie sur la bonne volonté des enseignants. Nous pourrions, dans le renforcement du parcours citoyen, initier des visites au monument aux morts sur le temps scolaire. Nous comprenons les enseignants qui hésitent à amener leur classe à une commémoration pendant leurs congés ou jours fériés. En revanche, sur un temps scolaire, cette démarche peut prendre tout son sens. Elle peut éveiller le sens citoyen des plus jeunes. Cet éveil doit en effet commencer bien avant 13 ans.
Les relations entre les armées et l'Éducation nationale ont effectivement changé. Toutefois, le changement majeur réside dans la déconnexion de la jeunesse avec la société. Comment reconnecter notre jeunesse à la société ? Comment lui redonner l'envie d'aller voter ? C'est l'un des objectifs prioritaires de cette mission. Il s'agit de faire comprendre aux jeunes que voter a du sens, que ce n'est pas un jeu, que ce n'est ni inutile ni fortuit. Ce phénomène est assez nouveau. Il n'existait pas autrefois, quand les jeunesses étaient peut-être mobilisées contre des ennemis communs, des combats idéologiques plus forts.
Merci beaucoup pour votre participation.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.