Jeudi 26 septembre 2019

- Présidence de Mme Annick Billon, présidente -

Désignation des lauréats du Prix de la délégation aux droits des femmes

Mme Annick Billon, présidente. - Mes chers collègues, je me réjouis de vous retrouver ce matin, en cette réunion de reprise de nos travaux.

Je souhaite remercier Françoise Laborde qui a représenté la délégation à l'installation du Haut Conseil à l'égalité (HCE), le 10 septembre dernier et dont la nouvelle présidente, Brigitte Grésy, sera présente le 10 octobre.

Notre ordre du jour concerne la désignation des lauréats du Prix de la délégation aux droits des femmes. Le prix sera décerné aux lauréats le 10 octobre 2019, à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire de la création de la délégation. Je rappelle que nous avons validé la création de ce prix au cours de notre réunion du 11 juillet dernier, l'idée étant de marquer d'un geste fort l'anniversaire des 20 ans de la délégation.

Cette récompense, strictement honorifique, sera décernée à des personnalités, associations ou institutions engagées dans la défense des droits des femmes et la promotion de l'égalité entre femmes et hommes. Les lauréats seront mis à l'honneur au cours d'une cérémonie qui aura lieu le 10 octobre, à la suite de la matinée d'échanges.

Pour faciliter la constitution de notre palmarès, vous avez reçu un tableau de personnalités et d'associations associées aux travaux et réflexions de la délégation au cours des dernières années. Le palmarès dont nous allons décider sera ainsi le reflet des centres d'intérêt et du programme de travail de la délégation.

Je propose de passer sans plus tarder à un tour de table pour recueillir les souhaits des uns et des autres. À titre liminaire, permettez-moi de suggérer la désignation de trois lauréats pour cette première édition de notre prix. De plus, je serais sensible à ce qu'un homme figure à notre palmarès, car je suis très attachée, vous le savez, comme vous tous d'ailleurs, à l'implication des hommes dans la défense de l'égalité femmes-hommes.

Mais bien sûr tout est ouvert. Je rappelle aussi qu'il a été décidé que le prix serait par la suite décerné tous les ans à l'occasion du 8 mars. Il y aura ainsi de nouvelles occasions de marquer notre considération à d'autres acteurs engagés en faveur des droits des femmes. Il ne faudra donc pas avoir de regrets si vos candidats ne sont pas retenus cette fois-ci !

[Échange de vues entre Guillaume Arnell, Annick Billon, Laure Darcos, Chantal Deseyne, Loïc Hervé, Victoire Jasmin, Marc Laménie et Michelle Meunier]

Mme Annick Billon, présidente. - Mes chers collègues, je constate que nous sommes unanimes à choisir Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine Saint-Denis et co-présidente, avec le juge Édouard Durand, de la commission violences du (HCE. Ernestine Ronai est une interlocutrice incontournable de notre délégation sur tous les sujets de violences faites aux femmes, y compris dans les outre-mer. Ce choix reflète ainsi notre programme de travail depuis deux ans, plus particulièrement axé sur les violences.

En outre, la remise du prix à Ernestine Ronai permet de mettre en avant notre intérêt pour les outre-mer, puisque Mme Ronai est co-auteure, avec Dominique Rivière, d'un rapport de référence du Conseil économique, sociale et environnemental (CESE) sur les violences faites aux femmes dans les outre-mer. À ce titre, elle est d'ailleurs personnalité associée au CESE.

Je me réjouis donc que le nom de Mme Ronai fasse consensus !

Je constate que nous sommes tous d'accord, également, pour saluer le travail de Women-Safe - Institut en santé génésique de Saint-Germain en Laye, dont les co-fondateurs sont Frédérique Martz, directrice générale, et Pierre Foldès, pionnier de la technique de réparation des femmes excisées. Nous avons gardé un souvenir très fort du déplacement à Women Safe, en février 2018, dans le cadre de nos travaux sur les mutilations sexuelles féminines, et de l'audition du docteur Foldès et de Mme Martz qui l'avait complété, au mois de mars 2018. Tout ce que nous avons appris grâce à eux se reflète d'ailleurs largement dans la résolution pour soutenir la lutte contre le mariage des enfants, les grossesses précoces et les mutilations sexuelles féminines, adoptée par le Sénat, le 14 mars 2019, à l'initiative de notre délégation.

Ce choix fait donc écho à tous nos travaux sur les mutilations sexuelles féminines et à la résolution qui en a résulté dans un beau moment d'unanimité au Sénat. Il permet aussi de mettre en lumière un engagement masculin, celui du Docteur Foldès, dans la défense des droits des femmes.

Je me réjouis à cet égard tout particulièrement de la présence de nos trois collègues Guillaume Arnell, Loïc Hervé et Marc Laménie, qui contribuent activement à nos débats !

Pour le troisième lauréat, nous sommes tombés d'accord pour récompenser Avec les femmes de la Défense, réseau professionnel exemplaire dans un domaine où l'engagement des femmes demeure encore pionnier. Dans notre combat pour les droits des femmes, il nous paraît en effet important de ne pas limiter notre palmarès à la lutte contre les violences.

Ce choix s'inscrit également dans la continuité des travaux réalisés en 2015 sur les femmes militaires, qu'il s'agisse de la table ronde organisée en mars 2015, en présence du ministre de la Défense, ou du rapport qui en a résulté1(*). Il fait par ailleurs écho à la participation active de femmes militaires à la séquence sur « les femmes et la guerre aujourd'hui » de notre colloque sur les femmes dans la Grande guerre, organisé en octobre 2018. Je tiens à souligner que cette séquence a marqué et impressionné tous ceux qui y ont assisté.

De surcroît, dans le contexte actuel où les questions de sécurité revêtent une grande importance pour nos concitoyens, cela permet d'exprimer la considération de notre délégation pour celles et ceux qui assurent la défense de notre pays.

J'ajoute que la présidente actuelle de Avec les femmes de la Défense, officier de l'Armée de terre, a tout récemment reçu ses étoiles de générale, ce qui fait d'elle une pionnière à plus d'un titre.

Enfin, nous avons décidé d'ajouter une mention spéciale à notre palmarès pour rendre hommage à l'action de Hadja Idrissa Bah, jeune Guinéenne engagée contre l'excision et présidente de l'association Jeunes filles leaders de Guinée, que nous avons reçue au Sénat le 27 juin dernier. Son témoignage nous a beaucoup interpelés et nous avons admiré son énergie et son enthousiasme pour porter sa cause. Il est important aussi que notre palmarès fasse une place à la jeunesse.

Hadja Idrissa Bah est par ailleurs intervenue lors du Sommet Women7 qui a réuni à l'UNESCO, le 9 mai 2019, les associations et ONG engagées dans la défense des droits des femmes et des filles afin d'élaborer des recommandations à l'attention des pays membres du G7, dans la perspective du sommet de Biarritz d'août 2019. Sa distinction par notre délégation fait ainsi écho à nos travaux non seulement sur le G7, mais aussi sur le mariage des enfants et les grossesses précoces.

L'action d'Hadja Idrissa Bah rejoint donc l'ensemble des combats de la délégation, qu'il s'agisse de la lutte contre les violences ou de la participation active des femmes dans la société au nom de l'égalité femmes-hommes.

M. Guillaume Arnell. - Le choix d'Hadja Idrissa Bah me paraît d'autant plus opportun qu'il permet d'ouvrir notre palmarès à d'autres continents.

Mme Annick Billon, présidente. - Je partage votre avis, cher collègue. Pour rebondir sur ce point, je souligne que les outre-mer sont pris en compte dans notre palmarès, à travers l'engagement d'Ernestine Ronai, et je ne doute d'ailleurs pas que de prochaines éditions du prix de la délégation fassent la part belle à des acteurs et actrices des droits des femmes impliqués dans ces territoires. Notre colloque du mois de février 2019, organisé conjointement avec la délégation sénatoriale aux outre-mer, a démontré la participation active des femmes au dynamisme de leurs territoires !

Je récapitule donc les lauréats désignés pour la première édition du Prix de la délégation aux droits des femmes :

- Ernestine Ronai ;

Women Safe - Institut en santé génésique de Saint-Germain en Laye ;

Avec les femmes de la défense ;

- et Hadja Hidrissa Bah (mention spéciale), présidente de l'association Jeunes filles leaders de Guinée.

Merci, chers collègues, pour votre participation.


* 1 Des femmes au service de la défense de notre pays, rapport d'information de Corinne Bouchoux, Hélène Conway-Mouret, Brigitte Gonthier-Maurin, Chantal Jouanno, Françoise Laborde et Vivette Lopez au nom de la délégation aux droits des femmes, rapport n° 373 (2014-2015).