Les Parlements dans la société de l'information
Palais du Luxembourg, 18 et 19 novembre 1999
IV. INTERVENTION DE M. JOUNY BACKMAN, DÉPUTÉ FINLANDAIS
« Lors de la naissance des sociétés industrielles, la notion clé était celle de l'innovation technique. Aujourd'hui, nous sommes en présence d'un réseau mondial, où la technologie ne précède plus le développement mais le suit.
Tous les anciens modèles de développement de nos sociétés doivent donc être adaptés pour répondre aux exigences des nouvelles technologies. Un modèle basé sur des relations orientées pour l'essentiel du haut vers le bas laisse place, progressivement, à un nouveau modèle de fonctionnement en réseau.
Une société fondée sur l'information et sur la compétence doit pénétrer tous les niveaux de citoyenneté, ce qui implique de réformer les modes de fonctionnement du système politique.
Cela implique-t-il un remaniement du fonctionnement démocratique ? Pas nécessairement. Il ne s'agit pas de remplacer la démocratie par une "télédémocratie".
La démocratie représentative doit s'orienter vers une plus grande participation au processus démocratique, dont les principaux acteurs ne seraient plus forcément des élus mais de simples citoyens qui souhaitent s'impliquer dans le débat. Cette démocratie participative requiert que chaque citoyen soit sensibilisé et que sa conscience soit éveillée à la démocratie. De ce point de vue, les nouvelles technologies permettent d'envisager de nouvelles voies d'actions.
En Finlande, 60 % des citoyens estiment que la télédémocratie ouvre de nouvelles perspectives, et 40 % d'entre eux souhaiteraient pouvoir entrer en contact avec leur député par le biais de la télévision.
Mais cela pose bien des questions. Les différents pays, même au sein des pays développés, n'ont pas du tout le même niveau d'équipement en matière de technologies nouvelles. L'usage des nouvelles technologies ne doit pas être cantonné aux démocraties nouvelles. Nos démocraties plus anciennes, notamment en Europe, ont besoin d'être revitalisées, et les nouvelles technologies peuvent nous y aider.
L'amélioration de la qualité du travail législatif, une meilleure analyse de l'information reçue par l'utilisation des bases de données doivent également être au centre de nos préoccupations. En Finlande, les comptes rendus des débats et les textes de loi sont disponibles sur un site web.
La plus grande opportunité offerte par les nouvelles technologies est qu'elles permettent de se défaire des anciens modèles. Le véritable changement serait d'améliorer la préparation et la participation des citoyens au débat public. Des expériences ont déjà été menées en Finlande au niveau de certaines collectivités locales, qui disposent d'une très large autonomie.
La participation des citoyens au processus décisionnel est évidemment plus aisée qu'au niveau national : les élus publient leurs propositions sur Internet, et invitent les citoyens à réagir avant que le texte ne soit examiné ou que la décision ne soit prise. Il n'est pas certain que ce mode de fonctionnement soit transposable au niveau national.
Néanmoins, il ne fait pas de doute que cela ne pourrait que renforcer le lien entre le travail parlementaire et les citoyens. »