Les Parlements dans la société de l'information
Palais du Luxembourg, 18 et 19 novembre 1999
IV. INTERVENTION DE M. JORDI SANCHEZ, UNIVERSITÉ DE BARCELONE
« Depuis 1998, nous disposons au Parlement de Catalogne d'un site web, democracia.web. Sa première section, « Parlement on line », permet aux citoyens de proposer des amendements aux projets et propositions de loi, qui viennent enrichir le travail des groupes parlementaires. Les internautes peuvent aussi faire des commentaires ou des suggestions sur n'importe quel sujet d'intérêt général. La deuxième section, consacrée à la démocratie électronique, a permis, pour la première fois de mettre à la disposition des citoyens connectés au réseau un texte de loi en même temps qu'il était publié au Journal officiel. Democracia.web assure aussi le suivi du travail parlementaire, avec la collaboration mensuelle des leaders des formations politiques catalanes.
Quel bilan peut-on tirer des premiers mois de fonctionnement de ce site ? Il a reçu approximativement 25 000 visiteurs, en particulier pendant les sessions extraordinaires consacrées à la politique générale, à l'éducation ou aux politiques sociales : cela démontre que le contenu du site est primordial pour éveiller l'intérêt des citoyens. Du côté parlementaire, on a pu constater que tous les groupes ont régulièrement répondu aux sollicitations que leur transmettaient les internautes : il est vrai que toutes les questions et toutes les réponses qui leur sont fournies sont consultables, et donc que les interrogations qui restent sans réponse se remarquent très vite. Le problème le plus significatif est la difficulté éprouvée par les représentants du Parlement catalan pour s'habituer à l'utilisation d'Internet. Ce point devrait s'améliorer avec le temps.
D'une manière générale, je crois que l'on peut dire que les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont applicables au domaine politique : elles permettent une meilleure information et une plus grande participation du public, et peuvent nous aider à résoudre certains problèmes.
Dans beaucoup de démocraties occidentales, on constate une certaine désaffection des citoyens vis-à-vis du politique. Il ne s'agit pas pour autant d'une défiance par rapport aux principes démocratiques, mais plutôt d'un problème de relations entre les hommes politiques et les citoyens. Internet pourrait sans doute devenir un instrument susceptible de résoudre certaines des difficultés que nous rencontrons, y compris dans le domaine politique. Mais la confiance dans cet outil doit être limitée. La contribution des nouvelles technologies est fonction de la volonté populaire d'y voir quelque chose de positif. Le déficit démocratique que nous connaissons aujourd'hui n'a pas de caractère technologique, c'est avant tout un problème culturel. Il ne faut donc pas se bercer d'illusions et croire que l'Internet pourra résoudre tous nos problèmes : il faut se consacrer à l'information et à l'éducation civique des populations. »