Les Parlements dans la société de l'information



Palais du Luxembourg, 18 et 19 novembre 1999

V. INTERVENTION DE M. RENÉ TRÉGOUËT, SÉNATEUR DU RHÔNE

« Nous avons il y a quelques mois soumis une proposition de loi à l'avis des citoyens internautes, et nous tiendrons compte de leurs contributions avant de déposer notre proposition définitive sur le Bureau du Sénat.

Je crois que ce type de démarche est appelé à se développer à l'avenir, et que cela ne pourra que renforcer la légitimité du travail parlementaire. Nous sommes donc en train de prendre un virage très important. Il est vrai que la communauté des internautes ne constitue encore qu'une minorité de nos concitoyens. Mais leur nombre croît chaque jour et je suis convaincu que cette voie est porteuse d'avenir pour le travail parlementaire.

Pour bien imaginer ce qui va se passer dans les dix à vingt ans à venir, il suffit de se pencher sur l'évolution des méthodes de travail dans les groupes multinationaux, où les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont déjà changé la vie des responsables, en leur évitant des déplacements incessants.

Pour ma part, il m'est déjà arrivé de faire l'aller-retour entre Paris et Lyon quatre fois dans une semaine, donc de passer 16 heures dans un TGV. À l'heure où le temps devient une richesse essentielle, le recours aux nouvelles technologies, aux outils de téléprésence, doit nous conduire à modifier nos méthodes de travail et, partant, notre relation avec nos électeurs.

Beaucoup parmi eux disposent de compétences qui ne sont pratiquement pas exploitées. Tout l'enjeu du travail en réseau vise justement à exploiter ces immenses gisements de compétences, dont nous nous privons aujourd'hui.

Nos parlements fonctionnent encore selon des méthodes de travail mises en place il y a un demi-siècle, ou davantage, ce qui n'est plus admissible. Le téléspectateur qui constate qu'en séance publique l'hémicycle est pratiquement vide, peut-il comprendre que l'essentiel du travail des parlementaires se fait au sein des commissions ?

Si nous pouvions, avec les outils de téléprésence, travailler autrement et gagner du temps sur nos déplacements, nous aurions sans doute davantage de temps pour assister aux séances publiques.

Nous allons donc devoir faire preuve d'une plus grande humilité et apprendre à travailler en réseau pour exploiter au mieux toutes les compétences disponibles.

Le deuxième mot clé, après l'humilité, c'est la transparence. Une majorité de Français pense aujourd'hui que leurs enfants seront moins heureux qu'eux, alors que cela a été le contraire pendant des décennies. C'est le symbole le plus fort qui soit de la faillite du politique.

Nous devons sortir de notre fonctionnement en vase clos, et nous ouvrir sur le monde qui nous entoure, sur les scientifiques, les universitaires, le monde associatif, le tout pour mieux penser notre futur. Les nouvelles technologies peuvent nous y aider de manière déterminante.

Le troisième maître mot, c'est la confiance. Ce n'est qu'au travers des réseaux que nous pourrons retrouver la confiance de nos concitoyens. »

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