I. LE BILAN DE LA LÉGISLATURE : MYTHES ET RÉALITÉS DU PLAN PLURIANNUEL DE REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES
Le « plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles » constitue, en matière de politique sociale agricole, le pilier du bilan du Gouvernement.
A. UN EFFORT À RELATIVISER
1. L'objectif « reconstruit » du plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles
Le
Gouvernement explique que l'année 2002 verra l'aboutissement du plan
pluriannuel de revalorisation des retraites, qui aurait été mis
en oeuvre depuis la loi de finances pour 1998.
Ce « plan pluriannuel » est une innovation introduite en
cours de législature. En attestent les trois premières mesures de
revalorisation, intervenues sous la forme d'amendements aux projets de loi de
finances 1998, 1999 et 2000.
Lors de la discussion au Sénat de la loi d'orientation agricole, le
Gouvernement avait opposé l'article 40 à un amendement de la
commission des Affaires sociales, présenté par M. Dominique
Leclerc.
« L'amendement Leclerc » de janvier 1999
Selon
une formule adaptée aux lois d'orientation, l'amendement de la
commission des Affaires sociales était ainsi rédigé :
« La nation se fixe comme objectif de porter, d'ici quatre ans, les
pensions de retraite versées par le régime agricole à un
montant au moins égal au minimum vieillesse, sous réserve d'une
carrière complète en agriculture «
Un tel amendement était -somme toute- mesuré, au regard des
revendications portées par les retraités agricoles. L'objectif a
été du reste atteint en trois ans.
Dans ces conditions, votre commission s'étonne toujours que le
Gouvernement ait cru bon d'invoquer l'article 40, au sujet d'un amendement dont
le but principal était d'accroître la lisibilité de
l'action publique...
Ce n'est qu'au cours de l'automne 1999, et plus encore à la suite des
travaux conduits au nom du groupe socialiste de l'Assemblée nationale
par M. Germinal Peiro, député de la Dordogne
2(
*
)
, qu'a été
imaginé le « concept » du « plan
pluriannuel de revalorisation des retraites ».
2. Un bilan financier apparemment impressionnant
Le
rapport déposé par le Gouvernement en application de l'article 3
de la loi d'orientation agricole rappelle que le plan pluriannuel aura permis
de revaloriser les pensions de près de 30 % pour les chefs
d'exploitation, près de 45 % pour les personnes veuves et près de
79 % pour les conjoints et aides familiaux.
L'effort représenterait
« un effort cumulé de
près de 13 milliards de francs jusqu'en 2001, et poursuivi
jusqu'à fin 2003, de plus de 28,5 milliards de
francs »
3(
*
)
.
Selon M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche,
« l'effort dépassera les 20 milliards de
francs »
4(
*
)
.
Votre rapporteur pour avis s'est penché sur les modalités exactes
de calcul de cet « effort ».
Les efforts de revalorisation des petites retraites agricoles (1998-2002)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Cumul
|
Mesures petites retraites 94 |
461 |
445 |
431 |
420 |
410 |
2.167 |
Coût net |
323 |
311 |
302 |
300 |
295 |
1.531 |
Mesures « veuves » loi modernisation 95 |
2.619 |
2.668 |
2.742 |
2.825 |
2.900 |
13.754 |
Coût net |
1.929 |
1.991 |
2.092 |
2200 |
2.300 |
10.512 |
Loi de finances pour 97 |
602 |
760 |
820 |
780 |
750 |
3.712 |
Coût net |
485 |
614 |
670 |
638 |
615 |
3.022 |
Cumul brut 1994-1997 |
|
|
|
|
|
19.633 |
Cumul net 1994-1997 |
|
|
|
|
|
15.065 |
Loi de finances pour 98 |
760 |
1.022 |
1.022 |
1.003 |
973 |
4.780 |
Coût net |
680 |
858 |
859 |
845 |
820 |
4.062 |
Loi de finances pour 99 |
|
1.331 |
1.736 |
1.750 |
1.756 |
6.573 |
Coût net |
|
1.161 |
1.409 |
1.431 |
1.445 |
5.446 |
Loi de finances pour 2000 |
|
|
1.200 |
1.550 |
1.500 |
4.250 |
Coût net |
|
|
1.050 |
1.270 |
1.233 |
3.553 |
Loi de finances pour 2001 |
|
|
|
1.241 |
1.600 |
2.841 |
Coût net |
|
|
|
1.106 |
1.337 |
2.443 |
PLF 2002 |
|
|
|
|
1.608 |
1.608 |
Coût net |
|
|
|
|
1.415 |
1.415 |
Cumul brut législature |
|
|
|
|
|
20.052 |
Cumul net législature |
|
|
|
|
|
16.919 |
Il
ressort du tableau ci-dessus que le coût des mesures prises par le
Gouvernement, sur la période 1998-2002, est estimé à 20
milliards de francs en coût brut, et à 16,9 milliards de francs en
coût net (c'est-à-dire diminué des économies en
résultant pour le Fonds de solidarité vieillesse).
Ce calcul permet également de s'apercevoir que l'effort de
revalorisation avait été en réalité entamé
bien avant 1997. Comme l'a reconnu lui-même M. Jean Glavany,
« le mouvement a été engagé par la
majorité précédente »
5(
*
)
.
Sur la même période 1998-2002, le coût des mesures
décidées entre 1993 et 1997 s'élève à 19,6
milliards de francs en coût brut et à 15,0 milliards de francs en
coût net.
Mais au-delà d'une bataille de chiffres, un tel effort a
été facilité
en dépenses
par la
réduction des effectifs du régime agricole et
en recettes
,
par la croissance économique procurant au régime agricole une
fraction de TVA toujours plus élevée.
3. Un plan rendu possible par la stagnation en francs constants des dépenses du BAPSA
En cinq ans, le régime agricole a perdu ainsi près de 300.000 bénéficiaires du régime maladie et 20.000 bénéficiaires du régime vieillesse.
Effectifs bénéficiaires maladie 1997-2002
Années |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Effectifs maladie |
2.472.311 |
2.405.170 |
2.341.110 |
2.286.128 |
2.232.437 |
2.180.000 |
Effectifs bénéficiaires retraités de droit direct de 65 ans et plus |
1.729.957 |
1.738.459 |
1.730.790 |
1.726.934 |
1.717.954 |
1.709.880 |
De fait, le BAPSA a stagné en francs constants. Depuis 1997, les dépenses du BAPSA ont progressé de 7,59 %, tandis que l'inflation augmenterait sur la même période de 6,66 % 6( * ) .
Dépenses du BAPSA 1997-2002
(en millions de francs)
Années |
1997 exéc. |
1998 exéc. |
1999 exéc. |
2000 exéc. |
2001 prév. |
PLF 2002 |
Dépenses |
86.936 |
88.041 |
89.361 |
90.901 |
92.092 |
93.534 |
Evolution fictive en francs constants |
86.936 |
87.197 |
88.330 |
89.744 |
91.269 |
92.729 |
4. Un effort de l'Etat en voie de diminution
En recettes, le BAPSA a profité d'une augmentation du produit de la TVA qui lui a été affecté, ainsi que d'une affectation d'une partie croissante de C3S.
(en millions de francs)
Années |
1997 exéc. |
1998 exéc. |
1999 exéc. |
2000 exéc. |
2001 prév. |
PLF 2002 |
Concours budgétaires (1) |
7.351 |
7.602 |
5.023 |
6.221 |
5.899 |
2.230 |
Fiscalité affectée (2) |
24.928 |
26.292 |
27.684 |
29.015 |
29.810 |
30.952 |
TOTAL (1+2) |
32.279 |
33.894 |
32.707 |
35.236 |
35.709 |
33.182 |
C3S |
0 |
0 |
1.000 |
1.350 |
1.830 |
3.411 |
Sécurité sociale |
38.243 |
38.031 |
38.291 |
37.500 |
37.075 |
40.236 |
TOTAL recettes |
86.936 |
88.041 |
89.361 |
90.901 |
92.092 |
93.534 |
Part Etat (1+2) |
37,1 % |
38,5 % |
36,6 % |
38,8 % |
38,8 % |
35,5 % |
Cette
présentation revient à démontrer que le plan pluriannuel
des retraites est financé en quelque sorte par une ponction sur le fonds
de roulement du BAPSA, de l'ordre de 1.441 millions de francs, correspondant au
déficit cumulé des exercices 1997-2001, par une ponction sur la
C3S, pour un total de 7.591 millions de francs
7(
*
)
et par la croissance spontanée
des recettes fiscales, pour un montant de 6.024 millions de francs.
La « générosité » dont ferait
preuve l'Etat est ainsi toute relative.
Evolution
du BAPSA 1997-2002 : l'Etat se désengage
Toutes
les « astuces » sont du reste utilisées.
Ainsi, l'Etat a décidé, pour l'année 2002, de verser
l'intégralité de la « compensation » CSG au
BAPSA
8(
*
)
, alors qu'elle
était jusqu'alors éclatée entre le BAPSA pour la part
technique et la MSA pour la part de gestion, puisque les cotisations
d'assurance maladie basculées étaient réparties entre ces
deux affectations. La conséquence de cette
« astuce » est de priver les caisses de MSA d'une recette
de 370 millions de francs, nécessaire au financement de l'action sociale
des caisses.
Votre rapporteur pour avis constate de surcroît que la gestion
budgétaire du BAPSA, sur la période 1997-2002, a
été particulièrement déficiente.
B. UNE GESTION BUDGÉTAIRE DÉFICIENTE
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur la gestion budgétaire pour le moins défaillante du BAPSA. Les recettes professionnelles sont constamment surestimées et les dépenses maladie sous-estimées, ce qui conduit à des déficits d'exécution importants. Pour ne pas augmenter de manière trop importante les dépenses budgétaires, le Gouvernement recourt à une imposition affectée à la sécurité sociale, la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S), qui lui sert de variable d'ajustement.
1. Un constat : une succession de déficits
M.
Charles de Courson, rapporteur spécial de la commission des Finances de
l'Assemblée nationale, déplore la sous-estimation du
déficit d'exécution du BAPSA, en considérant
« qu'il ne s'agit pas d'une fatalité liée à
un aléa impossible à prévoir, mais bien d'une
volonté délibérée de minimiser le déficit
d'exécution, avec des conséquences sur la sincérité
à la fois de la loi de finances et de la loi de financement de la
sécurité sociale »
9(
*
)
.
Votre rapporteur pour avis s'est efforcé d'étayer ce constat, en
analysant l'ensemble des BAPSA de la législature. Celle-ci se
caractérise en effet par une succession de déficits.
Les dépenses du BAPSA pour 1997
se sont élevées
à 86,9 milliards de francs, dont 33,7 milliards de francs de prestations
maladie-maternité-invalidité, 47,8 milliards de francs de
prestations vieillesse, 12,4 milliards de francs en assurance-veuvage et 4,3
milliards de francs de prestations familiales.
Ces dépenses ont été inférieures de 240 millions de
francs au montant inscrit en loi de finances, principalement en raison de
dépenses d'assurance maladie moins élevées que
prévu. Cette économie, associée aux moindres
dépenses de prestations familiales et à un moindre montant des
intérêts, compense le dépassement des dépenses
d'assurance vieillesse, occasionné par les mesures en faveur des petites
retraites.
Les recettes du BAPSA pour 1997 se sont élevées à 86,4
milliards de francs. La moins-value de recettes a atteint 760 millions de
francs.
Le financement professionnel a apporté 15,8 milliards de francs au BAPSA
en 1997, soit un montant supérieur de 165 millions de francs à
celui prévu en loi de finances initiale, mais inférieur de 405
millions de francs à celui estimé en loi de finances
rectificative.
Le versement de la compensation démographique a été
supérieur de 840 millions de francs à celui inscrit en loi
de finances initiale.
Les moins-values de recettes les plus importantes ont concerné la TVA
affectée au BAPSA (- 1,2 milliard de francs) et la subvention
d'équilibre de l'Etat (- 620 millions de francs).
Au total, l'exécution du BAPSA 1997 s'est soldée par un
déficit de 520 millions de francs qui aurait pu être
évité. En effet, le Gouvernement, à l'occasion de la loi
de finances rectificative de décembre 1997, avait -prétextant
d'une progression très importante du financement professionnel, qui ne
s'est pas avérée- réduit la subvention d'équilibre
du budget général.
Les dépenses du BAPSA pour 1998
se sont élevées
à 88 milliards de francs, dont 33,8 milliards de francs de prestations
maladie-maternité-invalidité, 48,7 milliards de francs de
prestations vieillesse et d'assurance veuvage et 4,1 milliards de francs de
prestations familiales.
Ces dépenses ont été inférieures de 140 millions de
francs au montant inscrit en loi de finances, principalement en raison de
dépenses d'assurance vieillesse moins élevées que
prévu.
Les recettes du BAPSA pour 1998 se sont élevées à 88
milliards de francs, soit un montant inférieur aux prévisions de
180 millions de francs.
Le financement professionnel a apporté 15,9 milliards de francs au BAPSA
en 1998, soit un montant inférieur de 383 millions de francs à
celui prévu en loi de finances initiale.
Le versement de la compensation démographique a été
supérieur de 873 millions de francs à celui inscrit en loi
de finances initiale.
Le rendement des recettes affectées a été supérieur
de 1,14 milliard de francs. En conséquence, la subvention
d'équilibre de l'Etat a été diminuée de 827
millions de francs.
Les dépenses du BAPSA pour 1999
ont été plus
élevées de 600 millions de francs que prévu, en
raison exclusivement de la dérive des dépenses d'assurance
maladie.
Les dépenses du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 (réalisation) |
Assurance maladie, maternité, invalidité |
33.794 |
34.442 |
Modernisation assurance maladie |
100 |
58 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
Prestations familiales |
3.948 |
4.081 |
Assurance vieillesse |
50.285 |
49.725 |
Etudiants et praticiens |
750 |
755 |
Etalement et prise en charge de cotisations |
100 |
100 |
Intérêts |
173 |
187 |
TOTAL |
89.162 |
89.740 |
En
revanche, les dépenses d'assurance vieillesse ont été
surestimées de près de 560 millions de francs.
S'agissant des recettes, la surestimation du financement professionnel est
compensée par un produit, supérieur aux prévisions, de la
cotisation de TVA affectée ainsi que de versements plus favorables de la
compensation démographique.
Les recettes du BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 réalisations |
Financement professionnel |
16.955 |
16.436 |
Taxes |
28.586 |
28.701 |
Sécurité sociale |
38.212 |
38.670 |
Etat |
5.359 |
5.022 |
Recettes diverses |
50 |
63 |
TOTAL |
89.162 |
88.860 |
L'évolution du financement professionnel montre que les cotisations ont été surestimées de près de 800 millions de francs.
Recettes de cotisations BAPSA 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
1999 (réalisation) |
Cotisations |
12.263 |
11.448 |
Allocations familiales (PFA) |
2.071 |
1.995 |
Retraite forfaitaire (AVI) |
1.666 |
1.592 |
Retraite proportionnelle (AVA) |
4.283 |
3.885 |
Maladie (AMEXA) |
4.182 |
3.914 |
Assurance veuvage |
47 |
48 |
Assurance personnelle |
1 |
1 |
DOM |
13 |
11 |
CSG maladie |
4.428 |
4.762 |
Cotisations de solidarité |
264 |
226 |
TOTAL |
16.955 |
16.436 |
Ce
résultat s'explique principalement en raison de la baisse des revenus
agricoles et de la surestimation des cotisations de retraite proportionnelle.
La loi de finances initiale pour 1999 avait anticipé une application des
dispositions de la loi d'orientation agricole.
Au total, l'exécution du BAPSA 1999 s'est soldée par un
déficit de 880 millions de francs.
La diminution de la
subvention d'équilibre, par la loi de finances rectificative pour 1999,
était ainsi particulièrement malencontreuse.
Les dépenses du BAPSA pour 2000
ont été plus
élevées de près de 2 milliards de francs que
prévu, en raison de la dérive des dépenses d'assurance
maladie, d'une enveloppe « AGRIDIF » plus
élevée que prévue et de charges d'intérêts
sous-estimées.
Les dépenses du BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 (réalisation) |
Assurance maladie, maternité, invalidité |
33.341 |
34.816 |
Prestations invalidité |
418 |
429 |
Allocations de remplacement |
100 |
54 |
Contribution modernisation AM |
100 |
15 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
Prestations familiales |
3.801 |
3.948 |
Assurance vieillesse |
50.291 |
50.187 |
Etudiants et praticiens |
798 |
761 |
Etalement et prise en charge de cotisations |
90 |
190 |
Intérêts |
230 |
398 |
TOTAL |
89.181 |
91.069 |
En
revanche, les dépenses d'assurance vieillesse ont été
légèrement surestimées.
S'agissant des recettes, la surestimation du financement professionnel est
compensée par un produit, supérieur aux prévisions, de la
cotisation de TVA affectée ainsi que de versements plus favorables de la
compensation démographique.
Les recettes du BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 réalisations |
Financement professionnel |
16.726 |
15.890 |
Taxes |
28.719 |
29.032 |
Sécurité sociale |
39.602 |
39.022 |
Etat |
3.536 |
5.700 |
Recettes diverses |
80 |
412 |
TOTAL |
89.181 |
90.546 |
L'évolution du financement professionnel montre une surestimation de plus de 800 millions de francs, imputable en majeure partie à des moins values de cotisations.
Recettes de cotisations BAPSA 2000
(en millions de francs)
|
LFI 2000 |
2000 (réalisation) |
Ecart |
Cotisations |
12.251 |
11.499 |
- 752 |
Allocations familiales (PFA) |
2.060 |
1.967 |
- 93 |
Retraite forfaitaire (AVI) |
1.627 |
1.550 |
- 77 |
Retraite proportionnelle (AVA) |
4.361 |
4.018 |
- 343 |
Maladie (AMEXA) |
4.140 |
3.895 |
- 245 |
Assurance veuvage |
49 |
48 |
- 1 |
Assurance personnelle |
1 |
0 |
- 1 |
DOM |
13 |
21 |
+ 8 |
CSG maladie |
4.239 |
4.189 |
- 50 |
Cotisations de solidarité |
236 |
226 |
- 10 |
TOTAL |
16.726 |
15.914 |
- 812 |
Ce
résultat s'explique principalement en raison de la baisse des revenus
agricoles et de la surestimation des cotisations de retraite proportionnelle.
Au total, l'exécution du BAPSA 2000 s'est soldée par un
déficit de 523 millions de francs.
2. Une conséquence : la diminution drastique du fonds de roulement
Ce déficit est « financé » par le fonds de roulement du BAPSA. Les réserves de ce fonds ont diminué, de 1997 à 2000, de manière drastique.
Fonds de roulement du BAPSA 1997 - 2000
(au 31 décembre de chaque année, en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2.174 |
1.650 |
1.612 |
732 |
209 |
En
effet, le déficit 2000 (523 millions de francs) intervient après
ceux de 1997 (500 millions de francs), 1998 (38 millions de francs) et 1999
(880 millions de francs).
Cette diminution du fonds de roulement oblige le régime des exploitants
agricoles à recourir davantage à l'emprunt.
Le plafond d'avances consenti au régime agricole, qui était de
8,5 milliards de francs en 1997 et en 1998, a été
porté à 10,5 milliards de francs en 1999 et en 2000, puis
à 13,5 milliards de francs en 2001. Le projet de loi de financement de
la sécurité sociale pour 2002 prévoit un plafond de
14,5 milliards de francs.
Cette « dépendance » accrue vis-à-vis de
l'emprunt explique la brusque montée des frais financiers du BAPSA.
La
montée irrésistible des charges d'emprunt (en MF)
3. Une inquiétude : le déficit prévisionnel pour 2001
Les
perspectives de réalisation pour 2001 ne sont guère rassurantes.
Les dépenses du BAPSA
seraient supérieures de plus d'1,4
milliard de francs aux prévisions retenues l'année
dernière, en raison principalement d'une sous-estimation majeure des
dépenses d'assurance maladie.
Dépenses du BAPSA en 2001
(en millions de francs)
|
|
LFI 2001 |
2001 prévisions de réalisation |
Ecart |
Titre IV |
Interventions publiques |
|
|
|
46-01 |
Assurance maladie (AMEXA) |
34.100 |
35.347 |
+ 1.247 |
46-02 |
Invalidité |
425 |
425 |
- |
46-03 |
Remplacement |
100 |
100 |
- |
46-07 |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
50 |
50 |
- |
46-04 |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
- |
46-05 |
Etalement et prise en charge des cotisations sociales |
170 |
170 |
- |
46-92 |
Prestations familiales |
3.908 |
3.947 |
+ 39 |
46-96 |
Assurance vieillesse (AVA) |
50.895 |
51.036 |
+ 141 |
46-97 |
Etudiants et praticiens |
750 |
755 |
+ 5 |
Titre I |
Intérêts |
230 |
350 |
+ 120 |
Total général hors restitution de TVA |
90.640 |
92.092 |
+ 1.452 |
Le dérapage des dépenses d'assurance maladie apparaît ainsi considérable : 1.247 millions de francs. Ce dépassement porte pour 4/5 èmes sur les soins de ville et pour 1/5 ème sur la participation du régime au financement des dépenses médico-sociales pour les personnes âgées.
Dépenses maladie maternité
écarts
entre
la LFI 2001 et les nouvelles prévisions
(en millions de francs)
Soins de ville |
+ 916 |
Etablissements hors budget global |
+ 202 |
Budget global |
- 39 |
Autres |
+ 50 |
DOM |
+ 38 |
En soins
de ville, la nouvelle prévision de réalisation
s'élève à 16.047 millions de francs, le
surcroît de dépenses par rapport à la LFI 2001 provenant
pour une partie du « rebasement » de l'année 2000 et
pour une autre partie de la révision des évolutions retenues en
2001.
Le dépassement provient pour l'essentiel des prescriptions.
Les autres dépenses restent stables, à l'exception des charges
financières, sous-estimées par la loi de finances pour 2001.
S'agissant des recettes
, les perspectives font apparaître une
augmentation apparente de 190 millions de francs par rapport aux
prévisions retenues par la loi de finances initiale. Cette variation
globale masque principalement une surestimation des cotisations sociales et des
plus-values en matière de TVA (500 millions de francs).
Recettes du BAPSA en 2001
(en millions de francs)
Comptes agrégés |
LFI 2001 |
2001 révisé |
Ecart |
Contributions professionnelles |
16.626 |
16.153 |
- 473 |
Taxes |
29.236 |
29.810 |
- 574 |
C3S |
1.830 |
1.830 |
0 |
Sécurité sociale + FSV |
36.974 |
37.075 |
+ 101 |
Etat |
5.403 |
5.403 |
0 |
Recettes diverses |
75 |
75 |
0 |
Total |
90.640 |
90.830 |
+ 190 |
Les cotisations auraient été surestimées de plus de 500 millions de francs.
Les cotisations sociales en 2001
(en millions de francs)
|
LFI 2001 |
Révisé |
Evolution |
Cotisations |
11.839 |
11.301 |
- 538 |
Cotisations prestations familiales |
2.004 |
1.966 |
- 38 |
Cotisations AVI |
1.612 |
1.555 |
- 57 |
Cotisations AVA |
4.166 |
3.896 |
- 270 |
Cotisations AMEXA |
3.994 |
3.821 |
- 173 |
Cotisations d'assurance veuvage |
49 |
49 |
- |
Cotisations d'assurance volontaire et personnelle |
1 |
1 |
- |
Cotisations acquittées dans les DOM |
13 |
13 |
- |
Le déséquilibre du BAPSA pour 2001 apparaît ainsi massif : 1,263 milliard de francs .
4. Une astuce navrante : le recours à la C3S
Selon l'article 2 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, le BAPSA devait définitivement perdre une de ses recettes, la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S). En effet, la loi de financement de la sécurité sociale avait prévu d'attribuer les excédents de C3S au FSV pour financer le « fonds de réserve » pour les retraites. Le BAPSA devait disposer, pour une dernière fois en 1999, de 1 milliard de francs, afin de financer une mesure de revalorisation des retraites 10( * ) .
La contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S)
Créée par la loi du 3 janvier 1970, la C3S a pour
objectif de compenser aux régimes des non-salariés les effets de
l'extension du salariat.
L'assiette de cette imposition de toute nature est le chiffre d'affaires hors
taxes de l'année civile N-1.
Seules les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur ou
égal à 5 millions de francs (762.245,09 euros) sont
redevables de la contribution (20 % des entreprises).
Le taux de la contribution est fixé à 0,13 % du chiffre
d'affaires minoré d'éventuelles déductions (sous
réserve des taux réduits).
Son produit s'élève en 2002 à 19,8 milliards de francs
(3,0 milliards d'euros).
Certes, la C3S est acquittée par les sociétés agricoles,
à condition que le chiffre d'affaires dépasse 5 millions de
francs. Il n'était donc pas totalement « illogique »
que le régime des exploitants agricoles bénéficiât
de cette ressource.
Pour autant, votre commission ne s'était pas opposée à ce
que le BAPSA perde cette source de financement, le régime agricole
disposant déjà d'un arsenal tout à fait complet de
fiscalité affectée. De surcroît, cette recette
s'était avérée « virtuelle », à
l'exception du précédent fâcheux des années
1992-1993. Le régime des exploitants agricoles en avait alors
profité, à l'occasion d'un tour de passe-passe budgétaire
consistant à réduire le déficit budgétaire par un
« siphonnage »
11(
*
)
des réserves de C3S :
l'affectation de ces excédents avait permis de réduire la
subvention d'équilibre.
Malheureusement,
« l'Histoire bégaye »
, comme
l'a rappelé M. Dominique Leclerc, rapporteur pour la branche
vieillesse du projet de loi de financement de la sécurité sociale
pour 2002
12(
*
)
.
Le BAPSA a tout d'abord bénéficié en loi de finances pour
2000, par dérogation à la règle posée par la loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999, d'une nouvelle
affectation de C3S (1.350 millions de francs). Cette recette a
été portée, par la loi de finances rectificative, à
1.830 millions de francs.
Une telle pratique était susceptible d'être censurée par le
Conseil constitutionnel. En effet, si l'article fixant les prévisions de
recettes en loi de financement prévoit bien, à la
catégorie « impôts et taxes », la C3S, les
conventions comptables utilisées par le ministère de l'emploi et
de la solidarité ne retiennent que le seul produit affecté
explicitement aux régimes de sécurité sociale (CANAM,
ORGANIC, CANCAVA et donc régime des exploitants agricoles). Le
« solde » de la C3S, affecté par voie
d'arrêtés interministériels au Fonds de solidarité
vieillesse ou au Fonds de réserve, n'est pas inclus dans cette
catégorie de recettes.
De sorte que la disposition de l'article 3 du projet de loi de finances
rectificative pour 2000 revenait
rétroactivement
sur la
catégorie « impôts et taxes » des
prévisions de recettes de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000 et modifiait les comptes du Fonds de
solidarité vieillesse, présentés à l'annexe
f)
du projet de loi de financement de la sécurité sociale
pour 2001.
Or, la loi organique du 22 juillet 1996 relative aux lois de financement de la
sécurité sociale a bien prévu que
« seules
des lois de financement peuvent modifier »
13(
*
)
les cinq dispositions faisant partie
du domaine « réservé » de la loi de
financement : les orientations de la politique de santé et de
sécurité sociale et les objectifs qui déterminent les
conditions générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale, les recettes par catégorie de l'ensemble
des régimes obligatoires de base et des organismes créés
pour concourir à leur financement, les objectifs de dépenses des
régimes de base comptant plus de 20.000 cotisants actifs ou
retraités titulaires de droits propres, l'objectif national de
dépenses d'assurance maladie (ONDAM) et les plafonds d'avances de
trésorerie.
Saisi de cet article, le Conseil constitutionnel a considéré,
dans sa décision n° 2000-441 DC du 28 décembre 2000,
que
« la mesure prévue par l'article critiqué, qui
trouve sa place dans une loi de finances, n'a pas sur les conditions
générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale pour l'année 2000 une incidence telle
qu'elle aurait dû, au préalable, être prise en compte par
une loi de financement de la sécurité sociale »
.
L'enjeu portait sur 350 millions de francs. Dans la même décision,
il a annulé une disposition affectant au FOREC, pour le compte de
l'exercice 2000, 3 milliards de francs, considérant que l'ampleur de la
modification était de nature à modifier l'équilibre de la
loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, qui ne
pouvait plus être revue.
L'article 38 de la loi de finances pour 2001
a réintroduit le
régime des non-salariés comme bénéficiaire de la
C3S et fixé le montant du transfert à 1.830 millions de francs,
ce qui a permis de réduire la subvention d'équilibre du BAPSA de
350 millions de francs.
Toute cette « tuyauterie » ne concernait en rien les
besoins du régime agricole : le Gouvernement ne voulait pas assurer
la prise en charge par l'Etat de l'exonération de CRDS pour les
chômeurs non imposables. Il avait donc décidé
« d'autofinancer » la compensation de cette mesure
d'exonération de CRDS à la CADES par la diminution de la
subvention d'équilibre au BAPSA... compensée par une augmentation
de la C3S affectée au BAPSA.
Au total, le « perdant », car il faut nécessairement
un perdant dans cette politique digne du « Sapeur
Camember », est le Fonds de solidarité vieillesse,
amputé à nouveau de 350 millions de francs, et le Fonds de
réserve des retraites.
Mais seul le principe de l'affectation a été fixé dans la
loi. Le montant devra ainsi être fixé chaque année par la
loi de finances ; en conséquence,
l'article 18 du projet de
loi de finances pour 2002
prévoit une affectation de C3S de 520
millions d'euros (3.411 millions de francs).
L'article 8 du projet de loi de finances rectificative pour 2001
prévoit une affectation supplémentaire de C3S, afin de financer
le déficit prévisionnel, de 1.542 millions de francs, portant
ainsi cette recette, pour l'exercice 2001, de 1.830 à 3.372 millions de
francs.
Mais
l'article 7 de la loi portant diverses dispositions d'ordre social,
éducatif et culturel
(DDOSEC) a supprimé le dispositif
introduit par
l'article 38 de la loi de finances pour 2001
. De
sorte que
l'article 8 du projet de loi de finances rectificatif pour
2001
et
l'article 18 du projet de loi de finances pour 2002
sont
doublement contradictoires avec la rédaction actuelle de l'article
L. 651-2-1 du code de la sécurité sociale :
-
le régime des non-salariés non agricoles n'est pas
prévu comme bénéficiaire de la C3S ;
-
la C3S vient alimenter le BAPSA « en
général » et non la seule branche d'assurance
vieillesse, qui devrait pourtant être la seule concernée.
C. UN CADRE COMPTABLE DE MOINS EN MOINS PERTINENT
Dès l'origine, la création du BAPSA reposait sur une interprétation audacieuse de l'article 20 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances, précisant les conditions d'existence des budgets annexes ; en effet, il est difficile de penser qu'un régime de protection sociale produise « des biens » et rende des « services donnant lieu à paiement de prix » .
1. Un cadre tronqué : l'exemple de l'AAEXA
Le BAPSA
ne décrit qu'une partie du régime agricole, puisqu'il exclut par
définition les salariés agricoles.
Mais, même pour les exploitants agricoles, il ne décrit qu'une
partie des opérations :
- les dépenses de gestion et d'action sanitaire et sociale en
faveur des exploitants ne sont pas recensées :
en
conséquence, le BAPSA ne retrace pas l'ensemble de l'effort contributif
des exploitants agricoles
: les cotisations dites
« complémentaires », évaluées à
3,1 milliards de francs en 2000 ne sont pas prises en compte dans le
BAPSA ; à l'inverse,
le BAPSA prend en compte les cotisations de
solidarité, qui ne sont pas génératrices de
droit ;
- le régime actuel d'assurance accidents des exploitants agricoles
(AAEXA) est exclu du BAPSA : une telle situation est -il est vrai-
logique, s'agissant d'un mécanisme concurrentiel, où les
cotisations sont librement fixées par les organismes assureurs.
Mais, compte tenu de l'adoption définitive par l'Assemblée
nationale, le 5 novembre 2001, de la loi portant réforme de l'AAEXA, qui
doit entrer en vigueur à partir du 1
er
avril 2002, une telle
exclusion apparaît désormais injustifiée. Désormais,
les cotisations seront fixées par arrêté
ministériel, ce qui les bascule dans le champ des
prélèvements obligatoires. L'argument selon lequel le
régime est « auto équilibré » et n'a
donc pas à être intégré au BAPSA apparaît
spécieux : la création du nouveau
« régime », qui constitue désormais une
véritable « branche » de sécurité
sociale
14(
*
)
, a
été du reste prise en compte dans les prévisions de
recettes et les objectifs du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002.
2. Un cadre fragilisé : l'existence des lois de financement de la sécurité sociale
La
révision constitutionnelle du 22 février 1996, créant les
lois de financement de la sécurité sociale, et la loi organique
du 22 juillet 1996, qui précise le contenu de ces lois, ont abouti
à cette conséquence quelque peu absurde : le Parlement se
prononce
deux fois
sur les dépenses et les recettes du
régime agricole. En effet, le Parlement fixe désormais les
prévisions de recettes des régimes de base
par
catégorie
et des organismes concourant à leur financement,
ainsi que les objectifs de dépenses
par branche
.
Certes, la loi de financement de la sécurité sociale est
aujourd'hui un cadre allusif et implicite, puisque le Parlement ne se prononce
pas sur le financement de chaque régime. La sollicitude des pouvoirs
publics envers le monde agricole, l'existence d'un financement dépendant
étroitement de la solidarité nationale et la tutelle du
ministère de l'agriculture sur ce régime expliquent
également tout l'intérêt de conserver le BAPSA.
Cependant, le Gouvernement a usé et abusé de l'existence de deux
projets de loi de finances publiques. En effet, il dispose de la faculté
d'inscrire l'intégralité des dispositions concernant le
régime agricole dans le PLF ou dans le PLFSS, ou de se livrer à
un curieux mélange.
Le cas de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2001,
comprenant une réforme des périodes de référence
des assiettes de cotisations, et de la loi de finances pour 2001, comprenant
notamment la quatrième étape de revalorisation des petites
retraites agricoles, a montré qu'aucune logique ne présidait
à la « répartition » de ces mesures entre les
deux projets de loi.
L'utilisation pour financer le BAPSA de la C3S, imposition affectée
à la sécurité sociale et dont le produit est compris au
sein de la catégorie « impôts et taxes » des
recettes de la loi de financement, a nécessité dans les trois
dernières années de coordonner de manière incessante
projet de loi de finances et projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
De manière plus générale, la gestion budgétaire
du BAPSA est une gestion à courte vue.
3. Un cadre étriqué : une gestion budgétaire à courte vue
Une
réflexion sur le financement, à moyen et long terme, du
régime des exploitants agricoles s'impose.
En effet, deux catégories de recettes, dans un avenir proche, ne
pourront guère être mobilisées :
- il sera difficile d'augmenter la part des contributions
professionnelles,
surtout dans l'hypothèse de la constitution d'un
régime complémentaire obligatoire vieillesse, qui
nécessitera de toute façon un effort supplémentaire des
exploitants. Le « ratio démographique »
-c'est-à-dire le rapport cotisants actifs/bénéficiaires
(retraités titulaires de droits propres de plus de 65 ans)- s'est
dégradé de manière impressionnante depuis une vingtaine
d'années :
Ratio démographique du régime des exploitants agricoles
Années |
1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ratio démographique |
1,24 |
1,05 |
0,73 |
0,48 |
0,44 |
0,41 |
0,40 |
- la compensation démographique sera affectée par la dégradation de la situation des régimes de retraite. Or, le BAPSA est le seul régime à bénéficier de la compensation généralisée du risque maladie (8,8 milliards de francs prévus au titre de l'année 2002). Il reçoit 70 % des transferts issus de la compensation généralisée vieillesse.
Prévisions de transferts de compensation généralisée du risque vieillesse en 2002
Régimes qui versent |
Montant en millions de francs |
Régimes qui reçoivent |
Montant en millions de francs |
Régime général |
12.797,1 |
BAPSA |
27.532,5 |
Fonctionnaires |
11.576,3 |
ORGANIC |
5.283,7 |
CNRACL |
10.084,0 |
CANCAVA |
2.146,9 |
CNAVPL |
2.715,7 |
Autres régimes |
3.729,1 |
Autres régimes |
1.519,2 |
|
|
Total |
38.692,3 |
Total |
38.692,3 |
Source : d'après Commission des comptes de la
sécurité sociale, septembre 2001, p. 115.
Enfin, les quatre « petites » taxes du BAPSA, taxe sur les
farines, taxe sur les tabacs, taxe sur les corps gras alimentaires, droits sur
les alcools, pourraient être supprimées sans dommage, au nom de la
simplification de notre système fiscal et de la meilleure
lisibilité du financement de notre protection sociale. Aucune ne
rapporte plus de 700 millions de francs. Leur total ne dépasse pas
1,7 milliard de francs.
Afin d'assurer le financement du BAPSA dans les prochaines années, il
apparaît ainsi inéluctable de relever le montant de TVA
affectée ou d'augmenter le montant de la subvention d'équilibre
du budget général.
4. Un cadre condamné : chronique d'une disparition annoncée
Si la
loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances
n'a pas supprimé les budgets annexes, la rédaction de son article
18 rend encore plus rigoureuses les conditions qui autorisent d'y recourir. Il
ressort du texte final et des travaux parlementaires que le législateur
organique a estimé nécessaire de
« sauvegarder » le seul budget annexe de l'aviation civile.
Le BAPSA disparaîtra ainsi au plus tard le 1
er
janvier 2005,
le projet de loi de finances pour 2004 étant le dernier à
présenter ce budget annexe.
L'idée avancée par le ministère de l'agriculture de
créer un « établissement public » pour
percevoir les impôts et taxes affectés au régime de
protection sociale des exploitants agricoles apparaît tout à fait
étrange, et de nature à accroître encore davantage la
complexité de notre protection sociale.
Votre rapporteur pour avis observe que la disparition du BAPSA ne
présentera aucune conséquence sur les assujettis du régime
agricole. L'existence d'une subvention d'équilibre n'est pas
spécifiquement liée au cadre d'un budget annexe : un grand
nombre de régimes spéciaux bénéficient d'une telle
subvention, sans pour autant disposer de ce cadre comptable. Du reste,
l'exécution, systématiquement déficitaire du BAPSA depuis
1997, ainsi que l'utilisation contestable de la C3S, montrent le
caractère quelque peu illusoire de l'actuelle subvention
d'équilibre, devenue une recette parmi d'autres.