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Question de Mme Marie Mercier (Saône-et-Loire - Les Républicains) publiée le 30/05/2024

Mme Marie Mercier attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur les difficultés rencontrées par les élèves de collège et de lycée dans leur recherche de stage pourtant obligatoire, à propos desquelles elle avait interpellé le Gouvernement en début d'année.
Certes, cette disposition permet aux jeunes d'appréhender le monde du travail, d'affiner leur goût pour l'avenir, voire de se découvrir un intérêt nouveau pour une filière. C'est là un enjeu citoyen et collectif.
Or beaucoup d'entre eux essuient des refus et peinent à aboutir. Les obstacles sont multiples au sein de l'entreprise et l'accompagnement parfois insuffisant.
Le Gouvernement a répondu à son inquiétude en rapportant les différents dispositifs d'aide qui ont été renforcés. Dès le mois de mars 2024, une plate-forme dédiée, accessible sur le site « 1 jeune, 1 solution », doit permettre aux entreprises, administrations, collectivités territoriales et associations d'offrir des stages à ces élèves.
Mais la théorie se confronte à la réalité : chaque année, de nombreux jeunes frappent à toutes les portes avec désespoir.
Elle tient aussi à aborder la situation des étudiants, de leurs stages obligatoires en licence, et en master 1 et 2 : un chemin semé d'embûche, quand ils ne sont pas contraints d'accepter une mission qui relève du job étudiant et sans rapport avec leurs études.
De plus, le fait de ne pas trouver de stage pénalise la poursuite du cursus, voire prive l'étudiant de son diplôme de fin d'études.
Cela suscite un sentiment de délaissement et d'angoisse chez de nombreux jeunes, qui ne parviennent pas à se projeter dans l'avenir.
Elle lui demande s'il ne faudrait pas poser un regard différent sur ce sujet et lui propose plusieurs pistes : développer une formule de remplacement, intégrée à l'établissement scolaire ; proposer l'adhésion comme bénévole à une association à but non lucratif ; ou imposer des quotas de stagiaires aux entreprises, basés sur leur taille.
Soutenir nos jeunes doit être une priorité nationale. Ils représentent l'avenir de notre société. Elle souhaite savoir si le Gouvernement en prend la pleine mesure.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé et des solidarités, chargé des personnes âgées et des personnes handicapées publiée le 05/06/2024

Réponse apportée en séance publique le 04/06/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie Mercier, auteur de la question n° 1345, adressée à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Marie Mercier. Madame la ministre, je vais vous parler du casse-tête des stages, non pas en licence, en master 1 ou en master 2 - même si, dans le supérieur, l'obtention du diplôme peut y être soumise -, mais en seconde.

Au total, 560 000 élèves sont concernés. L'organisation de stages a vocation à les occuper en cette fin d'année scolaire : en ce sens, elle procède d'une bonne idée. Mais, alors que nous sommes le 4 juin, de 50 % à 60 % de ces jeunes n'ont pas trouvé de stage en entreprise et c'est un problème extrêmement grave pour eux.

Cette situation trahit une véritable inégalité : les familles qui possèdent un solide réseau professionnel ou amical vont trouver un stage, mais les autres resteront à la peine.

Certes, la plateforme « 1 jeune, 1 solution » propose encore quelques stages, mais ils ne peuvent pas toujours trouver preneur.

Les professeurs n'ont pas eu le temps d'obtenir des stages à ces élèves de seconde : ils étaient accaparés par les dossiers Parcoursup de leurs élèves de terminale. C'est tout ce contexte qui pose problème.

Dans mon département, que vous connaissez bien, certains élèves ne peuvent pas suivre le stage qu'ils ont trouvé, faute de desserte par les transports publics. Qu'allons-nous faire de ces jeunes ? Certains peuvent se tourner vers le service national universel (SNU), mais pas tous, et le retour au lycée n'est pas toujours possible : non seulement la cantine est fermée, mais, quand l'établissement est centre d'examen pour le baccalauréat, il n'y a pas d'enseignant sur place.

Je rappelle aussi que les manuels scolaires ont été rendus le 31 mai, que les conseils de classe ont eu lieu et que la présence de ces jeunes dans les entreprises ne pourra tout simplement pas être contrôlée : comment imaginer que les professeurs téléphonent pour savoir si Arthur ou Julie est là ? Ce n'est pas possible.

De toute évidence, cette innovation a été mal préparée et mal mise en oeuvre. Comment envisagez-vous la suite ? Nous avons l'impression d'une improvisation totale, alors que - j'y insiste - c'était une bonne idée pour nos jeunes.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Fadila Khattabi, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé et des solidarités, chargée des personnes âgées et des personnes handicapées. Madame la sénatrice, chère Marie Mercier, j'ai moi-même été enseignante pendant vingt-neuf ans et je connais la problématique de l'obtention des stages.

Vous l'avez dit vous-même : les choix d'orientation des élèves et leurs aspirations professionnelles sont encore trop souvent déterminés par leur environnement social, familial et territorial.

La découverte des métiers, qui, depuis la rentrée 2023, commence dès le collège, vise à répondre à cet enjeu majeur de justice sociale et de réduction des inégalités. La séquence d'observation obligatoire en classe de seconde générale et technologique y contribue elle aussi pleinement, après celle effectuée en troisième.

Les équipes pédagogiques et de vie scolaire accompagnent les élèves. Elles sollicitent directement les structures qui les intéressent, notamment les entreprises, par exemple en leur envoyant une lettre de motivation et un CV.

Par ailleurs, comme le Gouvernement l'avait promis, un outil facilitant l'engagement des entreprises et la recherche de stages par annonces ou par structures a été mis à disposition des entreprises et des élèves en mars dernier, sur le portail national « 1 jeune, 1 solution », que vous avez évoqué. Plusieurs centaines d'offres y sont proposées chaque jour.

Les services publics de l'État et la fonction publique hospitalière vont, pour leur part, accueillir 85 000 jeunes. Je salue bien sûr leur participation.

Les élèves qui n'ont pas trouvé d'organisme privé ou public pour effectuer leur séquence d'observation, malgré l'accompagnement dont ils auront bénéficié, seront accueillis dans leur établissement. Ils seront encadrés par les membres de la communauté éducative qui ne sont pas ou ne sont plus mobilisés par les examens, selon des modalités propres à chaque lycée, fixées par le chef d'établissement lui-même. Ils pourront aussi être accueillis dans les centres d'information et d'orientation (CIO) pour bénéficier d'un accompagnement renforcé et travailler à leur projet d'orientation.

L'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep), ainsi que ses partenaires, se mobilisent également. Ils proposent aux lycées une offre à destination de ces élèves - des ateliers, des rencontres de professionnels ou encore des échanges avec des ambassadeurs de métiers.

Vous le constatez : l'ensemble des acteurs se mobilisent pour accompagner ces jeunes et permettre leur réussite. Nous ne devons laisser personne sur le bord de la route, et il va sans dire que je sais pouvoir compter sur les enseignants.

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