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Question de M. Aymeric Durox (Seine-et-Marne - NI) publiée le 23/05/2024

M. Aymeric Durox attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités sur la nécessité pour le nord du département de Seine-et-Marne d'obtenir un centre hospitalier universitaire (CHU).
Afin de répondre au fort accroissement de la population et au manque criant de matériels hospitaliers lourds et de pointe, le Grand hôpital de l'est francilien, rassemblant les hôpitaux de Jossigny, Meaux et Coulommiers, semble être le parfait réceptacle d'un futur CHU, le premier francilien hors Paris intra muros.
Cet investissement pour la Seine-et-Marne est un véritable besoin. En effet, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques a de nouveau classé le département au 98e rang sur 100 en matière d'accès aux soins et en nombre de médecins par habitant.
En outre, le monopole de l'université de Créteil doit tomber au nom de l'intérêt général et de la santé de nos concitoyens.
Il lui demande ainsi quelles sont ses intentions à ce sujet.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé et des solidarités, chargé des personnes âgées et des personnes handicapées publiée le 05/06/2024

Réponse apportée en séance publique le 04/06/2024

M. le président. La parole est à M. Aymeric Durox, auteur de la question n° 1307, adressée à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

M. Aymeric Durox. Madame la ministre, avec environ 12 000 habitants supplémentaires chaque année, la Seine-et-Marne, onzième département de France le plus peuplé, se caractérise par le plus grand dynamisme démographique d'Île-de-France.

Et pourtant, en dix ans, la Seine-et-Marne a perdu un dermatologue sur deux et 40 % de ses gynécologues. Les ORL ont, pour un tiers d'entre eux, disparu.

Depuis plusieurs années, les professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme, car se soigner relève aujourd'hui d'un parcours du combattant que de nombreux Seine-et-Marnais ont renoncé à suivre. Je le constate chaque jour lors de mes déplacements à la rencontre des acteurs de la santé seine-et-marnais, que ce soit dans les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) il y a quelques mois, ou à la clinique de Montévrain hier.

Les spécialistes ne sont pas les seuls à manquer dans notre département. En effet, les médecins généralistes, qui constituent le premier maillon de la chaîne médicale, disparaissent eux aussi, petit à petit.

Selon l'union régionale des professionnels de santé (URPS), au cours des dix dernières années, 21 % des généralistes ont décidé de ne plus exercer en Seine-et-Marne, qu'ils aient choisi de prendre leur retraite ou de poursuivre leur activité ailleurs.

Ce chiffre a été entériné par le conseil départemental de Seine-et-Marne qui, en 2022, dans un rapport sur les déserts médicaux, relevait que, pour soixante-quinze médecins qui quittaient notre département, seuls vingt-cinq faisaient le choix de s'y installer.

Aujourd'hui, la situation de la Seine-et-Marne est critique, avec seulement six médecins pour 10 000 habitants. C'est pourquoi ma question porte sur la nécessité pour l'État d'y installer un centre hospitalier universitaire (CHU), afin d'attirer et de maintenir de nombreux jeunes médecins.

Ce n'est pas un caprice des élus, mais bien la réponse structurelle aux besoins résultant du fort accroissement de la population autour, notamment, de Marne-la-Vallée, décidé et imposé par l'État lui-même depuis les années 1960.

Est-il acceptable, alors que les familles viennent s'y installer, que ce département soit classé quatre-vingt-dix-huitième sur cent en matière d'accès aux soins ?

Madame la ministre, vous êtes attendue au tournant, tant ce projet porte le sceau de l'intérêt général et de la santé de nos concitoyens. Nul doute qu'avec un ministre de la santé seine-et-marnais le Gouvernement sera particulièrement attentif à cette problématique.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Fadila Khattabi, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé et des solidarités, chargée des personnes âgées et des personnes handicapées. Monsieur le sénateur, faire de la Seine-et-Marne un territoire universitaire est un enjeu majeur de la politique de santé conduite par mon collègue Frédéric Valletoux, dont vous connaissez l'attachement à ce département.

En effet, la formation, la recherche ou les incidences des niveaux d'expertise en matière de prise en charge sont des facteurs clés de transformation du système de santé et d'amélioration de l'accès aux soins.

Pour cela, des travaux sont d'ores et déjà engagés et même, si je puis dire, bien engagés, quand d'autres sont encore à déployer.

En premier lieu, la faculté de santé de l'université Paris-Est Créteil Val-de-Marne anime déjà le territoire seine-et-marnais pour le volet formation, enseignement et recherche.

Ainsi, des internes et des chefs de clinique universitaires en médecine générale sont accueillis dans la maison de santé pluridisciplinaire de Coulommiers et la maison de santé universitaire de Fontainebleau ; une licence de santé en troisième année de cycle a été mise en place depuis la rentrée 2022-2023 sur le campus de Lieusaint ou de Melun ; j'ajoute que des coopérations existent déjà entre l'Institut Mondor de recherche biomédicale et le Groupe hospitalier Sud Île-de-France.

Par ailleurs, l'ARS lancera dans le courant du mois de juin un appel à projets de recherche pour renforcer les liens entre l'université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, ses équipes de recherche ou d'appui méthodologique, et les professionnels du territoire.

En second lieu, les établissements de santé sont des vecteurs majeurs de la stratégie visant à faire de la Seine-et-Marne un territoire universitaire. Les services hospitaliers qui sont agréés pour l'accueil des internes démontrent en effet leur capacité à être des lieux de formation pour les étudiants en médecine.

Ainsi, pour le semestre d'été, le Grand hôpital de l'Est francilien accueille et forme soixante-treize internes ; le Centre hospitalier du Sud Seine-et-Marne accueille, quant à lui, vingt-trois internes et docteurs juniors, ainsi que cinq externes. Vous le voyez, cette dynamique existe et doit être saluée.

L'objectif des acteurs universitaires en Seine-et-Marne est de faire progresser cette présence...

M. le président. Il faut conclure, madame la ministre déléguée.

Mme Fadila Khattabi, ministre déléguée. Celle-ci doit toutefois continuer à s'organiser et se structurer.

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