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Question de M. Clément Pernot (Jura - Les Républicains-R) publiée le 23/05/2024

Question posée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à M. Clément Pernot, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Clément Pernot. Madame la ministre, le Jura a gelé dans la nuit du 23 avril dernier. Les basses températures n'ont laissé aucune chance de survie aux bourgeons des ceps jurassiens. Les comptages des experts de la société de viticulture du Jura et de la chambre d'agriculture sont sans appel : ils confirment, pour la récolte, des prévisions proches du zéro raisin.

Pour soulager la peine immédiate de nos vignerons, il faut, bien sûr, prévoir des mesures à court terme - mesures d'exonération fiscale, sociale et autres.

Toutefois, madame la ministre, ces phénomènes de gel sur les productions sont trop consécutifs pour que nous parlions d'« aléas météorologiques ». Nous vivons une évolution climatique entraînant des floraisons trop précoces qui viennent mourir sous l'effet des gels toujours présents.

La profession viticole jurassienne est touchée dans sa chair et dans son mental. Les anciens s'interrogent sur la succession, quand les jeunes, endettés, le font sur leur avenir, chacun envisageant le futur avec un pessimisme alarmant.

Dans le même temps, nous apprenons les prévisions apocalyptiques concernant la ressource en eau sur la montagne jurassienne, ce qui annonce des difficultés pour sa filière d'excellence, le comté.

Les malheurs s'accumulent. Nous savons déjà, en particulier grâce aux maires des communes forestières, que la forêt du massif est profondément malade. C'est donc, pour mon département, toute l'agriculture qui est en péril à très moyen terme.

Au nom de tous les agriculteurs, ceux de la vigne, ceux des champs et ceux de la forêt, je vous implore, madame la ministre : cessons de subir pour, enfin, agir !

Ma plainte n'est pas seulement locale. D'autres territoires-terroirs connaissent les mêmes déboires. C'est donc au niveau national qu'il convient de penser à un plan Marshall agricole. Celui-ci devra, me semble-t-il, se décliner au niveau départemental, qui, en la matière, est l'échelle la plus pertinente.

M. le président. Il faut conclure.

M. Clément Pernot. Ce plan devra être non pas un réceptacle de délires écologistes militants, mais le lieu de la mise en place de solutions adaptées, issues du croisement des regards des scientifiques et des professionnels.

M. le président. Il faut vraiment conclure !

M. Clément Pernot. Je conclus, monsieur le président, en disant à Mme la ministre (Exclamations amusées.) que le président du département du Jura se dit prêt à nous accompagner dans une démarche consistant à faire de ce territoire le lieu de mise en place d'une première expérience. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 23/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur Clément Pernot, je veux d'abord vous remercier d'évoquer la situation des viticulteurs du Jura. Je veux profiter de votre question pour leur adresser tout mon soutien, au nom du ministre de l'agriculture, Marc Fesneau, qui ne peut vous répondre directement, puisqu'il est retenu par l'examen du projet de loi d'orientation agricole. Je veux leur dire que le Gouvernement se tiendra à leurs côtés.

Comme vous l'avez dit très justement et avec beaucoup d'authenticité, notre agriculture et notre viticulture sont frappées de plein fouet par le dérèglement climatique. Ce dernier est probablement l'élément transformant de ces dernières années. Il faut le prendre en compte dans toute la politique agricole que nous voulons mener.

Le Gouvernement répond présent en débloquant 1,3 milliard d'euros en soutien de la transition agroécologique, car nous devons proposer des solutions à nos agriculteurs. Par la magie des chiffres, nous avons débloqué une enveloppe de même montant - 1,3 milliard d'euros - pour les viticulteurs.

Nous devons conjuguer ces interventions d'urgence avec la construction de solutions de long terme - cela a été dit par le Président de la République et relayé par le Premier ministre -, territoire par territoire, en anticipant l'impact du dérèglement climatique sur la ressource en eau et sur l'évolution des conditions pédoclimatiques, afin de proposer des solutions aux agriculteurs, en particulier aux plus jeunes d'entre eux.

Nous nous y employons notamment avec le travail que nous menons sur un département aujourd'hui frappé par la sécheresse, les Pyrénées-Orientales, et les trois départements qui l'entourent, dans le cadre d'un plan Méditerranée, pour lequel nous avons dégagé 50 millions d'euros. C'est notre laboratoire.

Vous avez raison, nous devons mener cette approche territoire par territoire, culture par culture. Comme l'ont déclaré le Président de la République et le Premier ministre, c'est notre objectif. Nous avons tendu la main aux organisations professionnelles agricoles en ce sens.

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