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Question de M. François Bonhomme (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 23/05/2024

Question posée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. François Bonhomme. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé de l'industrie et de l'énergie.

Monsieur le ministre, la situation du secteur automobile, face au défi majeur de la fin annoncée du moteur thermique, qui doit intervenir au plus tard dans près de dix ans, nous met dans une situation particulière.

La Chine dispose d'une avance majeure dans ce domaine et la production nationale de petites voitures a largement été délocalisée hors de nos frontières.

La semaine dernière, Carlos Tavares, le président de Stellantis, a annoncé que son groupe allait commercialiser dans son réseau de concessionnaires deux nouveaux modèles de marque chinoise de véhicules électriques.

Monsieur le ministre, où en êtes-vous avec le réarmement industriel de la France ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 23/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie et de l'énergie.

M. Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie. Monsieur le sénateur Bonhomme, la transition vers la fin du moteur thermique, qui va dans le sens de l'histoire et a été décidée entre pays européens, doit être l'occasion de réindustrialiser la France et l'Europe. Il faut produire des véhicules électriques chez nous, avec toute la valeur ajoutée que cela comporte.

Nous avons lancé la construction de 5 gigafactories, qui permettront à terme de fabriquer en France plus de 2 millions de batteries électriques. (M. Fabien Gay proteste.) C'est une valeur ajoutée pour les véhicules fabriqués et assemblés en France. Notre ambition est de produire en France 1 million de véhicules électriques, 2 millions à terme.

Ce million de véhicules sera issu à la fois de la marque Stellantis, qui a annoncé l'assemblage en France d'un certain nombre de produits, et de la marque Renault, qui dès l'année prochaine produira en France un modèle de catégorie B, à savoir une Renault 5 électrique. Je salue d'ailleurs la décision de Renault de produire la Renault 5 en France.

Le fait que Stellantis décide de nouer un partenariat en Chine pourra peut-être l'aider à pénétrer le marché chinois, voire lui permettre d'exporter en Europe des véhicules fabriqués en Chine. C'est son choix.

Mais je veux être très clair : la naïveté, c'est terminé ! Le monde plat, c'est terminé ! Le discours sur le commerce international juste, qui fait que nous sommes les derniers ravis de la crèche, c'est également terminé !

Les aides de type leasing social sont un grand succès : 50 000 véhicules ont été commandés par nos compatriotes. Cette offre sera maintenue l'année prochaine. Le bonus automobile sera réservé aux véhicules fabriqués en France et en Europe, comme nous le faisons depuis le début du mois de janvier. Cette décision a eu un impact clair, puisque la part de marché des véhicules non européens est passée de 55 % à 25 %.

Nous devons réserver les aides publiques aux constructeurs qui choisissent la France et l'Europe. C'est déjà le cas aujourd'hui et ce sera encore le cas dans les années qui viennent ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI et sur des travées du groupe INDEP.)

M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour la réplique.

M. François Bonhomme. Monsieur le ministre, sans surprise, votre réponse traduit vos atermoiements.

C'est votre majorité au Parlement européen, aidée par les groupes sous l'influence du dogmatisme écologique, qui a décidé d'imposer la fin du moteur thermique en 2035, au motif de lutter contre le réchauffement climatique.

Je rappelle aussi que cette grande bascule est imposée en dix ans alors qu'aucune étude d'impact n'est venue éclairer ce choix.

Alors que l'industrie chinoise dispose d'avantages compétitifs majeurs et déterminants dans la voiture électrique, cette situation risque de fragiliser de notre secteur industriel de manière terrible et historique.

Pendant ce temps, les constructeurs automobiles vont vers la fin du moteur thermique à marche forcée, sans y croire, et demandent eux-mêmes le report de cette décision. Nous sommes le seul continent à en avoir décidé ainsi. Les autres s'en sont bien gardés.

Votre réponse masque surtout notre déclassement industriel. Le déficit de notre balance commerciale a atteint 5 milliards d'euros en 2023.

Vous affirmez vouloir réarmer notre industrie, mais vous ne disposez pour cela que d'un pistolet à bouchon, monsieur le ministre !

Nous risquons, en l'absence de véritables stratégies industrielles claires et protectrices, d'assister impuissants au démantèlement de nos industries. Voilà ce que nous risquons, face au dumping social de la Chine dont l'économie, elle, est dopée par les aides massives du gouvernement chinois.

Nous avons toujours droit à des propos rassurants sur le fait de « produire » français. On nous a même présenté le véhicule électrique fabriqué en France comme l'Eldorado de la mobilité future. Il n'y aura malheureusement pas de miracle. Le réveil risque d'être brutal si nous continuons à croire en ce mirage ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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