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Question de Mme Audrey Bélim (La Réunion - SER) publiée le 23/05/2024

Question posée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à Mme Audrey Bélim, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Audrey Bélim. Monsieur le Premier ministre, qui aurait imaginé, en 2024, une épidémie de choléra en France ? Qui aurait imaginé un haut-commissaire parlant de « guerre civile » dans notre pays ?

Nous l'observons, la situation est critique dans les outre-mer. C'est le résultat d'une absence de politique, mais également d'une absence d'écoute, de compréhension et d'ambition pour nos territoires.

Qu'avez-vous fait depuis 2017 ? Sept ans d'assises des outre-mer, de livres bleus, de comités interministériels des outre-mer... Pour quel résultat ?

La politique de vos gouvernements, qui se résume à réagir face à l'urgence, m'oblige à vous faire part, avec gravité, de notre inquiétude.

L'arrivée du choléra à Mayotte comme la résurgence de violences en Nouvelle-Calédonie - des situations pourtant prévisibles, sur lesquelles nous vous avions alerté - nous amènent à évoquer la situation de nos autres territoires avec humilité.

À La Réunion, 36 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté. C'est 77 % à Mayotte ! L'inquiétude est également nourrie par les violences urbaines que nous observons au sein de la plupart de nos territoires.

Je suis Réunionnaise, Ultramarine, Française. Je suis libre, fraternelle, solidaire et, parce que nos territoires sont liés, je demande que tous les moyens de l'État soient déployés pour régler au plus vite l'épidémie de choléra à Mayotte, comme il le ferait dans n'importe quel territoire de l'Hexagone.

Ne nous donnez pas le sentiment que la vie d'un enfant de 3 ans à Mayotte, et plus largement dans les outre-mer, vaut moins que celle d'un enfant dans l'Hexagone !

Dans l'esprit de la loi unanimement votée par le Parlement français, nos concitoyens attendent toujours que soit réalisée l'égalité réelle. Allez-vous enfin croire en nous et construire avec nous ? Allez-vous enfin consacrer des moyens à la hauteur des enjeux sur vos trois derniers budgets d'ici à 2027 ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe CRCE-K.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 23/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/05/2024

M. le président. La parole est à M. Gabriel Attal, Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Madame la sénatrice Bélim, votre question aborde la situation de nos outre-mer et, surtout, l'avenir de nos territoires ultramarins. Je redis ici ce que j'ai eu l'occasion de dire dans les différentes fonctions gouvernementales que j'ai eu la chance d'exercer ces dernières années : nos outre-mer sont une chance inouïe et une richesse extraordinaire pour notre pays.

Cependant, il faut avoir la lucidité de reconnaître qu'ils traversent de très grandes difficultés, de manière beaucoup plus importante qu'en métropole. Je pense à la précarité, à la problématique sociale, à l'impact du dérèglement climatique ou encore à la sécurité.

Notre responsabilité, celle de l'État et des gouvernements, est précisément d'investir pour permettre à nos territoires ultramarins d'affronter ces très grandes difficultés.

M. Hervé Gillé. Qu'avez-vous fait pour cela ?

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Depuis 2017, avons-nous réglé tous les problèmes ? Non, évidemment ! Je suis lucide. De grandes difficultés se posent encore.

En revanche, je crois très profondément que nous avons, depuis lors, investi massivement pour nos territoires ultramarins : dans la politique de la ville, notamment en faveur du renouvellement urbain ; dans l'éducation, alors même que les territoires ultramarins sont quasiment tous classés intégralement en éducation prioritaire, voire en éducation prioritaire renforcée.

Lorsque j'étais encore ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, je me suis rendu à La Réunion au mois d'août dernier, à l'occasion de la rentrée scolaire. J'ai alors pu observer l'effet des décisions que nous avons prises pour les réseaux d'éducation prioritaires et réseaux d'éducation prioritaire renforcée dans un territoire comme La Réunion, qui bénéficie pleinement de ces mesures.

Nous avons également agi en matière de pouvoir d'achat. Cependant, des difficultés demeurent face aux crises et face à l'envolée des prix de l'énergie, de l'électricité comme de l'essence.

Nous avons aussi investi pour l'avenir. Voilà quelques mois seulement, nous avons obtenu une avancée majeure, en lien, d'ailleurs, avec l'Union européenne, pour le renouvellement des flottes de pêche outre-mer, attendu par les acteurs locaux depuis des années, si ce n'est des décennies. Nous devons continuer à agir.

Je le dis ici, mon gouvernement sera pleinement mobilisé de ce point de vue. Ainsi que j'ai eu l'occasion de l'annoncer, un nouveau comité interministériel des outre-mer (Ciom) se tiendra au cours des prochains mois, précisément pour faire le point sur les avancées que nous avons obtenues et sur ce qu'il reste à accomplir pour assurer aux habitants des territoires ultramarins, qui le méritent comme tous les Français, le droit de vivre dignement et en sécurité, et garantir à leurs enfants une éducation de qualité qui leur permettra de vivre mieux qu'ils n'ont pu le faire. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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