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Question de M. Pascal Savoldelli (Val-de-Marne - CRCE-K) publiée le 30/05/2024

Question posée en séance publique le 29/05/2024

M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.

M. Pascal Savoldelli. Monsieur le ministre des affaires étrangères, ma question n'a qu'un seul et unique objectif : rendre justice réparatrice et secours au peuple palestinien, tout en garantissant la sécurité du peuple israélien et la paix au Proche-Orient.

Le « jour d'après », monsieur le ministre ? Il y a dix ans, l'Assemblée nationale votait à une large majorité une résolution demandant à la France de reconnaître l'État de Palestine.

Mme Raymonde Poncet Monge. C'est vrai !

M. Pascal Savoldelli. Le gouvernement de l'époque indiquait que la France le ferait « le moment venu ». Ce moment, que vous jugez inutile, est arrivé !

Le « jour d'après », monsieur le ministre ? C'est le moment des 36 000 victimes de guerre, celui des 60 enfants tués chaque jour, celui des 45 personnes brûlées vives à Rafah dans la nuit de dimanche dernier.

Rien n'a été fait en dix ans pour apporter la paix ! Un État, cela signifie pourtant des frontières reconnues internationalement, la fin de la colonisation et le début d'un processus de paix entre les deux nations.

Les peuples du monde n'attendent plus de savoir ce que la France va dire, mais ce qu'elle va faire ! Alors, je vous le demande avec solennité, monsieur le ministre : comme 146 autres États, comptez-vous reconnaître une bonne fois pour toutes l'État palestinien, pour une solution de paix durable dans la région ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 30/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 29/05/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, je pense que j'ai été clair concernant la position de la France.

Je le redis, nous agissons, en tant que membre permanent, au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. C'est dans un cadre collectif, multilatéral, qu'il convient de travailler, avec l'ensemble des pays qui n'ont pas reconnu l'État de Palestine, à la mise en place d'une solution à deux États. C'est la seule manière de parvenir à résoudre utilement cette crise. Telle est la position de la France et, si vous avez le droit d'adopter une posture politique, ma responsabilité en tant que ministre des affaires étrangères est de trouver une solution diplomatique.

MM. Guillaume Gontard et Yannick Jadot. Quand ?

M. Victorin Lurel. Laquelle ?

M. Stéphane Séjourné, ministre. Cela suppose de réfléchir, y compris avec nos partenaires arabes dans la région, à un système de sécurité collective pour les Israéliens et les Palestiniens. Voilà notre objectif.

Cela étant, monsieur le sénateur, je ne peux pas vous laisser dire que nous n'avons rien fait. Nous avons été à la hauteur en matière humanitaire : je rappelle qu'un bateau a été dépêché à Gaza, le Dixmude, pendant de nombreux mois ; la France a également rapatrié plus de quatorze enfants dans ses hôpitaux...

Mme Cathy Apourceau-Poly. Et les 36 000 morts ?

M. Stéphane Séjourné, ministre. Au-delà de ces dispositifs humanitaires, nous agissons, je le répète, sur le volet politique de la crise, notamment dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans ce moment particulièrement difficile, nous allons également trouver les voies et moyens de mettre en cohérence la position des États membres de l'Union européenne et celle des États arabes, comme la Jordanie, l'Égypte et tous les pays qui ont reconnu Israël et ont normalisé leurs relations avec l'État hébreu.

Je vous le dis sans outrance, monsieur le sénateur, la gravité du moment impose de la rigueur, de la retenue et des principes. Nous faisons preuve des trois ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Protestations sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour la réplique.

M. Pascal Savoldelli. Monsieur le ministre, il est impardonnable d'attendre ! Mettez donc votre stratégie électorale et vos ambitions politiques de côté !

M. Stéphane Séjourné, ministre. C'est vous qui devriez le faire !

M. Pascal Savoldelli. Attendre, c'est attiser la division et la haine ! Attendre, c'est bloquer l'imposition du droit international ! Le moment est venu de concrétiser une solution à deux États sur la base des frontières de 1967. Ce n'est pas de la rigueur, ça, monsieur le ministre ?

Le moment est venu d'aboutir à une solution politique. Assez de cette confusion entre reconnaissance d'un État palestinien et complaisance envers des crimes terroristes ! Assez de cette confusion déplorable entre création d'un État et poison de l'antisémitisme !

Le gouvernement d'extrême droite de Netanyahou n'est pas disposé à accepter l'existence d'un État palestinien ni même un cessez-le-feu. En donnant raison au Premier ministre israélien, la France donne raison à ceux qui ne veulent pas des deux États : c'est une lourde responsabilité à porter devant l'histoire ! (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

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