Document précédentS'abonner à cette rechercheDocument suivant 

Question de Mme Mélanie Vogel (Français établis hors de France - GEST) publiée le 06/06/2024

Question posée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Mme Mélanie Vogel. Monsieur le Premier ministre, cela fait sept ans que la Macronie est au pouvoir en France, sept ans pendant lesquels vous avez installé l'extrême droite au centre de toute la vie politique française, cyniquement convaincu de votre intérêt à avoir en France une extrême droite forte face à laquelle vous pourriez feindre de vous dresser. C'est sans doute l'objectif que vous avez le mieux atteint : l'extrême droite était à 21 % en 2017, elle est aujourd'hui à 40 % !

Et vous n'arrêtez pas là ! Dans cette campagne, vous franchissez, l'une après l'autre, toutes les limites de la décence : le débat Attal-Bardella, la proposition de débat Macron-Le Pen, les affiches de campagne avec le Président tout seul, le Premier ministre qui s'incruste dans une interview de la tête de liste de son parti - moment de gênance nationale où on peine à distinguer le plus embarrassant, entre l'immodestie de croire sa présence bienvenue ou celle de la penser bénéfique pour Valérie Hayer - ; et, enfin, le passage du Président au journal télévisé à vingt-quatre heures de la fin de la campagne, décision qui vous vaut une mise en garde de l'Arcom.

J'ai fait campagne dans plus de dix-sept pays européens et, franchement, je n'ai vu nulle part, à l'exception peut-être de l'Italie et de la Hongrie, un tel niveau de grossièreté et de mépris envers la démocratie. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Or tout ce que notre pays compte de démocrates sait très bien que l'enjeu majeur de ces élections, c'est d'empêcher l'extrême droite de prendre le pouvoir au lieu précis qui s'est construit comme le rempart à son projet et à ses idées, comme le rempart à la haine, au nationalisme et à la guerre, c'est-à-dire l'Union européenne.

Or le combat contre l'extrême droite, c'est la défense des libertés publiques et la promotion de l'égalité et de la tolérance, c'est agir pour l'intérêt général et c'est exercer le pouvoir de manière exemplaire.

Quand on reprend ses idées, qu'on institutionnalise sa présence, qu'on maltraite son plus efficace antidote - la force de nos principes démocratiques -, on la fait progresser et tout le monde sait où cela mène.

C'est le choix que vous avez fait. Est-ce par ignorance, par inconscience ou par complaisance ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)


Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 06/06/2024

Réponse apportée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Ravie de me retrouver devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs...

Madame la sénatrice Mélanie Vogel, je vous confirme que le Président de la République, le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement et de la majorité présidentielle combattent avec une extrême fermeté le Rassemblement national. (Protestations sur les travées des groupes GEST et SER.)

M. Yannick Jadot. Avec quelle efficacité !

Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée. Je suis assez étonnée que vous ayez décrété que votre seul et unique ennemi était la majorité présidentielle, comme en témoigne encore une fois votre question.

M. François Patriat. Très bien !

Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée. Face à la gravité de la situation, nous devrions, en particulier dans le calme de cette institution, nous rappeler quelles sont nos lignes rouges et où sont réellement nos ennemis politiques.

Nous ne devons pas faillir et nous n'avons pas à rougir. Oui, je vous l'affirme, nous, la majorité présidentielle, nous ne nous excuserons pas de défendre l'Europe. Nous, la majorité présidentielle, nous ne nous excuserons pas de parler matin, midi et soir d'Europe. (Huées sur les travées des groupes Les Républicains et GEST.) Nous, la majorité présidentielle, nous ne nous excuserons pas de continuer à porter la voix de notre candidate dans le respect de nos institutions et dans le cadre fixé par la loi. (Brouhaha.)

La France est une belle démocratie. Un membre du Gouvernement peut s'adresser à la représentation nationale et se faire huer, conspuer, preuve que notre démocratie existe bel et bien... (Rires sur diverses travées.)

Cela peut vous faire rire, mais nous avons une institution en France, l'Arcom (M. Roger Karoutchi rit ironiquement.), qui définit précisément dans quelles conditions nous pouvons intervenir et comment les interventions des uns et des autres sont comptabilisées. Nous respectons ces principes et nous serons là pour continuer à les faire respecter. (Protestations sur diverses travées. - Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

Page mise à jour le